Kayak au Groenland Est: une drôle d'expédition

c'est somptueux... et fascinant

Pas mieux !

Quant à cette dame-là . . . 



. . . elle doit venir d'un autre monde que le mien. Brrrrrrrrrrrrr !!!

Tes photos sont toutes plus belles les unes que les autres, quel spectacle ce grand nord !

Jour 11: Se promener dans le Sermilik en mode gondole à Venise


 Aujourd'hui mon coude étant bien moins douloureux après le traitement de cheval que j'ai pris, nous décidons de ressortir le kayak. Je pense pouvoir réussir maintenant à monter dedans. Pagayer me semble beaucoup plus aléatoire mais on verra.
 Après avoir amené le kayak au port en plusieurs trajets car les lieux d'embarquements pratiques ne sont pas nombreux à Tinit, me voilà dans le kayak à l'avant ce qui n'est pas ma place habituelle. Je me sens comme une touriste dans une gondole à Venise, il ne reste plus qu'à ce que mon mari se mette à chanter Sole E Mio et je m'y croirais complétement.
 Je fais même quelques essais de pagaie, là par contre ce n'est pas convaincant du tout. Impossible de maintenir ma main dans le même sens, il me faut la déplacer pour ne pas faire jouer la tête radiale en rotation et le moins qu'on puisse dire est que je ne donne que très peu de force. Mais peu importe, nous voilà glissant au milieu des icebergs du Sermilik et je me régale!







Les conditions sont parfaites, l'eau est comme un miroir, voilà des sensations qui font du bien.





 Nous ne sommes plus assez aventureux en vieillissant pour nous glisser sous cette arche mais il faut reconnaitre que cela donne envie quand même.



 Après avoir zigzagué au milieu des icebergs et fait le tour de l’ile de Sarpaq qui jouxte Tinit, nous nous arrêtons même pour ramasser des moules sur le chemin dans l'entrée du fjord d'Ikasartivaq. Le repas est assuré pour ce soir.
 Mais surtout nous voilà de retour avec le sourire et de l'espoir. Certes je ne pagaie pas encore vraiment mais j'y crois maintenant, tout n'est pas perdu, nous allons peut être pouvoir repartir.

Jour 12: Il fallait bien un peu de pluie...


 Aujourd'hui c'est pluie toute la journée mais étant à l'abri dans une maison chauffée, c'est moins embêtant. De plus, je sens que mon coude a besoin de récupération après les frasques de la veille.
 Entre la douche à la maison communale, les petits plats que nous essayons de faire, les livres à lire dont un magnifique relié de Paul-Emile Victor en français que nous trouvons dans la bibliothèque de Line relatant toutes les techniques inuites illustrées avec précision, nous passons une journée plutôt agréable.  Nous la finissons avec une "crêpes party" bien sympa.
 Nous partons toujours en voyage avec une liseuse pleine de livres en relation avec notre destination. L'Igloo de Paul-Emile Victor par exemple se déroule à Tasiilaq, c'est génial de le lire en reconnaissant les lieux géographiques.
 Pour ceux qui désirent s'immerger dans les contrées arctiques et le Groenland en particulier, voilà plusieurs auteurs à lire sur le sujet:
- Akago et aventurier des glaces de Nicolas Dubreuil
- L'Igloo de Paul-Emile Victor
- L’œuvre complète de Jorn Riel
- Terreur de Dan Simmons
- Knud de Rémi Paolozzi
- Groenland de Bernard Besson
- La complainte de l'ours de Jean-Louis Etienne
- Survivant des glaces, Mike Horn
- Les polars de Mo Malo
- Le rève d'un Groenlandais de Mathias Storch
- Imaqa de Flemming Jensen

 Mais aussi les derniers rois de Thulé de Jean Malaurie, malheureusement il n'est pas en format numérique. J'ajoute l'excellente BD Sermilik retraçant la vie de  Max Audibert, français installé depuis plus de 30 ans à Tinit et que nous allons rencontrer. 
Tout ça en vrac avec une préférence absolue pour Jorn Riel dont les romans se passent plus au nord de Tasiilaq et ne manquent vraiment pas d'humour.

Jour 13: Encore une journée de récupération


 C'est décidé demain je fais un dernier essai de kayak avec comme arrière pensée un nouveau départ en randonnée dans 3 jours donc nous jouons la prudence, aujourd'hui petite balade tranquille dans les environs.
 Nous allons explorer vers le nord à pied car demain, c'est cette partie qui sera notre test ultime avant de reprendre enfin notre petite aventure.





 La journée se passe tranquillement, nous n'allons pas hyper loin car le relief ne permet pas d'aller très vite mais nous profitons toujours avec plaisir de la vue sur le Sermilik.
 Nous finissons la journée en compagnie d'une famille de Tinit au niveau de l'héliport qui permet un joli point de vue sur le fjord. Il y a aussi pas mal de touristes qui s’arrêtent dans le village lors de leur excursion en bateau. En général ils traversent le village pour admirer le Sermilik, achètent quelques douceurs au Pilersuisoq, font quelques passes de football avec les enfants sur le petit terrain de sport et repartent. Il y a aussi un peu en retrait du village des groupes de randonneurs qui campent et se baladent dans les environs. En général ils restent 2 ou 3 jours puis repartent en bateau à moteur sur un autre spot.
 L'Est est réputé plus sauvage que l'Ouest mais en fin de compte nous trouvons que c'est assez touristique, toutes choses égales par ailleurs bien sur, nous sommes au Groenland pas à Ibiza. Nous n'aurons pas eu ce sentiment d'isolement que nous avions apprécié dans la baie de Disko. Là bas les touristes sont concentrés sur Ilulissat et l'Icefjord, un peu sur Oqaitsut et c'est tout. Ici le centre d’intérêt est le Sermilik, l'aéroport Kulusuk et la "grande ville" Tasiilaq, cela a donc tendance à provoquer pas mal de transport en bateau dans les deux grands fjords et une circulation de touristes. D'autre part, c'est relativement proche des pays nordiques européens qui sont les plus nombreux ici.
 Ceci dit nous trouverons sans difficulté des moments seuls lors de notre randonnée.

A défaut de pouvoir aller naviguer dans ces contrées si attirantes je vais noter cette liste de lecture et faire un saut à ma bibliothèque. Merci

Les photos de ces gros glaçons bleus qui se reflètent dans l'eau sont magnifiques.

Bonsoir Marifb,

Je me régale en lisant ton carnet et en admirant tes photos 

J'aime particulièrement celles-ci :
















A bientôt !

Christine

Merci à toi. Les lumières du soir ont tendance à sublimer les paysages mais il faut se coucher tard pour pouvoir observer ce que j'appelle les couchers-levers de soleil car les deux s'enchaînent sous ces latitudes. La nuit de l'ours, lors de mon tour de garde, j'ai pu en voir un mais je n'étais pas d'humeur contemplative cette nuit là...

Jour 14: L'espoir remonte en flèche


 C'est reparti! On descend le kayak à l'embarcadère, on prend un petit pique nique, on enfile les combinaisons sèches et en avant.
Je commence à pagayer en changeant ma main de position mais progressivement, en étant prudente, je recommence à pagayer normalement. Même si c'est peu efficace me voilà presque revenue au point de départ avant la première tentative de randonnée. Nous naviguons en direction du nord du fjord. Les conditions sont bonnes et nous glissons avec délectation entre les icebergs.








 Moi qui ne pense jamais à l'utiliser, je sors enfin la Gopro et je fais des petits essais de film. En rentrant on montera tout ça et on en tire la conclusion que c'est très sympa comme souvenir aussi même si j'ai l'impression d'avoir filmé avec mes pieds...
 On fait une petite pause repas dans le fond d'une petite baie avec un lac un peu plus haut et un fjord très étroit au fond. Il fait presque beau, on est bien.
 On rentre super heureux, cette fois ci c'est sur, on repart en randonnée kayak! Certes à nouveau il faudra être modeste sur les étapes à programmer mais l'essentiel est là, on va pouvoir explorer les fjords par nos propres moyens.
 En débarquant nous tombons sur un skipper français, Sébastien Roubinet avec des clients. Il connait le coin depuis plusieurs années et y a passé un hivernage avec sa famille. Il nous raconte un épisode stressant où il a vécu un Pitarak (tempête en provenance de l'Inlandsis) avec des vents de plus de 200 km/h qui ont carrément fracturé la banquise. Il a cru sa dernière heure venue mais a heureusement miraculeusement fini par réussir à se mettre à l'abri derrière le village de Tinit. Au Groenland le dicton essentiel est "seul le temps et la glace sont maitres". Il faut toujours l'avoir en tête.


 
 En dinant le soir, on entend des bruits de pétards, du coup on sort pour voir ce qu'il se passe. L'animation se passe au petit port et tout le monde semble attendre plusieurs bateaux qui se dirigent vers Tinit, tout ça avec des slogans criés, des tirs de fusil et de pétards. Belle ambiance! On crie la même chose sans comprendre vraiment puis renseignements pris, nous sommes tous en train de fêter le retour des kayakistes de Tinit qui viennent de remporter le championnat du Groenland. Belle performance et cela inscrit le renouveau du kayak à Tinit initié par Max le français installé là depuis 30 ans et reconverti ensuite comme instituteur. Bravo pour cette belle initiative qui permet aux gens du village de se réapproprier leur propre héritage culturel!







 Nous retrouvons aussi sur les lieux avec plaisir Daphné et Geoffrey qui viennent d'arriver sur Tinit en voilier. Ils s’apprêtent à explorer le fjord de Johan Petersen en voilier le lendemain. Ce fjord sera aussi notre premier objectif en rando kayak.





Le vieux monsieur avec la casquette bleue arbore lui aussi fièrement une médaille.

 En voyant passer Max Audibert, nous le saluons en français au passage. Daphné qui le découvre est absolument fascinée par son histoire. Nous échangeons quelques mots avec lui et convenons de le retrouver demain dans la journée pour l'aider à décharger les sacs de nourriture pour ses chiens de traineaux qu'il a ramené avec lui de Tasiilaq après son séjour à Ilulissat pour les championnats de kayak. Il y en a pour 2.4 tonnes par sacs de 20 kilos...Cela donne une idée de ce que cela représente pour entretenir un attelage de chiens de traineaux.
Nous finissons la soirée dans le voilier du papa de Geoffrey, invités à y boire un coup.

Jour 15: Dernier jour à Tinit


 Aujourd'hui, rangement de la maison, dernières petites courses au Pilersuisoq et déchargement de sacs d'aliment pour chien avec Max.
 De mon coté je me contenterai de les regarder car porter 20 kilos par sac serait déraisonnable pour mon coude convalescent.
 Max et Eric ne ménagent par leur peine, heureusement que les sacs sont approchés par pelleteuse de sa maison. En rentrant manger à midi, je me dis que cela serait sympa d'immortaliser ce moment mais j'ai un coup au cœur, mon appareil photo a disparu. J'ai beau retourner toute la maison, impossible de remettre la main dessus. Je réalise qu'il est bien possible que je l'ai laissé dans le voilier La Belle Colombe, voilier du père de Geoffrey. Nous avons croisé Geoffrey qui se dirigeait vers la douche ce matin et il nous a confirmé qu'ils partaient aussitôt après vers le sud du fjord. J'essaie des les appeler, ils sont injoignables. Max, très gentiment, lance aussi un appel VHS mais le voilier n'a pas du ouvrir sa liaison radio, nous n'avons aucune réponse.
 Vous connaissez mon attachement à la photographie, je suis désespérée... Ne pas pouvoir photographier alors que nous nous apprêtons enfin à repartir en kayak, quelle tuile! Vous ne serez pas surpris d'observer une baisse de qualité dans mes photos à partir de maintenant car je ne m'étais pas encore décidée à acheter un bon téléphone et les nôtres ont une qualité photo très moyenne. J'essaie de faire contre mauvaise fortune bon cœur mais là j'avoue que je suis bien triste.
 Une fois tous les sacs rangés nous prenons un café chez Max. La conversation est passionnante. Nous échangeons sur les volontés d'indépendance du pays et sa faisabilité à l'heure actuelle, Max estime que cela serait du n'importe quoi. Le Groenland a trop besoin de l'aide du Danemark sur le plan social par exemple. Nous échangeons aussi sur le gros problème de l'alcoolisme ici. Tous sont touchés par ce phénomène ainsi que par les suicides. C'est quelques chose de très douloureux pour tous. Personne n'a été épargné dans le village. 
 Max est quelqu'un de modeste et discret mais son expérience arctique est énorme et relativise grandement les "aventuriers" qui viennent se frotter à ce monde à grand renfort de médiatisation. Il a d'abord été chasseur en s'initiant auprès des inuits qui l'ont accepté et accueilli. Puis il est devenu instituteur en allant se former à Nuuk.
Je le retrouve entièrement dans ce reportage, sa personnalité discrète mais forte malgré les difficultés qu'il a du affronter.

https://www.youtube.com/watch?v=iFEU9C76FYQ&t=1s

Bonsoir Marifb,

En rentrant manger à midi, je me dis que cela serait sympa d'immortaliser ce moment mais j'ai un coup au cœur, mon appareil photo a disparu. J'ai beau retourner toute la maison, impossible de remettre la main dessus. Je réalise qu'il est bien possible que je l'ai laissé dans le voilier La Belle Colombe, voilier du père de Geoffrey. Nous avons croisé Geoffrey qui se dirigeait vers la douche ce matin et il nous a confirmé qu'ils partaient aussitôt après vers le sud du fjord. J'essaie des les appeler, ils sont injoignables. Max, très gentiment, lance aussi un appel VHS mais le voilier n'a pas du ouvrir sa liaison radio, nous n'avons aucune réponse.
 Vous connaissez mon attachement à la photographie, je suis désespérée... Ne pas pouvoir photographier alors que nous nous apprêtons enfin à repartir en kayak, quelle tuile! Vous ne serez pas surpris d'observer une baisse de qualité dans mes photos à partir de maintenant car je ne m'étais pas encore décidée à acheter un bon téléphone et les nôtres ont une qualité photo très moyenne. J'essaie de faire contre mauvaise fortune bon cœur mais là j'avoue que je suis bien triste.

Maintenant, as-tu réussi à récupérer ton appareil photo ? 

 Une fois tous les sacs rangés nous prenons un café chez Max. La conversation est passionnante. Nous échangeons sur les volontés d'indépendance du pays et sa faisabilité à l'heure actuelle, Max estime que cela serait du n'importe quoi. Le Groenland a trop besoin de l'aide du Danemark sur le plan social par exemple. Nous échangeons aussi sur le gros problème de l'alcoolisme ici. Tous sont touchés par ce phénomène ainsi que par les suicides. C'est quelques chose de très douloureux pour tous. Personne n'a été épargné dans le village. 
 Max est quelqu'un de modeste et discret mais son expérience arctique est énorme et relativise grandement les "aventuriers" qui viennent se frotter à ce monde à grand renfort de médiatisation. Il a d'abord été chasseur en s'initiant auprès des inuits qui l'ont accepté et accueilli. Puis il est devenu instituteur en allant se former à Nuuk.

C'est chouette que vous ayez pu passer du temps avec Max 

J'ai regardé le reportage. Il est extrêmement intéressant 
Merci beaucoup

@Hyacinthe
Oui j'ai fini par le récupérer mais à la toute fin du séjour, sinon je n'aurais pas pu vous montrer mes photos.

Jour 15: enfin un nouveau départ!


 Quel plaisir de repartir! Il fait un temps magnifique, la mer est calme. Nous rencontrons beaucoup de glace, devons éviter des amas de brashice un peu denses mais nous ne sommes jamais vraiment en difficulté.  Nous naviguons sur peu de distance puisque l'étape ne fait qu'une petite quinzaine de kilomètres. Étant sans appareil photo, je me contente de prendre des petits films avec la Gopro.
 Nous trouvons facilement notre bivouac qui est super agréable avec ses deux petites plages. En arrivant nous tombons sur une famille de norvégiens en kayak, ils ont pris le passage par l'océan et se dirigent vers Tinit pour rejoindre ensuite Tasiilaq par l'Ikasartivaq. Ils ne restent pas car ils se sont juste arrêtés pour le repas de midi.
 Je vous mets quelques photos prises avec la Gopro mais c'est vraiment pas terrible.







Une fois installée j'en profite pour faire enfin quelques images au drone.







 Une petite famille de bernaches assez peu sauvage vient nous rendre visite mais sans appareil, pas moyen de les prendre en photo.
 La nuit nous sommes réveillés plusieurs fois par le détecteur de mouvement. Nous finirons par comprendre qu' il s'agit en fait d'un signal d'alarme pour piles trop faibles. Nous sommes heureusement équipés d'une bonne réserve de piles de rechange et c'est rassurant de ne pas avoir des piles déchargées sans qu'on s'en rende compte.

Les photos prises avec le drone ont sont superbes .
Je suis ton parcours avec beaucoup de plaisir .

Jour 16: La traversée du Sermilik


 L'objectif du jour est la traversée du fjord du Sermilik. Le fjord fait une petite dizaine de kilomètres de large mais aujourd'hui, il y a un temps magnifique et le vent, si il est présent, semble assez raisonnable. Rapidement il forcit un peu mais la présence d'énormes icebergs limite son effet sur les vagues au début. Nous sommes d'ailleurs assez impressionnés par la taille des icebergs dans le coin, ils valent bien ceux de la baie de Disko. Puis les vagues se creusent un peu vers le milieu du fjord mais la grande stabilité du Seawave est rassurante et nous ne nous sentons pas en danger du tout. Nous croisons des baleines au loin mais vues les conditions météo du jour, nous ne cherchons pas à les rejoindre mais traçons une ligne la plus droite possible vers l'entrée du Fjord de Johann Petersen. 
 Dès que nous pénétrons dans le Petersen, les vagues s'arrêtent et nous glissons sur une mer plutôt lisse. Il devrait y avoir un bivouac possible à l’entrée sud du fjord selon Thibault, un guide de Terres Oubliées que nous avions rencontré sur l'eau lors de notre deuxième essai "coude" sur le Sermilik. Le problème est que d'un seul coup Google Earth ne veut plus fonctionner alors que nous avions bien mis ces cartes dans la mémoire cache. Le problème se pose sur nos deux téléphones, étrange... De plus la zone du Petersen n'apparait pas non plus sur Russian map. Nous devons donc jongler entre la carte papier et la carte de la balise Garmin qui est excessivement succincte. Nous avons beau nous enfoncer de plus en plus dans le Petersen, nous ne trouvons aucun bivouac accessible malgré plusieurs tentatives dans des petites fjords annexes. En essayant de juxtaposer nos différentes cartes, nous nous rendons compte que nous avons pagayé trop loin et que nous avons raté le premier petit fjord. Nous sommes en fait à 5 km du bivouac qu'on nous avait indiqué... Nous voilà obligé de faire demi tour et d'ajouter encore des kilomètres... Heureusement que le coude a l'air de bien se comporter, bien protégé par un strap et une coudière et sous anti-inflammatoire.
 Mais nous trouvons heureusement le bivouac indiqué au fond d'un petit fjord bien à l'abri. Il est excellent, nous avons de l'eau, un endroit bien plat et un débarquement pratique.
 


 Nous avons constaté que dans cette partie du Groenland, il est un peu moins facile de trouver de quoi rassembler ces trois critères même si l'eau est plus secondaire grâce à la présence des sarrasins, ces petites glaçons que nous mettons dans nos poches à eau afin qu'ils fondent et qui sont bien pratiques et rassurants. Nous savons que nous nous ne serons jamais à court d'eau, c'est un point très confortable même si nous préférons boire l'eau des torrents quand c'est possible. Mais pour les bivouacs, associer à la fois endroits de débarquement pratiques et terrains plats est souvent plus compliqué. Ceci dit, il y en a quand même mais il est juste plus difficile de les anticiper qu'en baie de Disko car les cartes Google Earth sont moins précises. Un conseil que je donnerais est d'éviter d'aller au fond des fjords car le marnage peut être assez important et c'est embêtant de dépendre des marées pour pouvoir repartir. Le mieux est de se mettre sur le coté d'un fjord quand c'est possible.


 
Nous passons une excellente nuit sans réveil du détecteur de mouvement maintenant bien ré-équipé de piles neuves.

Ce que j'ai surtout trouvé difficile, ce sont les rebondissements avec cette histoire de coude. Et aussi surtout la possibilité d'une rencontre avec un ours. Notre " presque" rencontre nous aura prouvé que c'était possible et du coup nous aurons passé des nuits beaucoup moins sereines que l'année dernière. Franchement j'ai eu super peur cette nuit là et mon mari aussi. Le reste du séjour,  même si on ne dormait pas si mal, il y avait toujours un arrière fond de vigilance qui nous a quand même fatigué.
Mais dans l'absolu on n'a pas pris de risque inconsidéré, on a voyagé en mode un peu tranquille, kilometres raisonnables, ne pas sortir en mer en cas de mauvais temps. Bien moins engagés que les deux jeunes Daphné et Geoffrey qui ont eux fait des trucs assez fous dont certains dont je ne parlerais même pas....

Ta réponse montre votre belle préparation à ce type d'expédition exigeante. Le froid et l'humidité sont des ennemis redoutables et dans ce genre de voyage il est impossible d'y échapper. Mais la préparation mentale qui manifestement est la tienne et celle de ton mari rend l'épreuve plus facile et puis l'envie.
C'est vrai aussi que le corps a une belle capacité d'adaptation, ce que j'ai vécu sur des voyages longs mais souvent hors zone humide.

Mais qu'a fait ton amie pour trouver cela si difficile? Kayak aussi , marche à pied, alpinisme? Y était elle en juillet août comme nous? Fin août il y a eu une énorme tempête. Daphné m'a parlé de rafales à quasi 200 km/h.  Au mois de juin il devait y avoir énormément de glaces vu ce que nous avons constaté début juillet.

Le Xiaomi Redmi donne apparemment de bien meilleures photos que la GoPro.
En tout cas, quelle belle lumière ! Et heureusement, ça compense en partie le fait de refaire 5 km en sens inverse en fin d'après-midi.

@Pifil Tu as reconnu le téléphone ! On n'était pas convaincu par la gopro pour les photos, j'ai donc pris le téléphone de mon mari, plus rêcent que le mien. Difficile faire de la photo réellement avec mais il a permis de faire des photos souvenirs acceptables, c'est mieux que rien.
Concernant la gopro avec laquelle j'ai continué de filmer, j'ai constaté qu'elle gérait très difficilement la dynamique et j'ai eu pas mal de blancs cramés. Il m'aurait sans doute fallu un filtre.

Et elle a bien raison! C'est un vrai bonheur que ces excursions dans les terres une fois le campement installé.  Il y a partout des lacs à découvrir, de belles montagnes, des torrents et des animaux,  renards, lièvres, ours ( eux je préfère éviter...).
En tout cas ton amie a un sacré niveau comme traileuse.

Jour 16: En route vers les glaciers du fjord Petersen


 Nous pagayons aujourd'hui vers le fond du Fjord Johan Petersen pour admirer les nombreux glaciers qui dévalent depuis l'Inlandsis. La navigation est agréable à l'abri du vent dans ce fjord et la beauté des nombreuses langues glacières au loin nous attirent. Au loin sur un iceberg, un phoque nous observe mais à bonne distance.



 Après une petite pause repas sur une plage, nous apercevons deux baleines dont la puissance du souffle nous ravit toujours autant. Nous essayons de les suivre mais ne parvenons pas à nous en approcher à moins de 50 m. Mais ce temps passé dans notre kayak, seuls face à ces animaux incroyables sont autant de moment de grâce. Nous en profitons pleinement.
 Et puis soudain mon mari me crie "là de l'autre coté du fjord, un voilier!". En effet caché par des icebergs, on aperçoit bien le mat d'un voilier sur l'autre rive du Petersen. Et si c'était la Belle Colombe? Avec mon appareil photo!
 Nous voilà partis à pleine vitesse, Nous pagayons d'un bon rythme pour rattraper le voilier, nous utilisons notre sifflet de secours, nous brandissons nos pagaies en hauteur pour nous faire voir. Mais vues nos propre difficultés à bien voir le voilier avec les icebergs qui s'interposent entre nous, peu de chance qu'il nous voit. Nous pagayons de toutes nos forces jusqu'à l'autre rive mais le voilier est en mouvement et il se déplace vers le fond du fjord bien plus rapidement. A un moment avec l'aide des jumelles nous parvenons enfin à mieux l'apercevoir. Sa coque est beige et non rouge, ce n'est donc pas la Belle Colombe... Ce n'est donc pas aujourd'hui que je récupèrerais mon appareil photo...
 Il nous faut maintenant revenir vers l'autre rive pour rejoindre l’ile d'Ingmikertikajik où un bivouac serait possible. Mais ce bivouac est difficile à trouver. Nous débarquons à plusieurs endroits sans trouver de solution. C'est pour finir à l'est de l'île et non pas au sud que nous trouverons de quoi nous installer. Le bivouac n'est pas exceptionnel et proche de deux glaciers, le Bruckner et le Gletscher, ce qui est toujours un peu inquiétant en cas de vêlage important, d'autant plus que le passage entre l'île et la rive du Petersen est assez étroit. Mais nous sommes crevés après ce gros "rallongi" épuisant et ne trouvons pas de meilleure solution.



Et la vue sur le glacier Hann Gletscher est merveilleuse. Nous nous sentons loin de tout au fond de ce fjord. Quel calme dans cet univers minéral et glacé!

Jour 17: Dernier jour dans le Petersen


 Après avoir hésité à passer du coté est de l’île pour admirer le glacier Bruckner, nous décidons de contourner l’île par l'ouest pour éviter le petit passage étroit entre deux glaciers qui inquiète pas mal mon mari. Cela rallonge pas mal mais après tout, à ma grande surprise, mon coude va bien. Je craignais des conséquences pour avoir forcé dessus lors de la course poursuite avec le voilier la veille mais non, tout va bien. Je pense qu'il commence vraiment à cicatriser, c'est une vraie bonne nouvelle.
 Quel bonheur de pouvoir pagayer normalement au milieu d'un tel environnement!





 Nous nous rapprochons du fond du fjord. Il serait possible d'atteindre l'Inlandsis en passant par la gauche d'après la carte. C'est d'ailleurs le point d'accès qu'a choisi une expédition danoise dont nous avons rencontré les membres à Tasiilaq lors de notre deuxième passage dans la ville. Ce groupe de danois, qui vivent à Nuuk, s’apprêtait à monter sur l'Inlandsis pour le traverser en pulka jusqu'à Ilulissat au nord ouest.  D'après ce que j'ai pu lire ici ou là, il s'agit du meilleur sens pour traverser l'Inlandsis afin d'éviter les vents dominants. Ils étaient en train de finaliser les derniers achats de nourriture avant de partir quand nous avons discuté. Ils sont certainement déjà bien avancés sur la calotte polaire au moment de notre présence dans le Petersen. Pour l'instant ce genre d'expérience ne me tente pas, par contre, de plus en plus, j'aimerais découvrir le Groenland en hiver. Mais là, ce n'est plus le même budget...
 La vue sur les 4 langues glacières qui plongent de la calotte vers le fjord est saisissante.



Puis nous arrivons face au Bruckner qui descend dans l'eau à l'extrémité nord de notre île de bivouac. 



Là aussi le spectacle nous laisse sans voix. Le souffle des baleines, même si elles sont trop loin pour les observer, ajoute encore au plaisir de la contemplation .



 Nous avançons encore un peu vers le fond du fjord mais il y a une dizaine de kilomètres pour le rejoindre. Nous décidons de revenir sur nos pas, l'objectif est de bivouaquer avant l'entrée du fjord d'Ikasak qui nous permettra de revenir dans le Sermilik et remonter vers le nord.
 Nous trouvons un excellent bivouac sans difficulté. Le débarquement n'est pas très aisé à marée haute mais par contre l'emplacement est idéal. Parfaitement plat et bien protégé avec une superbe vue sur le Petersen et le Sermilik au loin.





Le fusil est toujours prêt, à portée de main.



 A chaque bivouac, les tâches sont les mêmes. Monter le kayak en hauteur, se changer et faire sécher tout l'équipement kayak, monter la tente, remplir les poches à eau d'eau de torrent ou de glace, recharger les différentes batteries puis préparer à manger. Avant de se coucher, il y a aussi les détecteurs à poser, cela prend du temps pour trouver les emplacements les plus stratégiques afin d'être réellement prévenus à temps en cas d'arrivée d'un gros nounours.





 C'est quand tout est fait que nous pouvons ensuite commencer à explorer l'arrière du pays. Certains soirs, nous restons juste tranquilles au camp avec un bon bouquin. C'est là qu'on voit que nous ne sommes plus si jeunes...
 Mais ce soir nous explorons un peu, nous sommes sur une petite île qui permet une très belle vue sur un petit fjord étroit ainsi que sur le Sermilik et le Petersen.