Les moments d'émotion en voyage

Cette histoire me captive déjà.

Idem... vivement la suite,  c'est passionnant et... angoissant ! J'adore 
Je remarque que tu es un excellent conteur 

En attendant la suite... voila un petit bout d'emotion... qui dure encore maintenant.


1980. Fin du premier long périple avec R. Après plusieurs mois à parcourir les routes du Mexique et de l’Amérique Centrale, il ne nous reste plus un radis en poche enfin juste US$20 ! A Miami, nous venons d’apprendre que notre vol de retour Nassau-Luxembourg (ah la belle époque des charters improbables !) vient d’être annulé et que le prochain ne partira que dans trois jours. Aie.


Nous débarquons donc à Nassau en nous demandant comment va se passer notre séjour aux Bahamas. Au douanier souriant qui inspecte nos passeports, nous exposons notre problème. Il n’a certainement pas l’habitude de ce genre de situation mais après un court moment de réflexion il nous dit :
« Je viens de commencer ma journée de travail, mais que si vous voulez attendre jusqu’à ce soir, je peux vous accueillir chez moi. »


Gênés et mais aussi peu emballés à l’idée d’attendre si longtemps dans un autre aéroport (nous venons de passer une paire de nuits à l’aéroport de Miami), nous le remercions et lui disons que nous allons tenter notre chance en ville.


Il n’existe ni bus, ni navette, nous commençons donc à faire du stop en marchant. Un Anglais nous embarque dans sa mini jusqu’au prochain carrefour à l’entrée de la première banlieue. Nous poursuivons notre marche en évitant les flaques d’eau. Un vieux monsieur assis sur son fauteuil à bascule sous un patio, nous salue et nous demande ou nous allons comme ça.
« En ville ? Mais c’est trop loin, attendez. »


Il se lève, se met au milieu de la route et arrête la première voiture qui passe. A la jeune conductrice, forcée de stopper, il demande de nous prendre et de nous emmener au centre-ville. Celle-ci, pas immensément ravie acquiesce. En route, nous lui demandons si elle connait un endroit bon marché pour passer la nuit… genre auberge jeunesse voire Armée du Salut. Pas de réponse.


Une fois en ville, elle s’arrête devant une espèce de pension nickel, plutôt luxueuse et nous demande de la suivre. Le proprio, nous montre une chambre impeccable.
« Non, non, il y a quiproquo nous ne pouvons pas payer. » et lui nous répond,
« Pas d’inquiétude, la dame a déjà réglé la nuit. »


Confus, nous retrouvons la conductrice qui a déjà regagné sa voiture et qui est en train de griffonner son numéro de téléphone sur un bout de papier.
« Si vous avez des problèmes, appelez-moi, là je dois partir, mes jeunes enfants m’attendent. »


Elle démarre avant de nous puissions dire quoi que ce soit.
Le lendemain, nous l’appelons pour lui donner rendez-vous afin de la remercier pour son extrême générosité et lui dire que nous la rembourserons dès que nous rentrons en Europe.
Sans rien demander, elle règlera les trois nuits de notre séjour.


Le pire dans cette histoire incroyable est que nous avons égaré son bout de papier, nous ne savons même pas son nom et nous n’avons jamais pu lui rembourser, ni même lui faire un cadeau.


Encore maintenant, en écrivant ces lignes, j’ai la rage de n’avoir jamais pu lui dire merci proprement. Si elle savait combien de fois nous pensons à elle... et au regret que nous gardons.


Mais, elle a été aussi le début d’une chaine car à notre tour, au fil des ans, nous avons accueilli des inconnus chez nous et même réglé des chambres d’hôtel à des gens rencontrés par hasard. Nous avons espoir qu’eux-mêmes ont continué cette chaine.


Nous lui devons bien ça…

Il y a l'émotion du moment, à la fois souriante et qui fait chaud au coeur et il y a ce petit bout de papier perdu qui fait que maintenant encore une espèce de tristesse persiste... Ouh, j'avoue que ce doit être difficile quand les souvenirs refont surface de temps en temps...

@Deborah
Quand on annonce la température au Canada, ce n est pas la température ressentie,je pense que c est la le problème de la discussion ou personne ne s entend, si on dit-27c est sans le facteur vent, après, c est autre chose que tu sois protégé par un mur ou sur les plaines d Abraham !
Il n en demeure pas moins qu il fait-27

xrctn a écrit:Encore maintenant, en écrivant ces lignes, j’ai la rage de n’avoir jamais pu lui dire merci proprement. Si elle savait combien de fois nous pensons à elle... et au regret que nous gardons.


Mais, elle a été aussi le début d’une chaine car à notre tour...

C'est une très belle histoire... peut être que cette dame te lira ici un jour ? 


il m'est arrivé un peu la même chose: toujours quand j'étais étudiante et j'habitais aux USA, j'avais réservé un vol LA-NY pas cher (ce tronçon se trouvait facilement à 50 Dollars à l'époque). Mais  à cause d'un événement dont je me souviens plus, le commandant a annoncé en cours de vol que nous allions atterrir à Washington, DC. 

En cours de vol, je bavarde avec mon voisin, un homme bien plus âgé que moi. On discute évidemment du détournement du vol vers Washington, et je lui demande quelles sont mes options, la moins chère était donc le bus, mais très lent. On débarque je  commence à me renseigner sur comment aller de l'aéroport au bus quand le monsieur revient avec deux billets d'avion pour une correspondance immédiate  Washington-NY La Guardia !

Je n'en revenais pas, car ces billets valaient plus cher que le vol venant de LA, mais il a vu que je n'avais pas trop d'argent et m'a offert le billet. Je ne l'ai plus jamais revu....

Mais de temps en temps, je paie un truc à un jeune quand je vois qu'il est vraiment géné par un prix... juste retour des choses

On discute évidemment du détournement du vol vers Washington,

Sans pirates à bord c'est plutôt un déroutement non?

le monsieur revient avec deux billets d'avion pour une correspondance immédiate Washington-NY La Guardia !

Quelle veinarde!

Sans pirates à bord c'est plutôt un déroutement non? 

voilà, exactement, je cherchais le bon mot et il ne me revenait plus (Alzheimer précoce sans doute 

– On est presqu’arrivés, courage

– On est presqu’arrivés, courage
– Oui, oui, c’est pas toi qu’est tombé
– Peut-être mais j’ai réussi à ne pas faire chuter la moto
– Les risques de l’aventure quoi !

Je secoue la poussière, je remets mon chapeau, j’essuie mes lunettes, je remonte sur la moto.

Tant qu'on s'en tire avec un bleu ou quelques égratignures ça passe...Des fois c'est bras ou jambe dans le plâtre!
J'ai fait aussi l'expérience de la moto en Thaïlande! En France je n'ai pas de moto donc expérience quasi nulle. A deux sur une moto en short et en tongs sur des pistes pentues et boueuses ça aurait pu très mal finir.Je m'en suis sorti avec une brûlure au mollet ( pot d'échappement) une blessure au pied ( avec le kick) Pas pratique les tongs   sur une moto quand on est novice! Ma compagne elle, est rentrée indemne de l'épreuve.
Et au final panne d'essence alors que j'ignorais qu'il y avait une réserve! Donc retour à pied et en stop...Je revois encore la tête du loueur quand je lui ai annoncé avoir laissé sa moto, en pleine jungle!

Ah les bonnes brûlures de pot en Asie... Pas terrible pour profiter du snorkelling après...

Pas de blessures pour moi mais que de trouilles !!
J'en raconterai peut-être un jour...

la Shangri-la ( suite) les premières émotions!
Après 2 tentatives infructueuses pour nous rendre à Taplejung par avion, avec mon ami Ivan, nous décidons donc d'y aller à pied. Après renseignements nous apprenons qu'il est possible de raccourcir cette marche ( de 4 jours) d'une grosse  journée en nous rendant en mini bus vers le petit bourg de Hile via les villes de Dharan et Dankhuta.
Munis d'une carte topographique rudimentaire et  presque illisible, un duvet léger roulé sur nos sacs à dos ne dépassant pas les 5 kg, nous voila partis, sans permis de trekking obligatoire, sur des sentiers qui n''ont rien à voir avec ceux bien entretenus que j'avais connus quelques années auparavant dans le massif des Annapurnas. Ici,on est immergé dans le "wild". Les sentier inter-villages traversent des  forêts primaires aux rochers moussus où les singes sautent d'arbres en arbres, des bambouseraies où il faut se frayer son chemin à 4 pattes, des parcours à flanc de coteaux pentus et glissants, des falaises verticales avec le vide de l'autre côté, des" ponts de singes"  branlants aux énormes trous béants partiellement rebouchés de pierres plates et de branchages  surplombant des torrents impétueux , des gorges sombres  au fond desquelles on longe pendant des heures  la rivière Tamur dans un fracas assourdissant..On grimpe des pentes raides et glissantes  qui nous mènent sur des crêtes ,avec des dénivelés quotidiens de folie qu'il nous faut refaire en descente le lendemain pour replonger dans une autre gorge..Dans cette région ( la plus humide du Népal) aux villages hors du temps on ne trouve aucun lodge.On est hébergé chaque soir chez l'habitant, on dort dans des remises à foin  au milieu les fanes de maïs ou sur le sol des  rares tea-houses ou  boutiques où l'on vend les utilitaires du quotidien ( bougies allumettes,  huile,  sel, noodles, rakshi et quelques rares ustensiles de cuisine).
Le premier soir dans le village de Chauki pas encore trop loin de la civilisation on a droit à une paillasse sur le plancher et un dal bhat sans légumes pour le repas du soir.Le matin notre petit dej  de thé et dechapatis est agrémenté d'un succulent dahi ( yaourt de buffle)  un véritable luxe! Mais ça ne va pas durer.."L'aubergiste" qui ne parle pas un mot d'anglais et ne sait pas non plus compter ( ou bien ne sait pas  combien font  one hundred  en anglais) nous réclame la somme exorbitante ( pour l'époque) de 100 roupies pour notre "demi-pension " mais il est tout heureux  et ne sait comment nous remercier quand nous lui en offrons 10!

C'est le lendemain que ça va se corser un peu...Avant d'arriver à Gufa Pokhari si mes souvenirs sont bons on aperçoit  une cabane devant nous sur le bord du sentier.Avant que l'on ait le temps de se cacher pour éviter le check point un policier regarde dans notre direction.Il avait  déjà dû nous voir arriver depuis peu ; faire demi-tour ou nous cacher serait la mauvaise solution.On arrive à sa hauteur ;il ne parle pas un seul mot d'Anglais et visiblement nous réclame le précieux document: Le permis de trekking...Nous pensons alors que notre périple va se terminer ici.D'un commun accord nous lui fournissons notre passeport...Il a l'air très intrigué et visiblement c'est la première fois de sa vie qu'il en voit un.Il rentre dans sa cahute où l'on peut voir 2 chaises et une table bancale avec dessus, entre autre, quelques paperasses et un stylo bille.
Il prend place sur une chaise tandis que nous l'attendons à l'entrée de sa cabane.On l'aperçoit en train de griffonner quelque chose mais ignorons qu'il le fait sur nos passeports.. L'air,  satisfait et avec un grand sourire il nous rend nos 2 passeports et là une grosse surprise nous attend,  associée à une grosse émotion: Il a écrit 2 lignes en Népalais sur les premières pages de nos passeports juste sous les photos!!
 Fin du 2 ième épisode

ah mince, et vos passeports étaient invalidés après ? 

Pour sûr mais on n'a pas eu de difficulté pour quitter le Népal puis l'Inde ensuite En Inde ils nous en ont remis une couche (de laïus en Hindi j'en parlerai plus loin) mais cette fois sur les pages réservées aux visas!. A notre arrivée à Roissy par contre les douaniers ont fait une drôle de tête!

@Aliocha

J'attendais la suite avec impatience ! 
Et maintenant j'attends la suite de la suite... 
C'est infernal toute cette attente  !

Je ne sais pas si vous aviez la trouille -ou une bonne dose d'inconscience- ou les 2, mais ce que je lis me fait écarquiller les yeux, faut dire que je ne suis pas une aventurière.

C'est passionnant et vivement la suite (déjà dit plus haut, oui, je sais, je me répète et j'assume...)

Vers la Shangri la... Etape à Taplejung.

Après une très longue montée du fond d'une gorge nous atteignons enfin la "Ville" de Taplejung.Ville qui sera pour nous le point de départ vers  le dernier lieu habité de la région: le village de Gunsa au pied du Kanchenjungha.
Le plus dur pour moi ce n'est pas tant les efforts physiques du trekking mais plutôt le régime  frugal quotidien auquel nous sommes astreints. A ne manger que du riz et des chapatis J'ai dû déjà perdre 3 kg et j'ai une de ces fringales.Je compte bien me retaper dans cette bourgade!   Mon copain lui, n'a pas l'air incommodé par le manque de nourriture il est végétarien et de plus se contente de peu. C'est un véritable sâdhu comme ceux qu'on peut voir au temple de Pashupatinath à Kathmandou:  Dès le départ de notre périple, lorsqu'on passait près de lieux cultivés il grappillait ça et là raves et "radis noirs" affirmant ,l'air sérieux en bon pharmacien que "ç'était diurétique"! Diurétique , sans doute mais guère nourrissant.
En arpentant les rues de ce bourg moyenâgeux nous tombons sur un "Hotel". J'ai encore le nom d'écrit sur la carte que j'ai retrouvée chez moi dans un tiroir: Namgyal Lama hotel. Il y a même des lits avec de vrais draps et ils font aussi restaurant! Une véritable aubaine...Sur la carte c'est même écrit en anglais! Dans la liste des plats je découvre un " fried rice with chicken!"
Au Népal  en dehors des grandes villes et des parcours de trek classiques ( Everest, Annapurnas, Langtang) le "Chicken" était et est toujours une denrée difficile à trouver et coûte souvent plus cher que le "beef" qui est en fait du "buffalo"..
Le serveur qui n'est autre que le patron de la gargote , se présente et nous passons nos commandes: Un plat végétarien pour mon pote et un "Chicken fried rice" . Il s'éloigne vers sa cuisine et revient un quart d'heure plus tard en m'annonçant : " Sorry sir, no chicken...puis d'un air embêté il ajoute " Chicken is too expensive"...
-Too expensive? How much?
-"10 roupies sir"
Ah oui effectivement ça fait presque 2 francs donc pratiquement rien pour nous...Mais je n'ose pas le contredire car je sais qu'en m'annonçant ce prix il compte me dissuader de commander du chicken...
Avec un grand sourire il m'annonce tout fier: "But, if you want, we have beef "...
Effectivement pourquoi pas du "beef"
"O.k sir I will have beef; it's o.k for me"
Et le voilà reparti dans sa cuisine..
Il revient avec 2 grosses assiettes de riz dont l'une recouverte d'une louche de dal ( lentilles) et de rayo ( sortes d'épinards) pour mon copain et une autre où l'on peut distinguer au milieu des grains de riz de petit bouts d'une substance qui me fait penser à des morceaux d'écorces ou des copeaux de bois rosâtres..C'est en fait de la viande de buffle séchée mais elle est si dure et si filandreuse que j'ai l'impression de manger un morceau de la table!
Mais... Qu'est ce qu'on voit là, dans des petits  bols en terre cuite posées  sur un semblant d'étagère, dans un recoin de la cuisine? Du Dahi !! ( yaourt de bufflonne) C'est vrai qu'il doit trainer là depuis quelques jours,  de grosses mouches bourdonnent tout autour... mais bon on se laisse tenter quand même. J'en prends 2  pour moi, avec un cuillère de "wild honey"!  mon copain se contentera d'un seul, son dal baht l'a largement rassasié!

ha ! et c'est comment le "buffalo" cuit au fin fond des montagnes du Népal ?

Tout va bien : tu as eu ton beef (ok à défaut de chicken mais c'est mieux que rien) et moi j'ai eu une petite suite, et ça c'est mieux que rien aussi !!

@dolma & Deborah : J'ai dû interrompre mon récit...jy ai ajouté quelques lignes.
La suite arrive...

Ah les chapatis de  montagne. J'en garde un souvenir un peu sec, étouffe chrétien et plein de sable au Ladakh.Le matin avant de démarer la rando c'est ce qui prenait le plus de temps: réussir à avaler le chapati...

Vers la Shangri-la (suite)...  Le magazine Penthouse fait fureur au pays du thungba et du rakshi !

Nous avons passé une très bonne nuit à "l'hotel" de Taplejung. Au petit dej  toujours des  chapatis mais avec du miel cette fois! Pas de quoi en faire une indigestion! Namgyal trempe une petite cuillère dans le pot de miel, la laisse bien s'écouler au dessus de celui-ci et avec le peu de miel qui reste en frotte le chapati comme s'il  ne voulait pas le blesser!...On ne risquera pas le diabète.
Avant de reprendre la "route" avec l'aide de Namgyal ( notre Aubergiste) on consulte notre carte topographique qui commence à partir en lambeaux.
"je t'avais bien dit d'éviter de mettre les doigts sur les tracés on ne voit plus les noms des prochaines étapes!"
" Non j'ai pas mis mes doigts, c'est à cause de l'humidité!"
Namgyal nous écrit, sur une page de son cahier, les noms de bleds qui seront nos étapes futures .C'est bizarre, aucun des lieux ne figurent sur ce qui nous sert de carte ou alors c'est orthographié tout autrement...
" Pas d'inquiétude,on rencontrera bien des locaux sur le parcours et on leur demandera le chemin"
"Faudra faire attention il risque d'y avoir un check point avant Mitlung vu qu'on entre dans le district d'Olangchung-gola; il faut essayer de passer à la tombée de la nuit c'est plus sûr".
" Euh.. Mitlung c'est pas très loin d'après la carte et c'est tout en descente on risque d'y arriver en tout début d'après midi.. Faudrait qu'on aille au moins jusqu'à Chirwa et vu qu'on sait qu'il y a un check point à Mitlung autant ne pas y séjourner si toutefois on arrive à l'éviter !"

Il n'est pas plus de 07h du mat , nous voila partis pour Chirwa...
Namgyal nous assure qu'on y sera avant la tombée de la nuit... Faut dire que quand on les voit marcher avec 50kg  sur le dos et faire 2 étapes quand nous,petits jeunes et sportifs on n'en fait qu'une seule avec un sac de 5 ou 6 kg...on se pose des questions.
Chez les Limbu( peuple Tibeto birman de l'est du Népal) toutes les marchandises sont transportées à dos d'hommes y compris les poutres pour les charpentes et bien d'autres matériaux lourds et encombrants qui ne passent pas en largeur dans les sentiers...ils doivent alors marcher en crabe et faire les équilibristes en se contorsionnant au risque d'une chute  pour négocier les virages et les passages étroits souvent en dévers ou au bord des précipices..
Dans les autres massifs comme les Annapurnas ou l'Everest ( régions "riches" car touristiques) les sentiers sont entretenus , des fois même pavés et des marches d'escaliers sont construites dans les passages raides...Sont aussi aménagés des promontoires de pierre pour que les porteurs puissent  s'y asseoir et y poser leur charge pour se reposer sans pour autant avoir besoin de poser leur hotte d'osier au sol au risque de ne plus pouvoir la  recharger correctement sur leur dos. En pays Limbu rien de tout ça..On marche pieds nus dans la boue comme dans les rochers..on joue à l'équilibriste sur des troncs d'arbres en guise de ponts au risque de tomber dans le torrent et de s'y noyer. Sur le haut de sa hotte chaque porteur a son mini  trépied de bois qui lui sert de tabouret pour s'asseoir sans qu'il n'ait besoin de poser son chargement à terre.
On traverse de belles forêts de rhododendrons, on franchit des arbres moussus couchés en travers du chemin, on se mouille les pieds dans ce qui parfois ressemble plus à un ruisseau qu'un sentier..on descend, on descend encore tout le dénivelé qu'on avait monté la veille jusqu'à rejoindre la rivière Tamur qu'on avait quittée 2 jours plus tôt. A travers le feuillage des arbres, vers midi, on aperçoit au loin les premières maisons de Mitlung...va falloir ruser pour éviter de le traverser.On coupera  à droite en passant sur les mini sentes délimitant les cultures de millet et de maïs, on se perdra un peu dans des buissons d'épineux il faudra reprendre un cap à gauche pour retrouver ensuite le bon sentier..Ouf ,nous y sommes parvenus et on ne saura jamais si il y avait vraiment un check point mais peu importe! La journée va être longue , heureusement on suit encore la Tamur et le dénivelé n'est pas très important..
Comme repas de midi on a 3 oeufs durs de chez Namgyal et 4 chapatis plus des biscuits ( biscout comme ils disent) de marque "Glucose" et 2 oranges( on n'en trouvera jamais plus )
Ah j'oubliais une chose que j'ai découverte lors de ce voyage...J'étais déjà allé 2 fois au Népal : Au camp de base de l'Annapurna( avec pour tout équipement un gros pull over et comme chaussures de simples "baskets"...)On ne trouvait pas encore de bouteille plastique au Népal et je n'utilisais pas de gourde. En effet, de l'eau il y en avait partout ça dégringolait en cascades on ne faisait pas un km sans traverser un torrent..pas de risque de souffrir de la soif...Un jour je croise un américain qui faisait bouillir son eau...d'après lui elle n'était pas potable! Je me disais "ils sont bien fragiles ces Amerlocs!" Donc je buvais l'eau des cascades des torrents et même parfois des rivières jusqu'au jour où...En pays Limbu, à la sortie de Mitlung je découvre ce que je n'aurais pu imaginer auparavant: Tout un alignement de cabanes en planches construites sur pilotis et devinez où? sur un torrent affluent de la Tamur river et devinez ce qu'il y avait dans ces cabanes? Un élevage de porcs dont les déjections tombaient directement dans l'eau du torrent! De quoi remettre en question toutes mes idées sur la qualité de l'eau dans les montagnes Népalaises! Je crois bien que je n'ai plus rien bu le restant de la journée avant d'arriver peu avant la tombée de la nuit, bien fatigué dans le village de Chirwa..

Agréable surprise ,bien qu'étant loin de la civilisation,  nous découvrons qu'il existe une sorte de" lodge" à Chirwa.Même si le trekking dans cette région en était à ses premiers balbutiements ce "trail" était déjà fréquenté par les rares clients de quelques d'agences de trekking qui se risquaient dans ce secteur du Kanchenjungha alors  que toute la région que nous avions parcourue pendant les 3 jours de marche au sud de Taplejung ne voyait, elle, aucun voyageur étranger.
En entrant dans le lodge qui sert également de boutique et de" bar" on fait la connaissance de quelques paysans du village tous attablés devant un thungba, la boisson favorite des Limbu. En fait le Thungba est un petit tonnelet d'où sort une paille au moyen de laquelle on aspire un liquide faiblement alcoolisé fait à base de millet fermenté sur lequel on verse de l'eau bouillante...Mon copain bien sûr dira " c'est diurétique!" c'est sûr si on en boit comme lui des litres! On s'installe avec eux on commande un Thungba  ,on discute avec l'un d'eux qui connait un peu l'anglais ..la nuit tombe on ne va pas tarder à manger..Un peu fatigué je vais faire un tour dans notre  "chambre" et je m'assoupis sur le lit. Je suis réveillé par un brouhaha...il y a une certaine effervescence dans la pièce principale...On dirait surtout qu'il y a beaucoup de monde..j'entrouvre la porte et j'aperçois une bonne dizaine de jeunes gens massés autour de mon pote toujours assis à la même place et tous ont les yeux sont braqués sur un magazine dont je ne distingue pas encore les photos,j'entends des Oh! des Ah!; j'essaie de me hisser pour regarder entre les têtes et je m'aperçois  qu'ils sont tous en train de "mater" des photos de femmes nues du magazine "Penthouse" que mon copain avait emporté avec lui dans son sac!

Il faut , pour comprendre la situation , se rendre compte que ces villages Limbu étaient très isolés du monde moderne ..La télé n'existait pas encore dans la capitale à Kathmandou  et de simples journaux imprimés avec quelques photos en noir et blanc n'avaient certainement jamais pénétré jusqu'ici..en tous cas je n'en avais jamais vus à part dans les villes ou bourgs du sud du pays..Alors des photos en couleur et de surcroit montrant des filles nues ça a dû leur faire comme un choc!
Le bouche à oreille a dû  bien fonctionner car en moins d''une heure de temps la salle à manger / bar  est pleine à craquer je crois même qu'il  est venu des habitants des hameaux ou des fermes voisines...
Le patron du lodge  a commencé à servir du rakshi ( alcool de riz à l'odeur d'alcool à brûler) et certains esprits  ont aussi commencé un peu à s'échauffer...Vu le prix ridicule d'une conso j'ai payé une tournée de rakshi à la vingtaine de personnes qui se trouvaient encore dans la pièce principale à l'heure du repas.."L'aubergiste"  a sorti de sa cuisine son gros bidon d'alcool et à l'aide d'un vieil entonnoir en plastique a rempli les verres...toujours avec le même entonnoir quand la nuit est arrivée il a rempli sa lampe à pétrole d'une huile aussi noire que celle d'e la vidange de ma voiture...pour ensuite s'en resservir aussitôt pour une nouvelle tournée de rakshi! A 11h ou minuit il y a  toujours autant de monde qui se dispute le magazine...Mais cette fois on n'est plus sur les filles nues...En effet, quelques pages plus loin on peut voir des images d'animaux préhistoriques comme des dinosaures , tyrannosaures et autres tricératops. Les quelques rares jeunes qui parlent un peu anglais nous demandent si on a de tels animaux dans notre pays.Malicieux que nous sommes nous leur faisons croire qu'on doit toujours sortir armés en cas de mauvaise rencontre!

La soirée a été mémorable mais la nuit a été courte!
Ps: les photos ( assez récentes.C'était moins "moderne" en 1980) ne sont pas de moi mais comme elles correspondent aux villages traversés et à notre parcours je les ai mises ici.

Ville de Taplejung ( en 2012) La route goudronnée est déjà construite...


























Le Thungba.(  ou Tongba)

C’est pas fini hein? Dis-moi qu’il y a encore des chapitres à dévorer!

oui bien sur!

Je suis scotché...   Aliocha

Aliocha ou l'art du suspens au fil des messages...

C'est passionnant et j'espère que l'aventure qui vous emmène vers la Shangri-la a duré longtemps pour que nous, les lecteurs, puissions aussi en profiter longtemps !

A bientôt pour la suite alors...
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Juste un p'tit truc : peux-tu laisser des espaces un peu plus souvent entre les paragraphes pour faciliter la lecture   ?