Vers l'Orient dans les années 1970
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Quant au fait que l'Afghanistan n'est pas un pays fondé sur une seule ethnie, c'est bien connu (mais comme je l'ai dit, près de la moitié des Afghans sont des Pashtounes). Ce n'est pas unique à l'Afghanistan, loin de là!
georgesO2- Messages : 147
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Je suis depuis le début. A vrai dire j'avais déjà lu ton récit sur VF., mais j'aime bien relire, d'autant plus qu'il me semble que tu racontes autrement .Alors , c'est neuf.
Moushika- responsable de rubrique
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Sissi57- modérateur
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Sympa de te retrouver sur ce nouveau forum!
Je change quelques phrases ici et là, c'est normal après tant d'années. Et puis il y avait quelques fautes grammaticales que je corrige en passant.
On ne peut jamais vraiment retourner exactement au même endroit. Après tout, c'est vrai dans un sens absolu, la planète poursuit son parcours autour du soleil, qui lui-même poursuit une trajectoire dans les faubourgs de la Voie Lactée, etc etc .....
georgesO2- Messages : 147
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
C'est juste (quoique parler d'ethnies en Europe sonne un peu bizarre). On a tendance à simplifier : avec "les Anglais" ou "les Espagnols", on met tout le monde dans le même sac. C'est normal, mais quand on va voir de plus près, les différences sautent aux yeux. Entre autres pays qu'on a tendance à simplifier de cette sorte, je citerai l'Iran. Vu de loin, l'Iran paraît assez homogène. Il est vrai que 90% de la population pratique la même religion shiite et que la grande majorité parle persan (parfois en plus de la langue locale). Mais des groupes ethniques, il y en a une pléthore: à part les "Persans", il y a les Azeris, les Turcmènes et un nombre de tribus turques, il y a les Kurdes, les Lours, les Bakhtiars, les Baloutches et même les Arabes! Plus probablement des groupes plus petits que j'oublie.
georgesO2- Messages : 147
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Il a un peu raison quelque part, car cette frontière a été définie en 1893 par un diplomate britannique, un certain Mortimer Durand, coupant en plein milieu des territoires traditionnellement occupés par les tribus Pashtounes et Baloutches. Ce qui fait que cette frontière est souvent considérée comme l’une des plus dangereuses de la planète.
Il existe donc un pays non officiel, le Pashtounistan, dont je place le drapeau ici : le soleil se lève sur des cimes montagneuses enneigées….. Assez curieux.
Je plains l'Afghanistan et le Pakistan, ce ne sont déjà pas des pays sans problèmes. Il n'avaient pas besoin d'avoir une grande partie de leurs territoires revendiquée par des peuples dissidents!
georgesO2- Messages : 147
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Premier voyage – Kandahar (2)
Comme la plupart des Pashtounes, tels que je les ai vus par la suite en Afghanistan et au Pakistan, les gens de la tchaïkhâneh étaient de vigoureux gaillards pétant de santé. Leurs sourires et leur bonne humeur étaient réconfortants. Leurs traits forts surgissaient de la pénombre, éclairés par la lampe-tempête qu’ils venaient d’amorcer en pompant un bon coup. Ils avaient ces pyjamas typiques aux couleurs sobres, souvent pastel, habits amples et confortables par excellence. Nous avions bu du thé, bien sûr.
Il faut que je développe le sujet du thé. À partir de la Turquie et jusqu’au Japon, c’est une boisson essentielle. Le thé à la turque (je ne parle pas du « thé à la pomme » comme on en trouve de nos jours en Turquie et qui est une invention récente, mais du thé traditionnel) est pratiquement le même que celui qu’on boit en Iran. C’est un thé noir assez aromatique, qu’on boit simplement dans des verres (et non dans des tasses) avec du sucre. En Iran, traditionnellement, on ne met pas le sucre dans le thé, mais on met des morceaux de sucre dans la bouche et on laisse filtrer le thé entre les dents, qui donc se sucre en passant (et ça abime les dents à la longue !). Ces morceaux de sucre sont du jus de canne cristallisé en morceaux plus ou moins gros qu’on appelle « qand » en Fârsi …. d’où on a dérivé le mot «candi» (par l’intermédiaire de l’Arabe).
En Iran aussi bien qu’en Afghanistan, il y a toujours un samovar en route dans chaque maison pour faire du thé à toute heure. Le thé iranien est à l’origine cultivé dans les montagnes du nord de l’Iran, mais il se peut bien que l’Iran ait besoin d’en importer, tant on en consomme. Un thé noir parfumé à la bergamote est très populaire chez les Iraniens, et les Iraniens qui vivent à l’étranger mélangent souvent leur thé avec de l’Earl Grey pour retrouver le goût de la bergamote.
En Afghanistan, on avait le choix entre « tchaï-ye-sabz » et « tchaï-ye-siah », c’est-à-dire du thé vert ou du thé noir. Le thé vert, je crois, venait de la Chine, quant au thé noir, il était peut-être cultivé localement, comme en Iran. Mais mes souvenirs peuvent ne pas être toujours bien exacts, vu que près d’un demi-siècle s’est écoulé depuis ce premier voyage en Afghanistan.
Le riz lui aussi mérite une mention spéciale. Il devient la base principale de l’alimentation à partir de l’Iran (peut-être même à partir de la Turquie ?) et de nouveau jusqu’au Japon. On en cultive des variétés excellentes dans les montagnes de l’Iran et de l’Afghanistan, assez proches du riz de montagne le plus connu, le basmati des contreforts himalayens du Pakistan et de l’Inde. En Iran, le meilleur riz est connu sous le nom de « dom siah », ce qui veut dire « queue noire ». On le cultive dans l’extrême nord du pays, surtout dans les montagnes de l’Elbourz qui bénéficient d’un climat mieux arrosé que le reste du pays.
Après ces digressions (j’aime bien les digressions, vous avez remarqué?), je reviens dans cette pièce de la tchaïkhâneh, au milieu du désert entre Herat et Kandahar. Le service, très typique, vaut lui aussi une description rapide. La théière était assez menue, d’aluminium ou de fer blanc, décorée à la main de fleurs ou d’oiseaux sur fond bleu ou vert profond, de fabrication russe ou chinoise. Ah ! Il faudrait bien qu’un autre voyageur ayant traversé ce pays vers la même époque puisse me le confirmer ! Ces détails, maintenant que je plonge de plus en plus profondément dans mes souvenirs, commencent à prendre pour moi une importance cruciale ! Les verres étaient, banalement, des Duralex !
georgesO2- Messages : 147
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Sissi57- modérateur
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
georgesO2- Messages : 147
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Lucbertrand- responsable de rubrique
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Ayant vécu toute ma vie adulte dans un milieu non-francophone, je ne connaissais pas ces deux personnes et j'ai dû aller vérifier sur le net, tu me fais honneur avec cette comparison!
georgesO2- Messages : 147
Date d'inscription : 21/06/2022
Re: Vers l'Orient dans les années 1970
En plus du thé et du riz, les nourritures essentielles communes, quand on a passé la Turquie, incluent aussi le pain et le yaourt, ou yoghourt. L’Afghanistan est un pays très pauvre où il n’y a pas grand-chose de plus, la nourriture est très simple et peu variée. Pour moi, voyageur aux moyens financiers limités, les brochettes de mouton mariné dans du yoghourt, le yoghourt lui-même et ce pain délicieux, le « nân » (voir la photo), résumaient la gastronomie du pays.
Mais pour quiconque a passé un peu de temps dans ce pays extraordinaire, qu’on appelait le « Tibet du monde musulman », penser à ces nourritures éveille une nostalgie qui ne connaît malheureusement pas de cure. Même si on pouvait y retourner, on ne saurait retrouver ce qu’on y a connu auparavant. En tout cas, ignorer ce genre de détails, c’est à mon humble avis passer complètement à côté des pays qu’on visite. C’est l’une des raisons pour lesquelles je n’ai jamais accordé le moindre intérêt aux voyages organisés ni aux grands hôtels et autres résidences touristiques, où on est presque sûr de n’être gratifié que d’une nourriture « adaptée » et dans des locaux « aménagés » de surcroît.
Revenons à Kandahar. Ou arrivons-y, plutôt, dans la matinée, ayant fait de la route toute la nuit. Je ne me rappelle rien de l’hôtel où nous nous étions arrêtés. Michael et Hans s’étaient relayés au volant et n’avaient qu’une hâte, c’était de se coucher pour quelques heures. En plus, Hans devait aussi avoir envie de se retirer de la circulation avec Sue, l’Anglaise que j’avais rencontrée dans l’auberge, dans l’est de la Turquie, et qui m’avait branché sur « l’expédition Michael ». Déjà depuis l’Iran, il était évident qu’il se tramait quelque chose entre ces deux oiseaux ! Sur la plage au bord de la Caspienne où nous avions passé une nuit, j’avais bien entendu quelques murmures doux provenant de la dépression dans le sable où ils s’étaient nichés, suivis un peu plus tard par quelques gémissements …..
Après avoir dormi un peu et pris mon petit déjeuner, j’étais sorti seul. J’avais déambulé dans les rues de Kandahar, assez vides en milieu de journée à cause de la chaleur. D’après les quelques photos de la ville de Kandahar que j’ai postées un peu plus haut, plus récentes que mon voyage, il semble que rien n’a trop changé depuis. De temps à autre, quelques hommes passaient à cheval, fusil à l’épaule et superbes avec leurs longs turbans. On pouvait imaginer qu‘ils venaient du désert environnant Kandahar. Pour être l’une des villes principales de l’Afghanistan, Kandahar offrait des scènes de rue assez uniques qui démontraient parfaitement à quel point ce pays était resté jusqu’alors à l’écart du monde moderne.
À un carrefour, deux ou trois femmes étaient accroupies. Elles ne portaient pas le « tchâdor » à l’afghane, qui je crois s’appelle aussi « burqa » (peut-être au Pakistan ?), que toutes les femmes pratiquement sans exception portaient en ville. C’est un vêtement très ample d’une seule pièce de la tête jusqu’aux pieds, et qui ne laisse pas même voir les yeux de la femme derrière un treillis serré, la seule fenêtre sur le monde extérieur accordée à la femme afghane traditionnelle.
Ces vendeuses de soupe n’avaient que de grands châles sur la tête. Elles étaient des villageoises venues en ville y gagner quelques sous - l’habitat rural commençait d’ailleurs déjà en ville-même - ou peut-être des nomades d’après leurs grandes robes où le rouge et le noir dominaient. Les nomades, en proportion encore assez importante dans la population afghane, venaient bien sûr dans les villes pour échanger des biens.
Accroupies autour d’un grand chaudron où elles cuisaient une espèce de soupe ou de ragoût (on dirait un « khoresh » en fârsi, et je remarquerai que si ce mot est souvent écrit avec un « t » final dans les livres étrangers, il ne comporte ce « t » final que dans le dialecte de Téhéran … et en kurde). La peau burinée par le soleil, ces femmes essayaient de vendre leur breuvage aux quelques rares passants. Elles me rappelaient les sorcières rencontrées par Macbeth sur la lande….
Pour donner une idée de cette scène de rue à Kandahar, voici la photo prise d’une réfugiée afghane à Quetta, assez extraordinaire franchement. Cela n’est sans doute pas très correct, vu le drame humanitaire qu’ont connu ces gens depuis l’invasion soviétique, mais qu’on imagine des femmes d’un tel physique en train de tourner leurs louches dans un grand chaudron noirci par des années d’usage !
Vainquant ma timidité, poussé par la faim et également par le besoin de m’arrêter quelque part où je puisse profiter d’un peu de fraîcheur, je rentrai dans une tchaïkhâneh. Le dispositif était classique, il n’y avait ni tables ni chaises, mais des nattes recouvraient des banquettes pleines surélevées, sur lesquelles les clients s’asseyaient ou même se couchaient pour faire la sieste en milieu de journée. Au milieu de la salle, il y avait un énorme samovar, dont la partie supérieure traversait le plafond pour continuer à l’étage, sans doute pour le chauffage en hiver. Je m’installai en tailleur, ce qui ne me posait pas trop de difficulté. Après tout, cela faisait des années que je m’étais habitué à m’asseoir par terre chez mes différents amis, qui presque sans exception vivaient assez chichement et n’avaient guère de mobilier. De plus, il y avait aussi une certaine mode à se mettre « à l’orientale » à cette époque : nous sortions tout droit de la période « hippy », le monde occidental était en pleine découverte de toutes sortes de choses orientales, que ce soit la musique, les philosophies ou les arts.
L’un des rares clients de la tchaïkhâneh, un homme (il aurait été impensable de voir une femme dans un endroit pareil) installé non trop loin de moi devant une théière et une assiette de riz ornés de quelques morceaux de viande de mouton, me fit geste de m’approcher et me fit comprendre sans la moindre parole qu’il m’invitait à partager son repas. Je savais qu’il n’y avait pas besoin de faire de chichis, et qu’en faire aurait été vexant plus qu’autre chose. Je fis un geste de remerciement, m’inclinant avec la main sur le cœur, un geste assez courant dans le monde musulman, et je me mis à piocher dans l’assiette. La viande était tellement grasse que je n’avais pas envie de trop en manger. Cette manière simple et courtoise d’inviter un étranger, sans échanger la moindre parole, me parut très noble. J’avais commencé à travailler mon fârsi, avec un livre que j’avais acheté sur le quai Saint-Michel, et qui s’appelait « Colloquial Persian ». J’étais encore loin de pouvoir me lancer dans une discussion allant plus loin que quelques phrases d’introduction, mais les quelques mots que je pouvais dire avaient toujours un effet positif sur les gens.
Il y a (avait ?) deux langues officielles en Afghanistan, le fârsi et le pashtoun, mais le fârsi était compris presque partout. Il est vrai que le fârsi (persan) a été la lingua franca de l’immense région allant de l’Iran jusqu’au nord de l’Inde, et de l’Asie Centrale jusqu’à l’Océan Indien.
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georgesO2- Messages : 147
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Sissi57- modérateur
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
la femme sur la photo a t elle vraiment les yeux rouges ou bien est-ce qu'elle se cercle les yeux d'un onguent rouge ?
Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Je plaisante bien sûr , je n'ai absolument rien contre les Suisses (ni les Belges, ni les Québecois). Il est bien connu que l'un des plus grands philosophes Français, Jean-Jacques Rousseau, était en fait Suisse.
D'ailleurs, comme beaucoup d'Alsaciens, j'ai des ascendances Suisses (mais Suisses Allemandes).
georgesO2- Messages : 147
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Pour la femme aux yeux extraordinaires, je ne pourrais pas dire si c'était naturel ou pas. On croirait qu'elle sortait d'un film d'épouvante, mais on se doute bien qu'être réfugiée dans un autre pays que le sien (étant Afghane, réfugiée au Pakistan) lors de l'invasion soviétique (tiens, il semble que les Russes ont décidemment des sales habitudes...), ce n'était pas une partie de plaisir.
Cette question me mène à un autre détail intéressant, que j'aurais peut-être oublié de mentionner autrement, c'est que les Afghans (les hommes) se faisaient souvent les yeux au khôl. Je me rappelle en voir se regarder dans le miroir de petites boîtes de maquillage rondes ... A cela près qu'à côté du khôl ils avaient aussi un mélange à base de tabac qu'ils sniffaient ou chiquaient. Ils appelaient ça du "naswâr" si je me rappelle bien. C'était bien noir, à cause de l'addition dans le mélange d'indigo et / ou de la cendre de genièvre.
Déjà que ces gens ont des traits assez forts, avec des yeux soulignés au khôl, je ne dis pas l'effet!
Je viens juste de relever cette phrase sur Wikipedia au sujet du naswâr:
"En novembre 2006, un éditorial du journal pakistanais Daily Times a été controversé quant à sa représentation prétendument biaisée de la prédilection des Pachtounes pour le naswar"
Comme quoi je n'invente rien (au cas où certains auraient des doutes).
Je dois encore rappeler que je n'ai pas eu le moindre contact avec les femmes, ni les filles d'ailleurs. En Afghanistan (et dans le nord du Pakistan, dans mon second voyage), c'était et ça reste très probablement impossible. Je crois qu'un homme, surtout un étranger, qui essaierait de prendre contact se ferait zigouiller!
georgesO2- Messages : 147
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Alors, si je veux chipoter, la réalité historique est que Rousseau n'était absolument pas Suisse. Il était Genevois.La République et Canton de Genève a été rattachée à la Confédération Helvétique ( dont la fête nationale était hier, le 1er août), en 1815, après le Congrès de Vienne.
A l'époque de Rousseau, c'était une République indépendante.
Nicolas Bouvier et Ella Maillard sont aussi genevois. ( En Suisse, l'appartenance cantonale vient avant le sentiment national)
Sissi57- modérateur
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
georgesO2- Messages : 147
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Premier Voyage – Kaboul (1)
C’est bien sûr de nuit, pour sa fraîcheur, que nous avions fait les 450 et quelques kilomètres désertiques qui nous séparaient encore de Kaboul. Et hop, une photo de plus piquée sur le net, pour montrer à quoi ressemblait cette route (en hiver bien sûr) !
À mon arrivée à Kaboul, j’étais bien dans ma cinquième ou sixième semaine de voyage depuis que j’avais quitté Strasbourg. « L’expédition Michael » se débanda. Michael avait visiblement envie de ralentir le rythme de son propre voyage et de passer quelques jours en Afghanistan avant de continuer sa route vers l’Inde. Je crois que beaucoup de voyageurs avaient le même réflexe à leur arrivée en Afghanistan, qui était un pays vraiment cool à cette époque. On y ralentissait son allure.
Je profite de cette remarque pour placer les images de quelques timbres de cette époque (années 60 et 70) : « Visitez l’Afghanistan ! », « Fête des mères » …. Et en français en plus ! Ce pays semblait être bien loin encore du cataclysme qui allait se déclencher quelques années plus tard, et dont il est encore loin d’être sorti, malheureusement.
Pendant les quelques jours qui suivirent, je vis Michael de temps à autre « en ville », ainsi que Hans qui ne le quittait pas. J’avais bien apprécié le caractère britannique de Michael, mélange de calme et d’un sens de l’humour subtil. Il me faisait rire quand, ne comprenant pas ce que je lui disais (mon Anglais était encore assez approximatif), il me demandait « I beg your pardon ? », une formule qui me semblait tellement ampoulée.
Je n’ai qu’une idée très vague, tant d’années plus tard, de la façon dont je m’étais arrangé moi-même. J’étais sans aucun doute « descendu » dans un de ces hôtels aux noms sympathiques du genre «Friends» ou «Green Garden», dont il y avait un certain nombre à Kaboul à cette époque, à partager une chambre avec quelques autres voyageurs pour une poignée d’afghanis la nuit.
Kaboul, vers mi-août. Bien sûr, il faisait très chaud. Mais comme la plupart des villes en Asie, Kaboul est à une altitude assez élevée, à 1,800 mètres en fait. Ce qui fait que le climat est rafraîchi par les montagnes environnantes, et de plus la ville est bien arrosée par les rivières qui descendent de l’Hindou Koush à la fonte des neiges. Par contre, on peut imaginer la rigueur de l’hiver à Kaboul, brrrrrr ! Il y avait un bon nombre de cafés et d’hôtels disposant de cours et de jardins bien ombragés, et il faisait bon se la couler douce dans ces endroits, à rencontrer d’autres voyageurs, siroter du thé (il fallait toujours payer un supplément pour avoir du sucre !), manger un morceau, écouter de la bonne musique et fumer quelques joints ou chillums (mille excuses, Deborah ! ), bercé de temps à autre par l’ « azân », l’appel à la prière, qui apportait une touche atmosphérique à ces journées paisibles et paresseuses. Tout ça invitait à faire de bonnes petites siestes en milieu de journée.
georgesO2- Messages : 147
Date d'inscription : 21/06/2022
Re: Vers l'Orient dans les années 1970
C’est une pipe de forme conique ou évasée, en pierre ou de terre cuite, spécialement faite pour fumer le haschisch. Il y en a de toutes les tailles. C’est de grand usage en Inde et au Pakistan. À la base du chillum, on met une pierre ou une bille pour retenir le mélange à fumer tout en laissant passer la fumée. Le mélange lui-même peut être assez pur, c’est-à-dire ne contenir qu’un minimum de tabac nécessaire à garantir la combustion. On enveloppe souvent la base du chillum d’un bout de tissu. Pourquoi ? Pour filtrer la fumée ? Je n’en sais trop rien, disons que c’est un rituel.
On prend le chillum dans les mains jointes, et on aspire en collant la bouche sur l’ouverture des mains. L’objet finit souvent par prendre un caractère presque sacré pour son propriétaire, et ceux qui le fument se doivent de le traiter avec un minimum de respect. Beaucoup de gens revenaient d’Inde ou du Pakistan où ils avaient appris divers rituels pour fumer le haschisch. Les « hindouisés » portaient le chillum à leur front et disaient « Boum Shankar ! » avant de tirer leur première bouffée. Par la suite, une fois au Pakistan, j’allais découvrir les rituels «islamisés»….
L'image montre un chillum de Goa.
georgesO2- Messages : 147
Date d'inscription : 21/06/2022
Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Ton récit me fait penser à une version heureusement très light du livre de Charles Duchaussois "Flash"
Sinon pour faire écho en images , actuellement et jusqu'à fin septembre le festival photos de la Gacilly ( 56 ) a pour thème "Visions d'Orient" .
L'Afganistan et le Pakistan sont particulièrement mis à l'honneur .
https://www.festivalphoto-lagacilly.com/
Si vous passez dans la région n'hésitez pas à faire un détour pour aller admirer ces photos grands formats disséminées sur de nombreux bâtiments du village .
Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Cette comparaison avait déjà été faite quand j'avais raconté mon histoire sur VF (nous sommes maintenant sur FV ). J'avais lu ce livre, je ne me rappelle plus si c'était avant ou après mes deux voyages en Afghanistan et au Pakistan, et je ne l'avais pas vraiment aimé. Entre autres, je ne crois pas qu'il touchait beaucoup à la culture des pays traversés, un aspect indispensable du voyage pour moi.
Le village de La Gacilly semble être agréable d'après la courte vidéo sur ton lien.
georgesO2- Messages : 147
Date d'inscription : 21/06/2022
Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Le 3-ème timbre (1969) aurait été en support du mouvement indépendantiste des Pashtouns et des Baloutches au Pakistan (qui n'avait vraiment pas besoin de ça).
C'est pour illustrer à quel point l'Afghanistan donnait une place privilégiée au peuple pashtoun.
georgesO2- Messages : 147
Date d'inscription : 21/06/2022
georgesO2- Messages : 147
Date d'inscription : 21/06/2022
Lillieone apprécie ce message
Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Et enfin ce dernier timbre honorant Abdul Ghaffar Khan, un Pashtoun de la région de Peshawar, qui a été une des figures les plus notoires du mouvement indépendantiste des Pashtounes au Pakistan. Il avait été remarqué pour le caractère non-violent de son mouvement (on l'avait surnommé le "Gandhi de la frontière"). Et curieusement, quelques marchés en Inde portent son nom en son honneur (à Delhi et je crois aussi à Mumbay).
Je pense que les Afghans auraient pu le représenter de face plutôt que de profil, ça aurait été plus flatteur....
georgesO2- Messages : 147
Date d'inscription : 21/06/2022
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