Vers l'Orient dans les années 1970
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Et enfin ce dernier timbre honorant Abdul Ghaffar Khan, un Pashtoun de la région de Peshawar, qui a été une des figures les plus notoires du mouvement indépendantiste des Pashtounes au Pakistan. Il avait été remarqué pour le caractère non-violent de son mouvement (on l'avait surnommé le "Gandhi de la frontière"). Et curieusement, quelques marchés en Inde portent son nom en son honneur (à Delhi et je crois aussi à Mumbay).
Je pense que les Afghans auraient pu le représenter de face plutôt que de profil, ça aurait été plus flatteur....
georgesO2- Messages : 146
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Passage imprévu en Afghanistan.
Lucbertrand- responsable de rubrique
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Le spectacle sauvage des montagnes afghanes .... oui, tout à fait ça! Et effectivement, Kaboul est dans une cuvette encerclée de montagnes.
georgesO2- Messages : 146
Date d'inscription : 21/06/2022
Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Merci Gaétan pour ton appréciation. Ta remarque "une version heureusement très light du livre de Charles Duchaussois "Flash" est intéressante. Veux-tu dire sans les côtés sombres de "Flash"?
Cette comparaison avait déjà été faite quand j'avais raconté mon histoire sur VF (nous sommes maintenant sur FV ). J'avais lu ce livre, je ne me rappelle plus si c'était avant ou après mes deux voyages en Afghanistan et au Pakistan, et je ne l'avais pas vraiment aimé. Entre autres, je ne crois pas qu'il touchait beaucoup à la culture des pays traversés, un aspect indispensable du voyage pour moi.
Le village de La Gacilly semble être agréable d'après la courte vidéo sur ton lien.
Oups désolé Georges si mon message concernant cet auteur t'as un peu froissé .
Ce n'était pas le but de mes propos . J'ai lu ce livre il y a très longtemps . De ce que je m'en rappelle l'auteur était effectivement beaucoup plus intéressé par les paradis artificiels que terrestres .
Peut être maladroitement mais quand j'écris " heureusement très light" je faisais allusion à la partie sombre de ce livre où le narrateur dépasse vraiment toutes les limites
et finit par tomber dans une dépendance totale aux divers produits qu'il touche alors que toi si tu t'en tenais à ne fumer que quelques joints ça reste très raisonnable .
( je dis ça sans faire l'apologie de quoi que ce soit )
georgesO2 apprécie ce message
Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Non, pas de soucis, tu ne m'as pas du tout froissé. J'étais simplement intrigué.
"alors que toi si tu t'en tenais à ne fumer que quelques joints ça reste très raisonnable"
A vrai dire, je suis un peu face à un dilemme : vais-je être honnête et tout raconter, au risque d'être censuré, mis au pilori et dénoncé à la police des moeurs? Ou vais-je prétendre être resté dans la limite du "raisonnable"?
georgesO2- Messages : 146
Date d'inscription : 21/06/2022
Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Dans la journée, je me baladais dans les rues de Kaboul. Les Afghans ne prêtaient presque pas attention aux étrangers ou alors se montraient très amicaux. Ces gens étaient vraiment cool. Ils étaient aussi souvent très beaux, et souvent coiffés de ces magnifiques turbans tellement typiques. Comme me turban bleu du marchand de babioles dont j’ai posté l’image plus haut en page 1 : «Premier voyage – Kandahar (1) « .
J’aimais bien m’asseoir dans une tchaïkhâneh, me commander un yoghourt et un mélange de noix et de raisins secs, ou du thé, ou des brochettes délicieuses qui ne coûtaient que 6 ou 7 afghanis (grosso modo 1 Franc) pour 3 ou 4 broches.
Sans parler du pain, le « nân » ! J’étais fasciné par les boulangeries (mais n’allez pas imaginer votre boulangerie pimpante du 16-ème arrondissement !). Un homme pétrissait la pâte et la façonnait en longues rames, souvent d’un bon mètre de long. Un autre, emmitouflé comme s’il partait en expédition polaire, plongeait la tête à l’intérieur du « tannour », le four, pour coller la pâte sur la paroi intérieure. C’était impressionnant, on n’osait imaginer comment un être humain pouvait se risquer si près de l’enfer qui faisait rage dans le ventre du tannour, ne serait-ce que pour cette demi-seconde que prenait l’opération. Assez souvent, c’était des garçons qui faisaient ce travail pénible. Le pain fraîchement cuit était un délice à sentir et à manger. J’ai posté une image montrant le « nân » en page 2 : «Premier voyage – Kandahar (3) « .
Je parlais plus haut de ces aliments essentiels, communs à des régions entières. Et bien, nous étions encore bien, ici, dans un pays à pain ! Il faut aller plus loin que l’Inde pour voir disparaître le pain dans la consommation courante.
Soit dit en passant, le « tandoori » bien connu de tout le monde tire son nom de « tannour », un autre exemple d’un mot hindi dérivé du fârsi (je crois qu’on dit « tandoor » en darî, la version afghane du fârsi). En fait, il paraît que le terme est très ancien et nous est venu des Akkadiens, ce qui nous ferait remonter à plus de 4 millénaires !
Un détail amusant qui me reste en mémoire, ce sont les deux ou trois changeurs de monnaie indiens qu’on rencontrait à tout bout de champ. Ils étaient habillés de chemises et de vestons aux couleurs criantes et avaient des allures d’escrocs. Ils portaient de grosses bagues d’un goût douteux à plusieurs doigts, ce qui attirait l’attention, pour l’un d’eux en tout cas (sinon pour les autres également) à des déformations telles l’appendice d’un sixième doigt pendouillant au côté du petit doigt.
Je savais que je ne pouvais plus aller bien loin. Je devais revenir à Paris avant la mi-septembre pour reprendre mes études, et je commençais à me rendre compte que le voyage de retour allait me prendre quelques semaines. En plus, mes fonds étaient maintenant assez bas malgré le régime ultra-économique de mon voyage jusque là. Bref, j’étais arrivé à un point de non-retour : si je continuais mon voyage vers l’Inde, j’étais sûr de ne pas être de retour à temps à Paris, sans mentionner les problèmes pécuniaires….
Un après-midi, je m’étais retrouvé à une table où deux femmes étaient déjà assises, et comme il se trouvait que c’était des Françaises, nous avions commencé à bavarder un peu. Elles étaient sur le retour de quelques semaines en Inde. L’une d’elles, que j’appellerai Joëlle, me plaisait bien et je m’arrangeai pour la revoir le lendemain. Coupons court - de toute manière, je ne me rappelle plus les détails - et disons que nous nous étions retrouvés en fin de soirée couchés sur un parterre dans le jardin de l’hôtel où Joëlle partageait une chambre avec 5 ou 6 autres voyageurs. Ce n’était quand-même pas si confortable que ça, sans compter que les gens de l’hôtel auraient fait une sacrée tête en nous voyant là au petit matin! Nous avions donc fini par rejoindre sa chambre, mais là nous étions restés sages, hahaha !
georgesO2- Messages : 146
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Le jour suivant, nous avions rencontré Michael et Hans, qui voulaient faire un tour à Paghman, pas trop loin de Kaboul mais plus haut dans la montagne. Nous avions immédiatement accepté leur invitation de les accompagner. Hans était triste car Sue, l’Anglaise avec laquelle il semblait avoir développé une bonne relation quand nous faisions la route de l’est de la Turquie jusqu’à Kaboul, avait décidé de le laisser pour continuer sa route vers l’Inde.
Paghman était (est peut-être encore de nos jours) une station estivale pour les «gens bien» de Kaboul. Ce n’était pas grand du tout. Nous nous promenions sur un belvédère, en haut d’un parc à vrai dire assez desséché – mais nous étions au mois d’août - et surplombant la vallée de Kaboul qu’on voyait au loin.
J’ai trouvé cette vieille carte postale montrant bien le style particulier de l’endroit. Mais que dire de ces deux photos prises à 40 ans d’intervalle, la première en 1967 montrant des touristes profitant du parc, et la deuxième en 2007 prise à la suite de la dévastation qui a récemment affligé ce malheureux pays? J’ai ajouté quelques repères sur la dernière image pour permettre de la corréler avec l’avant-dernière (celle des touristes).
Alors que nous nous promenions dans le parc de Paghman, nous avions rencontré un Afghan habillé à l’occidentale, veston et cravate. Il nous avait dit être docteur, être apparenté au roi, et nous avait invités à loger dans un immeuble qui faisait partie du parc. Je me rappelle avoir mangé des « biryanis » dans une pièce très maigrement meublée qui n’avait même pas de vitre aux fenêtres. Ces « biryanis » ont dû être le produit gastronomique afghan le plus sophistiqué auquel j’ai pu goûter durant ce voyage. C’était une espèce de « samosas », mais le docteur nous avait bien expliqué que c’était de la cuisine afghane.
Le docteur était un homme charmant. À nos questions sur les maux les plus courants en Afghanistan, il nous avait expliqué qu’il s’agissait des problèmes de peau et des voies respiratoires causés par le climat dur du pays. Il s’occupait aussi de recueillir des serpents pour en tirer le venin et l’envoyer à des laboratoires pour en faire du sérum. En fin de soirée, il nous avait donné des chambres dans ce qui semblait être le bâtiment principal du parc. En guise de logement, ce n’était pas le Ritz ! Joëlle et moi avions une chambre de rien du tout, où il n’y avait que ce que j’appellerai avec pudeur les restes d’une paillasse à même le sol et une couverture. Il n’y avait ni lumières ni salle d’eau. Mais Joëlle et moi n’y attachions pas d’importance, nous avions d’autres idées en tête !
Michael et Hans voulaient rester à Paghman, mais nous avions envie de retourner à Kaboul, en somme plus confortable. Comme seul moyen de transport, il y avait une vieille Dodge ou Buick dans laquelle nous devions bien être une douzaine de passagers. Nous étions assis à l’avant et avions une vue plongeante sur la descente menant à Kaboul. Le conducteur attendit que la voiture ait pris un peu de vitesse dans la pente avant d’essayer d’embrayer. Le levier de vitesse était une longue tige de fer recourbée, qui sortait à la droite du volant d’un tableau de bord … qui n’existait plus. Il fallut quelques essais avant de pouvoir enclencher une vitesse. Vraiment un drôle d’engin !
georgesO2- Messages : 146
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Les derniers jours à Kaboul suivirent le rythme nonchalant que j’ai décrit plus haut. Je me rappelle avoir été dans un café où un musicien jouait le soir d’un instrument à cordes qui ressemblait à un sitar ou peut-être à un « kamântché », accompagné d’un joueur de tabla. Le « kamântché » est un instrument typiquement persan, dont on joue une musique traditionnelle qu’on entend assez souvent en Iran. Je suis sûr qu’il est répandu sous une forme ou une autre dans tous les pays qui ont été influencés par la culture persane.
Il est peut-être assez difficile pour des occidentaux d’apprécier cette musique, et plus encore que la musique indienne qui, à mon avis, est nettement plus structurée, d’une façon qu’on peut comparer avec la musique classique occidentale, c’est-à-dire qu’on y reconnaît bien l’introduction d’un thème qui est par la suite développé sur plusieurs modes. Il y a des affinités évidentes entre la musique persane et la musique classique du nord de l’Inde. Mais le peu que je connaisse de la musique plus «persane» me semble faire beaucoup plus de place à l’improvisation pure, et ça semble être une interminable répétition de courtes phrases mélodiques sans beaucoup de variation.
Cette musique s’inscrivait parfaitement dans l’atmosphère décontractée et paisible de ce café, dans la douceur d’une nuit d’été à Kaboul, et me touchait profondément. C’était l’époque où j’étais plongé dans la spiritualité hindouiste. L’un des deux ou trois livres que je portais dans mon minuscule bagage était « Les Trois Upanishads » avec commentaires de Sri Aurobindo, de la collection « Spiritualités Vivantes ». La première « upanishad », l’Isha Upanishad, me suffisait largement pour ouvrir mon cœur et mon esprit à de vastes champs de réflexion. Et cette musique s’accordait parfaitement à cette humeur.
C’est un sujet inépuisable, et je pourrais le développer plus encore, mais j’ai conscience que cela pourrait laisser un bon nombre de lecteurs perplexes. Je reviens donc à mon voyage « physique », qui lui touchait à sa fin. Joëlle avait acheté un aller-retour sur Kaboul, à partir de la France, avec je ne sais plus quelle compagnie aérienne. Elle faisait partie d’un groupe. L’un de ses compagnons de voyage voulait rester plus longtemps dans la région et me proposa de’acheter son billet de retour pour une somme très raisonnable. Il fallut que Joëlle y mette du sien car il ne me restait vraiment plus grand-chose en poche. A cette époque, il n’y avait pas de documents dématérialisés, l’internet était encore loin dans le futur. On avait besoin de billets "matériels", en papier. Si ce n’était pas pratique, cela avait en tout cas permis assez facilement le changement de titulaire.
C’est ainsi que nous nous étions retrouvés à Francfort, d’où nous avions pris un bus pour Strasbourg. Retour à la case départ !
Avant de quitter ce récit (j'ai besoin de "vacances" avant d'entamer celui de mon deuxième voyage), je vous offre deux photos prises en Afghanistan dans les années 60 / début 70. La dernière, celle où il y a une (!) voiture) date de 1966 et a été prise à Kaboul. Ces photos ne sont pas de moi, je les ai piquées sur le net.
georgesO2- Messages : 146
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
georgesO2- Messages : 146
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Sissi57- modérateur
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
moi j'ai trouvé ton récit magnfique, il nous transporte vers une autre époque, un peu hippie je crois (?), et des pays tels qu'on ne les verra plus.
Quelle tristesse de voir Paghman dévastée... quand tu parles de "dévastation", c'est juste le temps et l'abandon ou autre chose ?
je remarque sur les photos, il ya des femmes en robe courte, manches courtes, j'imagine que ce serait bien impossible aujourd'hui.
J'ai une amie française qui a grandi en expatriée en Afghanistan et qui me racontait qu'elle allait à la plage avec sa famille, en bikini... Une autre époque...
en tous cas prête à te suivre pour un nouveau voyage dans le temps
Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Re: Vers l'Orient dans les années 1970
J'attends la suite avec impatience .
Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Dévastation : en plus de l'abandon, ne pas oublier l'invasion Russe, suivie par plusieurs épisodes de guerre civile, de combats féroces entre diverses factions, de l'intervention militaire de diverses forces étrangères (dont le retrait des Américains l'an dernier a été l'étape la plus récente, mais pas forcément la dernière).
Aller à la plage et en bikini? Il n'y a pas de mer en Afghanistan. Sans doute c'était en Iran?
georgesO2- Messages : 146
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
georgesO2- Messages : 146
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Deuxième Voyage - Le départ
Quand j’ai commencé ce récit, j’ai mentionné que l’une des expériences les plus marquantes de ma vie s’est déroulée au Pakistan. Jusqu’ici, je n’ai traité que de mon premier voyage vers l’orient qui s’était terminé en Afghanistan, et qui avait servi de préambule à mon voyage au Pakistan.
Avec mon premier voyage en Afghanistan, j’avais enfin rejoint le club de ces voyageurs intrépides qui s’essaimaient vers l’orient dans les années 1970. J’avais « gagné du galon », et j’avais la tête pleine de mes premières aventures. Ce que j’ai pu en raconter jusqu’ici n’en est qu’une faible partie, la quantité et la richesse des souvenirs ayant été largement réduites au fil des longues années – presqu’un demi-siècle - qui se sont écoulées depuis. Je voulais aussi ne pas trop tarder avant d’aborder mon deuxième voyage, en fait la partie principale de mon récit.
Il fallait encore que j’arrive à pousser jusqu’en Inde, mon véritable but. J’étais avide de découvrir ce pays fabuleux et exotique, dont je ne connaissais jusqu’alors que quelques textes spirituels (la Bhagavad Gîta et quelques upanishads, avec commentaires par Sri Aurobindo – j’ai encore ces livres et il m’arrive encore de les visiter), ainsi que les récits de quelques amis qui m’y avaient précédé. Certains y avaient eu des aventures rocambolesques. Je crois que l’un d’eux, Luc, également de Strasbourg, avait même fini par passer quelques jours en prison, mais je ne me rappelle plus pour quelle bêtise qu'il avait bien pu commettre.
L’année suivant mon premier voyage, je poursuivais mes études et je donnais des leçons particulières sur le côté pour arrondir mes fins de mois. Je vivais chichement et économisais au maximum sur mes très faibles rentrées d’argent. J’avais enfin pu me payer un aller-retour Paris- Kaboul avec Aryana Afghan Airlines, pour reprendre ma route là où j’avais dû l’interrompre l’année d’avant. Vers la fin du mois de juin 1975, j’étais de retour à Kaboul.
georgesO2- Messages : 146
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
c'est donc une quête mystique ?
Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Une quête mystique? Je dirais non. Certes, j'avais dans mon "bagage" tout un tas de notions spirituelles, essentiellement basées sur des textes hindouistes (comme je l'ai déjà dit). Mais pour l'essentiel, c'était une grande curiosité et le goût pour l'aventure, la découverte et l'exotisme qui me poussait.
georgesO2- Messages : 146
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Deuxième Voyage - Retour à Kaboul
L’année d’avant, j’étais arrivé en Afghanistan au mois d’août, et il ne restait plus une goutte d’eau nulle part. Cette fois, je pouvais voir de l’avion que la vallée de Kaboul était encore verte et inondée par les eaux de l’Hindou Koush.
Ces eaux, c’est avant tout la rivière Kaboul, qui prend sa source un peu au sud-ouest de la ville de Kaboul. Elle passe au Pakistan aux environs de la fameuse Khyber Pass, reçoit la rivière Swât comme affluent au nord de la ville de Peshawar, et enfin conflue avec l’Indus entre Peshawar et Islamabad – Rawalpindi, à la frontière entre Khyber Pakhtunkhwa et le Pendjab. Cette rivière traverse donc le pays Pashtoun / Pakhtun d’ouest en est.
Je n’avais pas perdu trop de temps à Kaboul-même, aussi agréable que séjourner dans cette ville maintenant familière eût pu être. Tôt le matin, 1 ou 2 jours après mon arrivée, j’avais pris un bus pour Bâmyân, vers l’intérieur de l’Hindou Koush. Le bus était parti accompagné des exhortations habituelles : « Boro bâ khêir ! », « En avant par la grâce de Dieu ! ». (Notons au passage que c'était dit en dâri, le dialecte local du fârsi).
Je me disais, pendant les quelques heures de route, qu’il ne suffisait pas de supporter la poussière pour voyager en Afghanistan, mais qu’il fallait véritablement l’aimer. Sur la route, nous croisions ces camions extraordinairement bariolés, les «motôrs", que je trouvais si beaux. Ils étaient tous couverts de peintures fantaisistes (voir les images). Les paysages alpins semblaient être assez communs. Ils étaient aussi enguirlandés de lampes de toutes les couleurs, et devaient ressembler à des sapins de Noël la nuit.
L'expression "être beau comme un camion" aurait-elle son origine en Afghanistan?
georgesO2- Messages : 146
Date d'inscription : 21/06/2022
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Re: Vers l'Orient dans les années 1970
georgesO2- Messages : 146
Date d'inscription : 21/06/2022
Re: Vers l'Orient dans les années 1970
J'en étais au voyage en bus de Kaboul à Bâmyân. J’étais assis à côté d’un Afghan coiffé d’un beau turban finement rayé de gris et de noir sur fond blanc, un motif très populaire, qui de temps à autre ouvrait une petite boîte pour en tirer une prise d’une mixture noirâtre qu’il se collait dans les narines, une pratique assez courante. C’était du « naswâr », m’expliqua-t-il, un mélange de tabac et de résine aromatique (mon fârsi était bien sûr trop limité pour capter toutes les subtilités de l’explication). Sur la boîte à « naswâr », il y avait un petit miroir (j’ai retrouvé l’image d’une de ces boîtes sur le net) pour se refaire le pourtour des yeux au khôl. Ces hommes si virils avaient leur petite coquetterie ! Non pour se faire « de beaux yeux », mais sans doute plutôt pour accentuer la dureté de leurs regards. L’homme m’invita à en prendre, mais je me contentai d’en porter à mon nez pour en reconnaître l’odeur.
Il faut parler des odeurs ! Elles font partie des souvenirs de beaucoup de voyageurs. L’Afghanistan : odeurs de poussière, de « nân », de kebâbs … de grand air et de plein soleil !
Situé entre Kaboul et le plateau de Band-i-amîr, à une altitude de 2,500 mètres et quelques, Bâmyân était un chef-lieu de province mais ne semblait vraiment pas grand du tout à cette époque. Mais il se peut que je me trompe, et que la route non goudronnée sur laquelle je m’étais arrêté, longeant sur quelques centaines de mètres la falaise où se trouvaient les fameuses statues de Bouddha, ait été à l’écart de la ville.
Les statues, taillées dans la falaise, étaient impressionnantes, l’une de plus de 50 mètres de haut, l’autre de 35 mètres, en gros (je laisse aux fanatiques de la précision le soin d’aller en vérifier par eux-mêmes les dimensions exactes). Il y avait un sentier précaire pour monter vers les statues, et je crois bien avoir pu entrer dans la tête d’une des deux statues.
Autour des statues, aussi bien qu’à l’intérieur, il y avait des recoins où des ermites avaient résidé avant l’arrivée de l’Islâm. Ces statues dataient de l’époque où le bouddhisme avait fleuri sous des influences culturelles et artistiques diverses, reflétant une histoire extrêmement compliquée. Bâmyân faisait partie de la vaste région de Gandhara et représentait, je crois, l’extrêmité ouest de l’expansion du bouddhisme. On peut citer les influences helléniques (après le passage d’Alexandre Le Grand) et indiennes (ayant fait partie de l’empire des Mauryas, puis des Guptas), sans compter l’héritage laissé par l’empire persan des Achéménides et l’influence des Sassanides persans contemporains.
Les deux statues avaient été taillées dans la falaise de grès, mais les détails avaient été moulés de glaise mélangée avec de la paille, et recouverts de stuc. On dit que le revêtement des statues avait été peint mais la plus grande partie avait disparu avec le temps. Si je me rappelle bien, il n’y avait pas de décorations à admirer, contrairement par exemple aux fresques et à la statuaire du site bouddhiste merveilleux d’Ajantâ dans le Maharashtra, en Inde. Mais j’étais ravi de pouvoir visiter un site aussi unique au monde.
Les photos ne sont pas les miennes (je l'ai déjà dit plusieurs fois).
georgesO2- Messages : 146
Date d'inscription : 21/06/2022
Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Trois autres photos de Bâmyân. L'une des statues, la vue sur la vallée prise de l'intérieur d'une de statues, et une vue de la vallée de Bâmyân avec la falaise des statues au fond. Cette dernière photo a été prise après la destruction des statues par les Talibans. On voit bien la niche vide de l'une des deux statues se découper en noir sur la falaise, à gauche de la photo. Et en arrière-plan, les cimes enneigées de l'Hindou Koush - ces montagnes dépassent largement les 3000 mètres d'altitude.
Je reviendrai bien sûr sur cet événement malheureux.
georgesO2- Messages : 146
Date d'inscription : 21/06/2022
Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Marifb- responsable de rubrique
- Messages : 979
Date d'inscription : 21/12/2021
Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Content de te recevoir sur mon long récit (en deux parties). Oui, l'Afghanistan a marqué tous les voyageurs de cette époque. D'autant plus que c'est un pays qui a disparu, on peut dire. J'ajouterai qu'on pourrait peut-être dire la même chose du Pakistan (mais en moins cool que l'Afghanistan). Il serait impensable d'y voyager de nos jours comme on pouvait le faire il y a un demi-siècle. Je vais y toucher dans ce deuxième voyage.
georgesO2- Messages : 146
Date d'inscription : 21/06/2022
Re: Vers l'Orient dans les années 1970
Tristesse est un très faible mot, quand on considère que le site de Bâmyân est tombé il y a une vingtaine d’années sous les pattes destructrices des Talibans, alors qu’Ajantâ bénéficie de dons japonais ainsi que de l’intérêt porté par les Indiens à leur patrimoine pour sa rénovation et conservation. On ne pourra jamais suffisamment exprimer son indignation contre la destruction à coups de canons d’artillerie et d’explosifs de ces statues par les Talibans en 2001, sur les ordres du Mullah Mohammed Omar (voir les photos montrant la falaise subissant cet assaut démentiel et le résultat affligeant). Les Talibans avaient déclaré que ces statues étaient des idoles et que leur destruction était en accord avec la loi islamique.
Le régime Iranien, dont on dit tellement de mal, s’était indigné et avait élevé la voix pour prévenir les Talibans de commettre cet acte tout simplement criminel. Mais il faut bien savoir (et beaucoup l’ignorent peut-être) que l’Iran chiite n’a jamais eu beaucoup de sympathie pour ses voisins Afghans sunnites.
Le Japon et la Suisse, entre autres pays, avaient alors déclaré leur intention d’aider à la reconstruction des statues.
L’Afghanistan est un pays principalement sunni, à l’exception notoire de la minorité Hazara qui est chiite. Vestiges des vagues mongoles ou turkmènes qui ont déferlé à plusieurs reprises sur l’Asie Centrale, les Hazaras sont sédentarisés dans l’Hindou Koush. Ils sont moins développés économiquement que les autres peuples de l’Afghanistan. Pour toutes ces raisons, ils ont été traditionnellement méprisés par le reste du pays. Bâmyân est la capitale provinciale de leur région, le Hazarajat – aussi grande que l’Autriche.
J’avais poussé plus haut et avais atteint un plateau d’où on voyait toute la vallée de Bâmyân, tapissée de champs encore verts entre des habitations clairsemées sur plusieurs kilomètres au- delà de l’agglomération nichée aux pieds des statues. J’avais été assez vite découragé de marcher plus loin, car le terrain était hostile. La pente des collines était constituée d’éboulis, et les crêtes des collines menaçaient de s’effondrer à chaque pas. De plus, il commençait à faire bien trop chaud. Suivant un rythme maintenant bien établi, je me réfugiai dans la tchaïkhâneh où j’avais dormi la veille, pour manger, boire et faire la sieste.
georgesO2- Messages : 146
Date d'inscription : 21/06/2022
Deborah apprécie ce message
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