Le monde perdu du parc du M'Goun..... et plein d'autres lieux .

Bonjour,

Je débute un nouveau carnet de voyage qui nous amènera dans des lieux exceptionnels du Haut-Atlas central : le Géoparc du M'Goun . Peut-être les plus beaux paysages  du Maroc, hors désert ( mais faut-il comparer ? ).
J'étais donc au Maroc pour 6 semaines en mai-juin 2022 et à mon habitude, je me suis baladé et j'ai fait de nombreuses nouvelles découvertes . 
Ces promenades m'ont amenées dans ce Maroc des 2 capitales, Rabat et Casablanca . Cet ensemble urbain évolue désormais si rapidement qu'à chaque fois, il faut " réapprendre" en partie les lieux, en quelque sorte . 

J'affectionne particulièrement Rabat et j'essaierai de ne pas être trop répétitif car j'en parle dans chacun de mes carnets .... mais je découvre toujours des nouveautés ! 
Rabat fait l'objet de très importants travaux de rénovation de ses monuments et sites : le Rabat que voit le touriste aujourd'hui est bien éloigné ( en mieux) de ce qu'il pouvait voir il y a seulement 5 ans .

J'irai à Rabat par une journée où une brume de mer tenace s'est abattue sur la ville . Il fait plutôt chaud et au moins, le soleil ne vous brûle pas . Je vous propose une balade classique des quais vers la médina , puis le tour de la kasbah des Oudayas . 

Je me gare sur les quais où se trouve un grand parking sécurisé, au bord du fleuve Bou Regreg . C'est ce qu'il y a de plus simple si vous y allez .
Le spectacle des barques qui assurent la traversée vers la ville de Salé est toujours aussi distrayant .




Certains font la traversé à l'ancienne, tranquillement, bien que le tram ne soit pas loin ....



... mais je me réjouis toujours à la vue du spectacle . Les quais sont également envahi par une foule de jeunes qui nous font de superbes plongeons dans le fleuve .



Des quais, je me dirige vers la médina : les remparts sont tout proche et une porte permet d'y pénétrer : vous arriverez à l'angle des 2 principales artères commerçantes de celle-ci : la rue Souika et la rue des Consuls .  Nous sommes le matin et la médina ne grouille pas encore . C'est plus facile de faire des photos car on ne se bouscule pas . En seconde partie d'après-midi, c'est " mission impossible" . Je peux apprécier le charme de la rénovation de la rue Souika, ci-dessous .



L'autre artère, la rue des consuls,  spécialisée plutôt dans l'artisanat, est tout aussi paisible



La magnifique restauration d'une fontaine, destinée sans doutes aux ablutions car adossée à une mosquée . 
J'apprécie l'instant car il est très difficile de capter l'endroit vide d'occupants .



Dans mon premier carnet sur Forumvoyage , je mentionnais que les foundouks de la rue des Consuls étaient toujours inaccessibles car en travaux . Et, ce mois de mai, miracle, ils sont enfin accessibles . Je dois dire que cela valait le coup d'attendre car la rénovation ( ou plutôt reconstruction ) est magnifique . 
Le mot  foundouk a le sens d' "hôtel" en arabe . Les animaux restaient au rez-de-chaussée et les voyageurs dormaient dans les étages . Le premier est le foundouk Ben Aïssa et le second, plus étroit est le foundouk " al Khayiatene" .



Les 2 monuments commencent à voir le retour de leurs anciens occupants : des artisans, dont beaucoup travaillent le cuir .





Vous saurez tout sur Ben Aïssa.... Le fait qu'ils appartiennent aux Habous ( affaires religieuses) explique sans doute cette belle restauration . Un troisième foundouk n'a pas été restauré car il appartient sans doute à des propriétaires privés . Dommage .



A titre de comparaison, voici le foundouk ben Aïssa en 2017 .



A suivre

Lorsque vous sortez de la médina par la rue des Consuls, vous avez devant vous la majestueuse kasbahs des Oudayas . C'est un incontournable de Rabat qui fait également l'objet d'importants travaux de rénovation . 
A mon grand regret, les jardins andalous et le palais sont toujours inaccessibles . Ce sera pour mon prochain séjour, peut-être ? . Par contre, le célèbre café des Oudayas, plus connu sous le nom de café maure a été entièrement refait à l'identique ( pendant le Covid ) . C'est le même qu'avant .... mais neuf .

C'est l'endroit idéal pour prendre un thé à la menthe et reposer ses gambettes .



Si la brume est à découper au couteau, pour une fois l'endroit est frais et très agréable .... On ne peut pas tout avoir .



Et comme on peut le voir , il y a peu de touristes . En ce mois de mai, ils sont toujours largement absents du Maroc .





C'est donc au tour des Oudayas d'être rénovés . Il y a beaucoup d'échafaudages dans les ruelles qui sont un peu obstruées . 
La kasbah réserve aussi aux curieux quelques belles portes de bois peint, une spécialité de Rabat .
En fait, il faudra attendre la fin de tous ces travaux pour avoir une vue d'ensemble de ce très beau site .







Voila pour ce petit tour dans la capitale .   Je recommande vraiment à ceux qui le peuvent d'intégrer la capitale à leur circuit .
A suivre .

Bonjour

Je comptais faire un tour à Rabat en juillet. Mais si la Kasbah des Oudayas est en échafaudage, ça me refroidit un peu ...
Je vais peut être attendre ...

Bonjour Fangui

L'accès aux Oudayas est toujours possible . Seuls les jardins sont fermés et il y a des échafaudages dans les ruelles . Pour le reste, tous les sites de Rabat et Salé sont normalement accessibles .
Photo : un échafaudage dans une ruelle

Bonjour,
Je suis beaucoup moins enthousiaste quant aux "restaurations" en cours à Rabat (et à Fès).
C'est tout neuf, c'est très "joli", c'est parfaitement "clean". Ca a coûté (et rapporté) des sous.
Mais plus aucune patine, plus rien de ce charme des siècles. Ca fait décor de théâtre, Disneyland.
Quant à l'embouchure du Bouregreg, avec sa "marina" d'une incroyable banalité, c'est une vraie catastrophe culturelle. Le site, chargé de siècles d'histoire, était unique. Salé a disparu derrière le béton.
Je repense à Charles Quint visitant la cathédrale construite au milieu de la mosquée de Cordoue : "Ils ont détruit quelque chose d'unique au monde pour le remplacer par ce que l'on voit partout"

Bonjour,

Avant de me lancer à l'assaut des cimes de l'Atlas, je vais passer quelques jours à Aïn Chock, un quartier populaire de Casablanca . C'est le quartier de mon épouse et j'y ai passé l'été pendant quelques années .

Ce quartier fut construit après guerre, sous le protectorat, à l'extérieur de la ville . Il était alors en pleine campagne et devait accueillir 15000 habitants . Aujourd'hui, l'arrondissement d'Aïn Chock fait entre 250 et 300 000 habitants .

Le quartier est fait d'innombrables ruelles se déployant en arêtes de poisson le long de boulevards . Les rues n'ont pas de nom mais des numéros . On entre et sort de chaque rue en passant sous une voute . Ces ruelles se rejoignent  en étoiles sur de petites places pleines de charmes . Elles sont toujours pavées " à la française", ce qui leur donne également du cachet  . 

Aujourd'hui, les maisons d'origine, en rez-de-chaussée, ont presque toutes pris des étages, devenant des maisons de famille, et les familles sont nombreuses .
Conçu à sa conception comme une ville à part entière, on peut y vivre sans en sortir : marchés, souks, hammams, mosquées, administrations, écoles, collèges, lycée, commerces....etc . Tout y est . Les enfants d'Aïn Chock étaient tous scolarisés s'ils le voulaient et nombre d'entre eux sont diplômés de l'enseignement supérieur . Une anecdote : mon épouse a retrouvé près de 20 ans après une amie d'enfance et d'école . Elle était médecin dans l'hôpital de ma ville, en France . 

Je vous mets une très bonne vidéo sur l'histoire d'Aïn Chock . C'est complet et très fidèle à la réalité . Les lieux filmés sont à seulement quelques dizaines de mètres de chez ma belle-mère . 




A suivre quelques photos de lieux qui se retrouve également dans cette vidéo .

Voici donc quelques photos de ce quartier 

La plupart des maisons se sont élevées ( dans certains cas çà m'inquiète car les effondrements de maisons ne sont pas rares à Casa ) . Plusieurs générations y vivent . Les factures sont souvent payées par les émigrés car ceux qui restent dans les maisons familiales sont ceux qui n'ont pas pu s'installer "chez eux" avec leur famille . Ce sont les personnes âgées, les chômeurs, les divorcés , etc .... 



Dans ces rues, les habitants ont construit en dur de grandes jardinières . Une devant chaque maison . Cette passion subite pour le jardinage permet d'empêcher le stationnement des voitures dans la rue, le long des maisons . Si toutes les maisons ont leur jardinière, il devient impossible de se garer et ainsi, la tranquillité de tous est protégée . 

La vie est rythmée par le passage régulier des petits marchands, souvent avec leur charrette tirée par un âne . Les produits de premières nécessités ( comme la menthe ), vous sont livrés à domicile . Ici, c'est le poissonnier . Notre marchand de menthe est là depuis la naissance du quartier . Il passe tout les jours avec sa vielle charrette et son âne . Il fait tellement partie des meubles qu'il dépose sa menthe sur les pas de porte , sans attendre d'être payé . Il sait bien qu'un jour prochain, il sera payé ... C'est le Maroc .




Pour les soixante-huitards nostalgiques .... les pavés d'Aïn Chock .



En passant la voute, un homme assis sur un muret m'aborda pour me dire, manifestement assez fier du lui , " c'est moi l'artiste " .




C'est le gardien de but ....



Au bout de "ma" rue , sympa, non ?



Le Casablanca insolite ( que vous voyez aussi dans la vidéo d'ailleurs , avec de belles 2CV neuves ) . Il s'agit d'une usine de fabrication de 2CV neuves que je vois au même endroit depuis un quart de siècle . Il en sort des merveilles et j'ai souvent faillit craquer : ma première voiture dans les années 70 fut une 2CV jaune avec laquelle j'ai barroudé dans toute la France ... alors j'ai toujours un pincement au coeur  quand je vois ce garage .




Voilà . Je souhaitais faire ce clin d'œil à un quartier plein de surprise qui ne figurera jamais dans les guides touristiques . Je reviendrai sur Casablanca en fin de carnet pour d'autres lieux à connaître .

En agrandissant bien, j'ai pu lire :
Vente et réparation de "mountisseur" et de "carda" *.
Mécanique générale.
Pas question de Deuch jdida !
* N.B.: amortisseur et cardan

Bonjour,

Merci pour la traduction .

En ce mois de mai, les températures sont déjà assez élevées, en particulier dans le sud . Je scrute chaque jour les prévisions météo et, par crainte qu'il n'y fasse trop chaud, je décide d'adapter mes projets de voyage et d'aller là où la chaleur ne frappera pas trop: la montagne . Je vais enfin aller voir cette vallée dont parlent les guides touristiques, mais qui semble difficile d'accès et si lointaine : la vallée des Aït Bouguemez, appelée souvent " la vallée heureuse" .

Nous partirons finalement à 4 : j'amène avec moi ma belle-mère Mina, ma belle-sœur Zohra et mon épouse Saadia . Mon véhicule : un Duster 4X2 . 
Pour rejoindre ce grand Atlas depuis la zone Casa-Rabat, je rejoins la ville de Ben Slimane, puis j'utilise les routes rurales par El Khatouat pour prendre l'autoroute Berrechid / Beni Mellal à Khouribga. C'est rapide car il s'agit de petites routes très peu fréquentées . Avant midi, nous passons Beni Mellal sans problème et nous dirigeons vers Azilal . Une dizaine de jours après mon passage, j'apprends l'ouverture d'un rocade de contournement de cette grande ville . La montagne se rapproche un peu plus de la côte .

En cours de route, nous découvrons que Zohra n'est jamais allée à Ouzoud et ses cascades : je modifie mes plans et décide d'y faire un détour . Nous avons le temps .

Nous montons rapidement dans la montagne, rejoignons le lac de Bin El Ouidane dont le niveau est vraiment très bas . Les températures montent et à Ouzoud, nous avons 39/40° ! 



Les paysages de cette région sont très reposants . On est dans un autre Maroc où l'agriculture reste largement traditionnelle . 



Le débit d'eau est plutôt faible . L'arrivée aux cascades est désormais bien aménagée . Il y a plusieurs parkings avant le site . Les prix sont même affichés . 
La grande nouveauté par rapport à mes précédents passages, c'est que le site est très propre . Je me souviens m'être offusqué dans un précédent carnet de la saleté générale du site qui était gravement détérioré . C'est fini semble-t-il : rien ne traine, pas le moindre bout de plastique par terre .... ! Pourvu que çà dure !



Si vous en avez la possibilité, visitez les cascades plutôt l'après-midi . En matinée, le soleil levant peut gâcher la vue en faisant un contre-jour éblouissant .
Une autre surprise : il n'y a pas trop de monde, bien que nous soyons un dimanche . Les cars de Casa , Marrakech et ailleurs déversaient des flots de visiteurs  le week-end, beaucoup plus que ne pouvait  supporter un site naturel .... Et là, pas de cars ? Donc pas trop de monde . A suivre .




Les singes magots qui d'habitude accompagnent les visiteurs sont absents . Peut-être à cause de la chaleur ? . Nous ne descendrons qu'au premier niveau des cascades pour éviter "le coup de bambou".



Certains sont vraiment seuls au monde ......



pendant que d'autres déjeunent à l'ombre .




J'ai donc eu une impression positive du site, qui semble avoir été repris en main après des années de délaissement . 

Suite

En arrivant aux cascades, environ 2 kilomètres avant celles-ci, j'avais repéré un panneau " les sources d'Ouzoud" . La route est goudronnée  et très rapidement on arrive à un bel endroit, idéal pour les pique-nique . La rivière y coule dans un cadre boisé, des familles y passent la journées, au frais . De petits restaurants longent l'oued . Certains campent .
Je longe le site sur 1 km sans voir de "source" au sens propre . Faut-il aller plus loin ? Une résurgence ? 




Il fait souvent très chaud à Ouzoud et connaître ce lieu si facile d'accès est vraiment appréciable . Je plonge ma casquette dans l'eau, ne prends pas la peine de l'essorer, et hop, sur la tête !



C'est une fréquentation très familiale et locale . L'endroit est sympa comme tout . Ma femme me dira : "çà me fait penser à la vallée d'Ourika avant" ...avant quoi ? On verra plus tard .






Une famille squatte un morceau de rivière  . Que du bonheur pour pas cher ....
Les quelques gargotes attendent les clients , mais au final, on ne se bouscule pas .




Frigo berbère : la pastèque se déguste bien fraiche....



Voilà donc un nouvel endroit que j'inscris dans mes tablettes , pour la sieste et le pique-nique ....
Sans le savoir, nous sommes entrés dans le Géoparc du M'Goun, où nous allons passer quelques jours .

Nous reprenons la route vers Azilal et les températures vont redevenir supportables . Je n'aurais plus de températures élevées de tout le voyage .
A suivre

Darzel a écrit:mais au final, on ne se bouscule pas.

Les traites de la Logan, l'assurance, le gasoil hors de prix, le mouton qui pointe son nez et les vacances à financer...

Nous reprenons donc la route vers cette vallée centrale de l'Atlas . Nous repassons à Azilal et passons devant le siège du Géoparc du M'Goun . Par contre, nous n'avons plus le temps de nous y arrêter . Les bâtiments trônent au milieu de la ville : ils devraient accueillir le squelette d'un grand dinosaure . Mais çà n'est pas encore fait semble-t-il . 

Le Géoparc se trouve sur le versant nord du mont M'Goun . Cette montagne culmine a 4071mètres ce qui en fait un des plus haut sommet du Maroc ( avec le Toubkal ) . Lorsqu'on pénètre dans le parc, il faut dire adieu aux belles routes goudronnées . Les cartes sont peu fiables : certaines routes indiquées sont des pistes, mais l'inverse est également vrai . Certaines belles routes ne figurent sur aucunes cartes, la signalisation routière est approximative ou ambiguë quand elle existe . Bref, il faut s'attendre à se perdre, tôt ou tard .... 

Par ailleurs , il n'y a pas de station d'essence classique dans le parc et il faut impérativement faire le plein avant d'y pénétrer ( à Azilal, ou Demnate par exemple ) . 
De même , prévoyez de l'argent liquide en quantité suffisante : tout se paie en liquide, y compris les hébergements .

Pour les cartes, les cartes routières habituelles ne vous seront pas d'une grande utilité : inexactes, approximatives , dépassées ... je me procurerai à mon premier hébergement la "Carte Géotouristique du Géoparc du M'Goun" . J'aurai pu aussi la trouver au siège du parc. Elle s'avèrera indispensable, presque exacte (!) et ne me quittera plus pendant mon séjour .





Quelques sites du parc . Pour une fois, je dispose d'une carte à une  échelle raisonnable .



La carte indique de nombreux sites : gorges, villages remarquables, gravures rupestres, dinosaures, curiosité géologiques, etc....



A Azilal, nous prenons la route en direction de Aït M'Ahmed ( parfois écrit Mohamed, Ahmed . Là, 2 possibilités s'offrent à vous : une route à gauche, une à droite . Nous prendrons à droite car çà me semble plus rapide . Mais cette option ne figure pas sur toutes les cartes . Le paysage est plutôt désertique jusqu'à cet embranchement . Le temps est orageux . . Nous progressons sur une ancienne route qui fut goudronnée en son temps .



Pas de villages visibles . Rien ou presque sur ces hauteurs, souvent couvertes de coquelicots . Dans le parc, on roule lentement : on est à environ 20 km/heure souvent . Parfois moins . 



Soudain, proche de la route apparait la première merveille architecturale . Une de ces immenses kasbahs tout en hauteur, effilée, qu'on voit plutôt sur des vieilles photos d'un temps révolu . A côté du monument , un grenier collectif en parfait état . Rien ne gâche le vue, pas de béton, de parpaings, de ligne à haute tension ... Un petit bijou . 



A partir de là, on bascule dans un autre monde : celui des vallées centrales de l'Atlas . Les paysages deviennent extraordinaires : rien ne vient les troubler . Pas de tracteurs ou autres engins , pas de bruit donc, un habitat traditionnel en parfait état, entretenu, plus de ruines, une société rurale qui vit selon ses règles, son organisation, son rythme comme hors du temps,  très peu de voitures, une nature préservée, pas de villes, pas de belles routes où on roule  vite ......







Nous rejoignons tranquillement la vallée des Aït Bouguemez . Nous allons dominer les premières vallées où des villages, parfois impressionnants, s'accrochent aux flancs des montagnes . Celui-ci me surprend par la taille de ses habitations , aux dimensions conséquentes .





Nous redescendons vers une première vallée, : chaque parcelle est cultivée . Les moissons ont commencée et partout nous verrons les paysans ( et souvent paysannes) moissonner à la faucille ( et donc à la main )  , tant les parcelles sont petites . A proximité des habitations , ce sont les femmes qui coupent le blé . Lorsque les parcelles deviennent de vrais champs, hommes et femmes moissonnent ensemble .

 




Nous arrivons en fin d'après-midi à Agouti, un des villages Aït Bouguemez où nous séjournerons au gîte Imarin . Le terme " Aït Bouguemez" désigne en fait la tribu, pas un village en particulier . Le gîtel est assez difficile à trouver car il n'est pas situé en bordure de la route principale . Nous empruntons quelques chemins chaotiques et demandons plusieurs fois notre chemin avant d'arriver . L'endroit s'avère verdoyant et très agréable . Comme souvent, Mohamed, le patron , est guide dans la vallée et guide de haute montagne également . Le M'Goun est à 12 km . 

A suivre

Darzel a écrit:Pour une fois, je dispose d'une carte à une échelle raisonnable.

Une copie de la carte nous permettrait de mieux vous suivre.

Bonjour, 

A la demande générale, j'ai photographié ma carte afin de permettre à chacun de mieux suivre mon trajet . Il faut bien dire que ces zones centrales ne représentent sur les cartes du Maroc que quelques petits centimètres, alors que sur le terrain, c'est une autre histoire .....

D'abord le secteur Beni Mellal/ Azilal/Ouzoud, puisque je suis arrivé par Beni Mellal . Au départ de Marrakech, on peut rejoindre la zone par Demnate également .



Dans la petite ville d'Azilal, je prends la (seule) route en direction d' Aït Mhamed . Avant le village, une option gauche et une option droite . Je prends à droite ( pour le chauffeur ) / à gauche sur la carte . Tout en bas, je rejoint la route qui dessert la vallée . A gauche et au bout de quelques km, j'arrive à Agouti . Le gite Imarin se trouve au pied de la montagne à 2305 m , après avoir passé l'assif ( rivière) N'Bouguemez . Les photos que j'ai insérées sont prises le long de cette route descendant d'Azilal , puis Aït M'Ahmed .



Aucun village ne s'appelle Aït Bouguemez qui est le nom d'une tribu .Il y a semble-t-il de nombreuses tribus, plus où moins importantes dans ces montagnes . On voit le territoire des Aït Abbas sur la carte . J'irai aussi chez les Aït Abdi qui vivent en haute montagne .... mais c'est pour plus tard .

Nous nous installons chez Mohamed, qu'il faut appeler Simo . Il tient avec son frère le gîte . C'est très convivial . Nous serons avec 2 jeunes israéliens ( frère et sœur) qui voyagent aussi en Duster . Nous faisons connaissance : ils ne sont pas du tout d'origine marocaine comme on pourrait le penser, mais les nombreux israéliens d'origine marocaine qui visitent le pays depuis la normalisation des relations entre les 2 pays  font une telle publicité au Maroc qu'ils sont venus voir si ce beau pays existait bien en vrai  . Je dois dire qu'ils semblent émerveillés par ce qu'ils ont déjà vu . Simo est leur guide autour du M'Goun .

Dès le premier matin, je fais avec madame une première marche de découverte dans la vallée .
A suivre

Pour agrandir les cartes, ne pas oublier de cliquer dessus .

La vallée est très boisée et large de 1 à 2 kilomètres au plus . Des chemins et routes assez peu carrossable permettent de s'y déplacer. Nous marchons à travers de grands vergers de pêchers, de grenadiers, d'abricotiers principalement . Les chemins principaux sont bordés de grands arbres : ce sont des noyers . Les Aït Bouguemez commercialisent la noix à Marrakech, où se trouve le grand marché des noix du Maroc, nous expliquera-t-on . Par contre, les petites parcelles de blé se font rares : les fruitiers se généralisent . 

Nous traversons de nombreuses petites fermes . A chaque fois, l'odeur de celles-ci me replonge dans ma prime enfance : c'est exactement les odeurs qu'il y avait chez mon grand-père, dans les années 60 . On y voit la basse-cour, les ânes, le cheval et toute la population, enfants compris le plus souvent qui vaque à ses occupations . 

Les cours d'eau se traversent sur ces jolis ponts de bois et de terre .



Les noyers sont imposants . Ils forment comme une haie le long des vieux chemins . Je me rend compte rapidement qu'il apportent, positionnés de la sorte, un ombre agréable . On marche à l'ombre. Je ne pense pas que ce soit dû au hasard .



Les villages sont plutôt constitués de maisons modestes, mais entretenues . Parfois, la maison s'élève et devient kasbah . Je verrais à plusieurs reprise les "maçons" travailler l'argile d'une nouvelle construction en cours car ici l'utilisation des  techniques traditionnelles de construction reste la règle . Parfois la terre, mais aussi parfois la pierre . On peut voir des tailleurs qui taillent à la main chaque pierre de la construction qu'ils ont en cours .




Une fermette classique .



Un chemin bordé de noyers .







Partout, le bois est rangé et mis à sécher : le bois, c'est aussi la vie car ici il peut faire en hiver jusqu'à moins 10 à moins 15 degrés .



Au milieu des vergers, un jolivillage occupe une éminence .

On trouve dans la vallée 2 imposantes collines en forme de pyramide . Chacune d'elle est coiffée d'un agadir /grenier collectif . Le premier, ici, est en ruine . Notre gîte est derrière cette pyramide . Il n'y a pratiquement que ces fourgons ou transports mixtes sur les routes . Très peu de voitures individuelles . Il n'y a d'ailleurs pas de station-service dans la vallée . En cas de panne, il faudra aller à Tabant où le carburant se vend en bidon . 



La route serpente à l'orée de la montagne, sans empiéter sur les terres cultivées . Son état est tout à fait convenable .



Comme souvent en milieu rural, les enfants travaillent déjà .



Un des nombreux villages de la vallée .

L'après-midi sera paisible . Il fait plutôt chaud et humide ( 25°),et l'orage gronde au loin . Mes coéquipières décident de manger dehors, dans un pré, près de l'auberge . Tajine et sieste . Simo leur installe une salle à manger campagnarde près d'une séguia . 



Quant à moi, je sieste, puis décide d'aller me promener dans la montagne toute proche afin de prendre de la hauteur et avoir une meilleure vue d'ensemble de la vallée . Je monte tout droit . Je ramasse quelques plantes extrêmement odorantes . J'apprendrai à mon retour qu'il s'agit d'une plante médicinale qui se prends en infusion contre les maux de ventre . J'en ramènerai d'ailleurs dans mes bagages .




J'ai enfin une vue plus globale . Au loin, la seconde "pyramide", coiffée de l'agadir de Sidi Moussa .



L'orage va finalement me rejoindre. De très violentes bourrasques et une pluie glaciale s'abattent sur moi et me contraignent à chercher refuge derrière un rocher . Chute vertigineuse des températures et je connais un grand moment de solitude recroquevillé et quelque peu congelé derrière cette roche salvatrice . L'épisode dure une dizaine de minutes . Puis la chaleur revient d'un seul coup . Je suis trempé . 
Je redescend tranquillement vers le gîte . 
Mes dames ont également plié bagages subitement . Des pluies abondantes tomberont en soirée . 




Nous parlerons en soirée de ces phénomènes météorologiques violents avec Simo . Il y a quelques années, 3 touristes sont décédés sur le M'Goun en fin septembre . Il me dit qu'il faut être au sommet pour 10 heures du matin . Hors ce jour là, le groupe était toujours là haut vers 15 heures, heure à partir de laquelle se déclenchent les orages . C'est la grêle qui a tué les touristes, selon lui . 

Le lendemain, le beau temps est de retour et je concocte un programme plus dense . Nous allons en premier au souk de Tabant, puis nous allons voir la marche de dinosaures d'Iknaouine . L'après-midi , nous prenons la route en sens inverse vers Imi N'Ifri et Demnate .




Tabant est la "ville" de cette vallée : S'y tient le souk, on y trouve les administrations et écoles, collège, ainsi que les commerces nécessaires à la population . 
Nous passons devant la colline de l'agadir de Sidi Moussa . Un chemin muletier permet l'ascension , mais ce sera pour une autre fois . Le bâtiment est restauré et a la particularité d'être rond ( malgré ses tours ! ) 




Sans doute faute de terrain suffisamment plat et grand, le souk de Tabant se tient dans la rue principale et s'étire sur quelques centaines de mètres .





On y trouve de très belle selles pour ânes ou chevaux fabriquées dans la tradition . On me dit que, suivant le modèle elle coûtent entre 150 et 250 dirhams ( ce qui me semble assez peu ? ).





Et si vous avez un âne à équiper ....

J'ai un faible pour ces vieilles enseignes qu'on trouve toujours de-ci delà ....



Et ce trilinguisme marocain doit être un gros sujet d'étonnement pour les français ! La complexité linguistique du pays ne semble pas être une préoccupation majeure : Darija, Arabe classique, dialectes berbères, français, espagnol ..... 



Nous faisons quelques emplettes .... cacahuètes, petits gâteaux secs,....



Nous voyons un énorme 4X4 traverser le souk et nous nous demandons où il va . Simo nous indiquera en soirée que désormais, la route vers le sud est goudronnée, sauf sur 8 kilomètres où elle est restée piste. C'est d'ailleurs cette voie qu'il recommandera aux jeunes israéliens logeant à l'auberge . Je vérifierai sur Google Earth et effectivement, il y a une nouvelle route qui permet de rejoindre Skoura/El Kelaa M'Gouna . Les cols y sont à près de 3000 mètres, ce qui laisse augurer de paysages exceptionnels . 

Nous continuons notre balade vers la marche de dinosaures d' Ibaqualiwne . J'ai montré dans le sujet " Archeologie et Préhistoire du Maroc" les 3 sites que nous verrons dans la journée .
Pour s'y rendre, il faut traverser Tabant et prolonger de quelques kilomètres . Le site est au bord de la route .
Le village est important et très beau .



Vous y verrez de jolies scènes champêtres....



La vue depuis la dalle aux empreintes .





Nous faisons demi-tour pour nous rendre dans l'après-midi au pont naturel d'Imi N'Ifri, à 6 km de Demnate . Cette route ne figure pas sur toutes les cartes, mais elle existe bien et permet de connecter la R307 à la vallée des Aït Bouguemez . Elle est en bon état . Voici la carte . Cliquer dessus pour l'agrandir . 



Je ne regretterai pas ce beau trajet . Mais en fait, je voulais surtout faire le plein à Demnate car bien sûr, je ne l'avais pas fait en m'engageant dans ces vallées . Faites ce que je dis, pas ce que je fais ....!

Darzel a écrit:Il y a quelques années, 3 touristes sont décédés sur le M'Goun en fin septembre

Aléas climatiques, certes, mais aussi imprudence du guide.
Accident de montagne au Maroc
La mort au bout de la rando

Oui, c'est bien ce que m'a laissé entendre Simo . 
On ne dira jamais assez que le Haut-Atlas, c'est de la Haute Montagne , avec ses dangers . Dans tous les accidents graves qui ont pu m'être relatés au Maroc ( en montagne comme dans le désert d'ailleurs ) il y a une imprudence ou une légèreté . 
A plus .

Quel plaisir de retrouver cette vallée des Ait Bougmez .
La première fois fut la plus réussie, en mai 2006 , j’avais trouvé un gîte sympa .
Les dernières années ce fut different’, la dernière fois 2017 je pense j’essaie le gîte Imarin , une galère pour joindre l’aubergiste au téléphone , ensuite obligation de laisser la voiture assez loin dans un endroit isolé et de continuer à pied . Bref je décline ( voiture de location , je suis parano) et je me retrouve au gîte des coquelicots . Au mois de Mai obligation de manger dedans,  la terrasse est fermée soi disant , je suis seule, est de plus obligation de manger à 19 h . Trop d’obligation . Je suis partie le lendemain avec un peu d’amertume et le porte monnaie soulagé . L’ancien gîte était fermé . 
La vallée était toujours aussi belle .

Bonjour,

Le gîte Imarin est effectivement assez difficile d'accès ( chemins pierreux ) . Cà le fait bien en Duster . Je pense qu'en Sandero Stepway aussi . 
C'est un endroit simple . Simo n'est pas compliqué : nous avons même pu faire notre propre cuisine le premier soir . Les cuisinières qui m'accompagnaient avaient amené avec elles de quoi nourrir un régiment . 



Un endroit "familial" / les hôtes sont nés dans le village . Leur famille habite plus loin . Comme souvent, j'imagine que derrière un gîte comme celui-ci, il y a toute une famille (nombreuse)  à faire vivre .  Après le Covid, la plupart sont en difficulté . J'ai reçu des mails d'anciens lieux où j'ai séjourné et ils me disent tous : tu repasse quand ?.... 



Comme à la maison ....



A plus ,

C’est un joli gîte , le jeune qui m’avait accueilli ne voulait pas que je passe avec la Logan et insistait pour que je la laisse dans un endroit un peu désert . Dommage car j’ai du manquer quelque chose , ce seras pour mon prochain voyage . 
Pour l’autre gîte j’ai tiré un trait sur le Flouka …

Nous allons donc faire dans l'après-midi la route Tabant à Demnate aller-retour .

Question paysages , ce trajet nous offre encore du "grand Maroc", avec plusieurs sites ( 2 marches de dinosaures en bordure de route et donc très faciles d'accès) et le pont naturel d'Imi N'Ifri . Et aussi une succession de paysages, de villages remarquables .



A hauteur de Aït Blal, les cultures en terrasses semblent venir d'Asie . La culture principale est le blé, base de l'alimentation .



En se retournant, de grandes marches de dinosaures sur de grandes dalles presque verticales par rapport à la route . Nous sommes juste avant le gros village d'Aït Blal .



Facile à trouver ! 



Paysages somptueux  , ponctués de villages traditionnels de toute beauté . 








Sur les parcelles moissonnées, les gerbes restent sur le sol .





Dans le paysage, tout ce qui est "jaune" est du blé . Il y en a presque partout .

Que du bonheur dans de tels endroits!



Imi N'ifri est un  pont naturel : une immense arche laisse couler une rivière  . C'est aussi un site ornithologique où on peut observer les oiseaux à hauteur d'yeux . D'abord les choucas ( me semble-t-il ? ), toujours en grand nombre . Une autre espèce d'oiseaux , assez grands et très colorés y virevoltait également . Lors d'un précédent passage, les faucons occupaient l'endroit et passaient sous le pont à très vive allure, puis revenaient, et ainsi de suite .... Les espèces présentes sur le site semblent changer avec le temps, la saison, peut-être les migrations ? .



C'est un joli lieu de promenade pour Demnate, à 6 km .



Sur le retour, nous nous arrêtons à un dernier site d'empreintes de pas de dinosaures .





L'endroit est protégé des garnements du pays , mais on vous ouvrira . 



Sur le retour, un immense champs de blé surprend . Dans un coin, une grosse troupe ( 10 ou 15 hommes et femmes ) a commencé à faucher, toujours à la faucille . Je pense immanquablement aux dernières grandes moissons collectives que j'ai vu tout petit par chez moi, juste avant que çà ne disparaisse définitivement . 




Nous rentrons . Demain sera un autre jour et de nouvelles aventures nous attendent .



A suivre .