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Notre traversée du désert de l'Atacama à vélo

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Notre traversée du désert de l'Atacama à vélo Empty Notre traversée du désert de l'Atacama à vélo

Message par Lucbertrand Ven 15 Juil 2022 - 22:10

 Il y a des voyages qui ont été tellement extraordaires, que si nous n'en ramenions pas de photos, nous serions sûrs de les avoir rêvés. Cette traversée de l'Atacma avec Flora durant 40 jours en est l'exemple même.
Nous nous sommes connus par un site de voyage, le routard me semble-t-il. Elle a répondu à ma petite annonce et le rêve est devenu réalité. Ce voyage s'est déroulé en 2013 en octobre novembre , la meilleure période pour affronter ces déserts de haute altitude entre Chili, Bolivie et Argentine.
                         
 Notre traversée de l’Atacama à vélo, Chili, Bolivie et Argentine
Cette région d’Amérique du Sud m’a toujours fasciné, les raisons en sont multiples. En premier lieu, il s’agit du désert le plus aride du monde, et de mémoire d'homme aucune goutte d'eau ne serait jamais tombée sur certains endroits. Puis je me souviens que dans ma jeunesse ma mère, férue d’histoires mystérieuses et d’autres énigmes, me montrait ses livres élaborant les hypothèses les plus étonnantes, voire farfelues, sur les fameux pétroglyphes localisés entre Pérou et Chili, dans ces immensités qui dominent l’océan Pacifique. Et plus récemment, je regardais les images magnifiques du Rallye Dakar à la télévision et le journaliste qui suivait les étapes était abasourdi de découvrir un cycliste seul au milieu de ce désert loin de tout. Il a eu de ce fait un sujet tout trouvé pour son intervention télévisée quotidienne ; son commentaire : « en 4x4, nous montons ce col en trois heures et ce cycliste lourdement chargé met trois jours ». Enfin pour terminer, il y a trois ans lors d’une traversée de l’Amérique du Sud à vélo, j’avais effleuré ce désert mythique sur une distance de mille kilomètres de piste.

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Voilà pourquoi l’idée de me confronter à vélo à ces immensités désertiques me trottait dans la tête. J’en fais part à mon épouse qui, me connaissant suffisamment, comprend à mon regard que je vais partir. Cela la terrorise un peu cependant elle l’admet mais n’accepte pas le fait que j’envisage ce périple seul. Pour ma défense, il faut reconnaître que trouver un compagnon pour ce genre d’aventure n’est pas chose aisée. Sans illusions, je poste une petite annonce sur différents sites de voyageurs. Quelques mois plus tard, en avril 2013, un soir un message me parvient : « Bonsoir je m’appelle Flora, je suis prof de sport et coach d’une équipe de basket suisse, j’habite à Martigny. Est-ce que ton projet tient toujours ? ».

Voilà comment par une belle journée de mai mon épouse et moi-même allons déjeuner avec Flora au bord du lac d’Annecy. Elle est venue à vélo, nous en voiture ! Il ne faut pas longtemps pour nous jauger l’un l’autre.
Découvrir et évaluer un compagnon pour une aventure un peu engagée durant le simple temps d’un repas est une mission impossible, pourrait-on penser, même si l’on y porte une grande attention. Mon expérience professionnelle me permet généralement de me faire un premier jugement favorable ou non. Mais le facteur humain reste toujours un grand mystère. Une mauvaise impression de départ peut cacher une personne extraordinaire, comme l’inverse. Notre société soumise à la loi d’internet a complètement bouleversé notre approche de l’autre. Sans se connaître, dans une conversation par un site de voyage ou autre, on se tutoie. Bien souvent alors que cette complicité apparente s’instaure immédiatement, les mêmes personnes peuvent avoir des difficultés à discuter entre elles dans « la vraie vie », face à face, en se regardant dans les yeux.

Pour beaucoup ces connections virtuelles n’ont pas vocation à déboucher sur des contacts réels. Dans le cas présent il s’agit de s’embarquer pour un voyage difficile. Le fait qu’une jeune femme de trente ans réponde à mon message dans notre monde plein de supputations sur le comportement des uns et des autres était déjà une surprise, mais le fait de la découvrir avive pour le moins ma curiosité. Tout naturellement le premier regard déclencha un sentiment de confiance. Chacun a vu dans l’autre un amoureux de l’action sur des chemins un peu en dehors des normes.
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Flora m’ayant rejoint le matin même à Lyon, le 16 octobre nous décollons de l'aéroport Saint-Exupéry, direction Arica au nord du Chili. Le projet est d’envergure, d’Arica à la frontière péruvienne rejoindre Santiago, en traversant le désert d’Atacama via la Bolivie et l’Argentine. À peu près trois mille kilomètres dont mille cinq cent de pistes, souvent très difficiles, où il nous faudra pousser les vélos à plus de 4000 mètres d’altitude dans des conditions météorologiques adverses où alternent forte chaleur la journée et grand froid la nuit sans oublier la présence quotidienne de vent violent dès dix heures du matin. Pour couronner le tout, nous ne savons pas très bien s'il nous sera possible de trouver régulièrement des points de ravitaillement.

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Survol de l'Aconcagua, pensée aux aviateurs de l'aéropostale

Une fois parvenus à Santiago, notre correspondance pour Arica nous laisse un créneau de douze heures. Nous en profitons pour aller visiter la capitale du Chili que je connais déjà car c'est dans cette ville que j'ai mis un terme trois ans plus tôt à une magnifique traversée des Andes commencée à Quito en Équateur.

Notre arrivée à Arica est tardive, vers minuit. Le temps que nous récupérions les volumineux cartons protégeant nos vélos, l’aéroport est désert, plus un véhicule pour nous conduire à l’hôtel où nos réservations nous attendent. De plus nos bagages volumineux nécessitent un pick-up ou une camionnette. Je commence à envisager de sortir nos vélos de leurs emballages et de les remonter afin de rejoindre par nos propres moyens la ville située à une quinzaine de kilomètres. Outre le fait de risquer de ne pas trouver notre point de chute à une heure du matin dans une ville déserte, devoir emprunter la terrible panaméricaine de nuit me terrorise. En effet, quelques années auparavant, je l’avais suivie sur six cents kilomètres en Équateur uniquement de jour, et déjà ce fut une terrible épreuve.
Mais comme toujours la situation va s’éclaircir. Un homme nous voyant dans l’embarras passe un coup de téléphone et le miracle s’accomplit. Un petit camion à plateau arrive et rapidement nous chargeons nos vélos et vingt minutes plus tard le chauffeur nous dépose devant notre hôtel.

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Agglomération de cent cinquante mille habitants, Arica est perdue dans le désert au bord du Pacifique. De vastes dunes de sable cernent les habitations et semblent vouloir envahir les rues de leurs immenses vagues. Nous partons faire un tour dans les environs après avoir remonté nos vélos. Il s’agit toujours d’un moment de léger stress, vont-ils rouler ? Trop souvent la manutention brutale dans les aéroports occasionne des avaries plus ou moins importantes aux matériels transportés. Cette fois-ci nos machines n’auront pas souffert. Bien évidemment il nous faudra procéder à quelques réglages après un démontage assez complet. Des hauteurs de la ville, nous regardons ces étendues de sable jusqu’à l’infini. Que nous semblons dérisoires avec nos vélos ! Le doute m’envahit, est-ce bien raisonnable ? Cette sensation que seul l’engagement en autonomie déclenche est au cœur de mon envie de voyager à vélo. Peut-être suis-je motivé par toutes mes lectures, le désir voire le besoin d’imiter des femmes et des hommes qui ont osé se confronter à l’inconnu ou l’incertain au gré de pistes ignorées des chemins balisés du tourisme.

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Arica
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Port d'Arica
Flora ne marque pas la moindre appréhension. Entre ces deux immensités désertes de sable et d’eau, l’Atacama et le Pacifique, elle regarde calmement, sans émotion aucune et sans rien dire. Pas la moindre exclamation ne sort de sa bouche. Je m’abstiens de faire part de mon émoi devant cette réalité des grands espaces hostiles.  Je mets sa sérénité sur sa méconnaissance de ce qui nous attend. En effet, nous ne nous connaissons pas en dehors de la première impression, nous étant vus deux heures seulement au cours d’un repas. Mais je me trompe, je vais découvrir durant ce mois et demi une jeune femme de trente-et-un ans au moral plus que d’acier. Quelles que soient les conditions que nous allons rencontrer, et parfois ce sera dur pour ne pas dire plus, elle se montrera toujours souriante et n’aura tout au long de notre aventure que deux expressions : « c’est top, c’est cool ! ».

En contemplant ces étendues de sable qui se perdent dans les premiers contreforts des Andes, me reviennent à l’esprit les mises en garde de camarades ayant parcouru certains tronçons de notre itinéraire. Ils faisaient remarquer que de vouloir faire le trajet dans sa totalité en une seule fois consistait en un vrai challenge.

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face au Pacifique
Nous faisons des provisions en gaz pour les deux mois à venir et nous prévoyons la nourriture pour quinze jours d’autonomie. La base de notre ravitaillement, trois kilos de riz et deux de pâtes auxquels nous ajoutons des boîtes de thon, du pain en sachet, des sucreries ainsi que des pommes. Concernant l’eau, mon expérience des mille kilomètres effectués auparavant me permet d’être assez optimiste, nous ne prendrons donc que sept litres chacun. La charge de nos bagages est de l’ordre de trente kilos par monture.

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Juste avant le départ
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Deux jours après notre arrivée à Arica nous nous mettons en route. Dans un premier temps à partir de l’altitude zéro, il s’agit de rejoindre la frontière bolivienne à Tombo Quemado en passant un col à 4600 mètres d’altitude distant de cent quatre-vingt-dix kilomètres. Nous effectuons notre premier bivouac dans une gorge un peu en dehors de la route. La tente s’avère spacieuse, facile à monter et très résistante au vent. Nous prenons très vite nos marques et procédons à la répartition des tâches qui se fera à l'instinct, en perspective de ce qui nous attend. Eh bien, parmi mes attributions, il y aura la vaisselle ! Il faut dire qu’elle se réduit à pas grand-chose, nous mangeons dans la même petite gamelle. Mais à chacun son rôle et nous allons fonctionner de cette façon durant quarante jours.
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200 km de montée de la mer à 4600 m

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Premier bivouac
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Première erreur, et il n’y en aura que deux. Sur un mauvais renseignement reçu la veille, nous nous retrouvons sans eau car la consommation journalière est très élevée et nos réserves de la veille ont été épuisées. Il fait 40 degrés et nous avons encore à parcourir trente kilomètres avec un dénivelé de mille huit cent mètres avant tout espoir d’en trouver. Heureusement, nous roulons encore sur une route goudronnée et, peut-être par miracle pour nous, un camping-car passe et s’arrête. Il a une immatriculation française, varoise pour être précis. Voilà comment nous obtenons sept litres !

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Flora avec nos sauveurs
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Putre, dernière ville avant la Bolivie
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les premiers sommets
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Ils nous ont bébergés avec gentillesse
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Le Parinacota 6300 m et son jumeau
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Le lac et le sommet du Parinacota


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On entre en Bolivie
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Parinacota
Quatre jours d’efforts nous mènent à la frontière et nous passons notre première nuit en Bolivie dans un coupe-gorge. Mon expérience traumatisante au Pérou où je me suis fait dépouiller est très instructive. Flora est une bonne élève qui apprend très vite et joue bien le rôle de cerbère. En arrivant un peu avant la tombée de la nuit dans ce village sinistre sous les terribles assauts d’un vent rageur, alors que le thermomètre indique une température déjà nettement négative, il nous faut trouver un gîte pour la nuit. Les Indiens de ces hameaux où les occidentaux ne s’arrêtent pas n’ont pas grand-chose à offrir. Alors que Flora se gèle à garder nos affaires, j’essaie de négocier une chambre mais il m'est demandé de laisser les vélos dehors. C’est impossible, car il est absolument certain qu’on nous les volerait. Après bien des palabres en affichant un refus catégorique de ma part de laisser nos montures sur le trottoir, nous obtenons enfin une chambre. D’ailleurs au moment d’éteindre les feux, les propriétaires se barricadent pour la nuit. Cela démontre sans ambiguïté qu’il est formellement déconseillé de laisser quoi que ce soit traîner sans surveillance.

Une fois bien installés dans une chambre pour le moins lugubre, nous ressortons à la recherche d’un endroit pour manger. La nuit est maintenant bien établie et le lieu dégage une hostilité pesante. Une lumière nous attire, il s’agit de ce que l’on peut qualifier de restaurant. Nous entrons. Effectivement nous pouvons y manger une platée de riz accompagnée d’un morceau de poulet. Par erreur je pose le compteur de mon vélo sur la table. En partant je l’oublie. Je m’en rends compte rapidement et reviens sur mes pas. Il n’y est plus et personne n’est entré ou sorti. De toute évidence la femme qui nous a servis l’a récupéré et il est manifeste qu'elle n’a pas l’intention de me le rendre. Je lui dis que je suis disposé à le racheter, mais sans doute elle n’ose accepter ce marché. Je la vois faire semblant de chercher partout autour, au sol, dans ses placards, même dans le bac encore plein de mousse où elle est en train de laver nos assiettes. Rien n’y fait je ne le récupérerai pas. Le vol a beau faire partie du voyage, lorsqu’on en est victime cela porte toujours un petit coup au moral.

Au matin nous démarrons très tôt. Il nous faut nous organiser pour descendre nos vélos et nos lourdes sacoches par un escalier étroit. Une première descente s'accomplit avec chacun un vélo. Puis Flora reste sur le trottoir tandis que je fais des allers-retours pour nos bagages. Un individu se rapproche et de toute évidence guette le moment d’inattention pour se saisir de quelque chose et s’enfuir. Mais Flora l’a à l’œil et s’interpose en permanence entre lui et nos vélos. À chaque fois que je redescends auprès d'elle, nous ne déposons rien au sol mais fixons immédiatement notre barda sur les vélos avant que je retourne chercher le reste. Dès que tout est chargé nous détalons sans demander notre reste C’est avec soulagement que nous fuyions cette agglomération frontalière.  Depuis, lorsque nous prononçons le nom Tombo Quemado nous éclatons de rire. Une seule victime cependant, mon compteur.

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La piste pour un mois

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Les choses sérieuses commencent immédiatement avec la disparition du goudron. Cap plein sud durant des semaines sur des pistes infernales entre 3600 et 5000 mètres d’altitude. Les vingt premiers kilomètres se passent bien entre ‘’poussage et roulage’’. Le panorama est sublime, gigantesques volcans, certains couverts de glace et d’autres exhumant des corolles de fumée.  Entre six heures et dix heures du matin l’air est immobile dans ces contrées d’altitude, nous sommes au paradis. Comme nous avons quitté la ville frontière inhospitalière très rapidement, il nous faut compléter nos réserves d’eau. Dans un village en apparence désert, nous remontons lentement les rues à l’écoute du moindre bruit. Ce qui nous conduit dans une cour où on nous fournit à partir d’un puits le précieux liquide. Mais en plus de l’eau, l’homme qui nous sert nous donne involontairement une mauvaise information due à un quiproquo sur un nom. En effet, je parle de la laguna Sacabaya et mon interlocuteur du village homonyme. Et toute l'ambiguïté provient du fait que ce petit hameau se trouve à une trentaine de kilomètres du lac salé qui porte la même appellation. Cela va nous conduire à la seconde et dernière grosse erreur de notre aventure.
 
C'est ainsi que quelques heures plus tard nous nous nous retrouvons dans une fournaise au milieu d’une zone totalement pulvérulente et inconsistante, ressemblant plus à du talc qu'à du sable. Le moral en prend un grand coup, même Flora ne sourit plus ! Un unique et improbable camion passe, le chauffeur nous met en garde contre le piège vers lequel nous nous dirigeons. Deux heures plus tard nous distinguons le véhicule au loin qui revient dans notre direction. Nous l’arrêtons et montons. Il nous conduit dans un village au milieu de nulle part, Sacabaya. Le dépaysement est total mais le moral au plus bas. Plantés au bout de vingt kilomètres de piste alors que nous en avons mille cinq cent à franchir. Hors le moral à zéro, je suis honteux car c’est moi qui ai préparé l’itinéraire. Après une nuit où nous sommes hébergés par une femme du village, nous avisons.

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Au fond d'un village du bout du monde
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Belle entente

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de l'eau
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exceptionnel d'approcher une vigogne
Ne jamais renoncer, le lendemain soir nous sommes à Sabaya, à proximité du salar de Coipasa. Nous reprenons nos marques, instantanément le moral remonte. Cependant la chaleur m’inquiète, nous avons enduré plus de quarante degrés à 4000 mètres. Quelques doutes nous assaillent mais une nuit réparatrice et l’action vont se charger de les faire disparaître. Le rythme s’établit et nous rentrons en harmonie avec la nature. Ce jour-là nous abattons quatre-vingt kilomètres dont cinquante sur le salar de Coipasa. Bien que j'y sois déjà passé, la joie de m'y retrouver à nouveau est toujours aussi forte d’autant plus que je le fais découvrir à Flora. Le moral continue son envolée pour atteindre les deux cents pour cent. Ayant coupé par des zones humides, paradoxe pour un désert très sec, nos vélos arborent d’énormes stalactites de sel. La journée se termine par un bivouac en bordure du salar. On a du mal à réaliser que l’on vit une telle situation dans un lieu aussi insolite. Mais la suite va se révéler toujours plus incroyable.

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On voit des termitières je crois
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On arrive sur le salar de Copasa

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Au milieu du salar
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Encore plus de 20 km pour rejoindre le bord, la traversée fait 60 km
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irréel
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horrible piste où nous nous sommes perdus
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bivouac de rêve
Le lendemain nous arrivons à Alcaya, cité précolombienne abandonnée depuis des siècles, où nous pouvons voir des momies vieilles de cinq mille ans, grâce à un Indien qui nous guide dans la montagne sur les traces de cette civilisation disparue. L’air est tellement sec qu’elles sont conservées sans aucun aménagement en pleine montagne. Nous avons encore subi de très fortes chaleurs sur des pistes où s’élevaient des « dust devils », des tourbillons de poussières. J’ai moins bien résisté que Flora, ce qui se caractérise par un fort mal de tête, manifestement le début d’un coup de chaleur. Mais seul le vélo offre cette confrontation à la nature. Venir dans ces coins perdus en véhicule ne permet pas de prendre conscience des dimensions de notre planète. Je fais mienne la maxime de Saint Exupéry : seule compte la démarche et non le but. 

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heureusement le seul point d'ombre par 35 degrés

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dust devil
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habitat remontant à plusieurs milliers d'années
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cité d'Alcaya
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Incroyable conservation due à l'hygrométrie proche de 0
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À peine levés, c'est aux aurores que nous poussons nos vélos le long d’un col raide au sommet duquel la vue porte sur le plus grand salar du monde, Uyuni, douze mille kilomètres carrés. Je l’avais traversé d’ouest en est. Cette fois ce sera du nord au sud. Au centre de cette mer de sel se trouve l’île d’Incahuasi, haut lieu du tourisme. Le soir, toutes les personnes arrivées en voiture doivent partir. Seuls peuvent rester les cyclistes. Jour faste, Hugues l’Anglais, puis Javier l’Espagnol vont nous tenir compagnie. Ce sera une nuit grandiose. De quoi des fous de voyage à vélo vont-ils se parler ? Javier, avec des trémolos d’effroi dans la voix, nous raconte sa traversée dantesque du Sud Lipez, désert de quatre cents kilomètres de sable et de lave situé entre 4000 et 5000 mètres d’altitude, balayé par un vent en furie. Nous y pénétrerons demain. Un regard à Flora, elle rigole. Je sais ce qu’elle pense : « c’est top, c’est cool » !

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dernier village avant le salar d'Uyuni
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entrée sur Uyuni, sable puis sel
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Le salar d'Uyuni apparaît derrière
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la nuit arrive, nous sommes sur la bordure nord du salar d'Uyuni
,
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Notre traversée du désert de l'Atacama à vélo Pa280110
Un peu avant la tombée de la nuit j’emmène mes camarades au sommet de l’île, pour admirer la disparition de l’astre du jour. Le vent souffle en bourrasques rageuses. Le spectacle est stupéfiant. J’y avais déjà assisté lors de mon premier passage. Nous hurlons tous les quatre notre bonheur devant cette nature gigantesque qui passe par toutes les teintes du mauve au rouge puis qui vire au noir sous une voûte étoilée d’un éclat intense. Les cactus candélabres millénaires se découpent comme d’immenses pénitents marmoréens, figés pour l’éternité sous les terribles coups de boutoir d’Éole.

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Javier l'Espagnol
Au matin, un peu tristes nous quittons nos compagnons de rencontre. Chacun sa route, Javier au nord, Hugues à l’est, et nous au sud à l’attaque du Sud Lipez ! Pour tout amateur du voyage à vélo, la traversée de ce grand désert au cœur de l’Atacama représente la consécration. Tous les récits de ceux qui se sont lancés dans l’aventure mettent en exergue une expérience hors du commun, nécessitant un profond engagement physique et moral. Il faut y ajouter une patience à toute épreuve du fait des longs passages trop raides ou trop instables, obligeant à pousser le vélo dans le sable ou la cendre volcanique. Les conditions météorologiques participent aussi à la réputation de cet itinéraire. Vent violent, chaleur la journée et grand froid la nuit sont des constantes de ce coin de désert particulièrement hostile. Se pose aussi la question du ravitaillement, tout spécialement en eau.

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Chaque chose en son temps, vivons l’instant qui se présente. Tout d’abord rejoindre la bordure sud du salar. Dans ce matin calme, avant la tempête qui va, comme chaque jour à partir de dix heures, aller crescendo, nous nous imprégnons de ces immensités en toute tranquillité. La vue porte à plus de cent kilomètres. L’Amérique du Sud est à l’échelle des géants. Nous écoutons le bruit de nos pneus qui crissent sur les concrétions de sel. On pourrait s’imaginer sur un immense lac gelé. La trace de sortie apparaît d’abord comme un mince trait noir à dix kilomètres au moins, puis elle se transforme en une large piste. Effectivement, les chemins d’accès sont à ne pas manquer si l’on veut éviter de pousser son vélo durant des heures avec du sable jusqu’aux moyeux.

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Comment résumer en quelques lignes ces dix jours et quatre cents kilomètres ? Oui le vent fut notre compagnon le plus assidu. Le sable et les scories volcaniques se sont ligués pour nous empêcher d’atteindre San Pedro de Atacama. Nous avons poussé nos vélos sur soixante kilomètres et la moyenne a toujours été faible, parfois ridicule. À titre d'exemple, sur une étape de douze heures, il nous est arrivé de passer plus de dix heures effectives sur ou à côté du vélo à avancer à une vitesse d’escargot. Au bout de la journée, seulement trente-et-un kilomètres au compteur ! Mais une superbe dynamique d’équipe nous transcendait. Souvent j’avais en ligne de mire les sacoches et le dos de Flora. Tel un bulldozer, elle traçait son sillon dans la pulvérulence, contre un vent en furie et sur un terrain qui montait dans le ciel. De temps en temps, elle se retournait et clamait à gorge déployée dans les bourrasques, avec son petit accent valaisan, son hymne au plaisir de se dépasser : « c’est top, c’est cool » !

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vers la frontière chilienne
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L'Atacama c'est aussi ça

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on rentre dans le dur du Sud Lipez
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halte à l'abri du vent
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la nuit qui tombe spectacle grandiose
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piste abominable à 4600 m
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Rencontre étonnante, un Français sur la route depuis deux ans, le temps de manger une boîte de sardines ensemble
S'ensuivront deux bivouacs fabuleux, l’un à Arbol de Piedra à 4600 mètres et l’autre à près de 5000 au milieu de fumerolles volcaniques à Sol de Mañana. Les autres nuits nous dormirons dans des hébergements en dur, comme   un soir où, après une difficile séance contre un vent de tempête jusqu’à la nuit tombée, le douanier ferma la frontière et nous offrit son poste comme chambre à coucher. Nous découvrirons des lagunes, constellées de flamants roses, qui déclinent leurs couleurs irréelles à l’infini, ferons la rencontre de nouveaux compagnons de route, Daniel l’Allemand et Ron l’Américain, avec qui nous avons par moments partagé le vent et la poussière.

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poussage dans une zone pulvérulente
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Arbol de Piedra on a eu -16 degrés

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Sol de Manana à près de 5000 m
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en montant à Sol de manana
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laguna Verde et le Licancabur
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On nous avait prédit que suite à dix jours de pistes infernales nous retrouverions le goudron comme une libération après l’enfer. Pour nous cet enfer avait pris des airs de paradis et nous le quittons un peu tristes. Mais nous ne savons pas encore que la prochaine étape, longue de cinq cents kilomètres, qui va nous conduire à Salta en Argentine via le Paso Sico va être du même acabit, encore plus sauvage.

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Après une journée de repos à San Pedro de Atacama, nous voilà partis vers le Paso Sico, donné à deux cent seize kilomètres. Les quatre-vingt premiers sont asphaltés. Une fois de plus, il m’est très difficile en quelques lignes de vous parler de cette semaine qui va nous mener à Salta. Nous traverserons encore et toujours des lagunes et des montagnes aux couleurs les plus incroyables, des salars aux teintes roses. Nous roulerons sur des multitudes de bosses à plus de 4500 mètres, emprunterons des pistes où l’on pousse sans savoir quand cela va prendre fin. Et, par bonheur, en permanence avec nous, un vent toujours favorable qui parfois, soulevant d'énormes quantités de poussière, ne nous permettra plus de distinguer le sol ce qui nous obligera à nous arrêter de peur de nous percuter. Contrairement au Sud Lipez, il n’y a absolument aucun trafic sur la moitié du trajet. Encore un bivouac inimaginable à 4600 mètres, collés contre un gros rocher pour se protéger de la tempête. Mais une immense confiance en nous, toujours concentrés mais sereins. Quelles que soient les conditions, chacun son rôle, la tente autoportante, montée en une minute, lestée avec nos lourdes sacoches et nous étions prêts à affronter les moins dix degrés durant une longue nuit. La place me manque, je ne vous parlerai pas des mineurs, des postes de douane où personne ne passe, des villages argentins perdus dans les Andes, de la nationale 51 qui n'est qu'une horrible piste aux montées infinies et aux descentes vertigineuses.

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Aguas calientes
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notre plus incroyable bivouac, rocher trouvé à l'intuition par Flora dans la tempête
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couleurs du matin dans l'air immobile, ça ne va pas durer
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Nous nous gavons chez les mineurs, nous avons vraiment faim, on avait perdu l'habitude du copieux, les réflexes reviennent vite
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Le poste frontière chilien, l'argentin dans 25 km
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Premier village argentin
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des longues séances de poussage, même en descente
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salar au ton rosé
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 À partir de Salta, cinq cents kilomètres via Cafayate nous conduisent par des routes asphaltées à Conception, dans les mornes plaines d’Argentine, aux voies dangereuses du fait du fort trafic.  On a roulé une journée sur la mythique « Ruta 40 ». Elle est pour les cyclistes au long cours le pendant de la route 66 aux Etats-Unis d'Amérique pour les motards. Un saut en bus nous dépose à Mendoza, pour notre dernière étape jusqu’à Santiago, quatre cents kilomètres et une dernière traversée de la Cordillère des Andes en passant au pied de l’Aconcagua. On ne peut pas faire cette association, Mendoza-Santiago, sans songer à l’incroyable aventure de l’aéropostale. Des hommes intrépides, Guillaumet, Mermoz, Saint-Exupéry et d’autres ont érigé l’engagement extrême en mode de vie quotidien. Certains d'entre eux sont sortis à pied de ces immenses montagnes enneigées, après s’être crashés. Ils devaient leur survie à leur volonté inflexible et à leur immense envie de vivre pour recommencer à voler au plus vite. Les mêmes pensées m’avaient déjà habité lorsque j’avais suivi le fleuve Niémen au cours d’une traversée de l’Europe à vélo en me remémorant les pilotes français envoyés sur l’ordre du général de Gaulle se battre auprès des Russes contre l’armée allemande durant la deuxième guerre mondiale.

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A Mendoza
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en direction de la frontière du Chili
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Aconcagua point culminant des Andes
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descente au Chili 100 km
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Le terme approche. Je suis partagé, je sais que mon épouse m’attend en souffrant de la séparation tout comme moi d’ailleurs. Cependant, nous n’allons pas choisir la route la plus courte pour terminer ce périple, mais celle qui passe par deux grands cols. Le premier s’atteint par une piste de deux mille cinq cents mètres de dénivelé débouchant sur un magnifique belvédère, duquel on découvre l’Aconcagua, aussi surnommé le « Colosse de l'Amérique » et point culminant de la Cordillère des Andes.

Dernier jour, quatre-vingt-douze kilomètres couverts en bonne partie sur une autoroute au trafic dense, strictement interdite aux vélos et, plaisir suprême, souvent sans bande de sécurité. Nous appuyons dur sur les pédales dans le petit matin brouillardeux. On croise des policiers. Notre avenir proche ne va-t-il pas être au choix, en morceaux à la morgue ou au violon mais entiers ? Il est treize heures en cet après-midi de novembre et le moment de la séparation est arrivé. Nous sommes au centre de Santiago, Flora saute dans le premier bus pour Chiloé où je l'accompagnerais bien, cette île étant aussi le royaume de la pêche à la mouche. Mais voilà, mon souhait était de me mesurer à l’Atacama à la loyale. Il est réalisé de la plus belle des façons, cependant j’ai bien peur que l’envoûtement ne soit toujours pas passé ! Continuer l’aventure avec Flora vers le sud me tente, mais ce sentiment de culpabilité qui ne me quitte jamais, du fait d’abandonner mon épouse, est en train de gagner une bataille. De plus en début d’année 2013, il y a déjà eu le Mékong ! Je saute dans le premier avion.
En synthèse : « c’était top, c’était cool » et bise à Flora.


Dernière édition par Lucbertrand le Sam 16 Juil 2022 - 8:08, édité 3 fois
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Message par mjp Ven 15 Juil 2022 - 22:23

Comme d'habitude Luc, un superbe récit d'une grande aventure
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http://mjpgouret.free.fr

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Message par Daisyone Sam 16 Juil 2022 - 11:36

Fantastique récit ! Quelle aventure. Et quelle folie !
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Message par Lucbertrand Sam 16 Juil 2022 - 14:05

J'avais fait un petit diaporama  youtube de ce voyage. Le petit hic, la musique est des Caraïbes et non des Andes. C'est pas le même océan.


https://www.youtube.com/watch?v=CvVUzUv-gDw
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Message par brunopath Sam 16 Juil 2022 - 18:48

superbe ce reportage, merci
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Message par Michele974 Sam 23 Juil 2022 - 13:01

Quel texte poétique magnifique ! Cela me rappelle de grands souvenirs moins sportifs, car j'ai fait ce circuit en 4x4. Merci d'avoir partagé.
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Message par Hugski Mer 24 Aoû 2022 - 10:16

Très beau récit de voyage, inspirant et agréable à lire...

Et en plus pas d'ennuis mécaniques insurmontables a priori.
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Message par Dr.Telung Dim 15 Jan 2023 - 11:57

Belle aventure, excellent et beau récit que, rare de ma part, j'ai pris plaisir à lire de bout en bout sans me lasser.
Merci.

"J'attaquerai" la (ta) Cuesta Zapata un peu plus tard.
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Message par Aliocha Mar 17 Jan 2023 - 11:19

Bonjour Luc


Je suis toujours aussi admiratif devant ta longévité! Ce genre d'aventure à vélo j'ai du mal à l'imaginer après 50 ans!
J'y avais pensé  autour de la cinquantaine sur une traversée du Vénézuela ( gran sabana) vers le Brésil...Déjà rien de comparable au niveau de l'altitude! Je ne voulais pas le faire seul et peu préparé au vélo je craignais d'être un fardeau pour un éventuel coéquipier!
A ces altitudes je me sens plus à l'aise à pied qu'à pousser un vélo avec 30 kg de chargement! A ces altitudes le vélo ça me paraît insensé!
Et ce problème du ravitaillement en eau me laisse perplexe...Je me suis aperçu qu'à vélo je suis tjrs à cours d'eau ( je bois beaucoup plus qu'à pied!) et ce pour de simples balades à la journée à la belle saison dans le Vercors où il est aisé de trouver de l'eau un peu partout!
A titre d'info même sur du goudron, lors de votre grimpette de Arica jusqu au bled à 4600m d'altitude à la frontière Bolivienne ( là où on t'a fauché ton compteur) vous faisiez quelle moyenne horaire au quotidien? ça de doit pas dépasser les 7 ou 8 km/h j'imagine? Sans doute moins? Alors quand c'est de la piste non roulable et qu'il faut pousser les vélos?! Pas de pb de mal des montagnes ces premiers jours avec des efforts aussi intenses à ces altitudes??
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Message par Lucbertrand Mar 21 Fév 2023 - 14:13

Bonjour Jean-Michel, je me rends compte que je n'ai jamais répondu à tes questions. Je vais réparer cet oubli.


L'âge: partir faire des choses "un peu en dehors des clous" il suffit d'avoir envie, c'est sûr que l'on va te dire:  tu es un vieux "c.." qui ne sait pas qu'il vieillit.  Tant que l'on trouve du plaisir et l'envie des grands espaces il  faut partir. Et puis si on meurt en route d'un arrêt du coeur ce sera la plus belle des morts. 


Bien évidemment, il faut avoir une bonne forme et pas de problèmes physiques décelés.  Une bonne forme ça ne veut pas dire un rambo du sport. Et puis, on y va à son rythme, à 65 ans tu vas moins vite qu'à 35. Mais en démarrant au lever du jour et en roulant tranquille jusqu'à la nuit tu en fais du chemin, bien évidemment en écoutant ton corps et ne pas passer dans le rouge. 


A vélo dans ces voyages plus tu t'arrêtes plus tu gagnes du temps. On ne peut en aucun cas comparer une sortie vélo à la journée et un voyage de plusieurs mois. On s'inscrit dans un autre temps, on modifie notre perception du temps et des distances. A la journée tu te donnes 80 km pour le matin et on t'attend pour le repas. En voyage, tu n'écoutes que ton corps et en fonction des conditions de route (piste, goudron...), de météo, de poids d'eau en plus ou tout simplement de forme physique  ce sera 35 km ou 140. 


Surtout, l'autonomie te permet de te poser dès que tu le décides en te planquant un peu parfois. Le corps très vite s'adapte même à plus de 60 ans si on ne fait pas de conneries d'hydratation et que tu ne passes pas dans le rouge. 


A pied tu t'adaptes mieux à l'altitude qu'à vélo, moi c'est l'inverse. A pied dans un trek à plus de 4000 je sens toujours un peu, voire beaucoup au-dessus ded 5000, les effets de l'altitude. A vélo beaucoup moins. 


Pousser le vélo , il faut se mettre dans le contexte et l'état d'esprit. Tu sais que tu vas pousser et tu as la journée, ton esprit a tout loisir de se laisser absorber par l'ambiance de ces lieux sauvages. Bien sûr, parfois tu râles un peu dans la chaleur, la poussière le vent et ta roue avant qui fait des baïonnettes en s'enfonçant ce qui a tendance à t'arracher le vélo lourdement chargé des mains. Mais on vient pour cela aussi, c'est le meilleur moyen de se sentir fraction de cette nature hostile. En voiture souvent 4X4, tu n'as pas cette proximité avec la planète, tu as l'impression d'être au cinéma derrière un écran. Tu ne ressens pas la petite pointe d'adrénalie quand à plus de 4000 tu te sais à la merci des intempéries et des températures qui vont plonger avec l'arrivée de la nuit. Se sentir un peu"traqué" ça donne vraiment la sensation de vivre, tes perceptions s'affinent. Ouf, on trouve toujours la solution pour se planquer avant l'obscurité, parfois après aussi.


Ravitaillement en eau, oui parfois un problème, pas vraiment dans l'Atacama, je n'ai jamais eu plus de 8 litres sur mon vélo. Le Gobi c'est une autre histoire, j'ai lu un récit même avec 23 litres sur son vélo il a failli avoir de gros problèmes.


Moyenne horaire. Extrêmement variable, sur des pistes en altitude dans des conditions difficiles il m'est arrivé de faire plus de 90 km, mais il m'est arrivé de faire des moyennes inférieures qu'à pied, de l'ordre de 20 km en 8 heures.


Le mal des montagne, on monte lentement donc on a toujours le temps de s'adapter, cela n'empêche pas que la nuit je reste sensible à l'altitude et que je dors mal même après de longues périodes de plusieurs semaines entre 3700 et 5000 m.


Voilà, tout ce qui rend le voyage à vélo, dans ces coins, unique.
Et puis, j'ai un copain qui à 74 ans vient de faire un 450 km en 24 h, certes à vélo de route sur goudron, voilà ça laisse la marge pour des moyennes de 50 à 100 par jour.
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