l'Islande à vélo

Bonjour Sebb

Merci pour ce superbe carnet qui m'a rappelé mon voyage en Islande que j'ai fait il y a de nombreuses années et que j'avais adoré.
Félicitations pour l'avoir fait en vélo.

Merci pour ces messages.
Je confirme que l'Islande à vélo demande quelques exigences. Je l'apparente plus à un voyage fait en hiver en France qu'à une promenade estivale. Mais je ne regrette pas mon choix ; l'Islande est en effet très belle !

Heureusement que l'ISLANDE est belle parce que pédaler dans ces conditions climatiques et géologiques n'est manifestement pas une sinécure. Bravo !

Merci. Et pour l'instant je suis épargné par la pluie : deux jours de pluie en 5 semaines, le tarif est très raisonnable. Pourvu que ça dure ...

Bravo, ton carnet est une merveille de précisions, tant sur les itinéraires avec cartes que sur le détail des vues spectaculaires le long de ton parcours, les paysages étincelants de pureté et changeant sans arrêt.

Quelle température avais tu là bas ? 

Tu dormais sous tente ? 

Ah oui et je voudrais bien savoir ce qu'est un "bouleau nain", je ne savais pas que cela existait...

Bonjour Deborah et merci pour ton message.
Je dors uniquement en camping ou bivouac, mais suis bien équipé pour supporter le froid.
A part un épisode très printanier entre les îles Vestmann et Reykjavik, j'ai depuis des températures plutôt fraîches, souvent autour de 5 à 8 degrés à la mi journée.
On perd environ 1 degré en montant de 100m, donc un passage sur un plateau à 400m peut-être tout juste positif. Et si le vent du nord souffle, on passe vite au rouge !
Ghuilaine et Éric, un couple de cyclos arrivés 15 jours avant moi en Islande, ont eu 20 jours de pluie en un petit mois : autant dire que leur ressenti diffère grandement du mien. Difficile donc d'établir une météo type ; c'est trop changeant. Il vaut mieux s'attendre au pire pour profiter du meilleur !

Le bouleau nain est une espèce à part entière. Ceux que j'ai observé, après réflexion, étaient plus vraisemblablement des bouleaux blancs qui à cause des conditions climatiques ne poussaient pas plus haut que les lupins.
J'ai observé cela en traversant la Finlande du sud vers le nord il y a une dizaine d'années : plus je m'approchais du cercle polaire arctique, plus la taille des arbres diminuait.

Autour du Vatnsnes : du 31 juillet au 05 août 2023






lundi : Holmavik



mardi : Holmavik – Bitrufjordur (48km)



mercredi : Bitrufjordur – Hvammstangi (101km)




Je passe une journée entière de repos à Holmavik. Quand je reprends la route qui longe par le sud le Steinigrimsfjordur, le petit vent de nord-est est au rendez-vous.

Cette côte est parsemée de bois de flottage venu de Sibérie. Utilisé jadis dans la construction d’églises ou d’outils pour pallier au manque de bois endogène, il ne sert plus désormais qu’à fabriquer des poteaux de clôture ou à créer des œuvres d’art.


Bitrufjordur



Prestbakki




Au fond du Hrutafjordur, je retombe sur la route circulaire que j’avais quittée dans le sud. Elle ne m’avait pas manqué.
Je roule avec l’oeil dans le rétro pour surveiller camions et caravanes, et compte les kilomètres jusqu’à la sortie pour Hvammstangi.

Hvammstangi





jeudi : Hvammstangi – Borgarvirki (68km)






La péninsule de Vatnsnes se contourne pendant 80 kilomètres par une piste assez peu fréquentée. Elle possède des curiosités naturelles, comme l’arche de Hvitserkur, ou la forteresse de Borgarvirki, au pied de laquelle je bivouaque en fin de journée.

Hvitserkur



Borgarvirki



ceci n'est pas un vestige de château fort, mais bien une muraille naturelle




On peut avant cela observer sur la côte ouest des guillemots noirs, très reconnaissables avec leurs ailes blanches et leurs pattes rouges.

Anastadastapi





Hamarsrett



Illugastadir : phoques, eiders, et guillemots noirs




Côté océan, c’est la période où les saumons remontent les rivières pour aller frayer. Mais commeil n’a pas plut depuis plusieurs jours, ils savent qu’ils n’auront pas assez d’eau pour remonter les cascades. Ils attendent dans le fjords deux ou trois jours de grosse pluie. Les pêcheurs à la mouche aussi. Pas le cycliste.








vendredi : Borgarvirki – Saudarkrokur (102km)



Depuis mon belvédère j’arrive au petit lac de villégiature de Vesturhops.




J’y croise Monsieur Lagopède…




… et puis Madame.




De nouveau sur la route 1, à suivre jusqu’à Blonduos pendant 35 kilomètres. Quand on n’aime pas, on compte !

à droite de la route 1, Vioidalsfjall



A gauche de la route 1, un cheminement retrace les derniers instants de Friédrik Sigurdsson et Agnès Magnusdottir, meurtriers de Natan Ketilsson, un fermier autoritaire et peu aimé. Les autorités obligèrent tous les fermiers des environs à assister à l’exécution ; aucun crime ne doit rester impuni. Ce 12 janvier 1830 fut le jour de la dernière exécution publique en Islande.

la hache et le billot en bois de l'exécution sont gardés au musée national de Reykjavik






A Blonduos il est très agréable de se promener sur l’île de Hrutey, où les bouleaux y ont atteint une taille respectable.

Blonduos




île de Hrutey








Je coupe la péninsule de Skagi par la vallée de la Nordurar, et plonge en deux temps vers la petite ville-rue de Saudarkrokur. Une belle plage de sable noir marque la limite sud du Skagafjordur. Je ne résiste pas au bivouac à l’abri de la dune.

dernière vue sur le Strandir




en montant la vallée de Nordurar



en bas de la descente apparaît le Skagafjordur



Saudarkrokur...


ceci est bien en Islande






autour de la plage de sable noir...










samedi : Saudarkrokur – Holar (35km)



En remontant la côte ouest de la péninsule de Trollaskagi, une brèche s’ouvre à droite dans la montagne. C’est la vallée de Hjalta qui en dix kilomètres mène au petit village historique de Holar. Site d’un évêché dès le Moyen-Age, une église-cathédrale en grès rouge fut consacrée en 1763.

Hjaltadalur





Holar




On y trouve aussi une ferme bâtie en 1854 de façon traditionnelle, avec charpente en bois et murs de pierre et de tourbe. La bergerie, perpendiculaires aux trois façades principales, communique avec l’habitation principale. La visite libre est intéressante.




Je voulais faire le musée héritage sur le cheval islandais, très présent autour du Skagafjordur, mais je trouve portes closes.




Tant pis. Depuis le restaurant des sentiers de randonnée partent vers la montagne. Je me contente de ceux qui sillonnent la forêt – ou « plantation » comme disent les Danois – autour du village. Bouleaux et sapins bien entendu. On peut facilement s’y promener une heure ou deux et même, pourquoi pas, s’y perdre.



Un camping à 10€ aux commodités basiques y est caché. Je profite en soirée de cet îlot de verdure perdu dans une jolie petite vallée d’Islande.

l’Eyjafjordur : du 06 au 12 août 2023









dimanche : Holar – Migondifoss (117km)




La route côtière qui longe l’est du Skagafjordur entre Hofsos et la baie de Miklavatn est plutôt plate.


Hofsos




baie de Miklavatn




Ça se corse après la station-service. La route est en dents de scie jusqu’au tunnel de 800 mètres de long qui permet de plonger sur Siglufjordur. La petite ville du nord à l’abri de son fjord éponyme respire les vacances. Les terrasses du port sont prises d’assaut. Les maisons colorées resplendissent sous le soleil.










Surnommée la « Klondike de l’Atlantique », Siglufjordur a connu son âge d’or entre 1903 et 1960 grâce à l’industrie du hareng. Les rues animées fourmillaient de monde comme dans une capitale européenne.








La surpêche a mis fin au rêve américain. Le tourisme a depuis pris le relais ; un double tunnel routier long de 4 et 7 kilomètres ayant contribué à son désenclavement en 2010, la relie au village d’Olafsfjordur.






lundi : Migondifoss – Hrisey (43km)




Un peu avant Dalvik, l’île de Hrisey encombre le nord de l’Eyjafjordur. 




Bateaux de pêche et zodiacs tourbillonnent entre l’île et la côte ouest du fjord.
Des petits geysers s’élèvent par moments au dessus de la mer. J’assiste depuis la route au ballet lointain entre les cétacés et les petites embarcations.


Le frisson doit être pour ceux qui assistent de très près au spectacle.








Au sud de Dalvik, la vallée de la Svarfadar a été aménagée en réserve naturelle humide par les fermiers en 1973. Je la remonte sur trois kilomètres pour y marcher le long de l’un de ses petits sentiers interprétatifs.


Je prends à Arskogssandur un traversier piéton pour Hrisey, où le vélo trouve sa place. Unique pensionnaire du camping, je fais une balade en soirée en empruntant les chemins situés au sud-est de l’île ; il n’y a personne, si ce n’est les oiseaux.

île de Hrisey depuis Arskogssandur



sentier côtier



Juste au dessus de moi une sterne arctique met en déroute deux mouettes venues sans doute trop près de son territoire. Bien qu’il s’attaque souvent au cycliste j’ai une admiration pour ce petit oiseau qui n’hésite jamais à défendre sa progéniture, quelle que soit la taille de l’adversaire.

C’est de plus un des migrateurs les plus accomplis, car il repart chaque automne traverser la planète pour rejoindre l’Antarctique, soit un trajet aller-retour de 70 000 kilomètres.


Les lagopèdes profitent de l’île sans prédateurs pour s’y réfugier à la belle saison. Les mâles arrivent les premiers en mars pour choisir leur territoire. Les accouplements commencent fin mai. Une dizaine d’œufs éclosent au bout de 20 à 23 jours. 
A l’automne les habitants de l’île assistent au beau spectacle de leurs jardins envahis par les lagopèdes venus chercher protection contre l’arrivée des faucons. Quand le vent de tempête et la neige recouvre l’île en hiver, ils traversent le fjord et s’envolent vers les montagnes, où ils devront éviter les balles des chasseurs … avant de revenir à Hirsey au prochain printemps.






mardi : Hrisey – Glaesibaer (37km)

Hrisey...





le tracteur est ici un moyen de locomotion



ferry de 13h ; un départ toutes les 2h à partir de 7h



Je quitte l’île par le ferry de 15h et continue ma descente vers le sud. A Gasir un site archéologique témoigne d’une importante activité humaine entre le 12^ème et le 15^èmesiècle ; le port le plus important du nord du pays s’y tenait.


vallée de l'Horga




Gasir




Aujourd’hui c’est Akureyri, au fond du fjord, qui fait office de capitale du Nord. Je bivouaque dans une agréable forêt juste avant de retrouver la route 1.





mercredi : Glaesibaer – vallée de la Glijufura (59km)



Après le ravitaillement je fais une première visite d’Akureyri en longeant le port. Trois paquebots y sont amarrés. De nombreux croisiéristes sont en promenade jusqu’à la rue piétonne du centre-ville.






Après le franchissement de la digue je remonte la côte est de l’Eyjafjordur, avec de nouveau le petit vent du nord. Je m‘arrête à Laufas. Un magnifique ensemble d’une ferme en tourbe avec charpentes en bois y subsiste depuis le Moyen-Age. L’édifice actuel, sans cesse remanié, date de la fin du 19^ème siècle. Il était habité par un pasteur - et sa famille - qui régissait la ferme.






A l’arrière un bâtiment à deux étages donne sur le haut de la pente et possède sa propre entrée.




Il ne reste plus rien des dépendances de la ferme, mais l’intérieur que l’on visite est vraiment remarquable.




Je reprends le vélo jusqu’au village de Grenivik, où la route se termine, laissant place aux falaises inhabitées du Latrastrond.


Grenivik




le Latrastrond depuis mon bivouac d'il y a deux jours à la sortie du tunnel d'Olafsfjordur




on y fait de belles promenades à cheval




En revenant sur mes pas, j’ouvre la barrière qui permet à gauche l’accès à la piste F839. Elle empêche juste les moutons d’envahir la route principale. Je remonte la piste pendant un kilomètre, et trouve un bel endroit pour planter la tente dans la vallée de la Glijufura.





jeudi : vallée de la Glijufura – Akureyri (bivouac) (60km)



Je pars sans les sacoches continuer mon ascension de la veille. La piste se fraye un passage entre deux rangées de montagnes noyées dans la brume. Elle remonte le cours de la rivière qui se franchit à un endroit par un pont. Ses émissaires ne sont que des rus qui se traversent facilement.





Après plus de 13 kilomètres j’arrive au col. La route plonge plein nord vers le Hvalvatnsfjordur, un fjord de bout du monde que je me contente d’observer de loin.



En revenant à mon campement à midi, il ne me reste plus qu’à reprendre l’itinéraire de la veille, avec cette fois ci le vent favorable. J’aurai ainsi parcouru les deux versants du plus long fjord d’Islande.

en revenant par la route 83, vue sur le Mont Kaldbakur




Je m’arrête juste avant de redescendre vers la digue, et bivouaque dans un bois en face d’Akureyri.



vendredi et samedi : Akureyri (bivouac) – Akureyri (camping) (7km)



Je me pose deux jours au camping d’Akureyri, situé bien au sud de la ville dans la forêt de Kjarnaskogur, sur une hauteur à 100m d’altitude.
Les premières habitations sont des ensembles d’immeubles neufs hauts de quelques étages. Au dessus les prés à chevaux puis la montagne du Sulur ; en-dessous la vallée de l’Eyja : le cadre est plutôt plaisant.


En approchant du centre les premières maisons colorées apparaissent. Elles ne sont plus construites en bois comme au 19^ème siècle, mais en béton. Elles gardent néanmoins ce style nordique très reconnaissable.










La visite de la maison où a vécu l’auteur islandais Jon Stefan Sveinsson, plus connu sous le nom de Nonni, permet de déambuler dans les pièces étroites d’une maison traditionnelle.



Juste à côté, le musée d’Akureyri délivre quelques informations sur l’histoire de la ville et de ses habitants, et de leur engouement pour la musique.


Un peu en hauteur dominent l’église et le jardin botanique.








La rue piétonne s’articule autour du célèbre restaurant de Bautinn, mais on y trouve aussi un peu de street food.




Elle communique avec le Hof, le centre culturel circulaire, et au-delà avec Oddeyrar, la zone portuaire.

Entre le fjord et la montagne la ville s’étend de façon très horizontale autour de la vallée de la Glera. 

La maison d’un autre écrivain – Davids Stefansson – se trouve en haut d’une rue en pente. Une étudiante en histoire en fait la visite guidée. Ce poète, très reconnu en Islande, a fait construire cette maison moderne en 1944. Elle est restée telle qu’il l’a laissée à sa mort vingt ans plus tard.

Ainsi s’achève pour moi la visite de cette capitale du nord à taille très humaine.

Akureyri, en 2023 toujours







tous les feux rouges ont cette forme ; j'aime






il faut être givré pour manger une glace en Islande !

Parmi toutes ces belles photos j'apprécie particulièrement celle-ci (mariage de l'art et de la nature et superbe lumière)

Récit toujours aussi beau, intéressant, et admirable pour l’exploit cycliste.

Hautes-Terres : du 13 au 19 août 2023








dimanche : Akureyri -Leymingur (41km)



Avant de quitter Akureyri je repasse par le centre pour faire un très gros ravitaillement, puis remonte en milieu d’après-midi la vallée de l’Eyja.

restaurant Bautinn



Dix kilomètres de piste cyclable, puis une route asphaltée sur trente kilomètres, mènent jusqu’au départ de la F821, au pied de laquelle je plante la tente.

église de Grund construite par un particulier



vallée de l'Eyja...





vue sur le programme du lendemain





lundi : Leymingur – vallée de Jokulkvisl (55km)





Un panneau annonce la couleur ; on est sur une piste difficile.




Cette route à une voie remonte plutôt paresseusement la vallée. Le revêtement est juste cyclable ; la vitesse est minimale.




Puis, après la traversée de l’Eyja par un gué facile, la piste monte d’un coup vers le plateau à 800 mètres d’altitude.

gué de l'Eyja



montée finale vers le plateau




Le sol est une vraie savonnette ; impossible de prendre appui pour lancer la machine … les pneus dérapent. J’enlève le gros sac à dos, que j’emmène à pied quatre lacets pus haut, puis reviens pousser – ou plutôt tirer – le vélo allégé.
Ouf. La vue sur la vallée se mérite !




Sur le plateau la piste s’aplanit. Route de cailloux au milieu de cailloux. Ce décor lunaire est captivant.

au bout de la piste, le Hofsjokull



Je laisse en fin d’après-midi le refuge-camping de Laugafell sur ma droite, et passe ma première « grosse » rivière.

Je chausse les sandales et fais un premier passage avec le sac à dos : courant faible et eau jusqu’aux mollets. Le vélo passe sans problème au deuxième passage.

Je franchis deux autres petites rivières en soirée, et bivouaque le long de la deuxième.






Une journée entière à pédaler, de 7h à 20h, et une moyenne de 6,5km/h … piano, piano !






mardi : vallée de Jokulkvisl – route F26 (60km)



La piste F752 que j’ai rejointe depuis Laugafell n’est pas plus roulante que la F821. 

Et quand je gagne la F26 au lac de Fjordungs, je ne trouve guère d’amélioration. La route est défoncée par le passage des véhicules à moteur ; au menu tôle ondulée avec au choix assaisonnement de cailloux, ou bien de sable. 
Parfois les trois sont réunis ; l’assiette est copieuse.

Cette soupe est souvent indigeste, mais elle finit par se boire cuillerée par cuillerée.


Une rivière de couleur laiteuse ne fait aucun doute sur son régime : elle est alimentée par le glacier du Tungnafellsjokull.





La traversée est bien fraîche. Ce couple d’Allemands venus juste après moi au gué ont la gentillesse d’embarquer mes bagages. Mes orteils apprécient le geste.







Cinq kilomètres plus loin, à Nyidalur, la Fjordingavisl prend sa source depuis le même glacier. Pas de camion en vue. Je suis bon pour trois passages. Le courant est assez fort, et l’eau monte jusqu’au dessus du genou … autant ne pas prendre de risque.


Nyidalur : vallée de la Fjordingavisl






Je continue ma descente vers le sud-ouest en soirée, et passe une nuit bien fraîche au cœur de ce plateau inhospitalier.


piste F26...








mercredi : route F26 – Fagrifoss (64km)  





Réveil sous la bruine et le vent du sud plus entreprenant que la veille. Après une heure de route et seulement sept kilomètres, je délaisse au petit col de Kistualda la F26 pour une piste secondaire qui part à droite rejoindre le grand lac de Kvisla. La rivière qui l’alimente se franchit par un pont … quel luxe !


Kvislavatn






Au pied du Hofsjokull - le troisième glacier d’Islande – la réserve humide de Pjorsarver est le principal site de reproduction au monde pour l’oie à bec court.







Une grosse pluie me tombe soudain dessus ; la dernière a eu lieu il y a déjà six semaines.






Un peu de pluie. Un peu de vent. Un peu de froid. Un peu de mauvaise piste.
Beaucoup de peu qui peut parfois faire beaucoup.


Je rejoints la F26 à Versalin. La pluie semble avoir damé la piste ; je progresse un peu mieux, et gagne un kilomètre/heure sur ma moyenne quotidienne.


vue lointaine du Mont Hekla








jeudi : Fagrifoss – Landmannalaugar (53km)



au bout de la piste, le lac glaciaire de Thorisvatn







Je retrouve dès le matin de l’asphalte. Pas pour longtemps. Après une bonne descente de cinq kilomètres, je m’engage à gauche par la F208 vers la réserve de Fjallabak.
Encore cinq kilomètres de bitume, puis après l’usine hydro-électrique démarre la piste.

Dès le début on prend de la hauteur par de beaux pourcentages. Le vent est de face pendant les vingt-huit kilomètres jusqu’au camping. 

Le travail de sape de ces mauvaises routes continue. Un simple caillou met la roue avant de travers. Un passage trop sablonneux englue la roue arrière.  
Alors on s’arrête ; on se dégage ; on repart. Les bras sont autant sollicités que les cuisses. Ils corrigent sans cesse le cintre qui n’en fait qu’à sa tête, et tentent d’envoyer la machine sur la bonne trajectoire.


La réserve est très touristique. Les voitures sont nombreuses à s’y rendre, ce qui m’astreint à plus de vigilance.  

Quelques pouces levés au passage ; on s’arrête parfois pour me laisser quelques gâteaux … ça encourage.


Une belle pluie m’accueille à mon arrivée à Landmannalaugar. Une bonne journée ne s’apprécie pas sans son cocktail final !




F208 ; trois cyclistes italiens dans la descente






Frostastdavatn









vendredi : Landmannalaugar – confluence Pjorsa/Sanda (82km)



Il a plu toute la nuit. J’espérais un peu de soleil ce matin. En vain. Tant pis ; je pars à la découverte des sentiers qui tournent en boucle autour du camping.

Même sous la grisaille, ce site est vraiment magnifique. 
Un champ de lave est comprimé au milieu de montagnes jaunes. 
Des fumerolles dénoncent la présence d’eaux thermales qui jaillissent dans le froid.











La brume qui dissimule les hauteurs dissuade de randonner plus avant.
Je reviens au camp en longeant la rivière et pars à 11h refaire la F208 dans l’autre sens.

Pour se faire sans doute pardonner de m’avoir soufflé au visage pendant les quatre jours passés, le vent décide de m’accompagner vers la vallée.

De retour sur la 26 la route plonge plein ouest le long de la Tungnaa, puis continue en longs faux-plats par la vallée de la Pjorsa, le plus long fleuve du pays.


A gauche la silhouette inquiétante du Mont Hekla se perd dans les nuages à 1491 mètres d’altitude. Ce volcan légendaire menace toujours d’entrer en éruption. Les champs de lave désolés qui bordent le fleuve témoigne de ses fureurs d’antan.






Plus bas dans la vallée la route 32 finit par longer le flanc d’une petite montagne boisée. J’apprécie le petit spot de bivouac situé à la confluence de la Pjorsa et de son petit affluent.

Sanda






confluence Pjorsa/Sanda






samedi : Pjorsa/Sanda – Fludir (39km)



Le volcan est aujourd’hui dégagé.


Mont Hekla




Au hameau de Arnes je fais une petite pause café à la station-service. Je suis de retour à la civilisation. 

J’oblique bientôt vers le nord et me pause au vaste camping de Fludir.


Ainsi s’achève cet itinéraire exigeant dans les Hautes Terres. 

La Sprengisandur (F26) qui relie le nord au sud du pays a probablement été délaissée à partir de 1700. 

Daniel Bruun l’a ré-empruntée entre 1897 et 1907 en la marquant de cairns. Il déplorait plus le manque de végétation pour ses chevaux que la rudesse du climat.

Le premier voyage en voiture eut lieu en août 1933. Véritable épreuve de force pour les quatre passagers de ce véhicule d’antan peu adapté à ce genre d’aventure, d’autant qu’une réelle piste n’existait pas encore.


Pour le cycliste du vingt-et-unième siècle c’est une belle immersion dans le centre du pays Il ne faut pas avoir peur de devoir prendre son temps. Le souvenir n’en n’est que meilleur.

As tu connu des crevaisons? Le terrain ne doit pas être très indulgent pour les pneus?

Heureusement qu'il y a de superbes et/ou étonnants paysages malgré un climat très maussade parce qu'à vélo c'est vraiment le parcours du combattant !
Je suis fort impressionné par ta performance de cycliste.

Bonsoir Sissi.
Non pas de crevaison. J'ai des pneus épais qui les évitent en partie. Je crains plus l'éclatement de la chambre, ou pire du pneu. J'ai beaucoup de poids a l'arrière et il m'est toujours difficile d'évaluer qu'elle pression mettre dans les pneus sur des pistes à la qualité inégale.
Je me méfie aussi des pierres volcaniques tranchantes qui pourraient percer le flanc du pneu.
J'en ai acheté un en plus à Reykjavik que j'attache sur le gros sac à dos.

Bonsoir Pifil et merci. J'ai emprunté beaucoup de pistes en Amérique du Sud et ai appris à les apprivoiser.
C'est un exercice de force et de patience qui est toujours récompensé par la beauté des paysages que l'on croise.
Mais c'est vrai qu'après beaucoup d'efforts on tolère très bien le bitume !

Effectivement il était nécessaire de faire un gros ravitaillement avant d’entreprendre cette traversée du désert, mais quels sublimes paysages !

Route du Kjalvegur : du 20 au 25 août 2023










dimanche : Fludir – Gullfoss (36km)




Je remplis à nouveau mon garde-manger au petit supermarché de Fludir, et juste après avoir passé la Hvita, je remonte le cours du Tungufljot, un de ses affluents, par une piste.








J’arrive bientôt sur la route 35 qui me conduit au fameux site de Geysir, qui a donné son nom aux geysers.


Depuis la route, un sentier fait le tour des différents trous d’eau sous pression. Geysir n’est plus actif.


source du Blesi ; Geysir est au loin sur la gauche






Les spectateurs se rassemblent donc en nombre autour de Strokkur, le plus productif. Une éruption toutes les 5-10 minutes, ça vaut le coup d’attendre.


l'attente autour de Strokkur






Parfois ça fait pschitt…








… ou pas !










Dix kilomètres plus loin la cascade de Gullfoss est une autre attraction très prisée ; la route 35 charrie un nombre impressionnant de véhicules.


La chute est vraiment grandiose. La Hvita s’en donne à cœur joie ; l’écume est tellement épaisse qu’elle prend parfois les couleurs de l’arc-en-ciel.









Je continue la 35 vers le nord et trouve très vite à bivouaquer après le premier virage dans une petite dépression à l’abri du vent. Depuis plusieurs jours maintenant le soleil de minuit n’a plus cours. Je m’étais très bien acclimaté au jour permanent. Mais voir de nouveau le soleil se coucher n’est pas déplaisant.








lundi : Gullfoss – route F35 (55km)


Après douze kilomètres de bitume, la 35 laisse la place à la piste F35. C’est le début de la Kjalvegur, qui relie le sud au nord de l’Islande. Réputée plus sûre et plus facile à traverser que la Sprengisandur – la F26, que j’ai empruntée la semaine passée – elle a également été signalée par des cairns à partir de 1898, grâce à Pall Briem et Daniel Bruun. Ils avaient déjà senti à l’époque le potentiel touristique de cette route de montagne.

un fermier accompagnant Daniel Bruun




Le revêtement de la piste est en effet meilleur que la F26. Même si on y trouve beaucoup de tôle, il y a peu de sable et moins de cailloux.

Après le franchissement d’un petit affluent de la Hvita, un vent très fort commence à me poser problème dans la montée du col du Blafell. « The gale », comme l’appelle les Écossais, est une vraie plaie pour le cycliste. Chaque segment de piste un peu plus pentu doit être escaladé après de nombreuses pauses, le vent en accentuant grandement le pourcentage.

un véritable enfer, cette montée au pied du Blafell



Je déjeune à midi dans une petite dépression à l’abri du vent qu’affectionnent les moutons, après avoir roulé vingt kilomètres en quatre heures … je reprends mon rythme de piéton.

Cette montée n’aura servie à rien : la piste redescend vers la Hvita qui a tranquillement contourné le Blafell par l’est.

pont sur la Hvita




Je repars à l’assaut du plateau. Le vent décroît au fur et à mesure que la température baisse. Les montagnes qui m’entourent s’embrument. Je pose la tente au bord de la piste dans ce décor silencieux nappé de quelques gouttes de pluie.

en montant sur le plateau ; vue sur le Blafell






Hrutfellsjokull






mardi : route F35 – Hveradalir (rando 11km) – route F35 (35km)




Au réveil les montagnes de Kerlingarfjoll sont couvertes de neige.






Je fais six kilomètres jusqu’à l’embranchement pour la F347 alors que le soleil prend peu à peu le pas sur la grisaille. Je m’engage à droite sur cette piste en aller-retour.
Elle descend bientôt sur une jolie chute, puis continue son parcours en dent de scie en se rapprochant de la montagne.

Gygjarfoss



La neige qui en couvrait les pentes ce matin disparaît très vite sous l’ensoleillement vivifiant.



Le hameau d’Asgardur apparaît tel un mirage après une ultime bosse. Un camping, quelques lodges neuves, d’autres en construction … les promoteurs ont du sentir l’attrait touristique du site de Hveradalir.



Je laisse le vélo sur un parking herbeux et m’engage sur le sentier qui monte sèchement le long d’une ligne de crête. Après avoir contourné un petit glacier il me conduit après près de cinq kilomètres au sommet de Hveradalir.

vue depuis la ligne de crête



au-dessus de la langue glaciaire, vue sur le plateau du Kjolur et du Langsjokull





Le canyon aux montagnes ocres apparaît soudain à la vue du promeneur, complètement dissimulé aux yeux de celui qui reste sur la F35. Ce monde perdu de fumerolles noyant les collines dans une formidable nuance de jaunes est un havre de beauté.



Un sentier qui descend vers les torrents dont l’eau est tiédie par les sources thermales permet d’en contempler toutes les variétés de ton. En regardant le soir les clichés, je suis agréablement surpris de constater à quel point ce que j’ai observé sur place a été si bien restitué.














Je reviens par le même sentier au hameau, et reprends le fil de la F35. Cet aller-retour de vingt kilomètres est assurément un des plus beaux détours d’Islande.




Je continue ma montée sur le vaste plateau du Kjolur, et trouve malgré le vent un joli spot de bivouac au pied de la dernière rivière à s’écouler vers le sud. Demain j’entame la longue descente vers les vallées du nord.

vue sur les Kerlingarfjoll ; je ne m'en lasse pas !









mercredi : route F35 – Adalmannsvatn (85km)







En franchissant la Seydissa la piste devient plus roulante, et ça devient Byzance le long des quinze kilomètres qui contournent par l’ouest le vaste lac de barrage de Blondulon.

L’eau y est déviée par une prise dans une conduite forcée profonde de 287 mètres ; 720 gwh y sont produits chaque année.






Sur une éminence surplombant le lac apparaît la silhouette en forme de temple de l’Eiriksjokull





Après le barrage je tourne à droite par la F756. Elle longe le lac par le nord en traversant un plateau verdoyant. 


Cette piste à une voie ressemble à certains de nos larges chemins de campagne très peu fréquentés ; elle est du coup très roulante. Pas besoin de freiner dans les multiples descentes … j’arrive sans peine au petit lac d’Adalmannsvatn où un recoin au nord de la route m’offre un coin pour la nuit.





jeudi : Adalmannsvatn – Jonas Hallgrimsson Monument (106km)





Je me réveille sous un ciel estival. Je retrouve avec plaisir ma piste de la veille. Elle reste pendant une quinzaine de kilomètres sur ce haut plateau, avant d’amorcer la longue descente vers la vallée.




Le décor est somptueux. 

Je termine de façon beaucoup plus agréable cette traversée du Kjalvegur que je ne l’avais entamée. 
Cette route 756 est une excellente option pour gagner le lac de Blondulon depuis le village de Varmahlid sur la route 1, via la 752, en pédalant pendant 60 kilomètres sans voitures. Ce fut pour moi jusqu'à présent un des plus beaux itinéraires cyclables du pays.

De retour sur la circulaire cent kilomètres me séparent d’Akureyri. Je remonte la vallée de l’Heidara, et bivouaque après le col dans un petit bois où une stèle rend hommage au poète Jonas Hallgrimsson.

autour de la route 1






vendredi : Jonas Hallgrimsson Monument – Akureyri (37km)



Deuxième journée d’été … je prends ! Je retrouve la ville d’Akureyri avec plaisir pour un repos bien mérité !

De Godafoss à Dettifoss : du 26 août au 1^er septembre 2023










samedi : Akureyri



Journée de pluie et de vent ; je profite de la grande salle à manger du camping pour prolonger mon repos à l’abri.





dimanche : Akureyri – vallée Skjalfandafljot (58km)





A Akureyri je mange pour la dernière fois un fish and chips au vendeur de rue situé sur la place qui ferme la rue piétonne, et traverse une nouvelle fois le fjord. 
Je laisse la route pour Grenivik continuer vers le nord et passe la montagne par la route 84, qui redescend bientôt sur la vallée de la Fnjoska.








Je récupère la route 1, qui a traversé la montagne par un tunnel, et qui me conduit à la belle chute de Godafoss.









Je bivouaque quelques kilomètres en amont de la chute dans la Bardardalur.



lundi : vallée Skjalfandafljot – Myvatn (68km)



Je poursuis la remontée de cette vallée par une piste assez roulante.
Des maisons très éloignées les unes des autres en occupent les flancs. La route finit par monter sur le plateau, puis j’oblique plein nord par une piste secondaire vers Myvatn. Cette rallonge de 25 kilomètres sans voitures m’a fait éviter la circulaire.








En arrivant aux abords du lac je suis pris d’assaut par les insectes. « My » signifiant moucheron et « vatn » lac, le Myvatn se visite avec filet sur la tête.


Un petit arrêt au sud pour marcher au pied de pseudo-cratères, puis je file trouver un coin pour planter la tente le long de la rive est.







mardi : Myvatn bivouac – Myvatn camping (12km) + boucle cratère Viti (40km)





Avant midi je gare le vélo sur le parking de Dimmuborgin. C’est un site remarquable où des sentiers permettent de déambuler dans un champ de lave au milieu duquel les bouleaux ont trouvé racine.


De nombreuses formes naturelles ont été sculptées par les éruptions, dont des arches, et même une petite église.


















Une piste cyclables est en construction. Je profite de la partie achevée pour rejoindre Reykjahlid, où je laisse mon barda au camping.








En montant vers le cratère de Viti, un cycliste vient à ma hauteur. 
C’est Eric, un Suisse, que je croise pour la troisième fois. Il a lui aussi laissé ses affaires au camping. On monte donc ensemble au cratère en se racontant nos dernières péripéties.




Juste avant le cratère le site de Leirhnjukur est un autre champ de lave, avec de nombreuses fumerolles. Le décor est ici complètement lunaire ; splendide sous le soleil.
















En revenant en soirée vers Reykjahlid, on fait un petit crochet vers la faille de Grjotagja, qui dissimule une source chaude à 60° cachée dans une grotte. 
Eric me dit qu’il y a quelques années on pouvait encore s’y baigner, mais plus maintenant. Dommage les moucherons ne semblent pas attirer par la chaleur de la grotte.












Juste avant d’aller dormir, le Myvatn nous gratifie d’un magnifique coucher de soleil.









mercredi : Myvatn – vallée Jokulsa a Fjollum (32km)



Je laisse Eric à la petite supérette du village, après lui avoir distiller quelques infos sur son itinéraire des jours à venir : il s’en va affronter avec sa remorque la redoutable route F26.








Pour moi c’est plein est pendant 25 kilomètres par la route 1, puis plein nord par la 862. Une petite piste part à droite vers le fleuve. J’en profite pour y bivouaquer avant d’entrer dans la Parc national de Jokulsargljufur.










jeudi : vallée Jokulsa a Fjollum – Asbyrgi (62km)






Le premier arrêt après vingt kilomètres est pour la chute de Dettifoss. La Jokulsa prend sa source directement depuis l’immense calotte glaciaire du Vatnajokull ; son débit phénoménal est un témoin de la fonte inexorable du glacier.








De retour sur la route principale, un coin de pique-nique dévoile une rare vue sur la vallée, sans en dévoiler cependant tous les secrets.



Je fais donc une deuxième incursion vers le fleuve au site de Raudholar. La descente à 17 % jusqu’au parking est bien sèche. Le sentier de randonnée monte lentement vers la montagne de Raudholar, dont la pente rouge domine la Jokulsa.






Un circuit en boucle permet de revenir au point de départ en passant au pied de ces énormes formations rocheuses. Un site remarquable.






Peu de voitures font le détour par Raudholar ; je me permets quelques virages supplémentaires en zigzag pour atténuer la pente, et reprends le cours de la 862 jusqu’à son terme.

Le camping d’Asbyrgi est idéalement situé à l’entrée du canyon. Formé il y a plusieurs milliers d’années à l’écart du fleuve suite à un tremblement de terre, ce lieu boisé à l’abri de hautes falaises est un abri pour de nombreux oiseaux. Des sentiers permettent de le parcourir à loisir.








Depuis le camping on peut aussi grimper sur la falaise et avoir un aperçu plus aérien de ce site magnifique.













vendredi : Asbyrgi (rando 15 km)



Je pars tôt le matin randonner dans la partie est du canyon. Passé la falaise, le sentier mène après cinq kilomètres le long de la Jokulsa.




Puis il revient vers Asbyrgi en traversant une lande arbustive qui s’est développée autour de roches volcaniques.




Le retour se fait en longeant la falaise.






Quasiment invisible depuis la route, ce parc national de Jokulsargljufur est un vrai coup de cœur !

Bonjour

Un grand merci pour toutes ces photos et ce récit qui me ramènent quelques années en arrière lors de nos nombreuses visites de ce magnifique pays, hélas atteint par le sur-tourisme et son corollaire, de multiples limitations.

Bonjour Oziandro et merci.
Pays très touristique en effet, mais on peut encore heureusement y trouver quelques chemins de traverse.
De nombreux sites ont leur parking payant, et on croise sur certaines routes le soir de longs convois de bus revenant d'excursions.
De nombreux lieux également interdits au bivouac ; en vélo cependant on arrive toujours à trouver un endroit relativement caché.
Comme c'est mon premier voyage en Islande, il faudra que je revienne dans quelques années constater de l'évolution...

Il me semblait que pour les voyageurs à vélo, les restrictions au bivouac ne s’appliquent pas ( sauf parc national) , car on ne peut pas exiger d’un cycliste qu’il parcoure la distance entre 2 campings en une seule journée ?

Oui, je crois qu'il y a une règle plus ou moins tacite concernant les cyclistes.
D'une façon générale je pense qu'ils veulent éviter les grands rassemblements la nuit de véhicules au abords des lieux touristiques ; d'où ces interdictions de camper n'importe où. Et puis ça fait marcher les campings.
Les policiers me semblent plus occupés à sanctionner les excès de vitesse ; et les amendes peuvent paraît il être très salées !

Vu la fragilité de la végétation en Islande, on voit souvent des panneaux à ce propos, et les comportements parfois peu respectueux de certains, je trouve que ce n'est pas si mal que les haltes nocturnes pour les vans et les campingcars  soient limitées aux campings, dans les zones les plus fréquentées en tout cas.Les tarifs, avec la carte, restent abordables.
 Il faut probablement accepter quelques limitations pour sauvegarder la nature pour tout le monde. 
Cependant sur la côte nord, où il y a moins de monde ( en tout cas c'était le cas en 2019) j'ai vu pas mal de campingcars stationnés  pour la nuit sur des aires ou parkings en bord de route. Vu les distances à couvrir, je serais étonnée qu'il y ait verbalisation.

Tu étais en Islande ce vendredi car il y a eu une belle tempête ? Ma fille en trek a eu de la chance d'avoir une place en refuge... Mais le refuge tremblait de toutes parts et ils ont ensuite été évacués. Ah le temps Islandais...

Bonjour Marifb,
Oui une grosse tempête était annoncée ce vendredi et samedi dans le sud et l'ouest du pays.
La où je suis les vents ont soufflé jusqu'à 80km/h. Je suis resté ces deux jours dans un bois, donc très bien abrité !
Aujourd'hui le vent a repris une force acceptable :-)
Le temps islandais est toujours très changeant ; il vaut mieux rester à l'affût de ses humeurs !

Heureusement pour toi! Elle était dans le sud (Thorsmork) où des rafales étaient annoncées à plus de 100 km/h. J'ai des souvenirs de tempête avec une nuit blanche où les pierres volcaniques s'envolaient littéralement. Plus tard de retour au camping de Reykjavík nous avons constaté que notre tente était la seule intacte (il faut dire qu'on avait uniquement un piquet central qu'on a cramponné toute la nuit). C'était les débuts des tentes à arceaux et quelle que soit la marque, tout le monde était obligé de rafistoler les arceaux avec du gros scotchs...
Bonne continuation à toi.

Nord-Est, ce no man’s land : du 1er au 9 septembre 2023











vendredi/samedi : Asbyrgi – bois Vadkotsa (5km)



Depuis quelques jours une tempête est annoncée ce week-end sur le pays. En regardant les dernières prévisions le nord-est semble être le moins touché.


Le camping d’Asbyrgi est au milieu des arbres, mais il est cher. Je n’y resterai pas deux jours de plus. Eric s’était arrêté mangé dans un bois situé à cinq kilomètres de l’entrée du parc national ; il m’avait dit que je pouvais y bivouaquer sans problème.


En me rendant sur place le lieu est en effet idéal. Un petit parking au bord de la route marque l’entrée du site. Je pousse la barrière et parcours le sentier circulaire. Je pose la tente à côté d’une table. Personne ne viendra s’y promener pendant ces deux jours.








Le soir les oiseaux viennent s’installer pour la nuit dans les pins. Ça piaille le temps que chacun délimite son territoire. Puis le silence se fait. Seul le vent fort vient faire bouger la cime des arbres. Mais en bas on ne ressent rien. La protection est parfaite.


J’ai de quoi manger ; de la lecture … que demander de plus ?






dimanche : bois Vadkotsa – Nupskotluvegur (68km)





La route 85 qui conduit à Kopasker longe la Jokulsa qui se jette dans l’océan par un petit delta.








Le musée sur l’éruption du Krafla de 1976 qui a détruit des maisons de Kopasker est fermé.


Oxarfjordur






Kopasker








Passé le village je poursuis par la piste 870 qui fait le tour de la Melrakkasletta, et fais le détour par Raudinupur, à la pointe nord-ouest.


Un sentier mène au phare au pied duquel deux colonnes détachées de la falaise abritent une belle colonie de fous de Bassan. Ces grands oiseaux sont ici facile à observer ; ils sont très impressionnants quand ils plongent dans la mer chercher leur repas.












Je refais à l’envers les sept kilomètres vers la piste principale et campe à la jonction des deux routes.





lundi : Nupskotluvegur – rivière Sanda (88km)



Le vent m’accompagne ce matin jusqu’à la pointe nord-ouest de la Melrakkasletta, cette grande plaine constellée de lacs baignée au nord par l’océan arctique.


La piste sentant bon l’iode longe une côte déserte à quelques encablures seulement du cercle polaire arctique.












Elle récupère le bitume en arrivant à Raufarhofn. 






Un étrange monument est en construction au dessus du village. Seules les portes monumentales en pierre ont été érigées. Ce futur enclos circulaire faisant référence aux Mythes et Sagas nordiques produira un jeu de reflets entre l’ombre et la lumière projetés par le soleil au cours des saisons.








Après avoir longé l’Ormarsa je retrouve la route 85 qui prend du relief ; de belles vues du Thistlfjordur apparaissent, avec la grande péninsule de Langanes qui le ferme à l’est.




vallée de l'Ormarsa








Pistilfjordur ; vue sur Thorshofn








Je campe à proximité de la Sanda, une belle rivière à truites et saumons.  









mardi : rivière Sanda – Gljufurarfoss (110km)





Vingt kilomètres après avoir quitté mon campement je me ravitaille au village de Thorshovn.








Une piste part au-delà du village explorer la péninsule sauvage de Langanes ; je la délaisse pour celle qui coupe directement par la montagne rejoindre la baie de Bakkafloi.


Au sommet du Gunnolfsvikurfjall est planté un observatoire, le lieu idéal au milieu de ce no man’s land où aucune lumière ne vient polluer le ciel.




Gunnolfsvikurfjall








Après avoir longé la baie je retourne dans la montagne. 
Au sommet du plateau à près de 300m de haut apparaît la pointe du Dyjafall qui enserre à l’est le Vopnafjordur. 
Je plonge tout schuss vers la village éponyme, puis contourne le fjord pour aller dormir à proximité de la Gljufurarfoss.


Vopnafjordur










Gljufurarfoss






mercredi : Gljufurarfoss – passerelle Jokla (52km)



Après quatre kilomètres de piste une barre montagneuse obstrue ma vision dès le matin. La route se perd en lacets à l’assaut de l’un des plus hauts col du pays, le Hellisheidi, à plus de 730m de haut.








Le panneau situé au bas de la pente est trompeur. La distance inclut la descente de l’autre côté du col, et le 15 % n’indique pas la pente moyenne, mais la déclivité la plus forte. 


Le faux-plat montant depuis le fjord m’a déjà fait gagné 80m de dénivelé : il ne me reste plus que 6,5 kilomètres de crapahute à 10 % de moyenne, avec des passages à 12, puis 14 % … c’est déjà pas mal !


Pas de vent ; une piste plutôt roulante … tout se passe bien jusqu’à ce que l’attache rapide de la chaîne casse subitement. Je réinstalle une chaîne neuve, en espérant que le reste de la transmission déjà usée l’accepte. Pas l’idéal de l’étrenner sur du 12 %, mais ça fonctionne, même si le galet inférieur se montre un peu récalcitrant.


Au sommet la vue est splendide sur le Vopnafjordur à l’ouest, et l’Héradsfloi à l’est. Pas de plateau interminable ; c’est un vrai col qui redescend aussitôt sur la plaine de la Jokla.


col côté Vopnafjordur...






... et côté Heradsfloi






Heradssandur






Un vent de sud me prend en charge dès les premiers instants où je remonte la vallée. Trente kilomètres à subir ses humeurs ; j’ai le temps de voir du paysage, surtout quand la piste prend un peu de hauteur pour desservir des petites maisons construites à l’abri de dépressions dans les collines.


vallée de la Jokla






Je stoppe ma journée en contre-haut d’une passerelle que je franchirai demain pour changer de vallée.




passerelle sur la Jokla










jeudi : passerelle Jokla – Bakkagerdi (66km)



Journée inverse de celle d’hier. Je commence par de la vallée, par des pistes aujourd’hui pluvieuses, pour arriver en fin de journée au pied d’une autre montagne.




reconstitution d'une église en tourbe de l'époque vikking (1000 - 1300)








La grande plaine de l’Heradssandur sert d’embouchures à la Jokla et à la Lagarfljot, qui se rejoignent juste avant d’atteindre la mer. 

Une troisième rivière, la Selfljot, s’écoule à l’est de la baie.
C’est avant de franchir le pont qui la traverse qu’apparaît soudain une nouvelle barre montagneuse.




Le temps que j’entame les premiers lacets, le col situé à 500m de haut se découvre complètement, et la brume gagne la plaine avant de s’évaporer totalement avec le retour du soleil. J’ai tout le temps de la crapahute pour admirer cet étonnant jeu de lumières de ce début de soirée.




Vatnsskardsvatn




Geldingafjall




La bascule me conduit dans la baie de Njardvik.




Il ne me reste plus qu’à contourner la route à flanc de montagne pour gagner le camping de Bakkagerdi.








vendredi : Bakkagerdi : col de Lodmundarfjordur (50km AR)



Le petit village de Bakkagerdi est une communauté active, avec une supérette, un bar, un restaurant.




Comme ailleurs en Islande les habitants cumulent plusieurs emplois. 
En septembre commence le rapatriement des moutons. Les fermiers qui n’ont pas assez de terre dans les vallées ont lâché leurs bêtes dans la montagne. Un long travail communautaire débute pour ramener un à un les ovins disséminés dans la nature.

Je pars avec le vélo vide de son chargement sur la piste F946. Elle part à l’assaut de deux cols aux pentes très irrégulières, et se fraie un passage étroit parmi ces montagnes désertes.




Mont Hvitserkur, formé après une éruption depuis une ancienne caldeira : basalte noir et ignimbrite claire











baie de Husavik








refuge de Husavik : tout confort !






En haut du deuxième col – 3,5km à 12 % de moyenne – je laisse le vélo et marche pendant vingt minutes sur la ligne de crête pour trouver un point de vue sur le Lodmundarfjordur.



Une petite péninsule le sépare seulement du Seydisfjordur, par où le ferry me reconduira au Danemark dans dix jours ; il me reste encore un peu de temps pour visiter du pays.







Samedi : Bakkagerdi : Hafnarholmi (10km AR)



Pour deux nuits passées au camping, la troisième est offerte. Le temps étant à la pluie ce samedi, ça m’arrange.

Je pars faire une petite sortie au site d’Hafnarholmi, situé à cinq kilomètres à l’est du village. Un petit îlot protège le port du grand large. Une plateforme permet d’y observer des macareux, de la mi-avril à début août. On voit encore leur trou de nidification au pied de l’observatoire ; c’est assurément l’endroit le plus facile d’Islande pour voir ces oiseaux de très près.




J’y vois pour ma part quelques fulmars qui font de belles envolées en passant juste au dessus de moi ; ce sont de beaux oiseaux au cou massif.




En revenant au village, Lindarbakki est la seule maison de tourbe qui a survécu. Construites à partir de 1900, elles ont été systématiquement détruites pour les remplacer par des habitations plus modernes.




Je me réfugie ensuite dans la petite salle commune du camping. Je ne regrette pas mon escapade dans ce magnifique cul de sac.

#vélo