l'Islande à vélo
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l'Islande à vélo
A Torshavn, lorsque le Norrona donne un coup de sirène pour annoncer son arrivée au port, l’agitation bat son plein sur les quais. Sur la passerelle, les passagers pour l’Islande observent les manœuvres d’appareillage. Puis la longue cohorte des véhicules entrent dans le ventre du navire. Le ferry reprend alors le large, et un magnifique arc-en-ciel le salue alors qu’il quitte l’archipel.
Le lendemain matin, Seydisfjördur, petit village avec son église bleue située au fond d’une baie profonde, est la porte d’entrée pour l’Islande.
Une fois sur le vélo, deux impressions dominent : la fraîcheur, et l’espace. L’eau semble jaillir de partout, et mes montagnes dont les sommets se perdent dans la brume ne semblent pas avoir de limites.
Mulafoss
jeudi : Seydisfjördur – Vattarnesvegur (80km)
vendredi : Vattarnesvegur – Breiddalsvik (90km)
samedi : Breiddaslsvik – ferme de Pvotta (97km)
Au démarrage, c’est un col de 600 mètres qu’il faut gravir. S’ensuit un plateau en faux-plats montants et descendants avec au bout une vue sur le longiligne lac Logurinn au pied du Snaefell.
Je fais le plein de victuailles et de cash à Egillstadir, et m’engage plein sud sur la route circulaire 1.
Les fjords du sud-est sont noyés dans le fog. Ils ne dévoilent leurs contours qu’au hasard de courtes éclaircies.
un bout de piste entre Vattarnes et Faskrudsfjordur
Les villages de pêcheurs, assez éloignés, marquent les pauses. Celui de Faskrudsfjordur est le plus francophone : c’est ici que vinrent s’établir les pêcheurs d’Islande flamands et bretons chers à Pierre Loti. Les noms de rues y sont traduits en français, et l’hôpital, ainsi que la petite chapelle, y sont reconstitués à l’identique selon les modes de construction norvégienne.
Stödvarfjordur
bivouac après le village de Breiddalsvik
Djupivogur ; au fond à gauche croise un paquebot
Djupivogur apparaît après le long contournement d’un fjord pluvieux. Je prends la première piste qui descend vers le port, et tombe à ma grande surprise sur des convois de cars de tourisme. Au large croise un paquebot. Ce village, qui gravite autour d’un petit musée, est un guet-apens ; même les toilettes publiques sont prises d’assaut.
dimanche : ferme de Pvotta – Haukafell (109km)
La météo de ce dimanche annonce peut-être ce qui m’attend les jours à venir : vent le matin, pluie l’après-midi, plein soleil le soir … trois saisons en une journée.
Le vent me pousse le long des montagnes lissées par les glaciers de jadis qui recouvraient tout le pays.
La lagune de Lon est séparée de la mer par un long cordon de sable noir et de galets. Depuis la route je repère une petite masse sombre émergeant par instants de l’océan. Je m’approche un peu de la plage et ne tarde pas à débusquer l’animal.
lagune de Lon
La pluie prend le relais du vent jusqu’à la montée vers le tunnel pour Hofn. Le centre administratif de cette région du sud-est est un cul-de-sac. Je profite d’un « Netto » ouvert pour faire le plein de provisions et file en soirée en direction du Vatnajökull, la plus grande calotte glaciaire d’Europe, qui est assise sur des volcans : dangereux mariage du feu et de la glace.
paysages autour de Hofn
Depuis la route 1 une piste de six kilomètres mène au camping très basique de Haukafell : des toilettes, une évier avec de l’eau froide, pas d’eau potable … le tout pour dix euros. C’est un peu roots. Mais un sentier permet d’accéder en trois-quart d’heure au plus près de la langue glaciaire de Flaajökull.
camping de Haukafell
lundi : Haukafell – Sionyfoss (96km)
C’est donc tôt ce lundi que je marche jusqu’à la langue. Le sentier finit par se perdre dans les moraines latérales. Je me choisis un beau caillou pour admirer les sculptures de glace naturelle que même un artiste n’aurait peut-être pas imaginées.
La plaine que la route 1 traverse est marquée par les coulées de lave qui ont émaillé l’histoire de la région. Le site de Jökulsarlon rompt la monotonie de la route. Ce lac, formé en bas de la zone d’ablation du glacier, charrie un nombre impressionnant d’iceberg. Et comme à cet endroit le Vatnajökull tombe dans la mer, de gros glaçons se promènent régulièrement le long de la côte au gré des marées.
le pont de la route 1 traverse la petite rivière entre le lac glaciaire et l'océan
oie bernache
Au bout d’une journée de 100km, je n’ai parcouru que la frange sud-est du Vatnajökull ; cet amas de neige tassé depuis les âges glaciaire s’étend sur une superficie phénoménale.
mardi : Sionyfoss – Skaftafell (29km)
Avant la route qui mène à gauche vers le cap rocheux d’Ingolshöfdi, une petite colonie de sternes arctiques a squatté les abords de la station service. Les juvéniles patientent au bord de la route le retour des parents, et les adultes qui mènent la garde n’hésitent pas à me frôler la tête de très près, en criant pour m’inciter à foutre le camp. La menace est sérieuse ; je file bon train.
cap d'Ingolshöfdi
A Hof l’église de 1884 est la dernière église en tourbe construite à l’ancienne mode.
A midi j’arrive à Skaftafell. Je me pose au camping du parc national, dont le prix est le double de celui de Haukafell. Mais il y a la douche chaude, et de superbes randonnées à faire. J’opte l’après-midi pour la boucle S3, qui offre de magnifiques vues sur la langue glaciaire de Skaftafelljökull, ainsi que sur la végétation surprenante qui squatte les contreforts du Vatnajökull. La petite forêt de bouleaux qui surplombe le camping semble être une anomalie de ce décor minéral.
lagopède alpin
très vite une vue se dégage sur la langue glaciaire de Skaftafell...
... dominée par le Hvannadalshnukur, le toit de l'Islande à 2110m
au plus haut point de la rando, ce bruant des neiges faisait résonner son chant dans toute la montagne
le chemin du retour passe par les prairies d'altitude ...
et offre, avant de redescendre, un ultime point de vue sur le Vatnajökull
sebb- Messages : 76
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Re: l'Islande à vélo
les "sculptures dans la glace" sont impressionnantes, d'où viennent ces reliefs ?
J'ai regardé la carte avec tes traces, ouah tu as fait des épingles à cheveu! Ca a du ralonger incroyablement le parcours le long de la côte... Ce sont des fjords ?
Re: l'Islande à vélo
Pour l'anecdote, depuis lundi une nouvelle éruption à commencée sur la péninsule de Reykjanes, au sud-ouest de Reykjavik. Certainement un beau spectacle en perspective.
Re: l'Islande à vélo
Dr.Telung- Messages : 1888
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Re: l'Islande à vélo
Re: l'Islande à vélo
Dr.Telung- Messages : 1888
Date d'inscription : 23/09/2022
Re: l'Islande à vélo
C'est sauvage et cela nous rafraîchit.
Hiacinthe- responsable de rubrique
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Re: l'Islande à vélo
Les sculptures de glaces sont le travail de l'érosion, qui est particulièrement efficace dans les langues du glacier.
Les fjords sont en effet parfois longs à contourner, mais il n'y a pas d'autres alternatives ; sauf le premier qu'un tunnel sous la montagne permet de court-circuiter. Mais j'ai préféré aller faire mon premier bivouac à l'abri d'un fjord tranquille.
Pour l'éruption, j'en parle dans le post qui suit...
sebb- Messages : 76
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Re: l'Islande à vélo
mercredi : Skaftafell – rivière Skfata (78km)
De retour sur la plaine côtière, de nombreux ponts de la route 1 sont en reconstruction, avec des normes encore plus strictes. Ici les rivières glaciaires sont dévastatrices en cas de tremblements des volcans, et peuvent comme en 1996, transporter de gros glaçons qui vont venir percuter les fondations des ouvrages.
En 1783, le volcan Laki, en retrait derrière les montagnes, est entré en éruption. Gaz et poussières de cendres se répandirent jusqu’en Europe, ayant une incidence sur les mauvaises récoltes, en France notamment et fut, peut-être, unes des nombreuses causes de la Révolution. Aujourd’hui des mousses à l’écosystème fragile ont recouvert les champs de lave de l’Eldhraun.
Peu après le ravitaillement à Kirkjubaejarklaustur, un chemin mène après la route de Holt vers un joli spot de bivouac autour de la rivière de Skafta.
jeudi : rivière Skafta – Skogafoss (116km)
Le vent me pousse jusqu’à Vik, où je suis bien surpris de trouver dans ce petit village un centre commercial très actif ; tous les usagers de la route circulaire semblent s’y être arrêtés.
Après un petit détour par Dyrholaey, le cap le plus au sud de l’Islande, je profite du vent favorable pour gagner le site de Skogafoss. La chute est spectaculaire, et comme une belle rando continue après le belvédère, je me pose au camping pour la nuit.
Dyrholaey
Skogafoss
vendredi : Skogafoss – Seljalandsfoss (30km) (avec rando de 32km)
Le sentier qui remonte la Skoga passe au dessus de nombreuses autres chutes ; c’est très agréable.
au départ de la randonnée
la chute au niveau du belvédère
rivière Skoga
Après 7km, une passerelle franchit un bras de la rivière. Je décide de continuer par le chemin qui longe au plus près la Skoga. Très vite le sentier disparaît. Le balisage est assuré par des poteaux de couleur assez distants les uns des autres. Le décor est minéral ; le sol est volcanique. Des montées dans le sable succèdent à des descentes vers de petits névés. Il n’y a plus âme qui vive dans cet endroit. Je croise seulement un corbeau ; les autres randonneurs ont continué par la piste montant régulièrement par la crête. C’en est presque flippant ; que vienne une brume épaisse et je ne saurai plus lire le paysage.
une petite rivière à franchir
Puis après une raide montée dans un gravier glissant, je gagne enfin la crête volcanique où est posé le refuge de Fimmvörduskali. Quatre bonnes heures de crapahute pour me hisser entre les glaciers d’Eyjafjallajökull et de Myrdalsjökull. C’est le premier qui en 2010 a perturbé tout le trafic aérien d’Europe suite à son éruption. La plaine qui s’étend en contrebas du refuge constitue une récompense inestimable après tant d’efforts. Les petits cratères de Magni et de Modi forment un des paysages les plus récents au monde.
en haut de la crête volcanique, le refuge
le glacier d'Eyjafjallajökull apparaît sur la gauche
la plaine volcanique au pied du refuge, dominée par les deux petits volcans
zoom sur le Modi
La rando continue vers la vallée isolée de Porsmörk, mais mon vélo ne m’y attend pas. Je reviens à Skogafoss après trois heures de descente par la piste, et reprends la route pour 30 km de plat jusqu’à une autre chute, Seljalandsfoss. Ici on peut passer sous la cascade ; c’est un peu humide, mais c’est très amusant.
Le camping n’existant plus, je bivouaque en face la chute de Gljufrabui.
samedi : Seljalandsfoss – Vestmanna (18km)
Les îles Vestmann se gagnent après une traversée en ferry de 40 minutes. Ce sont quinze îles hors du temps, dont la plus jeune s’est formée en 1963 suite à une éruption marine. Seule l’île d’Heimaey se visite. On peut facilement marcher au sommet des deux petits volcans, ou aller jusqu’à la pointe de Storhöfdi observer les macareux.
au sommet des volcans
Storhofdi
Le camping de Porsheimilid regorge d’Islandais en vacances. Certains camping-cars se sont garés en carré, comme faisaient les roulottes au temps de la conquête de l’ouest pour se protéger des attaques. Ici on se protège peut être du vent ; c’est surtout l’occasion de rassembler toutes les tables pour un dîner commun. C’est très convivial. A l’image de cette petite ville bien animée autour de sa rue piétonne.
dimanche : Vestmanna – phare de Loftsstadir-Vestri (107km)
lundi : phare de Loftsstadir – Hafnarfjördur (99km)
En quittant le ferry j’entame une séquence loin de la route circulaire bruyante, excepté un petit tronçon autour de Hella. Des routes ou des pistes désertes desservent d’anciens villages de pêcheurs, comme Stokkseyri et Eyrarbakki, avec de petites maisons typiques de style norvégien.
depuis le sud-ouest très agricole, vue sur les îles Vestmann...
... ou sur l'Eyjafjallajökull
la Pjorsa ; chutes d'Urridafoss
phare de Loftsstadir
Eyrarbakki
Après Porlakshöfn j’entre dans la péninsule de Reykjanes. Depuis quatre jours des tremblements de terre ont été ressentis dans toute la région. De nombreux avions et hélicoptères survolent cette zone déjà éruptives les deux précédents étés.
Je monte dans le géoparc de Reykjanesfolkvangur par la route 42. A Seltun un petit circuit pédestre passe au plus près de sources thermales bouillantes sentant l’œuf pourri.
Géoparc ; lac vert
Seltun
Alors que je redescends vers la côte, une voiture s’arrête à ma hauteur :
« As-tu vu l’éruption ? Elle a commencé depuis une demi-heure » me lance un Islandais depuis sa vitre entrouverte.
Comme j’arrive à la hauteur de la piste 428 qui repart vers le sud-ouest, j’emboîte le pas de trois jeeps et grimpe pendant plus de deux kilomètres sur cette mauvaise route de cailloux bien venteuse. Je laisse le vélo au bord du plateau et grimpe sur une éminence. Le panache de fumée commence à prendre de l’ampleur ; il s’élève bien au dessus des nuages, tel un monstre gigantesque prêt à avaler la montagne qu’il surplombe. Quel spectacle !
Quand je reviens sur la route 42, la barrière a été baissé et une voiture de police bloque l’accès à la piste ; principe de précaution, car l’éruption qui s’est déclenchée sur un petit volcan du nom de Litlihrutur est à 15-20 km et ne présente pas de danger immédiat.
mardi : Hafnarfjördur – Reykjavik (23km)
A Hafnarfjördur je suis déjà dans l’aire urbaine de Reykjavik. Le panache de fumée qui s’échappe au dessus de la marina est toujours aussi actif, et risque de l’être pendant plusieurs jours.
Après presque deux semaines à pédaler dans le no man’s land islandais, la présence d’une grande ville étonne. Il me faut choisir entre plusieurs routes pour gagner le centre-ville, avec un bon choix de pistes cyclables. Cette capitale très nordique est très agréable à visiter sous le soleil, avec ses monuments emblématiques comme Hallgrimkiirja, imposante église de basalte, ou le lac aux oiseaux de Tjôrnin.
Reykjavik...
sebb- Messages : 76
Date d'inscription : 18/02/2023
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Re: l'Islande à vélo
À quelle distance étais-tu du macareux photographié ?
Re: l'Islande à vélo
On les voit également très bien depuis le ferry, à l'entrée de l'île donc, en train de planer au dessus de l'eau avant de se poser.
Le meilleur site pour les voir de près est celui du phare de Sumburgh, tout au sud de l'île principale des Shetland ; j'y étais l'année dernière à la même époque, et on pouvait les observer de très près.
sebb- Messages : 76
Date d'inscription : 18/02/2023
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Re: l'Islande à vélo
Ta remarque sur les 3 saisons en une journée m'a rappelé le proverbe islandais : " Le climat ne te plaît pas ? Attend 5 minutes ! "
TousTerriens- Messages : 13
Date d'inscription : 24/09/2022
Re: l'Islande à vélo
sebb- Messages : 76
Date d'inscription : 18/02/2023
Re: l'Islande à vélo
Le comportement que tu signales en camping, le cercle formé par les campingcars islandais, nous l'avons observé tous les vendredi soirs et week ends . Ils se rassemblent entre amis ou famille.
Sissi57- modérateur
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Re: l'Islande à vélo
mercredi : Reykjavik – PN Thingvellir (54km)
Au camping de Reykjavik, les cartouches de gaz que les vacanciers ne peuvent ramener dans l’avion sont empilées sur une étagère, dont une bonne dizaine de couleur bleue ; j’embarque la moins vide. Ça retardera le temps où je devrai faire cuire mes pâtes au sommet d’un volcan.
La route 36 monte au lac de Thingvallatn. Le vent, froid et fort, me fait zigzaguer : j’invite d’un mouvement de la main les camping-cars à faire un écart pour me dépasser.
route 36
lac de Thingvallatn
Au nord du lac, un camping offre pour moins de 9€ des commodités basiques mais de larges espaces ; il est tenu par les Rangers
jeudi : PN Thingvellir – vallée de Grimsa (55km)
Le Parc national de Thingvellir occupe une place à part dans le cœur des Islandais. L’Althing – le premier Parlement – y fut fondé en 930. Et le 17 juin 1944, l’actuelle République y fut proclamée après référendum.
C’est dans une faille protégée par des éperons rocheux que le site national de Thingvellir a vu le jour. L’Assemblée s’y tenait en plein air, mais des petits bâtiments en pierre surmontés de toiles tendues permettaient de s’y abriter. Les « Sagas » – véritable roman national – font très souvent référence à Thingvellir, que l’on visite aujourd’hui facilement au moyen de sentiers aménagés.
Quand je reprends la route à midi, une rafale manque de m’envoyer à terre au sortir du camping ; ça promet !
La route 550, bien qu’asphaltée, n’est pas une promenade de santé avec ce vent de nord glaçant, notamment lorsqu’il faut passer l’obstacle d’une côte de un kilomètre à 14 %.
Je prends lentement de l’altitude, et couvre 25km à 6km/h de moyenne.
le vent soulève beaucoup de poussière
Au bout du bitume je tourne à gauche par la route 52, qui tombe bientôt dans une large vallée glaciaire où les coins de bivouac ne sont pas légion. Alors quand un chemin avec barrière ouverte part sur la droite vers la rivière Grimsa, je m’y engage sans réfléchir ; c’est un spot de pêche à la mouche : idéal pour passer la nuit.
vendredi : vallée de Grimsa – Dalsmynni (maison abandonnée) (82km)
En arrivant à Borgarnes, j’ai bien du mal à me réchauffer. On est passé en deux jours de l’été à Reykjavik à l’hiver. Je prends un café-croissant au Netto, avec dans la petite galerie marchande une table et une prise pour recharger le téléphone, et repars par la 54 en direction de la péninsule de Snaefellsnes.
Borgarfjördur
Borgarnes
cratère d'Eldborg
Le vent de face forcit dans la soirée ; je trouve un recoin d’une maison abandonnée pour me protéger fort relativement des rafales qui chahutent mon campement toute la nuit.
samedi : Dalsmynni – vallée de Dagverdara (80km)
La route du sud de la péninsule passe au pied de la montagne noyée dans la brume. Puis au fur et à mesure que le vent devient plus entreprenant, le paysage, sublime, apparaît.
Au lieu-dit Ytri Tunga les phoques se prélassent sur les rochers, dans une posture on ne peut plus relax. Je profite d’un abri sur la plage pour déjeuner, et repars me coltiner les bourrasques.
Le vent annoncé à 20m/s est déstabilisant, surtout quand il attaque de côté ; la lutte est constante et harassante.
Arnarstapi semble être épargné par les éléments. Ce petit village de pêcheurs coule vers des falaises où nichent de nombreuses mouettes. Des petites maisons éparses, un petit port avec vue sur le glacier de Snaefelljökull … un village carte postale.
Je trouve un peu plus loin vers l’ouest un superbe spot pour la nuit le long de la Dagverdara, juste avant d’entrer dans le parc national.
dimanche : vallée de Dagverdara – Bugsvötn (59km)
Au réveil, le vent a diminué de moitié, et finira par une brise conciliante en fin de soirée. Le soleil est présent. La visite du Parc national de Snaefelljökull s’annonce sous les meilleurs auspices.
De petites routes vers la côte conduisent à des falaises, ou à la plage de sable noir de Dritvik, l’une des plus belles visitées à ce jour.
Svalthufa
Dritvik
La route principale contourne le strato-volcan qui, à 1466m, est l’attraction de cette péninsule.
Entre les villages de pêcheurs de Hellissandur, Rif et Dlafsvik, une piste cyclable traverse des crèches avicoles, où les poussins semblent apprécier marcher sur l’asphalte.
voie verte
Hellisandur
autour de Rif
Je m’offre une dernière vue du Snafelljökull depuis la chute de Svödufoss, et de son glacier très photogénique depuis le nord de la péninsule, et vais trouver à dormir en retrait du Parc. Quelle belle journée de vélo !
lundi : Bugsvötn – Drangar (103km)
La côte nord du Snaefellsness présente plus de relief et plus de variété dans le paysage qu’au sud.
vue sur les fjords du nord-ouest
Kirkjufell
baie de Grundara
Kolgrafafjördur
Je suis toujours surpris de trouver en Islande arbres ou arbustes ; ce n’est pas la forêt de Fontainebleau, mais c’est une grande différence par rapport aux archipels des Féroé ou des Shetland, complètement ratiboisés.
rivière Stafa
Birkilundur ... Islande, ou maquis corse ?
Je termine la visite de la péninsule par sa petite capitale, Stykkisshölmur. C’est une rallonge aller-retour de 20 kilomètres, mais ça vaut le détour.
mardi : Drangar – Budardalur (51km)
Cette étape de transition me conduit au petit village de Budardalur, pause ravitaillement avant d’aller affronter les nord-ouest.
Alftafjördur
sebb- Messages : 76
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Deborah et oziandro apprécient ce message
Re: l'Islande à vélo
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Re: l'Islande à vélo
Dernière édition par Sissi57 le Mer 19 Juil 2023 - 17:09, édité 1 fois
Sissi57- modérateur
- Messages : 1236
Date d'inscription : 08/12/2021
Re: l'Islande à vélo
comme ici en effet lors de ma pause midi hier, où j'étais bien content d'échapper à la poussière de la piste
Je me demande cependant si les colons ont tout ratiboisé, ou s'ils ont laissé quelques arbres ou arbustes, à partit desquels on replante aujourd'hui.
Sur les Orcades et aux Shetlands par exemple, tout a été coupé depuis le Néolithique ! Mais ce sont de bien plus petites îles.
sebb- Messages : 76
Date d'inscription : 18/02/2023
Re: l'Islande à vélo
jms- Messages : 4
Date d'inscription : 12/02/2022
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Re: l'Islande à vélo
mercredi : Baudardalur – Gilsfjördur (51km)
Hvammsfjördur, le premier des fjords du nord-ouest, a une forme de botte avec pour semelle la route 60, dont je fais une première infidélité pour trouver un bivouac tranquille dans le Gilsfjördur.
jeudi : Gilsfjördur – Skalmafjördur (114km)
La deuxième étape est bien plus sportive. La route, quand elle ne peut longer les fjords, s’attaque à la montagne. Trois montées bien sèches sont au programme, dont deux sur piste, et un passage à 15 %. A la pointe de Skalanes, une série d’éperons rocheux parallèles pointent vers le sud, dissimulant derrière leur masse sombre des fjords que l’on devine déserts. Au loin, la péninsule de Snaefellsnes bloque l’horizon.
vue sur Snaefellsness
Skalmarfjordur
vendredi : Skalmafjördur – Latrabjarg (125km)
Je continue ma progression vers la pointe la plus occidentale d’Europe, en longeant par la route 62 la côte sauvage de Bardaströnd. Le ciel se remplit peu à peu de petits nuages blancs annonciateurs de la grisaille à venir.
Bardaströnd ; je me demande parfois qui habite ces maisons isolées du monde
Les difficultés arrivent en fin de journée. D’abord un col régulier à 400m sur de l’asphalte, puis la lente montée par la piste vers les falaises de Latrabjarg. Après un col à plus de 300m, la route redescend un peu, avant de négocier un replat. La journée a été longue. J’avise un semblant de sente qui part à gauche avant un lac, et me pose pour la nuit à l’abri de la piste.
Osafjordur
samedi : Latrabjarg – col d’Halfdan (91km)
Je laisse le campement à la garde de lui-même, et descend à vélo les dix derniers kilomètres vers Bjargtangar, au départ du sentier vers les falaises longues de 14 kilomètres. J’entame à pied que le début de la montée. Les oiseaux nichent dès l’entrée du site. Les macareux ont déjà déserté la place, mais le ballet incessant des guillemots et des mouettes plongeant vers la mer est un spectacle dont je ne me lasse jamais. Les corbeaux sont aussi de la partie. Plus loin, le tapis herbeux de la montagne gagne peu à peu de la hauteur pour se terminer net dans à pic vertigineux de plus de 400m.
Ce bout du monde tient toutes ses promesses, d’autant que son accès difficile se mérite. Après avoir récupéré toutes mes affaires, je repars dans l’autre sens. Les campings-cars qui descendent vers le site à la vitesse de l’escargot semblent bien plus souffrir de la piste que moi.
Après la baie de Hnjotur, le village de Patreksfjördur est à trois kilomètres devant moi. Mais il me faut contourner à nouveau le fjord pendant 30 kilomètres pour y accéder. J’y trouve une petite épicerie pour le ravitaillement, où les prix ne sont pas affichés. Autrement dit, la carte bleue va chauffer au passage en caisse.
baie de Hnjotur
Ces petits villages sont de vraies oasis pour le cycliste. Comme plus loin Talknafjördur ou Bildudalur, Patreksfjördur est un ancien comptoir commercial vivant aujourd’hui de la pêche, et un peu du tourisme. On y trouve parfois à l’écart un petit aéroport, sans doute un résidu de la présence militaire américaine en Islande.
Pour bien finir la journée, deux nouveaux cols se profilent. Je m’arrête à mi-chemin du second, le col d’Halfdan, dont un panneau annonçait au pied de l’ascension quel serait le tarif de la crapahute ; 9 % sur du bitume, c’est raisonnable !
dimanche : col d’Halfdan – vallée Dynjandisa (66km)
De l’autre côté du col, la route qui descend vers le village de Bildudalur est plus verdoyante.
vallée de la Langa
Après l’aéroport, où je vois atterrir un coucou venant de Reykjavik, la piste 63 repart à l’assaut de la montagne après avoir contourné deux petits fjords. La montée n’est pas régulière. On alterne entre sèches montées et replats légèrement descendants, avec vues sur l’Arnarfjördur, et en premier plan des petites forêts de bouleaux nains. C’est vraiment très beau.
Il faut s’employer pour récupérer la jonction avec la route 60. Petite descente vers un plateau sans vent où les mouches s’en donnent à cœur joie pour em
sur le plateau, vue sur le Borgarfjordur
lundi : vallée Dyjandisa – Thingeyri (98km)
En bas de la descente, la Dynjandifoss est très impressionnante, surtout quand on monte tout en haut du sentier pour être au plus prêt de la cascade.
descente par la vallée de la Svina
Dynjandifoss...
Un tunnel de 5km construit en 2020 conduit directement à Thingeyri. Je me pose au camping à midi, et pars en mode VTT faire une boucle de 60km autour de la péninsule. Le chemin, caillouteux, est à l’image de ce décor rocheux que je contourne tout l’après-midi.
Un petit cimetière français est échoué au bord du Dyrafjördur.
Son mur d’enceinte est peint d’une belle calligraphie, que je retranscris tel quel ; la poésie de la langue de Molière se diffuse au dessus d’un fjord égaré d’Islande.
« Tout part toujours au fond des nuits sereines ne vois tu rien venir ? »
« Les naufragés et leurs peines qui jetaient l’encre ici et arrêtaient d’écrire »
« Amis qu’on crève d’une absence ou qu’on crève un abcès c’est le poison qui coule »
« Certains nageaient sous les lignes de flottaison intimes à l’intérieur des foules »
« A la mémoire de nos frères dont les sanglots si longs faisaient couler l’acide »
et ma préférée :
« Aux sombres héros de l’amer qui ont su trouver les océans du vide »
Un peu avant le phare de Svalvogar, cette crique abritée du vent aurait été un excellent spot de bivouac.
En revenant vers l’Arnarfjördur, la route se confond avec les galets côtiers, et peut lors de grandes marées être recouverte par la mer.
Je reviens à Thingeyri par la montagne. Une piste exigeante passe au pied du Kaldbakur. Pas de mouches ici, mais une nuée de petits papillons blancs qui m’accompagnent pendant la crapahute. Le pourcentage dépassant parfois les 20 % sur un chemin très caillouteux m’oblige par moments à la marche.
Le col, à un peu moins de 600m, est juste une brèche qui vient à peine interrompre la ligne de crête de ces montagnes fières. En trois pas seulement, je passe dans l’autre vallée. Le haut de la descente est vertigineux, et je marche à nouveau sur quelques hectomètres pour économiser mes patins de freins en surchauffe.
De retour vers le Dyrafjördur, le soleil qui peine à percer le couvert nuageux me gratifie d’un petit salut. Encore une belle journée !
mardi : Thingeyri – Isafjordur (110km)
Flateyri se gagne après un nouveau passage dans la montagne. Le village s’avance tel une digue vers le milieu du fjord. La chasse au requin a fait sa prospérité au 19ème siècle. On y trouve le plus ancien magasin du pays, où je me procure un livre sur une des Sagas islandaises.
"old store"
En cette haute saison les cyclistes se font moins rares. En quittant le village un petit combi m’arrête pour une pause café. Hélène et Pierre sont des amoureux de l’Islande. Ils y reviennent régulièrement à vélo depuis plusieurs années. Cette fois-ci les biclous sont fixés à l’arrière du véhicule. Ils reviennent enchantés d’une rando de cinq jours dans le Hornstrandir. région inhabitée accessible en bateau depuis Bolungarvik ou Isafjordur.
Un tunnel long de six kilomètres permet de gagner la petite capitale des fjords du nord-ouest. J’y trouve après la descente un supermarché aux prix bienveillants ; c’est du bonus !
Isafjordur...
La vue ensoleillée de l’Isafjardardjup est splendide. Je longe la côte jusqu’à Hnifsdalur. Un tunnel passe sous la montagne, mais je m’engage dans l’ancienne route qui poursuit le long du fjord. Effondrée par endroits, elle n’est plus utilisée ; c’est l’endroit idéal pour y bivouaquer. Je laisse tout mon campement à l’abri des lupins, et pars sur le soir faire l’ascension du Bolafjall, histoire de compléter mes mille mètres de dénivelé quotidien depuis une petite semaine.
L’ascension par une piste commence après le joli village de Bolungarvik.
La montée à plus de 600m de haut est régulière. La vue au sommet est magnifique sur ces fjords sauvages du nord-ouest. Au delà l’horizon se trouve le Groenland. Le bâtiment construit en 1988 pour l’OTAN est un radar aérien surveillant le trafic sur plus de 460 kilomètres.
Il ne me reste plus qu’à rejoindre mon bivouac, après une nouvelle journée physiquement bien chargée, mais où les rétines ont été fort impressionnées.
sebb- Messages : 76
Date d'inscription : 18/02/2023
Deborah et jms apprécient ce message
Re: l'Islande à vélo
mercredi : Isafjordur – Alftafjordur (40km)
Je profite de mon tranquille spot de cette nuit jusqu’au début d’après-midi avant de repasser par Isafjordur pour remplir mes besaces.
En contournant le fjord je passe devant l’aéroport. Juste derrière trois paquebots sont amarrés au port ; un quatrième a mis en panne au milieu de la baie. Cette ville de plus de 3000 habitants est vraiment le porte d’entrée pour visiter ces fjords du nord-ouest.
Un cycliste arrive bientôt à ma hauteur. C’est un Islandais, intrigué par mon chargement. Il me raconte qu’il y a un mois, au solstice d’été, démarrait une course de vélos faisant le tour des fjords en cinq jours et quatre étapes de plus de 250km, avec délais à respecter. Il y a participé, mais a abandonné à la troisième étape. L’Islande est aussi un pays de vélo.
Je continue à mon rythme de sénateur jusqu’au fond de l’Altafjordur.
un des plus anciens et plus petits tunnels d'Islande
Sudavik
jeudi : Altafjordur – Kolahver (111km)
La route 61 longe la côte en suivant les méandres imposés par les péninsules. A part ces quelques phoques se prélassant au détour d’une baie, elle n’offre pas d’autre distraction que d’avancer vers le sud-est.
C’est une longue journée de transition un peu monocorde comme offre parfois le voyage à vélo.
vendredi : Kolhaver – Drangsnes (103km)
Après le long contournement de l’Isafjordur, la 61 monte progressivement vers un plateau à plus de 400m de hauteur. Le vent du nord se fait d’un coup plus entreprenant, et finit par me glacer le bout de mes vingt doigts dans la descente de la vallée de la Stadara.
une froide descente
J’engage à nouveau une lutte sans fin contre les rafales, jusqu’à ce que la pointe rocheuse du Selstrond m’offre un abri naturel contre les éléments. Je poursuis jusqu’à Drangsnes, où quelques personnes prennent un bain en plein air dans une piscine chauffée. Le contraste est toujours amusant entre l’air froid ambiant et ces sources d’eau chaude naturelle. J’apprécie quant à moi la douche brûlante du camping.
samedi : Drangsnes – Veidileysa (55km)
Le vent a un peu faibli, mais il est de face pendant toute la remontée de la route 643 vers Djupavik. Cette piste n’en n’est pas moins sublime, avec la large baie d’Hunafloi ouvrant vers l’Arctique sur ma droite, et la montagne du Strandir sur ma gauche.
en quittant Drangsnes
île de Grimsey
Bjarnarfjardara
piste 643...
Peu à peu le brouillard envahit la montagne. Je stoppe avant la dernière montée vers l’hôtel de Djupavik.
dimanche : Veidileysa – Holmavik (71km)
En montant au col sans les bagages, la vue de l’autre côté est complètement bouchée. Je reprends donc le cours de mon voyage en revenant sur mes pas, et en faisant une escale à Holmavik.
redescente du petit col
Steingrimfjordur
C’est un petit village-oasis, avec sa petite cafétéria contiguë à un supermarché, son camping, son église dominant un petit port.
Un sentier part au dessus du village, au milieu des lupins, saules et bouleaux nains, offrant un joli point de vue sur le fjord de Steingrim, l’un des derniers d’une longue série de ces fjords du nord-ouest.
Au port, un bateau de pêche permet une excursion de deux-trois heures au plus prêt des baleines de la baie d’Hunafloi. Les trois créneaux de ce jours sont pleins. Je le rabats sur le petit musée de la sorcellerie.
Il fait revivre l’époque de la chasse aux sorcières du 17ème siècle. La région du Strandir était particulièrement réputée pour ses nombreux cas de sorcellerie. Les procès étaient souvent jugés à l’Assemblée de Thingvellir, et pouvaient déboucher sur des sentences de mort.
Il est étonnant de constater que nombre de gens s’adonnaient à des pratiques magiques, le plus souvent pour prévenir des vols. Et il est encore plus surprenant de voir que les autorités prenaient pour argent comptant les supposés effets de la sorcellerie sur des calamités naturelles, comme les tempêtes, ou sur les maladies contractées par des personnes. Certains dits-sorciers sont allés au bûcher uniquement pour soigner des maladies incurables de gens importants ; que de superstitions !
sebb- Messages : 76
Date d'inscription : 18/02/2023
Deborah et Gaetan apprécient ce message
Re: l'Islande à vélo
Je viens de rattraper mon retard de lecture, et c'est toujours aussi beau, merci.
4yne- Messages : 552
Date d'inscription : 06/01/2022
Re: l'Islande à vélo
Merci pour ce superbe carnet qui m'a rappelé mon voyage en Islande que j'ai fait il y a de nombreuses années et que j'avais adoré.
Félicitations pour l'avoir fait en vélo.
Lilevis- Messages : 10
Date d'inscription : 16/02/2023
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