The Long Drive Home

SUR LA ROUTE DE MELBOURNE A PERTH
 
La semaine dernière, R et moi avons enfin pu réaliser un road trip qui nous faisait rêver depuis bien longtemps : traverser la Nullabor Plain par la route. Nous avons donc profité d’aller à Melbourne rendre visite à T (avant qu’elle ne parte au Canada le mois prochain pour une durée indéterminée  ) pour, de là, organiser, avec beaucoup de chance, la ‘relocation’ d’un campervan entre Melbourne et Perth et par la même occasion faire une partie de son déménagement en ‘rapatriant’ des choses plus encombrantes.
 
Melbourne, Juin 2022




 
La route est plutôt longue (3600 km) mais traverse une étonnante variété de paysages. Ayant quitté Melbourne après le déjeuner, la première journée fut relativement courte (à peine 400 km). Le paysage de la partie centrale de l’état du Victoria n’est qu’une succession de champs en hivernage. Première étape dans un petit patelin appelé Sea Lake (!) où les alentours du ‘oval’ municipal (terrain de sports) se transforment en camping pour Grey Nomands (retraités) en vadrouille.
 
Prise de courant, douche bouillante pour $20 la nuit. 17:30, il fait déjà nuit et ça caille drôlement. Repas au pub à 18:00 (on mange tôt en Australie !) où l’on nous demande si nous avons réservé une table !?!? Incroyable mais vrai dans ce patelin aux rues désertées, le resto de l’hôtel affiche complet (enfin presque car on nous déniche une table quand même !). En fait, toutes les têtes grises du camping se retrouvent ici. Quant au repas… peut-être le pire depuis que nous sommes en Australie ! Comment peut-on louper des côtelettes d’agneau grillées ? En ajoutant de la chapelure et en cramant le tout… tout simplement.
Ça nous apprendra d’avoir eu la flemme de nous préparer le repas dans notre beau Mercedes Sprinter !!!

Sea Lake, 
 
Sea Lake n’a rien de remarquable mis à part ses silos à grains peints. La mode est relativement récente mais semble avoir bien pris à travers le pays. Des itinéraires de silos peints existent un peu partout, attirant chaque année de plus en plus de touristes dans des coins perdus… comme celui-ci.
 
L’autre attraction du coin est le Lake Tyrrell situé à 6 km au nord. Ce lac salé, le plus grand de l’état du Victoria (près de 20 km²), ne contient de l’eau qu’en hiver (2-4 cm) et peut prendre des reflets roses (mais pas ce matin). C’est aussi un endroit prisé des astronomes, loin de toute pollution lumineuse. Contemplation en sirotant un café brûlant tout en tentant de nous réchauffer doucement aux rayons du soleil car bonne surprise le soleil est revenu.
 







A suivre...

Et on repart. D’autres champs, plus verts cette fois, puis des plantations d’agrumes jusqu’à Mildura (190 km plus au nord), une petite ville située sur les rives de la Murray River. Balade dans le parc qui longe la rivière et autre café accompagné de biscuits cette fois. Après la semaine froide, venteuse et pluvieuse passée à Melbourne, ce soleil fait beaucoup de bien.
 
La rive d’en face étant située dans l’état de la Nouvelle Galle du Sud (ceux qui connaissent ma passion/folie pour les frontières comprendront), il faut absolument que je trouve le pont pour passer de l’autre côté. Juste un aller-retour me suffit, le temps de prendre la photo (floue) d’un panneau ! Pas de panique ni d’inquiétude car dans quelques heures j’en passerai une autre (de frontière ! ).

 

Rapide tour de la ville pour apercevoir les quelques édifices coloniaux et faire le plein de diesel et nous revoilà au milieu des champs toujours plus verts, des vignobles et des plantations d’amandiers à suivre un poids lourd sur une route cahoteuse au possible.



Ça fait déjà une dizaine de kilomètres que je guette le panneau qui tarde à venir. Je sais que nous approchons car d’autres panneaux nous annoncent qu’il est strictement interdit d’entrer en Australie méridionale avec des fruits et des légumes… afin de protéger les cultures de l’autre côté de la frontière.
 
Ça y est, il est là ! En plus les choses sont bien faites car il y a même un endroit pour se garer et prendre des photos à tire-larigot. Ici, la ligne démarquant la frontière est bien visible puisque coté Victoria c’est un parc national boisé et coté South Australia, ce sont des champs légèrement ondulés qui s’étirent à perte de vue.
 


Quatre kilomètres plus loin, un parking avec des grandes poubelles permet aux étourdis de se lester des fruits et légumes avant le contrôle effectué par les services de la quarantaine agricole. C’est ici que nous avalons trois mandarines et deux bananes chacun !
Inspection du campervan, de ses placards et de son frigo par une charmante jeune femme plutôt surprise de constater nos maigres réserves alimentaires… c’est que nous ne sommes pas de vrais Grey Nomads, pas encore !
 
Bonne nouvelle, nous venons de rajeunir… d’une demi-heure, décalage horaire oblige.
 
Nous suivons les méandres cafouilleux de la Murray et arrivons à Renmark, autre petite ville sur les bords de la rivière. Surprise, tout est absolument fermé en ce samedi en tout début d’après-midi, pas un chat dans les rues ! Seul truc ouvert, un resto thaï… OK, ce sera des rouleaux de Printemps que nous dégusterons sur les bords de la rivière en regardant les bateaux à roues, devenus fantômes depuis ces histoires de Covid.
 


Nous quittons la route principale pour une espèce de départementale baptisée Highway quand même. Après les vignobles, place à la garrigue parsemée d’eucalyptus aux troncs rouges et jaunes puis après Morgan de nouveau aux champs entrecoupés d’étendues de bush. A l’horizon, on distingue de vagues ondulations pelées.
 
Le soleil descend rapidement et c’est la pire heure pour être sur la route. Un wallaby méditant au milieu de la route finit par comprendre qu’il vaut mieux déguerpir, le problème est qu’il n’a pas le sens de l’orientation et qu’il fait des bonds dans tous les sens. Finalement, nous nous évitons !
 
Arrêt à la prochaine bourgade, celle-ci est appelée Burra. Un peu plus de 500 km parcourus aujourd’hui.
Burra est blotti au fond des ondulations aperçues plus tôt. Ses vieilles maisons en pierre, édifices municipaux, échoppes, cottages et églises alignés le long des rues en pente vers un ruisseau coupant le bourg en deux, lui donnent un petit air de village anglais très charmant tout à fait inattendu.
Les lumières du pub brillent dans la nuit, les fumeurs sont rassemblés devant un feu de bois près de l’entrée. Direction la salle du fond qui sert de resto, et idem qu’hier :
« Avez-vous réservé une table ? Bon on va voir ce que l’on peut faire. »
Bien sûr qu’il restait une table.
Il est 17:55, la salle est vide mais en moins de 20 minutes elle est archipleine ?! Sacré coup de feu en cuisine !!! Comme c’est souvent l’habitude en Australie, nous allons à la caisse passer la commande et payer. Au début cela surprend mais l’on s’y habitue et puis l’avantage est que l’on n’attend jamais l’addition !
 
Le repas est simple mais excellent et accompagné d’un très bon vin de la Barossa Valley, toute proche.
 
Le camping local ne nous inspirant pas trop, nous optons pour le petit parking un peu à l’écart, sur les bords du ruisseau. Personne ne viendra nous déranger… il fait trop froid pour être dehors !

Burra, Juin 2022
 
C’est qu’il en faut du courage pour sortir de la couette et préparer le café !
Avant de partir, nous allons nous dégourdir les jambes en faisant le tour du patelin encore endormi. Hier soir, nous avons appris que Burra doit son existence à une mine de cuivre exploitée de 1848 à 1877 et que les premiers mineurs venaient principalement des Cornouailles, du Pays de Galles et d’Ecosse… d’où l’aspect anglais de l’endroit !








L’élevage et l’exploitation agricole ont ensuite pris le relais. Aujourd’hui, ce village historique (dont j’ignorais l’existence jusqu’à hier soir) est l’un des mieux préservés de l’époque victorienne et attire de nombreux touristes, la plupart venant d’Adelaïde (à 150km) pour la journée.
 
Changement radical de paysages et de couleurs aussi. Nous traversons la version australienne du Peak District en Angleterre, en plus réduit, aux vallons moins élevés mais avec la même intensité des verts et les mêmes moutons heureux. Seuls les rangées d’eucalyptus et les panneaux avec un kangourou nous rappellent que nous sommes aux antipodes.
 
A Crystal Brook, nous rejoignons la route nationale 1 plus fréquentée et filons vers Port Augusta, situé à la pointe du Spencer Gulf et la porte d’entrée de l’Eyre Peninsula. La route longe la mer que l’on aperçoit parfois à gauche et, à droite, la partie sud de la chaine de montagnes des Flinders Ranges dont le plus haut point par ici est Mount Remarkable n’atteint même pas les 1000 mètres d’altitude.
 
Pause-café, sur un parking au milieu d’anciens et imposants eucalyptus avant de traverser le plus rapidement possible Port Augusta et sa zone industrielle. Les nuages sont de plus en plus sombres mais pas de pluie pour le moment. Encore quelques petites ondulations puis elles finissent par disparaitre complètement pour laisser la place à de vastes étendues de bush amélioré par la présence d’arbustes. Le changement, au fil des kilomètres, est pratiquement imperceptible mais pourtant bien réel, nouvelles essences, nouveaux tons.
 
Premières averses, heureusement même si elles deviennent de plus en plus fréquentes, elles ne durent jamais longtemps.
Des champs font quelques réapparitions ici et là particulièrement à mesure que nous approchons Kimba, une communauté agricole qui s’est autoproclamée comme étant à mi-distance entre les côtes australiennes (Halfway across Australia). Pas trop sûr comment ‘ils’ en sont arrivés à cette affirmation mais l’endroit est marqué par le Big Galah, une statue d’un perroquet (8 mètres de hauteur), sur le parking d’un magasin de souvenirs… fermé.
 


Autre point d’intérêt, les silos peints… et le pub, heureusement encore ouvert. Au menu : Aussie burgers, c’est-à-dire que l’on y a ajouté des rondelles de betteraves entre le fromage, le bacon, la viande et la salade.
 
Rues désertes… à part la voiture de Police qui revient de sa planque sur la highway (je l’avais aperçue quelques kilomètres avant Kimba). Le vent glacial n’invite pas à une petite promenade digestive.
 
Il nous reste un peu plus de 300 bornes avant d’arriver à Ceduna… ça va être juste d’arriver avant la nuit.
 
Les kilomètres se suivent et se ressemblent à part que nous sommes toujours aussi fascinés par le vert (de plus en plus intense) des étendues champêtres (j’ignorais que cette partie du pays était aussi agricole). Quant à ce vert, nous ne connaissons pas à Perth où le climat est plus sec et où le vert ne survit pas bien longtemps.
 
Je finis par découvrir le principal inconvénient de faire la traversée d’est en ouest : le soleil dans les yeux. Très pénible, mais c’est le voyant lumineux qui vient de s’allumer sur le tableau de bord qui m’inquiète le plus, celui représentant une pompe à essence ! Je vais pouvoir tester la capacité de la réserve !?
 
C’est avec les mains moites et la gorge sèche que je m’arrête à la première station-essence juste à l’entrée de Ceduna. Installation au camping idéalement situé, à cent mètres de la baie et à cent mètres de la rue principale, (Ceduna n’est pas très grand !). Près de 700 km parcourus aujourd’hui.
 
Dehors, j’hume avec délice l’air marin, relativement doux. Nous allons vite sur la jetée en bois pour assister au coucher du soleil. Great timing !



Entre la rue principale et le camping se trouve un complexe hôtelier moderne faisant office de d’hôtel, de restaurant, de bar et même de casino. C’est donc là que je déguste une bière locale et que nous dévorons un excellent seafood platter. Ah ces huitres, quel régal !

A suivre...

Ceduna, 
 
Réveil matinal et speedy préparations pour le départ car cette fois ça y est nous y sommes dans la Nullabor Plain (immense plaine sans arbres). Et puis le soleil brille et il fait suffisamment chaud pour être en T-shirt.
 
Un léger problème toutefois, le campervan ne démarre pas !?
Coup de fil à la compagnie de location qui envoie un mécanicien. Résultat : il faut changer la batterie.
Nous venons de perdre plus de trois bonnes heures mais avons quand même pu faire quelques courses alimentaires en attendant les réparations.
Dans notre malheur, nous réalisons que nous avons eu beaucoup de chance de tomber en panne ici, plutôt qu’en pleine cambrousse et sans réception pour appeler qui que ce soit.
 
Bientôt midi quand nous reprenons la route… avec un léger sentiment d’inquiétude.
 
A partir d’ici, ce sont les panneaux sur le bord de la route qui deviennent les attractions touristiques. Entre celui qui annonce la possibilité de rencontrer des kangourous, des wombats et même des chameaux, celui qui annonce l’entrée (ou la sortie) de la Nullabor, celui qui indique les centaines de kilomètres avant la prochaine pompe à essence ou encore celui qui pointe vers le Whale Watching Centre, il y a le choix !
 
Nous sentions la transition venir depuis un moment car la végétation était de plus en plus éparse mais elle reste malgré tout soudaine. Tout à coup, plus un arbre, seulement une couverture de touffes herbeuses allant du gris au vert (sombre celui-là) qui s’étend à l’infini et le macadam de la route droite qui disparait à l’horizon… et ce pour des centaines de kilomètres. Unbelievable !
 


Nous faisons le détour pour aller voir ce fameux Whale-Watching Centre situé à l’entrée de la Great Australian Bight, la gigantesque baie qui borde les côtes du sud de l’Australie là où l’Océan Indien se confond avec l’Océan Austral (Southern Ocean).
 
Nous découvrons une partie de la côte formée d’un côté d’immenses dunes de sable blanc et de l’autre des premières falaises inaccessibles qui s’étendent sur pratiquement toute la longueur de la baie. En face, le bleu de l’océan, en contrebas le fracas des vagues se jetant sur les rochers. Un chemin balisé mène jusqu’aux points d’observation, pas question de s’en éloigner… les serpents veillent parait-il !
 
Il ne faut pas longtemps pour apercevoir les premières formes plus sombres qui flottent presque à la surface de l’eau. Des ailerons, une queue et des jets émergent rapidement à la surface avant de vite disparaitre. Ce serait ici, un endroit protégé des courants et riche en nourriture, que les baleines ont leur rendez-vous galants pendant une partie de l’année.

 



Bref arrêt à la Nullabor Roadhouse, histoire d’être sûr d’arriver à la prochaine station-service.
A $AU 3.17 le litre de diesel, beaucoup hésitent à faire le plein de carburant ici… mais y a-t’il vraiment le choix ?
 
Route droite, horizon plat comme la main et rien, le grand vide. Contrairement à notre attente, nous ne croisons que peu de voitures et encore moins de poids-lourds. Par contre, nous dépassons un cycliste ! (pensée émue pour les membres cyclistes aux longs cours de ce site !). Ça ne doit pas être facile car la route n’est pas super large et les road trains qui foncent à 110 km/h n’ont pas beaucoup de place pour s’écarter. Quant aux bas-côtés, ils sont en terre et très inclinés. D’ailleurs, je ne cesse de me poser la question, où se garer en cas de panne ou de crevaison (ma hantise) ?
Il y a bien des aires de stationnement mais elles ne sont pas si fréquentes.
 


Parmi les panneaux que nous voyons défiler, figure celui représentant un avion ?! Bizarrement, la route se transforme parfois en aérodrome de fortune. A ces endroits-là, la route devient plus large afin de permettre à un avion des Flying Doctors de se poser et d’éventuellement d’évacuer des personnes (voire animaux !).
 
L’autre panneau que je guette est celui représentant un appareil photo, non pas pour les excès de vitesse que je pourrais accidentellement faire, mais pour les points de vue panoramique sur la côte et les falaises. Il y en a quatre ou cinq avant la frontière, après, la route s’éloigne de l’océan.
 


Justement, la voilà enfin la frontière et dans moins d’une demi-heure il fera nuit.
Nouvelle inspection du véhicule par le service de quarantaine car ici non plus pas question de passer avec des fruits ou des légumes… même le miel est interdit en WA !
 
Bien sûr, je prends le temps de prendre une tapée de photos de panneaux et même une paire du kangourou géant planté entre les deux états et de l’indicateur des distances (qui pourrait faire avec un coup de peinture). Paris n’est plus qu’à 17204 km… on s’y approche doucement mais surement !
 


Encore une dizaine de kilomètres, à rouler hyper doucement dans la nuit et nous arrivons au camping d’Eucla…
Installation et repas chez nous cette fois. La journée se termine en regardant la Voie Lactée dans toute sa splendeur. Juste 500 km de parcourus aujourd’hui.

suite et fin.

Eucla, 
 
Nouveau réveil matinal et il est toujours aussi difficile d’émerger du lit chaud. Dehors, magnifique ciel bleu mais très frisquet. Nous découvrons la vue sur un ensemble de petites dunes et plus loin l’océan bleu. C’est par là que se trouve l’ancien Telegraph Station, maintenant une ruine envahie par le sable. Située trop loin, au bout d’une piste en terre (donc interdite avec notre campervan), nous devons renoncer et laissons à une prochaine fois la visite de ce lieu historique ! Eh oui, en Australie, les anciennes prisons, les vieux pubs et les ruines des relais télégraphiques font parties des monuments historiques.
 
Ce matin, pas de problème de démarrage, ouf !
De nouveau sur la route dont l’état, depuis que nous sommes en WA est bien meilleur et légèrement plus large… pourvu que cela dure. Un panneau annonce la Eucla Pass, qui se résume à une courte descente de deux ou trois virages. Nous laissons derrière nous les plateaux et les falaises pour nous retrouver sur une vaste plaine côtière bordée par l’océan devenu invisible et de plus en plus lointain, et une espèce d’escarpement tout en longueur que semblent apprécier les arbres devenus plus nombreux.
 
Magnifiques couleurs matinales et ciel bleu immaculé. Nous enfilons les kilomètres sans nous en rendre compte. Le seul bruit est le ronronnement feutré du moteur. Arrêt à Mundrabilla Roadhouse, pour faire le plein. Je découvre un autre avantage au WA, le prix du diesel : 46 cents moins cher par litre qu’à la précédente pompe !
 
Et toujours cette infinité et ce bush qui change… sans vraiment en donner l’impression. Les tons varient ainsi que les arbustes, parfois solitaires, parfois en groupes mais toujours penchés dans la même direction.
 
Une petite centaine de kilomètres plus loin, la Madura Pass permet de quitter la plaine côtière et de prendre de la hauteur. Le lookout est l’endroit idéal pour faire une longue pause-café tout en admirant le panorama qui s’étend devant nous.
 
Changement immédiat, les arbustes sont plus nombreux, plus hauts, l’horizon s’est soudainement rétréci. Pareil droit devant maintenant que les longues lignes droites sont terminées (pour le moment) remplacées par des virages ici et là. Les oiseaux refont apparition, certains frôlant même le pare-brise.
 
Nous passons Cocklebiddy et Caiguna, deux autres roadhouses similaires aux précédentes. Ça ne doit pas marrant tous les jours de travailler dans des endroits si paumés où les premiers voisins sont à une centaine de kilomètres…
C’est entre Caiguna et Balladonia que se trouve la plus longue (route) en ligne droite d’Australie. 144 kilomètres sans devoir tourner le volant, super mais ça donne aussi des crampes aux épaules !
144 km c’est long mais pas aussi long que les 478 km de ligne droite du chemin de fer qu’emprunte l’Indian-Pacific.
 
Point de vue paysages, c’est en fait un véritable résumé complet de ceux que nous avons traversés depuis Ceduna, vide total, bush sans arbustes et bush avec arbustes se donnant des airs d’arbres, le tout sur de très très mais alors très vagues ondulations.
 
Balladonia marque la fin ‘officielle’ de la Nullabor Plain. Ça y est nous l’avons traversée !
Nous fêtons dignement l’évènement en mangeant un pie et en buvant un vrai café assis face au soleil, sur le parking de la roadhouse.
 
Mais ce n’est pas encore la fin de la route et mieux vaut continuer car il reste encore 218 kilomètres jusqu’à Norseman. N’empêche le plus dur est passé, en prime les paysages changent complètement à partir d’ici. Nous entrons dans la région des Great Western Woodlands. Place aux forêts d’eucalyptus.
 
En fait ça commence plutôt mal car aussi bien à droite qu’à gauche tout à cramer, un panorama de troncs calcinés, heureusement les nombreuses touffes de vert tendre prouvent que la Nature suit son cours. Premiers timides reliefs également mais ils ne durent pas bien longtemps.
Enfin, les forêts (pas très compactes) reprennent leur aspect normal. Les rayons du soleil jouent à cache-cache dans le feuillage rendant la conduite plus pénible.
 
Voilà enfin Norseman, une petite ville typique des Goldfields mais qui ne parait pas très excitante, en tout cas pas pour y passer la nuit. Certes, il y a des ‘choses’ à voir dans les environs mais l’attrait d’arriver à Kalgoorlie ce soir est plus fort. Nous allons quand même faire un petit tour sur les bords du Lake Cowan, immense lac déjà en grande partie asséché.
 


Direction Kalgoorlie, soit un peu moins de 200 km. Première constatation : l’état déplorable de la route. Celle-ci est défoncée par les nombreux poids lourds et autres convois exceptionnels qui ravitaillent les nombreuses mines de la région. Deuxième constatation : adieu tranquillité, ces mêmes poids lourds et convois exceptionnels se sont tous donnés rendez-vous devant moi !
 
Les derniers kilomètres semblent interminables surtout depuis que la nuit est tombée. Quel soulagement d’enfin pouvoir se garer dans la rue principale… à deux pas de l’Exchange Hotel, le pub le plus connu de la ville. Qu’elle est bonne cette bière. Plus de 900 km parcourus aujourd’hui.
 
C’est pratiquement un pèlerinage que nous faisons car lors de notre dernier passage, il y a seulement neuf mois, nous étions également venus nous abreuver dans ce pub, avant d’aller manger dans celui juste en face et enfin nous installer pour la nuit au Centennial Park, à la sortie de la ville.
 
Kalgoorlie est une ville différente, d’abord la mine est virtuellement dans la ville mais aussi les mineurs qui y travaillent ne regardent pas trop à la dépense une fois la journée de labeur terminée. Dans quel autre endroit en Australie, trouve-t’on un restaurant ‘de classe’ (disons chérot) archiplein un mardi soir ?
Il a fallu un long moment avant d’être servi… par une serveuse tatouée jusqu’au menton, les cheveux mauves qui nous avoue ne pas connaitre le menu car… « Ça ne fait qu’un mois que je travaille ici, Darling ! ».
 
Kalgoorlie,
 
Ça y est ça sent la fin du voyage, il ne reste que 600 km jusqu’à la maison, et comme nous connaissons bien la route, aucune surprise ne nous attend. Si, une, le fait qu’une grande partie de cette route est comme un trampoline, on y rebondit beaucoup !
Comble du comble alors que nous approchons de Northam à 80 km de Perth, le ciel passe du bleu au gris, le soleil se casse définitivement et les averses nous tombent dessus.
 
Il est trop tard pour rendre notre beau campervan aujourd’hui. Il passera donc la nuit avec nous et non pas, nous avec lui !!!
 
Je le savais déjà mais cette fois je peux l’assurer l’Australie est un grand pays vide… et magnifique !
 




+ de photos : Ici

En resume :

A la sortie de Port Augusta (SA)


Pres de Ceduna (SA)


Debut de la Nullabor (SA)


Pres de la Nullabor Roadhouse (SA)


20 km avant la frontiere SA-WA


Pres de Mundrabilla (WA)


Piste d'atterrisage pres de Madura (WA)


La plus longue route en ligne droite d'Australie (WA)


Entre Balladonia et Norseman (WA)


Entre Norseman et Kalgoorlie (WA)

MAGNIFIQUE CARNET !
J'adore tout : le récit et les photos bien sûr et la rencontre avec ces quelques milliers de kms d'un pays qui m'enchante...
Merci pour tout 

Bonjour Xavier,
Je ne suis allé que trois fois en Australie : deux fois grâce à des séries sur Arte et une fois grâce à ton carnet. Cette immensité est impressionnante ainsi que la sensation d'être dans des villages du bout du monde.

Finalement j'ai parcouru les 3 527 Km plutôt facilement grâce à toi.

Vu dans tes photos complémentaires : les silos peints sont très réussis.
J'aime aussi beaucoup ta photo de la salle de lecture.

merci pour cette magnifique traversée de tout un continent... par le sud, donc si je comprends bien puisque c'est l'hiver chez vous, par le bord le plus froid !

Je vois tous ces silos et je me dis: ah mais vous avez du blé en Australie? Vous ne pourriez pas nous en vendre un peu ? comme vous savez de ce côté de la planète, on a un gros problème...

Ah oui et pourquoi ne faut il pas transporter de fruits d'un coin à l'autre du même pays ?

Merci pour ce récit!

Ah! La terre rouge de la plaine de Nullarbor: cela me rappelle des souvenirs.... à bord de l'Indian Pacific!

L’Australie produit 25 M de tonnes de blé par an (les bonnes années soit 10 a15% delà production mondiale. 35 a 40% proviennent de WA. Problèmes de logistique à l’exportation.

Insectes et virus sont les raisons de l’interdiction de transporter des fruits et légumes d’un état à l’autre.

Les impressions d’immensité sont plus fortes en train. La ligne passe 100-150 km plus au nord. Quand nous avions pris le train , en novembre, la végétation était plus sèche et moins colorée que cette fois. Prêts au reprendre le train plutôt que la route!!! Mais c’était important pour nous de le faire par la route, un trop vieux rêve…. À+ X

Salut Xavier. It's been a while ! Je viens très-trop rarement sur le forum, mais ton carnet me donne bien envie d'aller pédaler dans The Land Down Under. Ah ! Ces longues lignes droites bien planantes... Take care.

Depuis le temps que je te le dis !!!
Gaffe quand meme aux routes pas trop larges parfois et sans bas-cotés pour les velos.

Les road trains sont dangeureux et des cyclistes meurent chaque annee...
Voir Article

Merci Xavier pour ce joli carnet. Beaucoup de plaisir à lire cette longue et belle traversée de l'Australie. J'ai beaucoup aimé également le résumé plutôt linéaire...

Hmmmm... Si je n'avais pas été bloqué par le virus en Pologne en mars 2020 ET si j'avais bien pédalé ET si  j'avais eu un approvisionnement constant en crême de marron je pense que j'y serais en ce moment.... Parce qu'après mon cap initial vers le Japon c'était bien Singapour et l'Australie que j'avais en ligne de mire.
Maintenant, pour une chevauchée tout overland via l'Eurasie, c'est vraiment mort, malheureusement.
Peut-être par une Transatlantique et l'Amérique du Sud alors ? A voir...
Tu as pu voyager de nouveau en Europe ?
J'ai franchi une frontière maritime en avril ! ( Turquie-Grèce-Turquie )

Billets pris départ le 13/08
4 ans depuis la dernière visite en Europe et 3 depuis la dernière frontière internationale, ça fait long!!!
Séance de rattrapage imperative!!!

You bet !
Vous allez où ?

If everything goes according to plan B F NL D DK N S E
Ca en fait des bornes pour voir des bornes !

Bonjour,

En ce qui me concerne j'ai un avis très mitigé sur l'Australie. Il y a vraiment des coins superbes: Sydney est très chouette, océan road, Broken Hill....
Mais il y a aussi parfois beaucoup d'ennui à parcourir des routes monotones. J'ai aussi été déçu par Melbourne, citée souvent comme une des villes les plus agréables au monde mais dans laquelle je n'ai pas décelé de charme.
Et puis pour les pas fortiches en anglais comme moi, l'accent australien c'est rude.

Bravo tout de même pour ce compte rendu qui rappelle de bons souvenirs (perso j'avais pas compris l'intérêt de ces "frontières" terrestres où il fallait effectivement se délester de tous nos fruits/légumes).
Et pour finir en bon râleur: Dommage que tu ne nous parles pas de Perth, pour moi un vrai coup de coeur. Et puis ce coin Sud-ouest recèle de petits trèsors, des plages sublimes et des petits vins au goût de reviens-y.

xrctn a écrit:according to plan B F NL D DK N S E

ah oui tu fais le grand tour d'Europe !

enfin au prix du billet d'avion, et une fois tous les 4 ans, je comprends

@Deborah
ah oui tu fais le grand tour d'Europe !
enfin au prix du billet d'avion, et une fois tous les 4 ans, je comprends 

Tous les 4 ans, uniquement a cause de la pandemie qui nous a coince !
C'est vrai que les prix ont augmente mais si l'on est prevoyant on peut tomber sur de bonnes promotions. Euh, j'suis pas prevoyant en fait !

Je reflechis encore a l'itineraire... et suis tente d'ajouter quelques passages de frontieres... L, AND, MC, I et CH... J'ai tellement a rattraper !!!

@joojoobijoogenoochoopoo

 J'ai aussi été déçu par Melbourne, citée souvent comme une des villes les plus agréables au monde mais dans laquelle je n'ai pas décelé de charme.

C'est vrai qu'il est bien cache a Melbourne mais il es bien la, il faut chercher.
C'est sur que Sydney a plus de 'gueule' mais son cote 'matuvu' peut deplaire.

Dommage que tu ne nous parles pas de Perth, pour moi un vrai coup de coeur.


Perth et l'ouest (mais aussi la Tasmanie) sont les secrets bien gardes de l'Australie. Inutile de rameuter tout le monde ;-)

Allez juste en cachette... pour continuer sur les bons souvenirs... ICI

L, AND, MC, I et CH.

tu sais bien que tu ne peux pas faire TOUT ça correctement...

mieux vaut explorer une région que tu aimes et voyager plus lentement, non?