11 jours à vélo dans les Alpes du Sud été 2021
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Lucbertrand
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11 jours à vélo dans les Alpes du Sud été 2021
ETE 2021
En cette période un peu morose, peut-on espérer faire de beaux voyages à vélo sans aller trop loin, tout en ayant le sentiment d’être au bout du monde ? Oui bien évidemment, cela est possible dans notre magnifique pays qu’est la France.
Je vais en porter témoignage en vous relatant cette courte mais intense randonnée de 600 kilomètres et de 13000 mètres de dénivelé en onze jours dans les Alpes du sud.
Sans oublier que le plaisir du voyage à vélo consiste à partager ses émotions avec ses camardes d’aventure. Toute l’alchimie de la relation entre les différents membres d’une équipe, oui en l’occurrence il s’agit bien d’une équipe, amplifie la sensation de bonheur que l’on éprouve dans cette activité qui souvent déclenche des regards d’incompréhension ou d’incrédulité. Là encore, la qualité des compagnons et leurs expériences sont des éléments moteurs.
Je vais montrer tout le bénéfice que l’on peut tirer d’une belle dynamique de groupe. En effet, nous sommes partis à trois André, Patricia et moi. Avec André, il s’agit de mon quatrième voyage dont une fabuleuse traversée de l’Atacama argentin durant deux mois et demi, camarade sûr, calme, à la grande ténacité à la souffrance quand, à la suite d’une chute, il a encore effectué 1500 kilomètres avec une fracture du pouce non réduite.
En ce qui concerne Patricia, il s’agit de notre deuxième petite échappée ensemble. L’année dernière nous avions passé neuf jours à chevaucher les Causses, l’Aigoual et le mont Lozère, magnifique aventure, là aussi presque du bout du monde par des pistes souvent sévères, de bosses en creux. Elle possède une particularité que je qualifie d’exceptionnelle qui consiste en une motivation, une endurance et une rusticité qui ne peuvent que stupéfier. Certes, elle a des références, multi-championne de France et d’Europe de marathon et vice-championne du monde de cent kilomètres à pied, et malgré cela une simplicité admirable. Bien évidemment, elle attend souvent, mais parmi toutes ses qualités elle détient la tolérance et la patience. Arrêtons de jeter des fleurs bien qu’elles soient amplement méritées.
Notre projet consistait en un tour depuis Orpierre, magnifique bourg situé au nord de Sisteron dans la vallée du Céans, petite rivière qui se jette dans le Buech. L’endroit a une réputation internationale du fait de son extraordinaire rocher d’escalade de deux cents mètres de hauteur, le Quiquillon, aux centaines de voies de varappe.
Notre programme comportait un certain nombre de cols réputés, pas toujours courus par les « sacochards », le Parpaillon (le tunnel), l’Arche, la Lombarde, la Moutière et Allos, sans oublier d’autres plus courts mais redoutables. Je pense au très bref mais très brutal col du Buis, caché dans la garrigue du côté de Saint-Auban.
Le pourquoi du choix d’un tel parcours, tout simplement parce que nous aimons les grosses côtes. Et puisle Parpaillon, cette piste militaire construite dans les années trente, en particulier par les Espagnols ayant fui l’Espagne franquiste, me faisait depuis de nombreuses années de gros clins d’œil. Ayant décidé de partir onze jours, il nous fallait « enrober » le tout dans un circuit cohérent. Tâche facile puisque la Lombarde m’intriguait depuis toujours avec ses 1400 m de dénivelé ainsi que la Moutière, col confidentiel un peu effacé, car adossé à son grand frère la Bonnette, qui affiche le titre de plus haute route d’Europe, alors que le col de la Bonnette en lui-même a une altitude inférieure à l’Iseran. Bref, ne le rabaissons pas car il représente une montée équivalente au Ventoux.
En cette période de pass sanitaire, l’un d’entre nous n’en était pas muni, ce qui dans le fond fut une bonne chose, pas de tentation de carte bleue les soirs de pluie. De toute façon, il n’en aurait pas été question, Patricia veillait. Les deux nuits pluvieuses, elle n’a même pas sorti sa tente, se planquant au moins mal sous un avant-toit, rusticité quand tu nous tiens !
En 11 jours même quand il a plu, elle ne sortit pas sa tente! Au secours la Martienne
Les deux premiers jours furent une mise en jambe, avec cependant de belles côtes comme celle qui permet des points de vue superbes sur le barrage de Serre-Ponçon.
Enfin le troisième jour, le point dur, la piste du Parpaillon et ses 1850 m de dénivelé depuis le lac. Sur les 900 derniers mètres de dénivelé il s’agit d’un chemin pas toujours en très bon état jonché de gros cailloux. Jusqu’au village de Crévoux, une route goudronnée, peu passante tôt le matin, permit un bel effort dans la fraîcheur. Après quelques courses en vue du bivouac, face à nous le sentier nous invita à une première séance de poussage.
Nous atteignîmes l’entrée du tunnel vers 17 h. Pour André et moi, il s’est agi en finale de 3 heures de poussage, et pas la peine de préciser que Patricia avait disparu en appuyant sur ses pédales. Montée étrange, peu de vélos, beaucoup de motos et de 4x4. Des engins plus gros les uns que les autres, on se croirait à l’assaut du désert de Gobi ou de l’Atacama ! Mais l’ambiance resta bon enfant et, à plusieurs reprises alors que nous marquions la pause avec André, des personnes intriguées cherchaient la batterie sur nos montures. Surprenant ! On s’aperçoit que pour beaucoup de personnes il n’est plus concevable de nos jours qu’un vélo, surtout chargé dans une grande pente, ne soit pas électrique. Plusieurs VAE nous ont doublés. Un Gravel monté par une femme nous croisa. Elle nous a prévenus que l’autre versant était plus chaotique.
Un replat à proximité de l’entrée du tunnel à plus de 2500 m d’altitude nous offrit un bivouac avec un vaste panorama de pics acérés. Vite installés, nous avons pris la nuit de vitesse pour escalader à pied le petit Parpaillon à 2881 m. C’est à regret que nous n’avons pas opté pour le grand Parpaillon 2990 m, car beaucoup plus raide et à l’escalade plus technique. Le risque d’en redescendre dans l’obscurité nous a modérés !
La montée du col de l’Arche fut débonnaire. Les 30 km de descente en Italie jusqu’à l’embranchement du col de la Lombarde à Roviera furent désagréables. Les Italiens, motos et voitures confondues, sont complètement « azimutés », grands excès de vitesse, dépassement en virage sans visibilité. Je me suis fait doubler dans un tunnel par une voiture klaxon bloqué, elle manqua de percuter celle qui arrivait en face. Du grand n’importe quoi ! Ouf ! fin de la route de Cunéo, nous avons trouvé un lieu de bivouac dans une zone broussailleuse et la rivière nous offrit une eau revigorante, plaisir insigne.
Si les Italiens sont des furieux sur la route, ils sont de fantastiques bâtisseurs. Les plus beaux tracés de cols sont italiens, à l’image du très célèbre Stelvio. La Lombarde est bien de cette tradition italienne. 1400 m de bonheur dans un cadre magnifique le long d’une route étroite qui ne dépasse pas les 10%. Le soir, la halte à Saint-Etienne-de-Tinée fut appréciée après plus de 1700 m de dénivelé. Le temps était prévu à l’orage dès 11 h le demain. Départ matinal vers le col de la Moutière qui culmine à plus de 2400 m, où nous espérions ne pas y subir l’orage.
Une route confidentielle traversant le village de Saint-Dalmas-le-Salvage nous fit souffrir. Les 10 derniers kilomètres affichent 1000 m de dénivelé, encore de belles séances de poussage nous furent à André et moi, Patricia filant comme une flèche, cependant sur route asphaltée. Au col, visite d’un ouvrage de la ligne Maginot, travaux titanesques. Ont-ils servi ? Sans doute en 1940 suite à l’attaque de Mussolini alors que la France était déjà défaite, cependant de nombreux Italiens furent tués et peu de Français. La pluie nous a cueillis au début de la piste très mal pavée qui rejoint la route de la Cayolle vers 1700 m. Malgré quelques problèmes mécaniques de frein, nous avons dévalé rapidement dans le froid et l’humidité vers Barcelonnette.
Le lendemain un magnifique panorama s’élargit au fur et à mesure que nous gravissions le col d’Allos. Le temps resta encore incertain et quelques gouttes ponctuèrent l’étape. Malgré le pass obligatoire, le camping nous accepta. Nous fûmes cependant des clients clandestins, chut ! Moment étonnant, le cuisinier, personnage truculent, nous conta son parcours de baroudeur en Russie.
A partir de là, les portes de la Provence s’ouvrirent à nos roues. Passage par le Verdon et Castellane, où nous avons rencontré un jeune cyclo lancé dans un tour de France depuis la Bretagne et, sur la route depuis plus de 2 mois. Après le col des Lesques, une route qui se transforme en piste sauvage et déserte nous amène au village de Majastres, le bout du bout du monde, mais en France ! Là encore, nous avons profité d’un bivouac d’anthologie dans le champ d’une petite propriété vide.
Des gorges magnifiques nous ont conduits à l’ouest de Digne. Le joli village de Thoard nous proposa son terrain communal pour la nuit, la dernière sur la route. La bière a un peu trop coulé hum hum !
Ultime journée, le défilé de la pierre écrite nous mena à Sisteron où la place centrale, ombragée et conviviale nous permit une pause agréable. Nous y avons discuté avec deux bikepackers qui, de Genève, rejoignaient Marseille.
Après onze jours que nous n’avons pas vu passer, le rocher d’Orpierre apparut. Sprint final. Devant le panneau du village, nous nous sommes promis d’autres grosses bambées comme traverser le désert de Gobi. Il ne faut jamais arrêter de rêver !
Dernière édition par Lucbertrand le Mer 30 Mar 2022 - 13:09, édité 4 fois
Lucbertrand- responsable de rubrique
- Messages : 559
Date d'inscription : 07/12/2021
Deborah apprécie ce message
Re: 11 jours à vélo dans les Alpes du Sud été 2021
Encore une preuve qu'il n'est pas besoin d'aller au bout du monde pour vivre de belles aventures en voyage
Joetdany- Messages : 9
Date d'inscription : 10/01/2022
Re: 11 jours à vélo dans les Alpes du Sud été 2021
Que dire ?
Respect !
Respect !
luc1954- Messages : 5
Date d'inscription : 31/03/2022
Re: 11 jours à vélo dans les Alpes du Sud été 2021
je suis ébahie par votre courage et votre persévérance
la cohésion et l'amitié dans votre groupe y sont surement pour beaucoup !
en tous cas merci pour les photos magnifiques
la cohésion et l'amitié dans votre groupe y sont surement pour beaucoup !
en tous cas merci pour les photos magnifiques
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