15 jours en Albanie en novembre

par Lucbertrand Mar 12 Déc - 20:10

La date choisie pour aller dans ce pays, du 15 au 30 novembre, n’est pas la meilleure, je dirais même la pire. La nuit tombe à quatre heures de l’après-midi et le climat de type méditerranéen fait que la période est la plus pluvieuse de l’année.

Côté bagages, option très légère retenue, mon camarade et moi avons chacun un sac à dos de cinq kilos, et comme toujours nous aurions pu en avoir moins. Le surplus consiste en deux slips, deux paires de chaussettes, un T-shirt, un sweat-shirt sans compter nos chaussons d’escalade que nous avons peu de chance d’utiliser. Une charge de quatre kilos aurait nettement suffi. J’avais acheté pour l’occasion un sac Deuter de 23 litres, d’un poids de 650 grammes, magnifiquement conçu, pour un prix de 105 euros.

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Mon sac

La légèreté laisse une bonne liberté de mouvements quand on a la condition physique. Traverser une ville à pied, au pas de course ou presque, ne pose plus de problème pour aller chercher un terminal de bus excentré. D’ailleurs la version « pédibus » est le meilleur moyen de « sentir » une ville, en particulier ses quartiers hors des zones touristiques.

Nous n'avons pas fait le choix de louer une voiture, préférant emprunter les transports en commun qui permettent de s’immerger dans la population locale. Les trajets en minibus en Albanie sont toujours surprenants. Il faut d’abord s’habituer à voir le chauffeur conduire avec son téléphone constamment accroché à l’oreille, même quand un policier est à bord. Ensuite, on réalise que le transport de personnes n’est pas la seule fonction de ces estafettes. En effet, sur alerte téléphonique, le conducteur va s’arrêter, charger quelques paquets ou nourritures et les déposer plus loin. Ça monte, ça descend, des passagers ou des marchandises. Il est même arrivé une fois que le conducteur nous gratifie d'un retour en arrière de dix kilomètres pour récupérer une personne qui, sans doute, venait de le contacter. Et puis, c'est sans compter sur les inénarrables poses pipi dans les bistrots de nulle part, avec des bistrotiers qui ressemblent à des yétis, mais des yétis aimables, même s’ils peuvent parfois avoir des têtes de capitaine Haddock. Le mieux est de ne pas trop regarder ce que fait le chauffeur. En effet, parfois, mais rarement cependant, le raki peut couler abondamment dès huit heures du matin. Pourtant il faut faire attention à la police, le code de la route est très strict en Albanie, alcoolémie tolérée zéro. Peut-être y a-t-il une dérogation pour les pilotes de minibus qui remplissent une mission de bien public ? Si généralement ils roulent correctement sans excès de vitesse, ils n’aiment pas être ralentis, d’où des dépassements qu'ils effectuent avec une visibilité réduite tout en franchissant la ligne continue. Mais en France ce type d’infraction est aussi très fréquent, tout particulièrement pour dépasser un vélo, mais pas uniquement.

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C'est une première à laquelle nous ne sommes pas habitués l'un comme l'autre. Jusqu’à présent j’ai toujours voyagé en autonomie de transport, vélo ou voiture. Riches de cette nouvelle expérience, nous jugeons cette manière de voyager très intéressante car cela permet de voir le pays visité sous un angle différent de l’orientation vers laquelle est canalisé le touriste motorisé. Certes, la contrepartie implique de s’astreindre à des horaires imposés. Par exemple, Korça depuis Përmet n’est desservie qu’une fois par jour et le départ est fixé à 7h30 du matin. Mais le fait d’arriver au terminal d’une ville nous donne l'occasion de le localiser pour un futur départ et on y obtient habituellement auprès des différents chauffeurs les bonnes informations pour la suite. Cependant, il est nécessaire, par prudence, de les recouper. On se rend compte que cela peut être chronophage car la marche à pied prend du temps. En effet, les points de départ des minibus sont parfois en périphérie d’agglomération.

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Arrêt à Erseka

Mais revenons au tout début du périple, notre départ. Comme bien souvent, rejoindre Roissy Charles de Gaulle à partir de la région parisienne peut s'avérer aléatoire, entre grève surprise et incidents de personne ou pannes. Ici, il s’agit de rejoindre l'aéroport à partir de Fontainebleau et nous y avons déjà vécu à plusieurs reprises de belles déconvenues. Ouf ! Cette fois, pas de surprise.

Si du côté de la SNCF tout s'est bien passé, il n'en est pas de même avec notre avion qui est annoncé avec trente minutes de retard au décollage. Nous transitons par Frankfurt et le temps de la correspondance est de 40 minutes ce qui nous obligera à effectuer un sprint d’enfer à travers des couloirs à n’en plus finir dans ce gigantesque aéroport. Nos sacs à dos poids plume sont nos meilleurs alliés dans cette course effrénée car ils nous permettent de soutenir une forte cadence, digne d’une compétition de cross-country. Il est minuit moins une seconde ! Un employé nous attend devant la passerelle. Un voyage en avion sans un bon coup de flip ce n’est pas dans le contrat. Mais c'est aussi ce qui fait le voyage comme me l'a rappelé en riant une amie.

Accueil royal à l’aéroport Mère Térésa à Tirana où nous sommes attendus par Zalo, un ami albanais de longue date, venu nous chercher avec sa grosse Mercedes, 4X4, s’il vous plaît. Il nous a négocié un magnifique hôtel pour le quart du prix, 25 euros au lieu de 90 la nuit. Grand luxe, à Paris la même chambre aux dimensions immenses et à l'ameublement élégant nous coûterait sans doute pas moins de 250 €. Logés au 8ème étage, nous bénéficions en prime d’une vue époustouflante depuis le balcon, de jour comme de nuit, sur la ville. Le patron de ce très bel édifice viendra en personne nous faire un petit brin de causette au moment du départ. Impression d’être quelque part des autorités.

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En arrière-plan le mont Dajti

Zalo est connu sur la place de Tirana et il va se mettre en quatre durant la durée de notre séjour dans la ville pour que celui-ci se déroule le mieux du monde. Une amitié très forte nous lie, tissée au cours de trois années de travail en commun.

Cette première journée dans la capitale est placée sous le signe de la grosse pluie. La ville a totalement changé en vingt ans et chaque fois que j’y reviens depuis 1999, j'y découvre toujours de nouvelles évolutions qui me font perdre mes repères. J’aime beaucoup visiter à Tirana les ateliers de peinture. Les peintres pétris de leur passé difficile, s’expriment fréquemment à travers des paysages tourmentés, bien souvent avec des toits enneigés et des nuages menaçants.

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ville du nord par le peintre Zaya

Au cours de ces deux jours passés ici, nous nous rendrons au mausolée, entièrement réorganisé, d’Enver Hodja, homme d'état Albanais tyrannique dont la dépouille a rejoint le cimetière communal, puis au musée de la répression et enfin, pour une touche plus légère, au restaurant Gzona Kalaja Tiranes.

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Le berèk revisité , très bon

Malheureusement, la pluie ne nous a pas permis de prendre le téléphérique qui mène à quelques centaines de mètres sous le sommet du mont Dajti. De ce seuil, cette montagne offre un splendide point de vue sur la ville de Tirana qui s'étire à nos pieds 1400 mètres plus bas. Je m’y suis beaucoup promené à l’époque où j’habitais la ville. Au-delà du mont Dajti la nature est très sauvage jusqu’à la frontière macédonienne. En prenant le temps, de magnifiques randonnées sont à faire, en particulier la Mali me Gropa (la montagne aux trous).

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Le mausolée d'Enver Hodja "relooké"

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L'intérieur réaménagé, tourné vers le business

Nous partons pour la région de Scrapar, connue notamment grâce à la ville de Berat et à la montagne Tomorr, lieu de pèlerinage annuel des Bektashis qui s'y réunissent par milliers pour une grande fête de sacrifice du mouton.

La ville de Berat, ville des mille fenêtres, est l’un des symboles de l’Albanie. Lieu de stationnement des Ottomans à partir de la fin XIV siècle. il est agréable de prendre le temps d’y flâner au gré de ses ruelles accrochées à flanc de montagne. Un chemin escarpé situé sur la gauche de la ville permet d’atteindre le plateau au sein même de la forteresse turque. De ce lieu, une vue exceptionnelle s’ouvre sur le mont Tomorr. L'œil s'y perd et j'y suis resté de longs instants en rêvassant à des itinéraires à inventer sur ce versant de 2000 mètres de dénivelé.

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Berat

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Nous n'en avons vu que des gentils

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Ruelle de Berat

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Ruelle très étroite

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Le Tomorr

On y trouve le superbe musée des icônes, dont la visite mérite le détour. Ce musée a failli disparaître durant l’explosion de l’Albanie en 1997 suite à la grande escroquerie pyramidale qui a ruiné de très nombreux épargnants Albanais. Ceux-ci avaient hypothéqué jusqu’à leur habitation principale pour tout réinvestir dans des montagnes qui les laissèrent sans un lek. Le maire de Berat avait à l'époque anticipé les troubles à venir et caché toutes les icônes. Sans cette action préventive, tout aurait disparu dans le pillage généralisé du pays qui s'en est suivi.

Scrapar recèle de spectaculaires gorges dont celles de l’Osum creusées au pied de la montagne Tomorr. Là aussi, de belles découvertes sont à faire, en dehors des circuits proposés par des agences touristiques.

Une bonne nouvelle, les carrières ouvertes il y a une vingtaine d’années pour l'exploitation des pierres afin d'en faire du dallage ont été fermées. Elles dévoraient littéralement la montagne Tomorr malgré ses 2000 mètres de dénivelé. La balafre toujours plus large prenait de l’ampleur rapidement.

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Gorges de l'Osum

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Sommet satellite du Tomorr

L'Albanie est une terre viticole et les vignerons de la région font de bons vins, mais les prix sont élevés. Pas de bouteilles à moins de 10 euros dans le chai que nous avons visité. Les infrastructures sont neuves. Il semblerait que le gros de la production parte à l’étranger, le pouvoir d’achat de l’Albanais moyen reste bas.

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Nous avons loué à Berat des vélos. Ils étaient malheureusement dans un état déplorable. Vitesses qui ne passent pas, manque de graissage. J’ai dû réclamer de l’huile pour rendre un peu de souplesse aux chaînes. Aucun conseil disponible concernant les circuits possibles. De plus après un gros retard à l’ouverture, nous avons failli trouver le magasin fermé au retour de notre sortie en raison des horaires d’ouverture et fermeture aléatoires. J’ai dû héler l’employée qui partait après avoir fermé boutique une heure avant ce qu’elle m’avait annoncé, ce qui aurait été très embêtant pour la poursuite de notre voyage car mon camarade avait laissé sa carte d’identité et nous partions le lendemain matin de bonne heure. Une manifestation de l’amateurisme le plus caricatural.

par Aliocha Mar 12 Déc - 21:21

Bonjour Luc,
Je vais suivre ton compte rendu..je n'ai que mon portable et ne suis pas tres doué pour taper les lettres avec mes gros doigts!
Première question : Qu'est ce qui a motivé votre voyage en cette saison?! A mon avis la pire de l'année...
Lors de notre séjour en septembre / octobre nous avons fait moitié transport en commun, moitié voiture de location .. En Albanie on ne prend pas un bus ou un mini bus mais un furgon ! ( fourgon )J'adore le terme!..Nos conducteurs étaient plutôt prudents en tous cas bien plus que dans de nombreux pays visités.
. Le second jour après notre arrivée nous avons loué des velos (à Shkoder)Dans cette ville presque tout le monde roule à velo! Après une dizaine de kms j'ai crevé loin de toute agglomération ...Nous avons d'abord cherché un éventuel réparateur .. Après renseignements dans un bistrot enfumé où tout un petit monde etait attablé devant un verre de raki ,un gars nous a gentiment conduits à travers les ruelles du village ( ça grimpe !)chez une personne qui devait effectuer des réparations pour les gens du village.( enfin c'est ce que j'ai compris).La personne en question n'était pas présente et sa fille nous a dit qu'il serait de retour dans 1h...nous en avons profité pour déjeuner dans un petit resto le long du lac de shkoder. ( poissons délicieux pour presque rien)De retour vers le "réparateur de vélos" celui ci n'était tjrs pas chez lui...Nous sommes montés à pieds sur les hauteurs du village pour ally voir une mosquée et là nous avons rencontré une dame qui travaillait dans son jardin.. Après quelques mots échangés elle nous a cueilli des oranges et nous les a gentiment offertes.. A notre retour au village chez la personne chez laquelle nous avions laissé nos vélos 'j'ai retrouvé le mien réparé ! .Bien en vue sur le seuil de sa demeure..J'ai frappé à la porte du monsieur pour lui payer son travail mais j'ai eu beau insister il n'a rien voulu accepter... C'était notre deuxième journée en Albanie...
mes excuses pour les fautes de frappe.

par Lucbertrand Mar 12 Déc - 22:08

Bonsoir Jean-Michel, pourquoi sommes-nous partis à cette époque. Tout simplement nous n'avons pas trouvé dans nos emplois du temps une autre période commune. Effectivement les touristes sont quasi absents à cette période, et on comprend bien pourquoi. Je savais à quoi m'attendre. Mais ce fut très bien quand même.

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Du côté de l'Osum de belles parois, je suis sûr qu'il n'y a pas grand chose pour le moment qui a été ouvert. Je n'ai trouvé aucun renseignement. Mais il faut pouvoir rester sur place un temps certain pour explorer ces faces qui font dans les 200 voire 300 mètres. On m'avait donné les coordonnées d'un grimpeur albanais, mais il ne m'a jamais répondu.

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Et puis on venait pour voir les traces de toute cette culture communiste, qui hélas a tendance à disparaître. Si j'avais vécu sous ce régime tortionnaire je serais peut-être moins enthousiaste pour l'admirer!

par Aliocha Mar 12 Déc - 22:23

Nous avons fait quelques balades dans les gorges de L'Osum,(on a logé juste au bord du canyon,) mais l'escalade c'est fini pour moi.. En fond de vallée le goudron se termine j'ai hésité , avec notre Logan tres poussive , à prendre la piste qui rejoint Permet 40 km plus loin dans une autre vallée mais le panneau était dissuasif :4x4 uniquement !

par Lucbertrand Mer 13 Déc - 8:55

Oui cette route pour les 4X4 de Çorovodë à Përmet je l'ai repérée, itinéraire idéal à vélo. A Berat j'ai discuté avec un British, costaud à vélo, qui en une semaine de vacances faisait un grand tour du sud de l'Albanie à partir de Tirana. Justement il se dirigeait vers Përmet par cet itinéraire. Vu les conditions météo que nous avons eues costaud costaud l'Anglais qui tournait à 120 kilomètres par jour.

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par Aliocha Mer 13 Déc - 9:14

On peut voir une vidéo faite par un voyageur sur l'état de la" route" apres la" junction to Permet" .. mieux vaut avoir des pneus VTT ! Je préfère avoir crevé sur les rives du lac de Shkoder que dans ces montagnes où personne ou presque ne passe ..Nous avions pris une petite route qui s'est terminée en cul de sac au village de Rog..Puis obligés de revenir sur Berat ! C'est souvent le cas en Albanie pour passer d'une vallée à une autre on est obligé de faire demi tour 🥺

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par Lucbertrand Mer 13 Déc - 9:29

Maintenant avec des bons pneus en état on ne crève plus, genre schwalbe mondial. En plus de 50 000 km de voyage à vélo avec pas mal de pistes mal pavées j'ai crevé une fois en faisant une connerie. Par flemme de faire le tour j'ai traversé une grande décharge à Oulan-Bator et j'ai crevé. Parfois je me demande comment les pneus peuvent résister sur des dizaines de km de grosses pierres tranchantes avec 25 kg de bagages et ravitaillement. Deutsche Qualität!

Même avec des jantes petite section, du style vélo de route, les Schwalbe encaissent très bien les chemins en mode bikepacking. Là non plus je n'ai jamais crevé, mais je garde toujours des pneus avec suffisamment de gomme. N pas attendre que les crampons aient disparu.

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Là aussi, ces locations de vélo, ils ne te passent pas de quoi réparer, alors que les pneus sont dans un état déplorable. Par contre, ils te donnent un numéro de téléphone pour venir te chercher au cas où! On voit que c'est balbutiant, quand on compare à d'autres endroits. Il m'arrive de louer des VTT électriques quand les enfants viennent dans les Vosges et on escalade les montagnes avec. Le loueur te donne à volonté de beaux itinéraires sur papier. Alors qu'à Bérat la jeune femme ignorait tout des chemins autour de la ville.

par Aliocha Mer 13 Déc - 9:58

Je crois que c'est un peu la même chose dans de nombreux pays exceptés les pays développés d'Europe de l'ouest. Nos vélos loués à Shkoder( à notre guesthouse) n'étaient pas au top mais tout de même en meilleur état que ceux que nous avions loués au Laos il y a 5 ans! La randonnée l'alpinisme le VTT comme nous l'envisageons ne sont pas encore rentrés dans les moeurs albanaises. La France était dans la même situation dans les années 60/70.Je me souviens avoir entendu pour la première fois le terme de mountain bike dans les années 70/80.

Gorges de l'Osum vues depuis le jardin de notre guesthouse au sud de çorovodë:

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par Lucbertrand Jeu 14 Déc - 15:44

Avant de passer à la suite du voyage, je vous donne quelques informations pratiques sur Berat, l'hôtel où nous avons passé 3 nuits , très correct 45 euros la nuits avec petits déjeuners, qui sont de vrais repas. Il se situe en plein centre juste au départ de la rue pavée raide qui conduit à la citadelle. Puis aussi le restaurant où nous avons dîné trois soirs de suite, très bel accueil, plats très corrects et les vins sont très bons.

Dans la suite du voyage je parlerai des villes de Gjirokastër, la ville de pierre, de Përmet, de Korça, le petit Paris, de Pogradec, la ville du peintre Taso.

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Il se trouve en rive droite de la rivière au niveau du pont central

par Lucbertrand Sam 16 Déc - 18:51

Après Berat, nous rejoignons Gjirokastër en deux heures trente par une route de belle qualité. Nous y arrivons à la tombée de la nuit. Il bruine doucement. Notre but, atteindre l’hôtel Kodra conseillé par le guide Lonely Planet. Il se situe au pied de la citadelle. Une demi-heure de marche à travers la ville nous conduit au lieu. Cet exercice physique nous revigore après quelques heures de transport. L’escalade sur des pavés mouillés de la colline qui conduit à la vieille ville est pour le moins vivifiante. Dans la nuit nous éprouvons quelques difficultés à trouver l’hôtel. Une commerçante, très gentiment, se propose de nous y accompagner. Il se cache en effet au fond d’une courte impasse.

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Montée vers la vieille ville

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Trois photos de notre chambre au lever du jour

Cette cité, surnommée la ville de pierre du fait de ses toits en ardoise, est le lieu de naissance de deux hommes très célèbres dans le pays. Le premier, Enver Hodja qui a façonné le pays au rythme de sa paranoïa et le second, le plus célèbre des auteurs albanais, Ismaël Kadaré. A son sujet, on peut se poser la question de sa survie en tant qu’écrivain dans le régime communiste très strict qui contrôlait absolument tout et particulièrement les écrivains. Ecrire avec une épée de Damoclès sur la tête en permanence devait être un exercice difficile et très éprouvant. Mais il s’en est bien sorti. A mon avis, après la chute du régime, son style et la profondeur de ses écrits se sont allégés. Peut-être avait-il besoin de cette surveillance implacable pour que son plus pur génie s’exprime ?

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La ville de pierre , maisons traditionnelles

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Les fameux toits de pierre

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Ses livres sont incontournables pour comprendre la réalité du régime auquel le peuple était asservi. Trois de ses livres parmi les plus marquants : Avril brisé, le dossier H et le général de l’armée morte.

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Enver Hodja était aussi un écrivain prolixe

La vieille ville, coincée au pied de la citadelle, dégage un charme certain, mâtiné de tourisme omniprésent. La forteresse, aux dimensions titanesques, a été transformée en musée. Elle mérite une longue visite avec, cerise sur le gâteau, les pièces du dernier étage, où l’on peut admirer d’étonnants et singuliers tableaux à l’esprit guerrier peints à la gloire de l’héroïsme du peuple albanais durant la dictature, ainsi que les geôles qui servirent à différentes tyrannies, nazie et communiste.

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Le hasard a voulu que nous y soyons la veille de la fête nationale et les écoliers de la ville, accompagnés de leurs institutrices, y étaient en quelque sorte en pèlerinage. Dans nos pays de l’ouest, toute marque de célébration de l’amour un peu trop marqué de la patrie est vue comme un fascisme à peine camouflé. Les petits Albanais, eux, affichent, voire brandissent avec allégresse le drapeau national tout en chantant et dansant bruyamment aux paroles de leur hymne national.

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Cependant, de façon en apparence paradoxale, les particuliers aiment bien afficher leur drapeau à l’aigle bicéphale encadré de la bannière américaine et de celle de l’Union Européenne, les deux étoilées.

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Autour de la ville, d'un côté à l'autre de la vallée, de hautes montagnes dominent, promesse d’innombrables longues randonnées sauvages en dehors des chemins courus.

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par mjp Sam 16 Déc - 21:53

Ces photos de sommets émergeant dans la brume me donnent vraiment envie d'aller à la découverte de ces contrées

par Lucbertrand Sam 16 Déc - 22:13

Bonsoir Jean-Pierre, y'a de quoi faire en matière de montagnes, l'Albanie fait 28 000 km2 dont 18 000 de montagnes.

par Lucbertrand Dim 17 Déc - 19:59

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La visite à Gjirokastër de cette maison traditionnelle est très intéressante, le propriétaire vous expliquera la saga de sa famille

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Et la vue sur la ville et la montagne est magnifique. Il faut s'arranger à la visiter à la tombée de la nuit et prendre le temps de la regarder tomber de la terrasse supérieure.

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par Lucbertrand Lun 18 Déc - 10:47

Përmet, petite cité de 6000 habitants, nous offre le choix entre deux hôtels, l’un moderne et l’autre au style et au charme désuets de l’époque communiste. Nous n’hésitons pas une seconde et choisissons, évidemment, le second.

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Une belle église orthodoxe se cache dans un quartier calme. Elle est ouverte, ce qui n’est pas toujours le cas en Albanie, mais il est interdit de photographier l’iconostase ainsi que les différentes icônes. Les orthodoxes n’aiment pas les photographies d’objets religieux, alors que les catholiques ne s’en offusquent jamais. En haut de la place principale, dans la rue qui part à droite, nous déjeunons dans un restaurant de très bonne qualité, tenu par un homme qui a reçu des prix culinaires, je ne peux que le conseiller.

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Je ne résiste pas à vous mettre une photo d'icônes bien qu'elle viennent d'une autre église de montagne

Un peu au-delà de la place principale, un énorme caillou d’une vingtaine de mètres de haut semble posé là comme par hasard. On en atteint le sommet par un escalier métallique d’où la vue est intéressante sur la ville et la rivière qui est aussi réputée pour le rafting.

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Ce qui m’a particulièrement frappé, ce sont les montagnes qui encadrent la ville. Elles culminent à plus de deux mille mètres d’après ma carte et les dénivelés sont conséquents, plus de 1600 mètres. De toute évidence, de nombreuses randonnées très sportives semblent possibles en dehors de tout circuit balisé. Mais là encore, il faut du temps. S’installer dans notre hôtel communiste pour quelques jours procurerait un bon camp de base pour quelques grosses bambées. Hélas, nous avons prévu de n'y passer qu'une seule nuit et le mauvais temps est de la partie avec quelques fortes chutes de pluie. Les sommets, quant à eux, restent cachés dans la crasse.

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Dès que l'on prend des bâtiments en photo, il est impossible de ne pas avoir des fils électriques

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par Aliocha Lun 18 Déc - 11:53

En haut de la place principale, dans la rue qui part à droite, nous déjeunons dans un restaurant de très bonne qualité, tenu par un homme qui a reçu des prix culinaires, je ne peux que le conseiller.

Ce n'est peut-être pas le même car celui où l'on s'est arrêté était sur la place principale: Le restaurant Trifilia mais dans celui-ci nous avons fait également un excellent repas ( Déjeuner)

La montagne entre çarshovë et Përmet

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par mjp Lun 18 Déc - 22:09

Ses livres sont incontournables pour comprendre la réalité du régime auquel le peuple était asservi.

Petite digression littéraire: je suis en train de lire un roman de Ermal Meta: "Demain et pour toujours". Cet auteur albanais, y décrit toute la période de la dictature avec ses dénonciations, cette surveillance permanente, ses exécutions et les déportations. Une saga passionnante sur l'histoire de ce pays

par alain.26 Mar 19 Déc - 8:53

Bonjour
merci Lucbertrand et les autres de me faire revoir ces contrées visitées en 2007
Epoque ou les routes, les plaques d'égouts, poubelles laissaient des traces dans les mémoires
Depuis heureusement des progres

par Lucbertrand Mer 20 Déc - 9:17

Notre prochaine étape sera Korça, ville au fort passé français. Je me souviens de vieilles personnes qui parlaient notre langue parfaitement sans pratiquement aucun accent. Elles ont maintenant disparu car ce passé français remonte à la première guerre mondiale. D’ailleurs on trouve un cimetière français où reposent plus de 600 soldats tombés il y a plus de cent ans sur un front très loin de leur patrie.

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Cimetière militaire français de Korça, photo tirée du site de l'ambassade de France

Il me revient également en mémoire cette dame qui était à la recherche de son grand-oncle tombé dans les Balkans. Elle m’avait demandé de l’aide dans sa quête. Parti à la découverte de son aïeul, je l’avais identifié parmi les 640 tombes.

Je me réjouissais de faire découvrir à mon camarade le magnifique panorama qui s'étend tout au long du trajet qui va de Përmet à Korça. Hélas, le mauvais temps nous cachera, sur la plus grande partie de l'itinéraire les belles montagnes au pied desquelles la route serpente.

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Ce n'est que sur la fin que les nuages se déchirent et à partir d'Erseka. De beaux sommets enneigés émergent dans un ciel bleu.

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Beaucoup d'immeubles datant de l'époque communiste montrent que le pays reste pauvre

Ici, quelques bunkers ont été extirpés du sol comme des molaires d’une mâchoire. Posés sur des dalles en béton, ces vestiges des jours sombres portent les stigmates du temps et attendent le concassage.

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La ville de Korça est importante. Son cœur, appelé le Petit Paris, est bien restauré et la dernière fois que j’y étais passé, il était en plein chantier de réhabilitation.

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Nous logeons dans un hôtel qui n’en a pas l’apparence, le Sophie. Nous l’avons découvert par hasard, l’hôtel Le Petit Paris nous a donné l’information. Ils se font face dans une petite rue pavée. Il n’assure pas de restauration. C’est un des bistrots branchés de la ville qui attire beaucoup de monde. Mais la quiétude des chambres est assurée. A 50 euros la nuit avec les petits déjeuners, le prix n’est pas exagéré, considérant que les petits déjeuners sont de véritables repas pantagruéliques. Nous passons deux nuits dans ce cœur de ville très agréable.

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La saucisse de Korça est la spécialité locale. Nous allons la déguster dans un établissement à deux pas de notre lieu de stationnement, accompagnée d’un vin rouge puissant.

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Après une très bonne nuit nous partons pour une belle balade dans les montagnes enneigées qui dominent la cité. Un club de montagne se situe à proximité, et très gentiment on nous renseigne sur l’itinéraire de la randonnée que nous allons faire. Le patron nous avance de 3 kilomètres en voiture. Nous reviendrons à pied après avoir parcouru 27 kilomètres.

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Un énorme forage troue la montagne, les œuvres d'Enver Hodja dans sa paranoïa qui outre les bunkers avait fait creuser des abris gigantesques partout

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Un bijou dans la montagne , la porte est ouverte

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Retour la pénombre arrive, la traversée de la ville se fera de nuit

par Lucbertrand Ven 22 Déc - 20:53

La dernière étape de notre escapade albanaise se situe à Pogradec, ville célèbre pour son lac. On le nomme lac d’Ohrid, nom de la cité macédonienne que l’on aperçoit depuis la promenade de Pogradec.

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Cet immense plan d’eau est réputé pour son salmonidé rare, le Koran. Il s’agit d’une truite qui peut atteindre une belle taille et qui vit en profondeur. On ne le trouve qu’ici et dans le Baïkal. Pendant de nombreuses années, il fut un sujet de discorde entre l’Albanie et la Macédoine. Pour ce dernier pays, le Koran était une espèce protégée, alors que l’on continuait à le capturer en Albanie. On vous le vend en bordure de route.

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Ce différend n’est plus d’actualité car le poisson n’est plus protégé. Par une politique de culture d’œufs pris sur la population endémique du lac, son développement et sa pérennité ne sont plus en danger. Ces méthodes piscicoles sont bien connues dans les Vosges, nous les appliquons au profit de la population de truites fario au profit de la souche, locale hors action de pisciculture. On parle de pisciculture dès que l’on nourrit un poisson, ne serait-ce qu’une fois. Par la remise à l’eau d’alevins avant de les alimenter, issus de femelles endémiques prises dans les rivières du village, on reste dans le rempoissonnement de salmonidés sauvages.

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Pour moi Pogradec, c’est aussi la ville du peintre Taso, dont j’ai acquis un certain nombre d’œuvres. Au fil des années, son style a radicalement évolué. Il a beaucoup étudié les peintres européens de différentes époques dont il s’inspire. Nous avons eu le privilège d’admirer ses carnets de croquis, en particulier ceux portant sur Paris, dont il est un fervent amoureux.

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En hiver le spectacle des montagnes enneigées qui matérialisent la frontière avec la Macédoine, vaut à lui seul de s’arrêter dans cette ville, à défaut d’aller les escalader.

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15 jours, laps de temps bien trop court, il nous aurait fallu rester une semaine dans chacune de ces villes en prenant le temps d’en arpenter les montagnes sauvages, mais cette option n’était pas du goût de nos épouses.

par mjp Ven 22 Déc - 21:49

J'ai beaucoup apprécié ce carnet: les paysages d'Albanie en début d'hiver semblent particulièrement attrayants.

par Lucbertrand Ven 22 Déc - 22:06

Bonsoir Jean-Pierre, merci.
Oui ces paysages de début d'hiver ou fin d'automne ont un petit côté montagnes mystérieuses.

par Marifb Sam 23 Déc - 4:14

Merci pour ce compte rendu qui ravive les souvenirs de notre voyage en Albanie de 2014, il y a presque 10 ans.

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