Topos : trekking au Pakistan

par Julien92 Sam 4 Fév 2023 - 10:30

Bonjour à tous,

J'avais pas mal demandé et partagé d'informations sur l'ancien forum, je suis très content de revenir ici pour continuer dans cette optique de partage entre voyageurs Very Happy

.

Cet été, j'ai réalisé un de mes grands rêves : avec ma copine, nous avons passé 7 semaines à randonner au Pakistan. Projet longtemps repoussé car je pensais que c'était compliqué, voire impossible sans agence ; que sans le trek du camp de base du K2 et du Gondogoro La, on passait à côté... je viens ici pour montrer que non !

Je sais, je sais, j'ai lu les conseils avant de poster : on évite un lien unique vers un blog, c'est tout à fait normal. Ainsi, voici les informations générales pour le trekking au Pakistan. Pour les topos détaillés de chaque trek, je vous proposerai par contre de vous rendre sur mon nouveau site : https://treketvoyages.com.

Nous avons passé 4 semaines à randonner sans guide et sans agence sur des treks autour de la Karakorum High Way (aucun permis nécessaire). Un peu allergique aux agences et aux groupes, nous avons hésité longtemps, mais nous avons fini par ajouter à ce voyage le trek du Gondogoro La. Nous ne regrettons pas : sans doute le plus beau trek du monde, au du moins, le plus beau de la centaine de treks que j'ai parcourus jusqu'à présent.

Sécurité :

Il n'y a pas de risque terroriste spécifiques au Baltistan. Pas plus que dans une ville européenne. Évidemment, de nombreuses régions du Pakistan ne sont pas fréquentables pour cette raison: on parle ici du Nord, la région de trekking. Le problème est une nouvelle fois notre vision en état-nation qui conduit à voir un pays comme un espace homogène.

Les questions de sécurité ne sont pas liées à cette thématique du terrorisme mais à d'autres, communes à de nombreux pays :

les dangers de la route. Bien que ces dernières soient en meilleur état et la conduite moins folkloriques que dans beaucoup d'autres pays, cela reste un facteur de risque.
la montagne : isolement, peu/pas de possibilité de contacter les secours (beaucoup de zones sans réseau), météo changeant rapidement et prévisions peu fiables, risques d'éboulements sur de nombreux itinéraires, traversées de ponts et de rivières pas toujours évidentes (mais assez rares), etc.
l’hygiène alimentaire : la consommation de viande additionnée aux conditions d’hygiènes délicates rend les intoxications alimentaires fréquentes et parfois graves.

De manière générale, l'hospitalité et la bienveillance des locaux aident grandement à renforcer ce sentiment de sécurité. Les risques de vols semblent très faibles, ceux d'agression encore plus.

Voyager sans agence ? Et difficultés à voyager.

Bien qu'il faille une certaine expérience du trekking, voyager sans agence est tout à fait possible sauf pour certains treks, comme le camp de base du K2 (K2BC) et le Gondogoro La qui sont en TZR. Cependant, de très nombreux treks de la régions de Gilgit sont en TZO: ni permis, ni agence, ni aucune formalité. Et ces treks sont magnifiques : on voit des glaciers tout aussi beaux ! Le Pakistan sans K2BC, ça vaut totalement le coup et il y a des possibilités pour des mois de voyage. Mais…

Randonner au Pakistan demande de l’expérience ; si des topos de qualité existent, sur le terrain, il faut savoir se débrouiller : pas de carte bien précise, évidemment aucun balisage, des chemins peu voire pas du tout tracés, terrain difficile, éboulements ou ponts détruits qui nécessitent des itinéraires de contournement parfois scabreux, etc. Et on ne parle ici que des treks décrits comme «non techniques » : des treks proches de l’alpinisme existent aussi, mais même dans les treks classiques, il y a des difficultés que tout randonneur n’a pas forcément l’habitude de rencontrer. Nous pensons ici particulièrement aux nombreuses traversées de moraines paumatoires et exténunantes. L’absence de réseaux téléphoniques, les itinéraires peu fréquentés et/ou loin des villages font que ces treks relèvent d’un certain engagement. Attention également à l’acclimatation.

A ces difficultés du terrain s’ajoutent celles du voyage en lui-même : vols annulés, routes bloquées par des éboulements, ponts détruits, difficultés à échanger ou retirer de l’argent, etc. Ces petits défis supplémentaires sont décrits ci-dessous.

Cependant, tout ça fait partie du voyage ; conclusion : rien d’impossible à voyager sans agence, mais il faut avoir une certaines expérience !

Se rendre au Baltistan :

Conseil personnel : ne volez pas sur Gilgit. En effet, les vols sont très souvent annulés : de l’ordre de 30 à 50%. C’est une réalité donc : il est indispensable de prévoir le temps de prendre le bus pour Islamabad avant votre vol international. Les billets des vols annulés ne sont pas remboursés (35 à 70$) : on vous propose de vous mettre sur un autre vol plusieurs jours après (lorsqu’il y a une place libre).

Les vols sur Skardu sont moins souvent annulés, je dirais environ 20% : c’est suffisamment fréquent pour garder une marge pour l’option du bus comme plan B, mais ça peut valoir le coup de tenter sa chance… quitte à prendre le bus si jamais.

En bus, il faut compter entre 16-20h vers Skardu, 14-16h vers Gilgit. Plusieurs départs par jour, plusieurs compagnies (Marco Polo est la meilleure et n’est pas plus chère que les autres : sièges larges et AC). 15-20$. Réserver la veille ou quelques jours avant est plus prudent, surtout si vous souhaitez prendre une compagnie en particulier. Le trajet passe par des zones classées rouges pour la France mais dans les faits, le trajet est aujourd’hui sûr : il n’y a plus de risque terroriste dans ces zones (se renseigner car ça peut changer). En 2022, la route était très empruntée par les touristes locaux et les quelques Occidentaux n’ayant pas opté pour un tour organisé. Les agences françaises ne veulent pas la prendre et attendent un hypothétique vol suivant, mais les agences locales vous feront prendre la route en cas d’annulation de votre vol Skardu - Islamabad. Il y a toujours le risque d’un éboulement sur la route qui ralentirait voire bloquerait la route, mais c’est bien moins fréquent que les vols annulés.

Se déplacer au Baltistan :

Beaucoup de minibus sur la KKH, mais souvent pleins si vous ne les prenez pas à leur départ. Le stop marche très bien. Une participation financière est parfois demandée, en tous les cas, il est poli de la proposer.

Les bus et surtout les minibus entre Gilgit et Skardu sont fréquentés (départs entre 8 et 11h). 3h30-4h30 de trajet. 5-7$. Taxis partagés également proposés à la gare routière de Gilgit, à peine plus chers (8-10$ la place).

Visa :

En ligne : https://visa.nadra.gov.pk. 35$. La procédure est simple. Inutile de passer par un intermédiaire. Par contre, il faut une lettre d’invitation ou une réservation pour toute les nuits (nous avons essayé avec seulement quelques nuits : ils nous ont demandé le complément ou la lettre). Des agences ou des particuliers proposent cette lettre pour la somme exorbitante de 70$. Inclus dans le prix des trekkings proposés par les agences, même si vous ne faites qu’un trek avec eux et le reste de votre côté.

Pour les treks en TZO, le visa « tourisme » suffit même si dans les faits vous allez faire du trekking. Délai de 7 jours. Le visa « trekking » est indispensable pour rentrer dans les treks en TZR. Le délai est beaucoup plus long : 30-35 jours. Le prix est le même. Dans les deux cas, imprimer le visa papier : il doit être tamponné à l’arrivée et vous sera très souvent demandé sur place. Une feuille volante à garder précieusement dans le passeport.

Argent :

Attention, c’est un sujet important. Très peu d’ATM acceptent les cartes étrangères : nous n’avons réussi qu’avec ceux de la banque Alfalah. Or, on en trouve un seul à Gilgit, un à Skardu et un à Aliabad. Avec les Mastercards, ils marchaient mais avec les visas, l’écran devenait noir. En appuyant sur un des boutons sur le côté, l’écran se rallumait et un retrait était possible. Cependant, dans cette même banque à Islamabad, l’écran ne s’est pas rallumé et nous n’avons pas pu utiliser nos cartes visas. Retrait maximum de 20’000 roupies (90$) et 650 roupies de frais.
Nous n’avons pas vu de changeur officiel ni à Gilgit, ni à Skardu. Au bazar de Gilgit, il paraît qu’un magasin fait du change à un taux correct (mais fermé le weekend). A Skardu, certains magasins semblent aussi le faire. Les banques ne semblent pas en faire.

A Islamabad, il y a plusieurs bureaux de change, dont un à l’aéroport : ils proposent des taux correctes. Mieux vaut changer suffisamment à ce moment-là.

Budget :

Comme toujours, très variable selon votre mode de voyage. Mais voici quelques exemples de prix pour donner une idée. Taux de change lors de notre passage : le dollars a varié entre 210 et 250.

- Une chambre d’hôtel double : à partir de 2000-3000 rps.

- Un repas petit-déjeuner (paratha, oeuf, tchai) : 150-180 rps.
- Un repas de midi : 250-400 rps. (Un pulao : 250-300 par exemple).

- Le bus Gilgit - Islamabad (14h) : 3500 rps.
- Minibus Gilgit - Hunza (2h30) : 300-400 rps. Compter 150-200 rps par heure.

- Un taxi Gilgit - Passu (4h) : 10’000 rps, négociable à 8000.
- Minibus Skardu - Gilgit : 1300 rps.
- Une bouteille d’eau : 70 rps.
- Un jus de mangue : 80 rps.
Nous avons eu un budget de 11$ par jour et par personne les jours où nous n’étions pas avec l’agence. Bien sûr, très variable suivant les jours : 1$ de nourriture les jours de trekking, plutôt 15-20$ les jours en ville avec hôtel et restaurants à tous les repas.

Avec une agence locale… 100-120$ par jour… un budget qui n’a donc rien à voir. 10 fois plus cher !

Gaz :

Le gaz pour réchaud (type primus) ne se trouve que dans les magasins d’équipement de sport de montagne: il y en a plusieurs à Skardu (une raison de plus de voler sur Skardu) mais un seul à Gilgit. Lors de notre passage, le propriétaire a dit qu’il ne lui restait que 20 bouteilles et qu’il n’en rachèterait plus après. Bref, ne comptez pas trop acheter du gaz à Gilgit.

Nourriture de trek :

Très peu de choix à Gilgit. On n’aime pas faire ça, mais ça vaudrait le coup de venir avec de la nourriture depuis chez vous. A Skardu, un peu plus de choix.

Les treks décrits en détails sur mon site :

par Deborah Sam 4 Fév 2023 - 11:36

MErci d'avoir initié cette rubrique "trek" qui nous manquait encore et que nous espérons voir grandir cheers

Les photos des montagnes sont vraiment époustouflantes de beauté et de pureté, on comprend que vous ayez été fascinés.

Cependant, tu notes de nombreux dangers de randonner dans le coin (je ne parle pas des dangers politiques, mais de ceux de la montagne): ne serait il pas plus sage de prendre un guide qui connait le terrain ?

par mjp Sam 4 Fév 2023 - 12:16

ne serait il pas plus sage de prendre un guide qui connait le terrain ?

Quand on a l'expérience suffisante en montagne le voyage sans guide offre une liberté sans égal. Partir avec un guide est certes plus sécurisant mais n'apporte pas le plaisir de la préparation et de la recherche d'un itinéraire.
Comme dans les voyages classiques certains préfèrent organiser eux mêmes leurs voyages, d'autres s'en remettent à des forfaits tout compris: à chacun selon son goût et ses capacités.
On en revient toujours au dilemme sécurité versus liberté

par Julien92 Sam 4 Fév 2023 - 13:31

Effectivement, c'est un dilemme. De mon côté, j'ai toujours privilégié des projets qui étaient réalisables sans guide, quitte à ne pas viser trop haut au début. Peu à peu, j'ai acquis de l'expérience et j'ai ainsi pu faire de plus en plus de choses. Les rares fois où j'ai dû passer par un guide/une agence (obligation légale), comme pour le Rinjani, l'Ararat et ce trek du camp du base du K2; j'ai chaque fois compris pourquoi j'évitais ça. Pour moi, mieux vaut viser moins haut mais être autonome. Le trek du K2 faisant exception : c'est tellement extraordinaire...
Pour certain.es, les guides n'apportent pas que de la sécurité mais aussi des connaissances sur les lieux, sur la culture. J'en conviens... chacun sa façon de voyager Very Happy

Ce que je voulais surtout dire dans ce topo, c'est que pour randonner au Pakistan, il faut de l'expérience de trekking mais qu'il n'y a aucune contrainte administrative ou liée sécurité politique. C'est clair que c'est plus difficile que de randonner au Népal ou même au Ladakh, mais c'est tout à faisable si on a de l'expérience !

par Tichodrome Dim 26 Fév 2023 - 21:44

Bonjour

Ce sujet sur une région qui m'a enthousiasmé me donne l'occasion de renouer avec ce forum que je n'avais pas fréquenté depuis bien longtemps Sad

Ma femme et moi avons parcouru la région de Shimshal en 2012. 10 ans déjà ! La KKH en bateau n'est plus d'actualité mais le reste a dû peu changer.
Même optique que Julien92 : trek individuel sans guide ni porteur.
Nos balades : cartes, traces Gps et photos Karakoram 2012

Si ça peut aider certains à se décider...
Bonne route

par Marifb Lun 27 Fév 2023 - 7:07

Tellement d'accord avec toi Julien92. On n'arrive pas à apprécier les voyages ou randonnées guidés. Il y a toujours une appréhension à se lancer seul mais quel plaisir et quelle satisfaction de réaliser quelque chose par soi même.

par Julien92 Lun 27 Fév 2023 - 8:25

Tichodrome : c'est notamment grâce à ton site que je me suis dit que c'était possible de voyager librement au Pakistan tout en voyant quand même les glaciers spectaculaires. Avant de voir tes photos, je n'étais pas sûr que les deux étaient compatibles. Merci milles fois pour avoir largement participé à me donner cet élan !

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