Récit de mes aventures en Birmanie

une grande beuverie ?  

Mais non, çà ne peut pas être çà puisque immédiatement après je raconte:
"Sonny vient nous chercher: on peut repartir.
On reprend la route."
Sinon j'aurais écrit "du coup on s'installe ici, et qui je vois à ce moment-là dans la foule, 3 pintes à la main? Deborah!..."

ah vous avez participé ?! tu ne l'avais pas dit...

alors un bal populaire ?

un spectacle télévisé ?

un spectacle télévisé ?

Et ben voilà, on y est.
Ce n'était pas un spectacle particulier, la foule regardait LA télévision, tout simplement, probablement parce que c'était la seule du village.

ah vous avez participé ?!

Non, justement, on a pas participé.

Bon, du coup je vais pouvoir raconter la 3ème, et là çà devient sérieux.

Teaser: "VOS PAPIERS!" aboya-t-il d'une haleine avinée.

[size=32]regarder des séries à l'eau de rose ? [/size]

@Deborah  @Dr.Telung non, c'est vraiment pas mon truc, par contre oui pour certaines séries culinaires , à la limite sentimentalo-culinaires, ou policières.

Pour revenir à la Birmanie de cette époque, 11 ans avant telung,  je me souviens  de l'accueil à l'ambassade à Paris, située au n-ième étage d'un immeuble: j'ai sonné, la porte s'est ouverte, je me suis retrouvé  face à un type en gabardine de cuir noir, genre gestapo qui m'a dit sur un ton glacial: « visa ?» 
J'ai opiné de la tête et il m'a conduit vers la salle d'interrogatoire. Je suis passé aux aveux rapidement par écrit en remplissant le formulaire de demande, payé, donné ma photo, mon  passeport que je récupèrerai  quelques jours plus tard .

C'est digne des pays communistes, que j'ai beaucoup visités à cette époque (fin années 1970, années 1980 jusqu'à la chute du Mur de Berlin...)

La différence, c'était qu'il n'y avait pas d'alignement ni avec L'URSS, ni avec la Chine et le dictateur de l'époque, Ne Win, prônait une espèce de"socialisme bouddhiste" plus ou moins fumeux.Il craignait que le pays devienne communiste et, sous le conseil d'astrologues, fit changer le sens de circulation de gauche à droite. Les astrologues lui suggérèrent de choisir 9, nombre porte-bonheur, comme unité monétaire et du jour au lendemain les billets de 10, 50,...furent remplacés par ceux de 9, 45,...d'où une catastrophe économique puis un rétropédalage.

Le plus triste est ce qui se passe maintenant après une période d'espoir:plus d'idéologie, juste la répression pour garder le pouvoir et s'enrichir sur le dos de la majorité, pas d'aide extérieure à la résistance bien présente, on n'en parle presque plus dans les média.

Yvesguillem a écrit:Pour revenir à la Birmanie de cette époque, 11 ans avant telung,  je me souviens  de l'accueil à l'ambassade à Paris, située au n-ième étage d'un immeuble: j'ai sonné, la porte s'est ouverte, je me suis retrouvé  face à un type en gabardine de cuir noir, genre gestapo qui m'a dit sur un ton glacial: « visa ?» 
J'ai opiné de la tête et il m'a conduit vers la salle d'interrogatoire. Je suis passé aux aveux rapidement par écrit en remplissant le formulaire de demande, payé, donné donné ma photo, mon  passeport que je récupèrerai  quelques jours plus tard .

11 ans + tard, ce n'était plus un type... mais çà devait être sa veuve qu'il avait probablement du former lui-même, car j'étais tombé sur une vieille gringrin désagréable au possible, à tel point d'ailleurs qu'elle était négativement réputée sur toute la place parmi les voyageurs, si je me souviens bien ils en parlaient même dans le Routard de l'époque.

les billets de 10, 50,...furent remplacés par ceux de 9, 45,...d'où une catastrophe économique puis un rétropédalage.

Ah oui, j'avais oublié mais maintenant que tu en parles, çà me revient. Il y avait aussi des coupures de 35 et 75.
A noter que par la suite l'état à supprimé toutes ces coupures de valeur brisée sans prévenir à l'avance et sans possibilité de les changer pour des billets normaux: si tu étais birman et que tu t'étais constitué des économies avec ces billets, tu perdais tout.

@Dr.Telung

on attend la suite  de ton histoire avec une impatience non dissimulée 

@Deborah,

Bah vi mais en ce moment je suis au Laos (dans le forum), donc pas le temps pour la fantaisie...

Une info exclusive pour vous faire patienter: le 3ème récit se déroulera encore de nuit et s'intitulera...

Le pont

(Argh!)

Le pont

Nous ne sommes restés à Mandalay que pendant la journée pour visiter ce qu'il y avait à voir. Vers 23h nous reprenons la voiture pour un nouveau trajet nocturne jusqu'à Pagan qui ne devrait pas durer plus de 5-6 heures si nous n'avons pas de panne(s), ce qui nous ferait arriver à destination de très bonne heure. Le temps de poser nos sacs dans un guesthouse et de faire un brin de toilette et on sera sur les pagodes au plus tôt, à l'heure idéale de la matinée pour la bonne lumière permettant les bonnes photos. D'ici là nous en sommes à notre deuxième nuit consécutive sans dormir dans un lit et la visite de Mandalay et de ses alentours s'étant faite à un rythme soutenu, on est épuisés. L'occupation de la "chambre" est encore la même: une (toujours la même) devant avec Sonny et le chauffeur et à l'arrière une fille sur chaque banquette et entre les deux, au sol, les 2 gars et la quatrième fille. Malgré l'inconfort et les secousses dues à l'état de la route on s'endort facilement.

L'arrêt du bruit du moteur et des secousses me réveillent: on ne roule plus. Je ne bouge pas, j'attends la suite. En tendant un peu l'oreille j'entends Sonny qui discute avec des voix inconnues. Je m'assois et regarde: les flics. Leur discussion se prolonge, ce qui est mauvais signe. Je descends et, la tête dans le seau, vais au nouvelles. Avant même de parler j'entr'aperçois déjà le problème: nous avons un pont à franchir mais son accès est fermé par une barrière que les pandores semblent être chargés de garder baissée. C'est ennuyeux car il doit en être dans la police comme dans l'armée: ce n'est jamais aux + intelligents éléments que l'on confie ce genre de mission mais plutôt aux plus cons dont on sait qu'ils vont mettre un point d'honneur à respecter les ordres. Sonny m'informe que la barrière ne sera levée qu'à 6h. Je regarde ma montre: il est 1h... J'essaye d'entamer la conversation avec celui des 4-5 flics qui semble être le + gradé mais sa réaction est de me demander mon passeport. Lit-il une autre langue que le birman? J'en doute. Entre temps mes pax se sont réveillés et sont désormais tous visibles. Je m'attends à ce qu'il demande qu'est-ce qu'un groupe de 6 touristes peut bien faire de nuit dans un tel transport de surcroit officiellement non habilité à çà, probablement qu'il devine déjà la réponse et que çà sent les soucis pour nous dont Sonny et moi en particulier.
Mais non, il ne semble pas avoir déjà entendu parler de Touristburma et me rend mon passeport. Bon.
Il n'en reste pas moins que nous sommes bloqués là et que çà ne fait pas du tout mes affaires, déjà car il ne nous dit rien du tout de poireauter pendant 5h en rase campagne et mal accompagnés mais aussi parce que çà va nous faire arriver à Pagan beaucoup + tard à la pire heure de la journée pour les photos, et je ne suis pas le seul photographe de la bande.
Mon Telung, il va falloir faire preuve de psychologie...

Je vais à la voiture et y prends discrètement dans mon sac un paquet de cigarettes que j'ouvre et vide des trois quarts de son contenu. C'est la marque avec le cowboy, pour un birman un seul paquet coute l'équivalent d'environ 4 jours de salaire.
Devant tout le monde j'offre une clope à Sonny, au chauffeur et chacun de mes pèlerins.
"non, merci, je ne fume pas" décline le premier de ceux-ci.
"si, aujourd'hui vous fumez tous! Prenez-en une, allumez-là, faites semblant et ayez l'air détendus
Mais vu que j'ai fait en sorte qu'il ne reste que 5 cigarettes dans le paquet, il n'y en a pas assez.
"ah zut, j'en ai plus" dis-je d'un air faussement marri en montrant le paquet vide devant tout le monde, dont bien évidemment la flicaille qui ne perd pas une bouchée de la scène mais comme ils sont en service je ne leur en ai pas offert...
Je retourne à mon sac, le sors de la voiture, plonge la main dedans et en ressors 2 paquets neufs, soit un de trop que j'offre à Sonny de l'air du gars qui a le coeur sur la main et préfère agir ainsi que de se faire suer à remettre le paquet dans le sac. Je finis la distribution à ceux de mes pèlerins qui n'étaient pas encore servis. Je les regarde amusé en train de faire semblant d'être fumeurs, c'est rigolo.
Puis du geste j'avise Chauffeur
"et toi, tu en veux aussi un paquet?
Bien sur que oui, il le fumera ou le revendra. Re-plongée de ma main dans mon sac et j'en sors carrément la cartouche de façon bien visible de tous, en extrais un paquet et le donne à Chauffeur.
On continue de fumer tranquillos, parlant entre nous et ne montrant surtout aucune impatience. Les képis nous regardent. Puis au bout d'un moment, du geste:
"vous en voulez une?
Le chef répond oui, les autres suivent. Je les sers en disant
"j'aime bien cette marque-là, et vous?
Sonny traduit, réponse positive de leur part.
"je les ai achetées à bon prix à l'aéroport de Bangkok. Ici, çà coute cher? (à ce moment-là j'ai l'impression d'être le + gros fdp que le sol birman ait jamais porté, pourtant il y en eu d'autres...)
Réponse cette fois-ci ultra positive.
Puis je regarde successivement la barrière baissée d'un air très ennuyé, la cartouche de clopes, puis eux.
"vous en voulez un paquet?
Question inutile, je fouille dans mon sac, trouve la deuxième cartouche et leur distribue 2 paquets chacun.

Le chef adresse un signe à l'un de ses sbires, la barrière se lève, on remonte dans la voiture, on trace.

2 paquets de clopes chacun ? waouhhh la corruption 

il ne va pas t'en rester beaucoup pour la suite... 

il ne va pas t'en rester beaucoup pour la suite... 

Ils vont se mettre à chiquer du bétel  

il ne va pas t'en rester beaucoup pour la suite...

J'ai aussi une cartouche d'une autre marque dont le nom est fait de 3 chiffres identiques, aussi très appréciée des birmans, et une bouteille de whisky de marque d'un litre (ils n'aiment pas les bouteilles de 75cl, m'avait-on prévenu) ainsi que du cash fait exprès pour çà, donc tu vois, je peux voir venir. Il me reste aussi pas mal d'échantillons de parfum pour les menus services, un jour je me servirai même de 3-4 d'entre eux pour régler notre addition dans une gargote (8 personnes...). Ce qui me met un peu mal à l'aise avec les échantillons, c'est que souvent, afin de pouvoir se rendre compte pour éventuellement négocier (ou les revendre), l'interlocuteur me demande combien ils m'ont coûté en France.

@Dr.Telung merci pour ce récit palpitant ! J'adore ces tranches de voyager j'attend la suite avec impatience !!!
J'ai visité la Birmanie, en février/mars 2020 avant le confinement.
c'était une destination que me faisait rêver depuis très longtemps
Et je n'ai pas été une seconde déçue, bien qu'elle a due infiniment changer depuis tes visites...
J'ai toujours été convaincue que je n'étais pas née à la bonne époque !!!

Et pour les clopes je pensais que les Alain Delon étaient les plus plébiscitées 

En fouillant dans mes bacs à diapos je me suis rendu compte que

RECTIFICATIF: j'ai fait ce voyage en 1987 et non pas 1986.

Je regarderai si je trouve des diapos intéressantes à poster ici. Si oui cela demandera un peu de temps (choix à la table lumineuse, dépoussiérage, numérisation, "lifting"...) et avant il faut aussi que je rédige le dernier récit.

J’adore lire les récits de ces voyages que je ne voudrais surtout pas faire. Vivement la suite !

ces voyages que je ne voudrais surtout pas faire.

Pour moi çà a été tout le contraire, je ne vous raconte pas à quel point j'étais excité et content lorsque l'on m'a proposé de l'accompagner et qu'il devrait se dérouler dans ces conditions.

Je le conçois totalement, cela transpire dans votre façon de le raconter, et c'est ce qui donne de l'intérêt à votre récit.

j'adore aussi ce récit et j'aurais adoré faire ce voyage, j'aime bien l'aventure (même si je suis moins intrépide qu'à 20 ans)...

Le chef répond oui, les autres suivent. Je les sers en disant
"j'aime bien cette marque-là, et vous?
Sonny traduit, réponse positive de leur part.
"je les ai achetées à bon prix à l'aéroport de Bangkok. Ici, çà coute cher? (à ce moment-là j'ai l'impression d'être le + gros fdp que le sol birman ait jamais porté, pourtant il y en eu d'autres...)
Réponse cette fois-ci ultra positive.
Puis je regarde successivement la barrière baissée d'un air très ennuyé, la cartouche de clopes, puis eux.
"vous en voulez un paquet?
Question inutile, je fouille dans mon sac, trouve la deuxième cartouche et leur distribue 2 paquets chacun.

Le chef adresse un signe à l'un de ses sbires, la barrière se lève, on remonte dans la voiture, on trace.

Ah j'ai vécu une situation similaire à la tienne sauf que cette fois la barrière fermée devait le rester tout le week end!

ça se passait en janvier 1979 à Bordj Moktar en Algérie  tout au sud du désert du Sahara algérien et dernier poste de contrôle avant la frontière du Mali. Je conduisais mon véhicule personnel une 404 bachée, véhicule qui se revendait 2 à 3 fois son prix au Niger ou au Benin à cette époque. Les flics et douaniers qui sont affectés à ce post en plein désert le sont par mesure disciplinaire et ce ne sont pas des rigolos..On était un vendredi après midi et depuis déjà plusieurs heures attendaient d'autres véhicules, tous comme le mien bloqués d'autorité par la police algérienne. "On ne travaille pas le vendredi" qu'ils nous disaient "et on fait le pont jusqu'à lundi!" Ben voyons...Ce qu'ils attendaient c'était certainement un bakchich..Il fallait garder son calme ...Je discute avec les sous- fifres..".Je vous comprends le travail n'est pas facile ici".."vous savez je suis un fonctionnaire comme vous"...L'Algérie? ah mais c'est un très beau pays et comme ça de fil en aiguille je finis par leur proposer un petit coup à boire.On emportait toujours un cubi de vin de Malaga qu'on achetait à petit prix à Ceuta ou Melila ( port détaxé). D'abord c'est un refus catégorique . Ben oui ces messieurs aiment bien boire mais jamais devant les autres, toujours en cachette...Donc je remplis verre après verre cachés derrière la portière de la voiture et chacun repart ensuite à ses occupations...Au bout d'un moment le chef de poste comprenant le petit manège vient également pour trinquer...Bonjour mon capitaine que je lui dis ( en fait il n'était que sergent!) je vous offre un verre? Il n'osait pas dire oui  mais je voyais bien que le Malaga ne le laissait pas indifférent...Tenez si vous voulez je vous remplis une bouteille comme ça vous pourrez en boire plus tard..Il ne s'est pas fait prier et a ramené sa bouteille au post, bien planquée dans sa veste de treillis puis est revenu à la voiture muni de mon passeport tamponné! Vous pouvez partir qu'il me dit! Bonne route Inch Allah! Je n'oublierai pas les regards étonnés des autres chauffeurs..Tu as pu obtenir ton tampon sur ton passeport? Comment as -tu fait? Le pinard ou le whisky ça marchait très bien en Algérie...Au Mali Niger , Benin beaucoup moins bien..il fallait alors ruser différemment.. quand par exemple le douanier qui refusait de vous rendre votre passeport disait" Il faut attendre que l'encre sèche présentement!" ou encore lorsque mon sac était de couleur kaki: "Monsieur vous devez savoir que les effets militaires sont strictement interdits au Bénin...je dois donc  réquisitionner votre sac!"

Dans quel(s) pays les flics de base sont-ils mieux payés que la majorité du reste de la population? Dans quel(s) pays n'ont-ils pas aussi "comme tout le monde" du mal à boucler leurs fins de mois?
C'est une question à laquelle je n'ai heuseusement jamais pu apporter de réponse...

Dans le prochain (et dernier) récit l'un d'entre eux espérait avoir trouvé un moyen d'améliorer passagèrement son ordinaire.

quelle horreur !

alors les Birmans se sont tous précipités pour déshabiller les cadavres et marauder leurs bagages tombés de l'avion ?

On peut comprendre leur attitude , dans un pays où on manque de beaucoup de choses.....rien ne se perd