Ici et là ... si on parlait de Bucarest ?

Bucarest n'était dans mon projet qu'un lieu de passage, un lieu où atterrir pour me rendre ensuite en Bulgarie, la ville ne se trouvant pas bien loin de la frontière bulgare.

Tout mis ensemble, j'y suis restée environ deux jours et demi. (un premier jour à partir de + ou - 13 h, puis une journée entière, puis le petit matin avant de partir en Bulgarie.....et au retour, l'après-midi puis les premières heures matinales avant de rejoindre l'aéroport Otopeni)

J'avais juste repéré Le Musée du Village, que je souhaitais visiter. Pour le reste, je m'étais dit qu'en me baladant à pieds, je découvrirais ce que Bucarest voudrait bien me montrer d'elle-même.
Le résultat, c'est beaucoup d'affection pour cette ville, qui m'a laissée sceptique le premier jour, puis que j'ai quittée avec un pincement au coeur.

N'ayant pas prévu grand-chose à y faire, j'ai pu m'adonner à une de mes activités préférées en voyage : me laisser aller à mes impressions.
Je vous les propose ici au jour le jour, tous ces p'tits bouts de Bucarest s'étalant sur cinq journées, dont une seule complète.
Cette façon s'est finalement avérée en accord avec cette ville, structurée parfois, joyeusement bordélique souvent.

#carnet  #carnet-roumanie

Le premier ptit bout, c'est évidemment celui de l'arrivée.
Levée à 4h30 pour partir 50 minutes plus tard sous la pluie, j'ai déjà pas mal de pérégrinations derrière moi quand l'avion atterrit à l'aéroport de Bucarest à 12h55, heure locale, en plein soleil.

Le bus 783 relie l'aéroport à la Piata Unirii. Pour prendre ce bus, il suffit de descendre les escaliers près du centre d'informations des arrivées, puis acheter une carte magnétique au petit bureau à l'extérieur. A peine dehors, je suis abordée en Roumain par une dame âgée qui va prendre le bus aussi...que j'aime les sonorités de sa langue, depuis mon voyage en Moldavie !...je reçois d'office un aller-retour pour 8,60 lei....le trajet dure + ou - une heure, d'abord par des avenues et quartiers très verts, puis on entre dans la ville. Je repère parfois une station de métro, mais le nom de la station n'est jamais indiqué, juste le M.
Il y a beaucoup de voitures, mais la circulation me paraît assez fluide.

Le bus s'arrête finalement devant la station de métro de Piata Unirii.
D'ici, j'avais prévu de prendre un taxi jusqu'au studio que j'ai réservé.....les conducteurs de taxi que je vois dans les parages ont tous écrit "margoulin" sur la figure, le sourire en coin (je n'exagère qu'un tout petit peu ). Où sont les taxis Dacia dont parle le Routard ? On dirait qu'ils manquent à l'appel. Il faudra donc bien se contenter d'un de ceux qui sont là....je choisis celui qui propose le prix le plus bas (qui s'avérera quand même être le double du prix normal, c'est-à-dire celui qui aurait été indiqué sur son compteur s'il en avait eu un)....la maison où se trouve le studio, dans la rue Hristo Bodev, est toute taguée et peu engageante....la proprio n'est pas là, mais ne tarde pas à arriver.....j'ai une cuisine coupée en deux : une partie à l'intérieur, dans une alcôve, et l'autre partie (frigo et cuisinière) sur la terrasse couverte, qui donne sur l'arrière de la maison.

Une fois les formalités accomplies, la découverte de la ville va pouvoir commencer

Les premières rues que j'emprunte sont plutôt larges, et les maisons qui les bordent, du genre décrépites, aux façades plates..apparaît une première église orthodoxe (j'aime bien les coupoles ). Si l'extérieur n'a rien de spécial, l'intérieur se révèle être très vieux et richement décoré : beaucoup de grandes icônes peintes sur bois, avec une dominante de tons vieil or. J'ai bien envie de photographier, mais le " Nu! " de la gardienne vigilante arrête mon geste. Dommage


Une hyper vieille bouquinerie occupe une cabane abandonnée au coin d'une rue.....autant de savoir entassé, qui ne semble pas intéresser grand monde.La petite boutique, bourrée de vieux livres empilés les uns sur les autres, est vide de clients. Tout partira bientôt en poussière

De la rue, j'entends chanter. Le chant m'attire vers une autre église, pas bien grande 
A gauche du choeur, un homme, debout, chante. A droite, un prêtre est assis, entouré de femmes agenouillées qui l'écoutent parler en silence, tandis qu'une autre se lamente de façon théâtrale. Ensuite, il lance de l'eau bénite sur tout ce petit groupe.
De nombreuses autres personnes, hommes et femmes, attendent leur tour. La ferveur est palpable.
Ici, j'ignore si les photos sont permises ou non, car il ne me serait pas venu à l'idée de photographier.

Mes pas me conduisent vers la Piata Unirii, son parc et ses fontaines, où je prends mes repères point de vue transports pour les prochains trajets (j'y reviendrai), avant de prendre la direction studio et dodo, c'est que je suis debout depuis 4h30.

Le Muzeul Safului Dimitrie Gusti,




ou plus simplement " Le Musée du Village " , telle est ma destination pour ce deuxième jour à Bucarest
Pour s'y rendre, il suffit de prendre le métro jusqu'à la station Aviatorilor, sur la ligne 2. Au départ de la station Piata Unirii, aussi sur la ligne 2, c'est le 4e arrêt, direction Pipera. Facile..

L'employée du guichet ne comprenant pas du tout l'Anglais, elle m'envoie à " la cabina" pour acheter mon billet de métro. Tout y est écrit en Roumain, mais ce n'est pas trop difficile pour qui parle Français.On peut y choisir son titre de transport...je choisis l'option " 2 trajets", soit l'aller et le retour avec une même carte. Cela revient à 5 lei pour les 2 voyages.

Une fois sortie du métro, on se trouve sur une grande avenue arborée, bordée de verdure.
Je suis les conseils de la jeune femme qui attendait avec moi que le feu devienne vert : traverser en oblique le parc qui est devant nous. ( le parc Herastrau)....en effet, après quelques minutes, je me trouve devant une grille fermée, cadenassée, avec un garde de l'autre côté, qui me fait signe d'attendre un peu. Même si en plusieurs endroits, il est écrit que le musée ouvre à 9h, la grille ne sera ouverte qu'à 10h en théorie, 10h10 en réalité.

Ce vaste musée ethnologique s'étend sur 14 ha. Trois centaines de bâtiments des campagnes des différentes régions du pays ont été démontées, déplacées, puis reconstruites ici : maisons, fermes, églises, moulins, ateliers d'artisans, puits.

L'ensemble m'a semblé très intéressant. Il donne une idée de ce que l'on peut voir dans les différentes régions rurales du pays.
On peut entrer dans certaines maisons, admirer le mobilier, de magnifiques tapis, des poteries, les peintures murales délavées sur une vieille petite église, des portails en bois sculptés, des céramiques....
La plupart des bâtiments sont entourés de jardins, souvent fleuris.
On se sent très loin de la ville.

Un aperçu de l'intérieur d'une des maisons (du centre de la Roumanie

Un aperçu de maison de la Dobrogea ( mon coin préféré )

le musée présente aussi de vieilles églises en bois , aux peintures bien délavées :

Une autre approche

Après mon séjour en Bulgarie, retour à Bucarest par la route, en arrivant par le sud, cette fois.
L'arrivée par le sud n'a rien à voir avec l'arrivée par le nord, comme c'est le cas en arrivant en avion.
Par le sud, les rues sont larges, avec pas mal d'enseignes d'entreprises, des maisons basses, des tours, beaucoup de voitures, pas mal de poussière, des magasins...
On voit que la ville a dû s'agrandir plic ploc, sans aucune structure. Ça doit être cet aspect là qui me fait voir Bucarest comme une cousine européenne des villes indiennes, je pense à Chennai en particulier (à ne pas prendre à la lettre, bien sûr, c'est juste une impression personnelle)
Dans ces rues qui se ressemblent sans se ressembler, je commence quand même à reconnaître quelques endroits, puis je me refais peu à peu une vue d'ensemble....on arrive bien place Unirii. Plus question de me tourner vers les taxis du premier jour. Ils sont toujours là, et pour cause, c'est ici qu'arrivent les voyageurs en provenance de l'aéroport par le bus 783, et aussi une partie de ceux qui arrivent de Bulgarie par la route....cette fois, je connais le chemin. Je vais loger dans le même quartier, mais dans un autre studio, qui, cette fois, donne du côté de la rue, avec une belle vue.

J'ai encore la fin de l'après-midi et la soirée pour me balader dans Bucarest....direction le Palatul Parlementului,
Avant de partir j'avais, entre autres, lu ceci dans le Routard, que je cite : " Pour bâtir son démentiel parlement, Ceausescu détruisit l'équivalent de la surface de trois arrondissements parisiens. Il choisit un quartier qui n'avait pas été touché par le tremblement de terre de 1977.
Malheureusement, c'était une zone historique. 3 monastères, 12 églises, 2 synagogues et 7000 maisons anciennes de style néo-classique ou Art déco furent rasées. 70 000 personnes durent quitter leur foyer pour rejoindre les grands blocs collectifs de la périphérie. L'addition: 40% du PIB roumain pendant 5 ans " (L'équivalent des trois arrondissements parisiens ne concerne pas que le palais du parlement, mais tout le quartier dans lequel il se trouve et que Ceausescu a fait construire à son goût, ni beau ni laid)..Je m'attendais à bien plus énorme que ce que j'ai trouvé  


D'accord, les fleurs à l'avant-plan allègent l'ensemble, mais quand même.

Je n'ai pas visité l'intérieur, sachant que je serais à Bucaresten dehors des heures de visites, je me suis donc contentée de me balader dans le parc Izvor, avec les habitants du quartier venus se relaxer et profiter du soleil de la soirée.

Pour y aller en métro de la Piata Unirii, il faut, dans la station Unirii, prendre l'embranchement en sous-sol, on marche assez longtemps, puis direction Precizei, et descente au premier arrêt, l'arrêt Izvor.

Le soir, une multitude de petits restos ouvrent leurs terrasses et prolongements extérieurs.

C'est le moment du jour où le Hanul Manuc a tout son charme.
Cet ancien caravansérail, construit au 19e siècle, est maintenant une auberge -resto, fort fréquentée. 




Juste en face de lui, la Biserica Buna Vestire  

Beaucoup de grandes maisons du 19e siècle dans le centre-ville.
Certaines sont restaurées



Toutefois, si certaines de ces anciennes maisons du centre-ville sont restaurées, beaucoup d'autres ne le sont pas.

Et pas mal de rues du centre ressemblent à celle-ci : 

merci @Moushika

j'adore les musées du village ou musée ethnographique de plein air (Skansen), il y en a un peu partout en Roumanie et en général dans les pays d'Europe centrale...

ce sont des maisons paysannes de différentes régions qui ont été démontées poutre par poutre et remontées dans l'enceinte du parc ethnographique, vraiment superbes

Bucarest par contre ne m'a jamais émerveillée, il y tant de villes magnifiques en Transylvanie que la capitale semble quelconque à côté.

Merci Moushika

Il est vrai qu’à première vue Bucarest semble manquer de charme par rapport à d’autres villes de Roumanie comme Cluj, Sibiu ou Iasi.


C’était particulièrement vrai jusqu’en 2000 : on pénétrait dans la ville par des grand boulevards bordés de blocs d’immeubles, gris et décrépis. Les immeubles plus anciens étaient en mauvais état, parfois à l’abandon à cause des délais de restitution aux anciens propriétaires spoliés par le régime.
Rien n’était repaint. Le soir tout était sombre car il n’y avait pas d’enseignes lumineuses. Les taxis , peu nombreux essayaient de vous arnaquer. Le personnel des magasins ou des guichets et les serveurs étaient parfois peu aimables, semblant vous faire une faveur s’ils s’occupaient de vous, un héritage du communisme. Les tramways étaient rouillés et il manquait parfois les portes.


Tout cela a bien changé. La société de consommation est passée par là. Le personnel est aimable et se soucie de la satisfaction du client. Les taxis Dacia de couleur jaune sont nombreux, pratiquent des prix corrects et utilisent le compteur (exception, comme partout dans le monde à l’aéroport où les prix sont prohibitifs). Les immeubles anciens sont joliment restaurés, il fait propre dans les rues. Il y a des zones piétonnes et beaucoup d’animation. Les commerces et restaurants foisonnent.L’inconvénient est une circulation automobile cahotique et les difficultés de parquage. Donc privilégier les transports et la marche.


La ville a le désavantage d’être très grande et de ne pas présenter de relief et il est difficile de s’y repérer à première vue.
Les déplacements sont cependant très aisés car le métro va partout et est de qualité. A première vue, si on se cantonne sur les boulevards du centre il n’y a pas grand-chose à voir mais quittez ceux-ci et marchez dans les rues de l’ancienne ville : vous serez totalement dépaysés et vous découvrirez alors une architecture très variée allant de grands immeubles de style éclectique à des maisons de style un peu russe ou Brancovénien (inspiré du style traditionnel roumain), en passant par des églises orthodoxes parfois très anciennes avec des splendides fresques, des monastères, des bâtiments de pur style stalinien , le monstrueux palais du peuple, le palais Royal...


Il y a de nombreux parcs : Tineretului, le parc Carol et son immense monument aux héros de la révolution, le charmant parc Cismigiu, le parc Herastrau.


Cela vaut la peine aussi de visiter le grand marché Piata Obor, facilement accessible par métro et très pittoresque .


En périphérie il y a même la réserve naturelle de Vacaresti, vaste étendu d’arbres et d’étangs, avec de nombreux oiseaux , entretenue de façon exemplaire par des bénévoles ce qui montre que la population a maintenant des préoccupations écologiques.


Si vous voulez visiter d’autres villes à partir de Bucarest un réseau très complet et très efficace de bus vous mène rapidement vers toute destination à des prix très raisonnables.


En conclusion voici une ville qui vous offre un vrai dépaysement par rapport à d’autres capitales européennes et m érite qu’on s’y arrête quelques jours.


Arrivée à Bucarest



Maison typique du vieux centre



Monument du parc Carol




Monument de style éclectique: la caisse d'épargne



Eglise ancienne



Fresques anciennes



Palais du peuple



Maison de style brancovene



Ancienne galerie marchande



Le cercle militaire



Maison typiques



Le marché Piata Obor: très grand et on y trouve de tout



La réserve Vacaresti



Boutique bio



Maison typique restaurée



La maison de la presse de pur type stalinien



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@ponor

intéressante, la galerie marchande, on dirait une copie d'un des passages parisiens (tant décrits par Walter Benjamin)

Merci Ponor,

J'ai l'impression d'y être revenue en voyant tes photos .

C'est vrai que la ville reste assez cahotique , et je dirais que cela contribue à son charme ( en ce qui me concerne en tout cas )

Merci pour ce beau résumé ! j'y vais en mai.. j'ai hâte
et merci aussi car je suis venu sur ce forum pour trouver le moyen le plus efficace pour me rendre à mon hôtel à partir de L'aéroport.. et c'est la première chose que j'ai lu -- le bus ! qui par pur coïncidence s'arrête juste à 2 minutes de marche de mon hôtel !

Bonjour Castor Voyageur ...un nom sympa 

Contente que mon récit t'aie été utile .

J'espère que tu aimeras Bucarest autant que moi .
Bon voyage en Roumanie .

Il me semble avoir lu ce carnet sur VF.

Dans tous les cas je vais m'y replonger.

Bucarest est la grande ville de l'est où je n'ai pas été et j'aimerais bien !

Ce genre de destinations me manque un peu.

Il y a wizz air de Nice qui y va donc à voir.

C'est dans mes projets après quand je sais pas !

En effet, tu as sûrement lu ce carnet sur VF.
En décembre 2021, j'ai reproduit ici quelques-uns de mes carnets: celui-ci,  un autre sur la Moldavie    , et aussi un carnet sur l'Arménie. 

Tu iras encore en Europe de l'Est,  j'en suis certaine

J'espère !

Bucarest ne fait pas rêver. C'est comme Belgrade ou Sofia.

J'aimerais y aller par curiosité surtout. Me dépayser.

J'imagine que ce serait bien de coupler avec Brasov pour voir une plus jolie ville.

De Nice les relations aériennes low cost sont plus limitées hélas.

Du coup j'avais repéré Bucarest en effet.

Bucarest ne fait pas rêver. C'est comme Belgrade ou Sofia.

Belgrade , je ne connais pas et suis donc sans avis .

Mais Sofia est beaucoup plus propre et " bien rangée" que Bucarest , qui est fort bordélique , sauf quelques quartiers . mais elle a quelque chose d'attachant .

Ah...

Je n'ai pas aimé Sofia

pour ma part je n'ai aimé ni Sofia ni Bucarest, grandes villes sales et sans beauté.


Par contre j'ai adoré la Bulgarie et la Roumanie rurale et provinciale, où des bourgades secondaires ont mille fois plus de charme que la capitale et où les paysages sont fantastiques de diversité.

En Roumanie, Brasov (Kronstad), Sibiu (Hermannstad), Sighisoara (Schässburg) pour les villes saxonnes de Transylvanie sont magnifiques, Cluj (Kolozsvar), Târgu Mureș (Marosvásárhely) pour les villes hongroises ; tout le Maramureș autour de Sighetul est magnifique, la vallée de l'Iza et celle de la Vișeu... que de beaux souvenirs

En Roumanie, Brasov (Kronstad), Sibiu (Hermannstad), Sighisoara (Schässburg) pour les villes saxonnes de Transylvanie sont magnifiques, Cluj (Kolozsvar), Târgu Mureș (Marosvásárhely) pour les villes hongroises ; tout le Maramureș autour de Sighetul est magnifique, la vallée de l'Iza et celle de la Vișeu... que de beaux souvenirs 

....et aussi Constanta au bord de la mer Noire, et Galati au bord du Danube .

Oui les petites villes ont l'air plus jolies.

Mais comme passer du temps dans les transports me motive peu c'est pas pour demain sauf Brasov en complément de Bucarest

Il n'est pas nécessaire de visiter tout le pays d'un coup non plus. Tu peux choisir deux villes que tu approfondis .....et si tu as aimé,  tu reviens ensuite pour une autre partie du pays.Il me semble que c'est ce que tu fais d'habitude .C'est tout à fait faisable en Roumanie aussi, si le pays t'attire.Attends toi à  être dépaysée à Bucarest..