Remonter l'Allier à vélo

par Lucbertrand Lun 21 Oct 2024 - 11:16

L'Allier, affluent de la Loire situé au centre de la France, se glisse entre trois régions de Nevers au Mont Aigoual, plongée au cœur de la France profonde.

Longer des rivières à pied et surtout à vélo me passionne depuis mon enfance. Mais hélas, on ne prend pas toujours le temps de se lancer dans ce type d’aventure. La plus belle remontée que j’ai effectuée à deux roues fut le Mékong, fleuve puissant qui a une largeur de 1,4 kilomètres entre la Thaïlande et le Laos. Une autre très belle équipée, très sauvage aussi, consiste à suivre la Saône, durant quelques 400 kilomètres, de Lyon, son confluent avec le Rhône, jusqu’à sa source dans la plaine des Vosges.

Riche de ces expériences passées, je suis parti remonter l’Allier, affluent de la Loire, depuis sa convergence à Nevers jusqu’à sa source sur le mont Lozère. Le voyage à vélo est tributaire des conditions météorologiques. Cet aléa ajoute au piment de l’aventure. Il en ressort un sentiment d’être fraction de cette nature. Le ressenti de belles émotions par l’épiderme, froid, chaud, caresse ou choc du vent, douleur d’une pluie brutale et glaciale et la peur d’une grêle dangereuse. Il n’y a pas l’alternative sécurisante de se réfugier derrière un pare-brise de voiture. Cette fin d’été perturbée laisse imaginer une belle empoignade.

Bien évidemment, avant de prendre la route ou la piste, j’ai examiné l’itinéraire de la voie verte de l’Allier. Le premier coup d’œil sur le tracé enlève tout espoir de longer la rivière au plus près. Effectivement, très fréquemment il en est éloigné. C’est surtout dans la traversée des villes comme Moulins et Vichy que je pourrais réellement en suivre le bord. A juste titre, l’Allier, rivière à saumon, est réputé très sauvage et, contrairement à de nombreux cours d’eau, très peu de chemins la bordent. Voilà pourquoi il a cette réputation, trop souvent il reste invisible. On le qualifie de paradis du pêcheur, car un accès difficile rebute bon nombre de pratiquants.

L’itinéraire décrit n’est pas commode à suivre. J’ai roulé en partie avec les cartes Michelin au 1/150 000 couvrant deux départements ou les cares au 1/100 000 IGN. Bien souvent pour me simplifier la tâche je me suis branché sur l’application google maps. Très intéressant, en mode vélo elle emmène fréquemment par des chemins de terre, loin de la circulation automobile. Mais la rivière ne se montre que rarement.

Le temps adverse a représenté un frein net au bivouac et je n’ai pas eu le courage de braver l’orage et monter planter ma tente à la source sur le mont Lozère. Outre le tonnerre et les éclairs, les pluies diluviennes m’en ont dissuadé.

Cependant, cette randonnée à vélo permet de découvrir de belles villes, Nevers, Moulins, Vichy, Issoire, Brioude et Langogne. Une mention d’originalité pour Brioude, sa basilique Saint-Julien est tout à fait originale. J’ai d’autant plus eu le loisir de visiter ces agglomérations que le temps se gâtait très régulièrement l’après-midi et je me dépêchais d’accomplir mon parcours le matin. Mon vélo bickpacking, poids plume, me permettant des bonnes moyennes, supérieures à 20 km/h.

A Vichy bien évidemment, j’ai fouillé une librairie à la recherche d’ouvrages sur le régime de Vichy. A vélo je ne pouvais me surcharger, j’en ai donc pris deux seulement, « les secrets de Vichy » par Bénédicte Vergez-Chaignon et « Aurais-je été résistant ou bourreau ». Pour ce dernier, beau thème de réflexion rédigé par un universitaire. Le premier est tout simplement à découvrir absolument, même quand on a déjà beaucoup lu sur le sujet, une langue claire et malgré le foisonnement des explications et des détails aucune lassitude ou perte du fil n’est à craindre. Le libraire m’a conseillé aussi « Vichy contre Vichy ». Sur cette période très troublée et aussi très trouble de notre histoire, je recommande un livre qui m’a beaucoup marqué « Un préfet sous l’occupation allemande », récit captivant du préfet de Corrèze au moment de la débâcle allemande en 1944. Il parlemente et négocie, avec des autorités militaires allemandes qui deviennent de plus en plus fébriles au cours du développement de la guerre, alors qu’inexorablement ils vont perdre. Cette situation les rend de plus en plus dangereuses et décidées à toutes les rétorsions au gré des attaques, des succès et des reflux de la Résistance.

Ce fut une belle semaine, même si l’itinéraire à vélo ne figure pas parmi les plus enthousiasmants que j’ai effectués. Mais pas de critiques exagérées, la France représente indéniablement l’une des plus belles destinations et la route offre une multitude de belles surprises géographiques, historiques ou architecturales, même lorsque la rivière joue de pudeur. Cependant Je dois reconnaître que les deux dernières étapes en zone montagneuse permirent de belles vues sur la rivière et au-delà.

Proximité du confluent Loire et Allier

Palais ducal Nevers

La Loire à Nevers

L'Allier à Moulins

Cathédrale de Moulins

Château de Billy

Bains de Vichy

Curiosité réciproque au fond de la campagne

Au cœur d'un village

Il faut un pont pour pouvoir admirer l'Allier

Avant l'orage

Pendant l'orage

Après l'orage

Basilique Saint-Julien de Brioude

Démarrage d'étape à la sortie de Brioude

par Deborah Lun 28 Oct 2024 - 14:40

Bonjour @Lucbertrand

Ah voilà que tu as relevé un nouveau défi, c'est certain après le Mékong et la Saône, il fallait faire l'Allier, réputé redoutable.

Ton périple t'a fait passer par de bien jolies villes, j'ai eu le même coup de coeur pour Brioude lors de rando dans le Massif central.

dommage que le mauvais temps t'ait joué des mauvais tours Sad

par mjp Lun 28 Oct 2024 - 17:49

C'est un parcours intéressant. J'avais suivi l'Allier à pied il y a quelques années entre Langeac et sa source au long de belles gorges sauvages peu fréquentées. En 8 journées de randonnée, à part sur un tronçon commun avec le chemin de Compostelle, nous n'avions rencontré aucun randonneur.
Je me permets d'ajouter 2 photos de l'Allier tout près de sa source