Egypte Le désert blanc

Quitte à crever de chaud, au lieu d'aller sur les bords de la Mer Rouge et d'y rencontrer des hordes de russes en goguette, je préfèrerais aller faire un tour dans le Désert Blanc (on change de couleur  ), paysages assez uniques et incroyables, calme garanti. Faut contacter une agence locale, qui vous proposera peut-être d'aller du Caire à Louxor en passant par ce désert exceptionnel (et méconnu). 
   Et, dans ces coins-là, les gens sont peu habitués à rencontrer des occidentaux, donc possibilités de rencontres et de beaux souvenirs. tandis que dans les hôtels pour Russes de la Mer Rouge...

Je confirme tout l'intérêt du désert blanc: la région est surprenante et les paysages très intéressants. J'avais rejoint Louxor depuis Le Caire par ce désert il y a une quinzaine d'années et avais beaucoup apprécié la région peu fréquentée

Ok, je vais me lancer danc la création d'un carnet Egypte. Un peu de patience...

2011 : les révolutions arabes du printemps se sont presque toutes calmés, sauf en Egypte où  les Cairotes tentent toujours de virer leur président à coups de cocktails Molotov et de manifestations diverses. Sans succès, la police n'est pas tendre avec ces braves gens. Le site diplomatie.gouv.fr déconseille formellement de mettre les pieds dans le centre de la capitale. 
   Or ma femme et moi avions "fait" le Caire, Louxor, Assouan vers 1980 : train, covoiturage avec des français rencontrés à Louxor, dépannage par un bus de touristes, avion vers Abou Simbel. Nous avions encore gravés dans nos mémoires les temoignages de l'art des Pharaons. Et puis nous avions appris l'existence du Désert Blanc et comptions bien y aller. 
   Tout compte fait, on doit pouvoir éviter les émeutes du Caire et voyager tranquilles dans le reste du pays. Nous arrivons à convaincre un couple ami de nous accompagner et c'est ainsi que tous les quatre atterrissons au Caire et passons la nuit dans l'hôtel le plus proche, loin des manifs, entourés d'hommes d'affaires en veston-cravate !
   J'avais contacté une agence franco-égyptienne pour organiser nos premiers jours, ensuite on verra bien. Donc le lendemain matin, une berline conduite par un autochtone emporte 4 françaouis vers le SO, direction El Farafra. 200  km plus loin, on abandonne la berline et on grimpe dans un 4x4 pas très jeune, lequel quitte le goudron assez vite pour se lancer vers le désert blanc. Il nous dépose à la fin d'une montée et nous exorte à continuer à pied ; dès le sommet de la butte, on découvre cette étendue de sable parsemée de roches très blanches... Foin de paroles, les photos parlent d'elles-mêmes.


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ouah  mais c'est quoi ce qu'on voit, cette poudre blanche ? du sel ? 

et les rochers en forme de champignon ?

Très beau reportage ! 
Merci et bonne journée !

ouah  mais c'est quoi ce qu'on voit, cette poudre blanche ?

C'est l'érosion des roches à base de craie qui a donné cette couleur blanche et les formes tourmentées de ce désert

je pense que c'est du calcaire très tendre, genre craie, qui est érodé par les vents de sable; en effet, lors d'une tempête de sable, seuls les grains les plus petits (et donc les moins abrasifs) sont emportés à plus d'1m du sol. Et donc les autres rongent la base de ces ilots de craie, d'où la base étroite de ces pitons. On retrouve vaguement ce phénomène avec les grès des tassilis en Algérie, creusés à la base.
Philippe

le soir arrive, le pick-up qui nous suivait au début, nous a dépassés lors de notre balade à pied pour aller monter notre campement, assez confortable ma foi !
   Très vite la température baisse, et les couvertures en laine sont les bienvenues pour dormir.
   le lendemain, on part en voiture explorer d'autres secteurs.


   A priori, je pense que ces roches blanches sont de la craie ( celle qu'on utilisait jadis) mais après avoir vu près de la frontière Argentine-Chili une coulée de pierres ponces (roches volcaniques) sculptées par le vent, ressemblant aux séracs d'un glacier, je suis dubitatif.

    Deuxième nuit dans le même campement; pendant qu'on dînait, un fennec (peut-être deux ou trois) tournait autour espérant quelques os issus du tajine. je vous rassure, il ou ils en ont eu tout leur saoul !

Nuit du nouvel an; malheureusement, nous ne sommes pas seuls à venir fêter ça dans cet endroit magique. Mais cela impacte le silence, le calme de la nuit précédente; je pense qu'il s'agissait d'Egyptiens aisés ou d'expatriés, quelque peu enclins à la boisson, venus boire un coup loin des contraintes de l'Islam.

   Après petit-déj et brin de toilette rapides, le 4x4 repart vers la route goudronnée ; là, nous attend la berline de l'aller. Et hop, c'est parti pour une journée de route plutôt rectiligne, peu fréquentée et sans intérêt (600km, je crois). Vers midi, j'ai un petit creux et m'apprête à déguster quelques biscuits. Las ! pas possible de croquer, je n'ai plus ma prothèse dentaire (autrefois on disait dentier  ), je l'ai oubliée sur un caillou après m'être lavé les dents ce matin !
   Notre chauffeur essaye de contacter quelques collègues en 4x4 qui pourraient se trouver dans le coin où trône mon dentier; raté.  Pas question de revenir en arrière, nous sommes déjà à 250 ou 300km de là-bas. Il faut se faire une raison, je devrai ne manger que des aliments pour édentés : dents du haut en face de gencives en bas, pas génial !
    Plus tard, un secteur irrigué, donc de la verdure, cadre où le pique-nique (Vache Qui Rit, ...) est acceptable. 


  La route monotone reprend, pour atteindre la ville de Louxor en fin d'après-midi. Nous logeons chez une belge (ou une Suissesse ?), dans un B&B assez confortable et bien décoré. Elle nous propose un guide(50€/pax) pour le lendemain ou un tour en ballon à 90€/pax. Pas besoin de guide pour visiter Louxor, la Vallée des Rois ou Karnak, surtout à ce prix-là. Mais une sortie en ballon à ce prix, c'est donné (en France ou au Maroc, compter 200€/pax) ! Alors, tope-là, rendez-vous est pris pour le surlendemain.
  Et nous attaquons la visite de Louxor : la vallée des Rois, que nous avions visitée 30 ans avant, était sauvage, notre guide choisissait les tombeaux  sans groupe de touristes, ou se glissait juste avant que le groupe sorte pour nous offrir le tombeau pour nous seuls; aujourd'hui, en prenant votre ticket, vous choisissez les 3 tombeaux auxquels vous avez droit. Mais cela reste très beau. Idem pour la vallée des Reines, peut-être même encore plus belle.






Et puis visite du temple de Louxor encombré de Russes regrettant la Mer Rouge et peu intéressés par cette merveille.

Bonjour
un grand souvenir
désert noir

et désert blanc

notes et photos
en cliquant ICI

Or, en parcourant les rues de Louxor, nous avons vu plusieurs agences qui proposaient des vols en montgolfière, et là, surprise! les prix étaient environ moitié moins que chez notre Belge. Le soir, avant le dîner, quand je lui annonce que nous déclinons son offre, elle se met en colère : "j"ai retenu le ballon, le pilote et le taxi qui va vous y emmener !" ok; mais quand en ville on nous propose ici ou là le même service à moitié prix, je considère que votre attitude n'est pas loyale, pour ne pas dire pire. Elle nous sert quand même le dîner, en regrettant de ne pas nous avoir fait payer des arrhes. A malin, malin et demi Elle nous a même dit qu'à ce prix-là, les ballons s'écrasaient au sol !
Et le lendemain, avant le lever du soleil, nous voilà partis sur l'autre rive pour y trouver une dizaine de ballons en train de se préparer. Notre pilote nous explique comment réagir dans tel ou tel cas. Et hop! c'est parti.. Au lever du soleil, c'est magique !

Ensuite, nous allons voir le fameux palais de la reine Hachepsout.
Puis de retour en rive droite, à quelques km de Louxor, l'énorme temple de Karnak, précédé par une allée de béliers et encore en bon état après 3000 ans de vie.







Je ne relate que les principaux sites, car au passage, on admire ici ou là des constructions gigantesques et pourtant légères , quels artistes !

Pour les 3 jours qui suivent, j'ai réservé une dahabieh (dahab=doré), c'est-à-dire une luxueuse embarcation, avec voiles et moteurs, chambres dignes d'un hôtel de luxe, vous voyez le genre. Nous allons être 4 passagers sur ce yacht à l'ancienne, avec un personnel de 7 ou 8 personnes. Pas gratuit, mais j'avais obtenu une jolie remise lors de la commande. Objectif : remonter le Nil jusqu'à Assouan, mais en partant en aval d'Edfou.



Donc une voiture vient nous chercher chez la belge et nous emmène près d'Edfou. Bizarre : le bateau n'est pas amarré le long du quai d'un port, mais au bord d'un vieux ponton en bois; on dirait que nos marins se cachent; Pourtant le bateau est splendide, les coussins et les transats sont tout neufs, les cuivres et le pont en teck brillent sous les rayons de Râ.
A suivre

Salut,
De très belle photos et un joli coin.
Une question :
Quelqu'un aurait-il vu Cambise ?
Razul (toujours à dire des bêtises ce vilain Razul)

Donc demi-journée à remonter le Nil et à voir rapidement le temple d'Edfou. Arrêt pour la nuit le long d'une berge du Nil. Le lendemain, on repart, on visite le beau temple de Kom Ombo qui domine le Nil  et il me semble bien qu'en fin d'après-midi, on aperçoit Assouan au loin.








réparons un oubli : l'allée de béliers et les colonnes de Karnak :




Reprenons le fil de notre carnet : en effet, la dahabyeh stoppe en rive droite, près d'un ponton aussi aussi branlant que les précédents, et un taxi nous attend pour nous conduire en ville. Alors là, je me fâche tout rouge : les 3 jours sont devenus 1une journée et demi, 4 repas au lieu de 6, aucun arrêt en campagne pour voir les champs fertiles des rives du Nil et leurs agriculteurs (on m'avait promis des arrêts avec promenades...). Je commence par eng...ler le type de l'agence égyptienne, qui me passe sa patronne en France, que je traite d'escroc, que je menace d'appréciations bien senties dans divers forums et agences. Mais le mal était fait, nous n'allions repartir en arrière. Alors je parviens à négocier dîner et chambres dans un hôtel d'Assouan, le transport en taxi ainsi qu'un léger remboursement pour prestations non fournies. Mais ce n'est pas fini. Le taxi nous dépose avec nos bagages devant un hôtel bien situé, avec deux grandes terrasses qui dominent le Nil et les chambres tout autour. La colère s'estompe. On nous attribue deux chambres donnant certes sur la terrasse, mais creusées sous la rue ; chaque camion qui passe fait vibrer les lampes, depuis ce fond de terrasse aucune vue, et bien sûr aucune fenêtre hormis la porte d'entrée partiellement en verre dépoli. Je fonce à l'accueil, j'exige des chambres de meilleure qualité, mais le patron m'explique que, vu le peu de touristes en ces temps troublés, la majorité des chambres n'est pas en état ! Croyez vous que même s'il ne reste que 2 chambres  en état, on sélectionne les deux plus moches ?

   Mauvaise nuit bercée par les camions qui nous roulent sur la tête et l'énervement de s'être fait rouler. Et puis pourquoi tous ces arrêts dans des coins discrets, loin des quais où s'amarrent les autres : encore une magouille, que je ne cherche pas à comprendre.

  Mais Assouan, c'est une oasis calme, attachante, au dessus d'un larg plan d'eau où zigzaguent
les felouques en silence.

Bonjour Philippe, 
Quand j'ai vu ton commentaire sur le prix proposé pour le 'ballon' : à 90€/pax , j'ai tiqué et me suis dit : non, ils ne vont pas se faire avoir !!!
Par contre, pour la dahabeya, çà aurait valu la peine d'investiguer avant : une 'vraie' croisière de ce genre va d'Esna à Assouan, en 4 ou 5 nuits ; sinon, c'est un voyage éclair car le raïs du bateau, à la demande de l'agence, doit le faire remonter ( ou redescendre ) dare dare pour embarquer des passagers qui ont réservé . 
Il en a sans doute profité pour vous faire un prix alléchant et vous "offrir" cette remontée à la va vite et sans visites ...

Ce genre de bateau s'amarre quasi n'importe où : pas besoin d'un vrai embarcadère , vu sa taille ; je mets une photo de la 'nôtre', ancrée en face du Speos d'Horemheb , près des carrières d'Assouan :


 
Une autre : un soir, amarrée le long d'une île du Nil :




De plus, vous avez cumulé les ennuis avec l'hôtel mais ce n'est pas typique du pays ; j'ai eu le même coup à Barcelone : une nuit dans un 'placard' sans fenêtre car surbooking ...

Parfois, des agences ( terdegyp, par ex. ) le proposent si des touristes veulent une croisière courte mais le prix est réduit en conséquence ; savez - vous quelle agence ( et quel bateau ) vous avez eu ? Ceci pour éviter que d'autres n'aient cette vilaine blague !
Vous avez gardé le moral : c'est l'essentiel !
Bonne journée !

C'était il y a 12 ans, donc oubli total de l'agence utilisée.
Quant aux embarcadères, bizarre de les chercher dans des coins perdus.

Bon, je termine mon carnet avec une balade vers les cascades (modestes) pompeusement appelées cataractes et vers les villages nubiens très colorés.



maintenant, une bonne heure d'avion nous ramène à l'aéroport où nous tentons de dormir avec le décollage de l'avion Le caire-Paris en pleine nuit.

Deux mots pour conclure :
tout au long de ce voyage, les autochtones rencontrés se plaignaient de l'absence quasi totale du tourisme, essayant parfois de nous vendre des produits surannés, ne comprenant pas que le touriste standard est un trouillard et non un aventurier (je ne veux pas prétendre que ce périple était une aventure, non, c'était cool, hormis l'épisode dahabyeh !
A Louxor, je voulais poster une carte postale à une dame de l'autre siècle, geste ringard pour nous mais grande joie pour elle. Donc je vais à la poste, un guichetier, barbe noire opulente, m'accueille et je lui fais une courte phrase dans mon arabe maghrebin, qu'il comprend sans chichis. Il me donne les timbres et y ajoute un petit livret :"tu liras ce livre, il te conduira dans la bonne direction". Bien sûr, la bonne direction était celle de La Mecque ! Le livret en question prétendait prouver l'existence de Dieu en s'appuyant sur des articles signés de grands scientifiques (sic), tous inconnus. par exemple, le Coran parle de hautes montagnes culminant au dessus des nuages; or chacun sait que l'Himalaya culmine à 8800m et que rares sont les nuages qui montent au dessus de cette altitude; comment voulez-vous qu'un pauvre berger moyen-âgeux puisse inventer cela, sans que sa plume soit guidée par un être omniscient. Je l'ai conservé dans ma bibliothèque, et, parfois, au lieu de sourire en lisant Astérix ou gaston, je me marre en relisant cet ouvrage "scientifique" !
FIN

Sympa le carnet, mais je suis curieuse : alors la prothèse dentaire, perdue, perdue ????

Eh oui, aujourd'hui sur un caillou dans le désert trône un dentier de qualité; en outre, à une dizaine de mètres, il y a un crâne humain qui attend que ses dents soient tombées pour accaparer le dentier