New Norcia - l'Espagne pousse sa corne jusqu'au milieu du bush australien
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New Norcia - l'Espagne pousse sa corne jusqu'au milieu du bush australien
Le printemps revient enfin et avec lui les beaux jours ; l’excuse est donc parfaite pour aller faire un petit tour à la campagne et faire découvrir à une amie de passage, un petit patelin bien particulier situé à environ 130 km au nord-est de Perth.
New Norcia, le patelin en question est unique à plusieurs titres, en premier lieu par son histoire mais aussi pour son architecture car en effet, New Norcia est la seule ville monastique d’Australie.
Bien que la côte de l’Australie occidentale fût découverte en 1616 par le navigateur néerlandais Dick Hartog puis explorée par d’autres navigateurs britanniques et français, ce n’est qu’en 1829 que les premiers colons britanniques s’installèrent dans la partie ouest du continent pour y établir la Swan River Colony.
En fait, les Anglais craignaient qu’à la suite des expéditions françaises successives à la fin du XVIIIème siècle et au début du XIXème siècle les Français finissent par établir une colonie dans la partie occidentale. Il fallait donc faire vite…
En 1844, deux moines bénédictins originaires de Galice, José Benito Serra et Rosendo Salvado désireux de devenir missionnaires sont rattachés aux services du premier évêque de Perth, John Brady. A leur arrivée à Perth en 1846, l’évêque les envoie parmi les Aborigènes Yued du Central District dans le but de « les civiliser et les évangéliser » selon les idéaux en vigueur au début du XIXème siècle.
Après deux années, Salvado conclut qu’il serait plus facile de les convertir en établissant une mission plutôt que de les suivre lors leurs fréquents déplacements dans le bush. La vision de Salvado devient alors la création d’un village chrétien auto-suffisant basé sur l’activité agricole. La première pierre du monastère est posée le premier mars 1847 et l’endroit prend le nom de New Norcia (Norcia en Italie étant la ville de naissance de Saint-Benoît).
Afin de sédentariser les groupes d’Aborigènes pour qu’ils deviennent cultivateurs puis éventuellement propriétaires, le gouvernement alloue des terres aux moines. Les premières familles ne tardent pas à s’installer mais l’introduction de maladies va entrainer la décimation de la population locale. Salvado va alors concentrer l’essentiel de son activité à l’enseignement pratique et religieux des jeunes Aborigènes venus des différentes parties de l’état.
En 1848 est fondé le Collège Sainte-Marie (pensionnat pour les garçons) et trois ans plus tard le Collège Saint-Joseph (pour les filles) et l’orphelinat. Si certains élèves sont placés volontairement par leurs parents, beaucoup d’autres le sont par obligation, comme les enfants de mères célibataires par exemple.
Après dix années passées à New Norcia, Serra rentre en Europe laissant ainsi à Salvado la responsabilité de la mission dont l’importance ne cesse de croite. Bientôt la communauté comptera plus de 70 membres, principalement des Espagnols. Salvado entreprend plusieurs voyages pour collecter des fonds afin d’acheter des terres, du matériel de construction, de l’équipement agricole, du bétail mais aussi des livres, des vêtements, des objets du culte et des œuvres d’art. C’est au cours de l’un de ses voyages qu’il décède à Rome en 1900, âgé de 86 ans. Son corps sera ramené à New Norcia et repose maintenant dans l’abbaye.
New Norca circa 1870
Musee et galerie d'art
College Sainte Gertrude
College Ildefonse
L'Abbaye
Le monastere
La Police Station
Ateliers et entrepots
Le cimetiere
Son successeur, Fulgentius Torres (un autre Espagnol) arrive à New Norcia en 1901. Il y restera quatorze années et sera à l’origine de nombreux changements et d’améliorations architecturales. D’une simple mission de brousse, New Norcia se transforme petit à petit en un établissement monastique traditionnel de style européen. L’éducation et les soins communautaires auprès des Aborigènes se poursuivent mais l’accent est mis sur les besoins éducatifs et pastoraux de la population rurale. Davantage de moines sont ordonnés prêtres, plus de temps est consacré aux prières ainsi qu’aux activités intellectuelles et au travail artistique.
Durant cette période, le Père Torres conçoit et supervise la construction de la plupart des bâtiments que l’on peut voir aujourd’hui. Le collège pour filles de Sainte-Gertrude est inauguré en 1908 et le collège pour les garçons de Saint-Ildefonse en 1913. Torres recrute des Sœurs Joséphistes et des Frères Maristes qui vont se charger de l’enseignement. Grand amateur d’art, il fait également venir Juan Casellas, un sculpteur sur bois de renom et le Père Lesmes Lopez, un moine-artiste, ces derniers vont activement contribuer à la création d’œuvres artisanales de qualité (exposées dans le musée et la galerie d’art) qui font aujourd’hui partie du riche patrimoine artistique de la ville.
Torres meurt en 1914 âgé de 53 ans cependant la direction prise pour New Norcia par Torres est poursuivie sous la direction de son successeur Dom Anselm Catalan de 1916 à 1950. Celui-ci développe l’architecture de la ville en y ajoutant une hostellerie. Cet imposant bâtiment construit en 1927 dans un style néo-classique était à l’origine utilisé pour loger les parents des pensionnaires.
La riviere Moore East
L'oliveraie
Le monastere et ses jardins potagers
L'Hostellerie
New Norcia devient une communauté religieuse stable et ordonnée voire même renfermée sur elle-même. Cependant les choses vont changer, d’abord à l’intérieur du monastère.
Afin d’attirer plus d’Australiens, la vie monastique va être adaptée pour mieux correspondre aux conditions locales puis les reformes du Vatican II vont simplifier et clarifier la vie monastique et le culte. Mais les changements les plus importants vont se dérouler à l’extérieur du monastère d’abord dans les années soixante-dix avec les fermetures des écoles destinées aux Aborigènes, puis en 1991 avec la fermeture du collège catholique.
L’attrait touristique croissant de New Norcia va également occasionner d’autres changements. Les anciens collèges vont être transformés en centre d’éducation, être utilisés pour des camps, des conventions et ateliers éducatifs et le monastère va accueillir et organiser des retraites pour les visiteurs avides de calme et silence. La fabrique du pain et de biscuits, la production d’huile d’olive et de miel vont reprendre ainsi que la vente de vin, de porto et de bière locaux.
Quant au musée et à la galerie d’art, ils accueillent chaque année davantage de visiteurs et voient leurs collections notamment de peintures s’agrandir grâce à la création du Mandorla Art Award, la seule compétition en Australie consacrée aux arts religieux chrétiens et dont le thème est basé sur les Ecritures.
En revanche, il y a peut-être un livre que l’on ne trouvera pas dans le petit magasin de souvenirs : l’autobiographie d’Alf Taylor (God, the Devil and me) où il raconte les horribles violences verbales et physiques infligées aux enfants aborigènes aussi bien par les Frères que les Sœurs lors de son séjour dans les années cinquante et soixante.
En 2017, une commission d’enquêtes sur les abus sexuels sur les enfants à New Norcia révéla leur entendue ; sur les 53 prêtres qui enseignaient entre 1950 et 2010, 21.5% d’entre eux ont été accuses de violence et d’abus sexuels sur les enfants. 65 plaintes pour abus ont été déposées (26 concernaient un seul auteur) et l’église catholique dû verser $AU 869.000 d’indemnisation entrainant la vente d’une large partie de la ferme, des terres agricoles et des vergers.
C’est aussi en pensant à ce triste épisode que nous commençons la visite de cette petite ville aux édifices extravagants qui nous ramènent en Espagne, que nous longeons la rivière en direction de l’oliveraie, que nous arpentons les allées du cimetière, que nous découvrons le vieux puits en pierre, la forge, le moulin et quelques autres des 27 bâtiments classés au Registre National avant d’aller nous désaltérer avec une Abbey Ale puis de poursuivre notre route vers les champs de fleurs sauvages…
Art aborigene
New Norcia, le patelin en question est unique à plusieurs titres, en premier lieu par son histoire mais aussi pour son architecture car en effet, New Norcia est la seule ville monastique d’Australie.
Bien que la côte de l’Australie occidentale fût découverte en 1616 par le navigateur néerlandais Dick Hartog puis explorée par d’autres navigateurs britanniques et français, ce n’est qu’en 1829 que les premiers colons britanniques s’installèrent dans la partie ouest du continent pour y établir la Swan River Colony.
En fait, les Anglais craignaient qu’à la suite des expéditions françaises successives à la fin du XVIIIème siècle et au début du XIXème siècle les Français finissent par établir une colonie dans la partie occidentale. Il fallait donc faire vite…
En 1844, deux moines bénédictins originaires de Galice, José Benito Serra et Rosendo Salvado désireux de devenir missionnaires sont rattachés aux services du premier évêque de Perth, John Brady. A leur arrivée à Perth en 1846, l’évêque les envoie parmi les Aborigènes Yued du Central District dans le but de « les civiliser et les évangéliser » selon les idéaux en vigueur au début du XIXème siècle.
Après deux années, Salvado conclut qu’il serait plus facile de les convertir en établissant une mission plutôt que de les suivre lors leurs fréquents déplacements dans le bush. La vision de Salvado devient alors la création d’un village chrétien auto-suffisant basé sur l’activité agricole. La première pierre du monastère est posée le premier mars 1847 et l’endroit prend le nom de New Norcia (Norcia en Italie étant la ville de naissance de Saint-Benoît).
Afin de sédentariser les groupes d’Aborigènes pour qu’ils deviennent cultivateurs puis éventuellement propriétaires, le gouvernement alloue des terres aux moines. Les premières familles ne tardent pas à s’installer mais l’introduction de maladies va entrainer la décimation de la population locale. Salvado va alors concentrer l’essentiel de son activité à l’enseignement pratique et religieux des jeunes Aborigènes venus des différentes parties de l’état.
En 1848 est fondé le Collège Sainte-Marie (pensionnat pour les garçons) et trois ans plus tard le Collège Saint-Joseph (pour les filles) et l’orphelinat. Si certains élèves sont placés volontairement par leurs parents, beaucoup d’autres le sont par obligation, comme les enfants de mères célibataires par exemple.
Après dix années passées à New Norcia, Serra rentre en Europe laissant ainsi à Salvado la responsabilité de la mission dont l’importance ne cesse de croite. Bientôt la communauté comptera plus de 70 membres, principalement des Espagnols. Salvado entreprend plusieurs voyages pour collecter des fonds afin d’acheter des terres, du matériel de construction, de l’équipement agricole, du bétail mais aussi des livres, des vêtements, des objets du culte et des œuvres d’art. C’est au cours de l’un de ses voyages qu’il décède à Rome en 1900, âgé de 86 ans. Son corps sera ramené à New Norcia et repose maintenant dans l’abbaye.
New Norca circa 1870
Musee et galerie d'art
College Sainte Gertrude
College Ildefonse
L'Abbaye
Le monastere
La Police Station
Ateliers et entrepots
Le cimetiere
Son successeur, Fulgentius Torres (un autre Espagnol) arrive à New Norcia en 1901. Il y restera quatorze années et sera à l’origine de nombreux changements et d’améliorations architecturales. D’une simple mission de brousse, New Norcia se transforme petit à petit en un établissement monastique traditionnel de style européen. L’éducation et les soins communautaires auprès des Aborigènes se poursuivent mais l’accent est mis sur les besoins éducatifs et pastoraux de la population rurale. Davantage de moines sont ordonnés prêtres, plus de temps est consacré aux prières ainsi qu’aux activités intellectuelles et au travail artistique.
Durant cette période, le Père Torres conçoit et supervise la construction de la plupart des bâtiments que l’on peut voir aujourd’hui. Le collège pour filles de Sainte-Gertrude est inauguré en 1908 et le collège pour les garçons de Saint-Ildefonse en 1913. Torres recrute des Sœurs Joséphistes et des Frères Maristes qui vont se charger de l’enseignement. Grand amateur d’art, il fait également venir Juan Casellas, un sculpteur sur bois de renom et le Père Lesmes Lopez, un moine-artiste, ces derniers vont activement contribuer à la création d’œuvres artisanales de qualité (exposées dans le musée et la galerie d’art) qui font aujourd’hui partie du riche patrimoine artistique de la ville.
Torres meurt en 1914 âgé de 53 ans cependant la direction prise pour New Norcia par Torres est poursuivie sous la direction de son successeur Dom Anselm Catalan de 1916 à 1950. Celui-ci développe l’architecture de la ville en y ajoutant une hostellerie. Cet imposant bâtiment construit en 1927 dans un style néo-classique était à l’origine utilisé pour loger les parents des pensionnaires.
La riviere Moore East
L'oliveraie
Le monastere et ses jardins potagers
L'Hostellerie
New Norcia devient une communauté religieuse stable et ordonnée voire même renfermée sur elle-même. Cependant les choses vont changer, d’abord à l’intérieur du monastère.
Afin d’attirer plus d’Australiens, la vie monastique va être adaptée pour mieux correspondre aux conditions locales puis les reformes du Vatican II vont simplifier et clarifier la vie monastique et le culte. Mais les changements les plus importants vont se dérouler à l’extérieur du monastère d’abord dans les années soixante-dix avec les fermetures des écoles destinées aux Aborigènes, puis en 1991 avec la fermeture du collège catholique.
L’attrait touristique croissant de New Norcia va également occasionner d’autres changements. Les anciens collèges vont être transformés en centre d’éducation, être utilisés pour des camps, des conventions et ateliers éducatifs et le monastère va accueillir et organiser des retraites pour les visiteurs avides de calme et silence. La fabrique du pain et de biscuits, la production d’huile d’olive et de miel vont reprendre ainsi que la vente de vin, de porto et de bière locaux.
Quant au musée et à la galerie d’art, ils accueillent chaque année davantage de visiteurs et voient leurs collections notamment de peintures s’agrandir grâce à la création du Mandorla Art Award, la seule compétition en Australie consacrée aux arts religieux chrétiens et dont le thème est basé sur les Ecritures.
En revanche, il y a peut-être un livre que l’on ne trouvera pas dans le petit magasin de souvenirs : l’autobiographie d’Alf Taylor (God, the Devil and me) où il raconte les horribles violences verbales et physiques infligées aux enfants aborigènes aussi bien par les Frères que les Sœurs lors de son séjour dans les années cinquante et soixante.
En 2017, une commission d’enquêtes sur les abus sexuels sur les enfants à New Norcia révéla leur entendue ; sur les 53 prêtres qui enseignaient entre 1950 et 2010, 21.5% d’entre eux ont été accuses de violence et d’abus sexuels sur les enfants. 65 plaintes pour abus ont été déposées (26 concernaient un seul auteur) et l’église catholique dû verser $AU 869.000 d’indemnisation entrainant la vente d’une large partie de la ferme, des terres agricoles et des vergers.
C’est aussi en pensant à ce triste épisode que nous commençons la visite de cette petite ville aux édifices extravagants qui nous ramènent en Espagne, que nous longeons la rivière en direction de l’oliveraie, que nous arpentons les allées du cimetière, que nous découvrons le vieux puits en pierre, la forge, le moulin et quelques autres des 27 bâtiments classés au Registre National avant d’aller nous désaltérer avec une Abbey Ale puis de poursuivre notre route vers les champs de fleurs sauvages…
Art aborigene
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