Tunisie méconnue, c'est mieux que Hammamet ou Jerba.

  

Il faut presque une journée de voiture pour traverser la Tunisie du N au S, de Tunis au golfe de Gabès. Alors, arrivés à Tataouine, on avale vite un repas et au dodo ! Tataouine, ce fut une sorte de bagne pour soldats récalcitrants, et l'ndroit ne s'est pas beaucoup amélioré depuis. Une petite ville moche et sale, en plein milieu d'un reg (des cailloux, des cailloux...), on a trouvé mieux. 
   Au sud de Gabès, la route principale est une ligne droite dans le reg qui vise la Libye, pays riche en pétrole. Alors, tout le long de cet axe, des parasols sommaires abritent un pauvre gars qui vend des bouteilles en plastique contenant de l'essence libyenne : ils passent la frontière en taxi collectif, remplissent 3 ou 4 bouteilles à la première station service pour un prix dérisoire, et retournent sous leur parasol. Y a pas de petit profit !
   Un peu à l'ouest de la route Médénine-Tataouine, s'élève un petit massif montagneux qui cache un peu partout des ksars : il s'agit d'anciens greniers fortifiés où les habitants cachaient leurs richesses (un peu de bijoux en or, des graines, des feuilles de maïs ou autre pour les bêtes). On croirait se trouver dans un village de poupées, chaque grenier n'a qu'une porte et l'intérieur est très fruste. [url=https://servimg.com/view/20406918/244][url=https://servimg.com/view/20406918/245][/url][/url] 
une dernière pour donner l'échelle 

Deux remarques : le mot ksar désigne en principe un village fortifié, ici c'est simplement un groupement de greniers  formant un cercle, portes vers l'intérieur, murs aveugles vers l'extérieur. Ils ont été abandonnés quand l'armée française a maté les tribus turbulentes. Et puis, le pluriel de ksar est ksour, mais tout le monde écrit ksars !

  Le plus beau est ksar Ouled Soltane, mais on aimear aussi ksar Hallouf ou ksar Hadada.Ce dernier a été remanié pour Star Wars, puis transformé en hôtel, puis abandonné et rajeuni...

Après ces visites de quelques ksour, cap à l'ouest. On y rencontre une large piste, fréquentée par des camions, longeant un pipe-line, au milieu d'une steppe, avec plus de cailloux que de sable. Là, j'ai rendez-vous avec un ami qui n'avait pas les mêmes vacances que nous, donc lui remontait à Tunis. Ni l'un ni l'autre n'avions que des cartes au 800.000ème, mais l'une d'elles indiquait une petite éminence à quelques km à l'est de pipe-line. Nous y arrivons vers 18h, mes enfants se moquent de moi :" comment veux-tu qu'il te retrouve au milieu de cette immensité ? Papa, tu rêves". Une heure se passe, nous avons installé nos tentes au pied de la fameuse éminence qui se révèle très ensablée, donc pas possible d'y grimper une voiture et d'allumer les phares; pourtant le soleil a disparu depuis peu, et du haut, je vois une voiture qui sort de la piste, hume le vent et pique vers nous. C'est bien lui, avec ses  enfants, lesquels ont témoigné :"papa a regardé tout autour et a déclaré : Philippe est sûrement là-bas". Soirée sympa avec plein d'étoiles. 
   Notre campement au pied de la butte sableuse le lendemain matin :

Nos amis nous quittent après le petit-déjeuner, et nous suivons une vague piste dans le reg, cap à l'ouest ; de belles dunes se devinent à l'horizon. Nous dépassons dans ce reg un troupeau de chameaux menés par quelques hommes, ils vont dans la même direction que nous , mais eux savent très bien où ils vont.
ont !




Une heure plus tard, le reg devient erg, magique ! les cailloux sont devenus de belles dunes dorées ! 



Pour les enfants (et certains adultes), quel plaisir de dévaler ces pentes sans aspérités !




Et puis naturellement, de temps à autre, un petit ensablement vite réparé à l'aide d'une corde spéciale.

très intéressant, excuse mon ignorance, mais qu'est ce qu'un "reg" ?

et un "erg" ?

et que font ces chameaux dans le désert ? Ils vivent là ?

Réponse à Deborah :
1) un erg c'est un peu comme une chaine de montagnes, celles-ci étant remplacées par des dunes; un reg, c'est une plaine caillouteuse, on pourrait comparer un reg à une pizza 4 saisons, sa croute c'est la couche inférieure sablonneuse; les légumes, ce sont des cailloux souvent noirs éparpillés sur le sable. 
2) ces gens qui accompagnent les chameaux sont des employés du ou des propriétaires de ces bêtes.Comme les moutons dans les alpages, les dromadaires (on dit chameau au Maghreb) errent sur de vastes zones, suivant leur instinct qui les guide pour trouver les endroits où poussent les herbes ou les arbustes  dont ils ont besoin. Ceci pendant 6 ou 9 mois, sans que personne ne s'en occupe (il n'y a pas d'ours là-bas). Et puis au bout de 6 mois ou plus, les propriétaires et leurs cow-boys partent avec des jumelles regrouper les bestiaux pour les ramener chez eux, contrôler leur santé et les compter, en vendre certains aux bouchers ou à des guides pour touristes. Après, ils reconduisent les bêtes dans leur domaine, muni souvent d'un point d'eau. Et le cycle recommence... 
3) en arabe, jmel désigne un camellidé, chameau ou dromadaire. peu importe, quand il y a une des espèces, l'autre est absente, donc pas de confusion possible.  En Egypte, le j se prononce g, ce qui a donné camel en anglais.

Après avoir batifolé dans ces dunes, nous découvrons une petite plaine de 100m de diamètre, bordée de dunes bien sûr, et au centre un puits artésien. L'eau qui s"écoule du tuyau est chaude (25 ou 30°), presque trop chaude. Une bonne occasion de se laver après 3 jours de camping sauvage.




Ces ablutions à peine achevées, voici qu'un troupeau de chameaux s'approche. Vont-ils se baigner eux aussi ?



Eh bien, oui. Sur la photo, on distingue bien l'un d'eux qui se roule dans la mare ! comme des éléphants !


L'après-midi est moins propice aux photos, le ciel devient moins bleu et le sable plus pâle.

Nous contournons quelques cordons de dunes, cap au Nord. 


Voici la soirée qui s'annonce : la lumière plus rasante amplfie les contrastes, on ne sait plus où donner de la tête !




 Coucher de soleil; dîner suivi d'un regroupement autour du feu, occasion de jeux divers.
La température a bien chuté, les anoraks et les écharpes sont de sortie.

 ce jour-là, personne dans le coin, baignade tranquille. Une autre fois, un gros groupe d'allemands bedonnants flottait dans le bassin, bière à la main, pendant que d'autres se défoulaient en quad dans les dunes : on n'est pas resté longtemps !
   Historiquement, Ksar Ghilane était un poste de garde romain (vous savez que Rome craignait les Barbares, et avait construit tout autour de son territoire un "limes" (mot qui a donné limite), sorte de mini-muraille de Chine avec de temps à autre une tour de guet et un poste romain qui donnait l'alerte si un groupe de Barbares s'approchait trop du limes; pour donner l'alerte, pas encore de téléphone, mais on pouvait communiquer avec les postes voisins par signaux. Imaginez la vie de ces quelques soldats, vivant de manière sommaire, avec peu d'eau et rien pour rigoler un peu ! 
    Et le poste d'ici est encore visible sur la plus haute dune du coin : bien sûr, nous y allons et trouvons tout près un merveilleux site pour camper, avec vue panoramique


Ensuite, arrêt à Douz, petit oasis sympa et remontée vers Tunis. Au passage, un bout de limes romain qui escalade la colline, colline qui domine les chotts.

Merci pour cette belle découverte du désert, où les sources chaudes et le lac sont une rafraichissante découverte.

Que trouve t on dans une "oasis" ?

J'ai perdu les photos de Sbeitla, par contre j'ai encore celles de Oudhna, petite cité romaine à proximité de Tunis, ainsi que celles de l'aqueduc apportant l'eau à Carthage (80km de long) : photos d'une portion à ras du sol, puis partiellement enterrée. L'image d'Epinal de l'aqueduc, c'est un grand pont avec des arches supportant le canal, ceci pour traverser une vallée sans perdre d'altitude; pourtant, la majorité de l'aqueduc était un canal creusé à même le sol, donc sans ouvrages d'art !



des thermes dans une villa d'Oudhna :



un bassin dans des thermes publics pas loin d'Oudhna (imaginez des romains assis sur les marches, les jambes et les fesses dans l'eau chaude, discutant politique ou rugby:) )

Fin de l'escapade N°1

Deborah demande ce qu'on trouve dans une oasis.
D'abord un puiits et de l'eau. Ensuite beaucoup de palmiers, pour les dattes, le bois mais aussi l'ombre sur le sol. La terre des parcelles cultivée se dessèche moins vite, et il fait plus frais pour y travailler. Aux alentours, quelques troupeaux de chèvres ou de moutons arrivent à trouver des touffes d'herbes diverses. Des gens, sédentaires, qui élèvent souvent quelques chameaux (voir plus haut : ce n'est pas épuisant), plantent carottes, fèves, luzerne, céréales parfois sur des parcelles de 1 ou 2 m2. Des canaux qui amènent l'eau extraite du puits vers ces parcelles. Des figuiers, des grenadiers. Basta !