Les orages dans le paysage français

A la demande de certains d'entre vous et vu des réactions que ça a suscité, j'ouvre ce topic qui sera dédié à l'ensemble de mes récits et prises de vue durant les chasses à l'orage que j'effectue à travers le pays depuis bientôt 10 ans. Quand on parle d'orage on pense tout de suite à la foudre, mais ce qui est tout aussi fabuleux, ce sont les structures que certains orages peuvent adopter et quand ils se fondent dans le décor de notre beau pays, cela peut donner un paysage absolument magnifique ! 

Avant de commencer, cela fait donc depuis 2014 que j'ai commencé la chasse à l'orage et le tout en vélo (ce qui a suscité la curiosité des journaux locaux comme la Nouvelle République ou encore France Bleu Touraine), j'ai ensuite trouver du monde avec qui j'ai pu partager de nombreux trajets pour traquer les orages à travers le pays ; c'est vraiment à partir de 2019 que je commence à me perfectionner puisque j'ai eu mon permis et la voiture, le début d'une grande aventure ! J'étudie la météorologie/climatologie depuis l'âge de 10 ans (j'ai à mon actif pu gérer une dizaine de sites et quelques webradio), chasseur d'orages consiste tout d'abord à prendre le phénomène en photo sous toute ses coutures (structures, foudre voir tornade...) mais également à étudier le phénomène, avertir la population en cas de danger, à les prévoir pour pouvoir déterminer quel secteur viser... Il est de notre rôle également de mener des enquêtes de terrain après la survenue d'un violent phénomène venteux pour déterminer s'il s'agit simplement d'un phénomène venteux (rafale descendante, micro-rafale...) ou d'une tornade, à partir de la il s'agit surtout de déterminer la trajectoire et distance parcourue, sa largeur, son intensité, répertorié les dégâts... Nous travaillons en collaboration avec l'observatoire français des orages et des tornades en France (Keraunos) avec qui nous analysons plus en détails ce que nous avons récolté mais aussi nous étudions les autres donnés à disposition afin que ça nous serve d'appui (image radar, modèles météo pour étudier la synoptique et le dynamisme de l'atmosphère qu'il y avait au moment du phénomène, stations météo...). Ces quelques lignes été nécessaires afin que tout le monde puisse comprendre en quoi consiste cette curieuse passion qui n'en reste pas moins dangereuse  

Au début il s'agira de quelques photos lors de mes débuts autour de chez moi en Touraine sans encore être bien équipé, la suite sera bien plus intéressante que je commencerais à parler de mes premières traques ailleurs dans le pays  

Les orages historiques du 8 et 9 Juin 2014 :
(Description de la photo sous la prise de vue)

Durant ces 2 journées, notre pays a connu une dégradation orageuse historique du Centre au Nord avec des orages particulièrement puissants producteurs de grosse grêle (diamètre de 12 à 14 cm à Montargis par exemple) mais également de puissantes rafales de vent excédant parfois les 120 km/h ! La Touraine est en ligne de mire alors comment bien commencer cette toute première chasse l'orage   je sors donc mon vélo dés le matin après l'évacuation des premiers orages qui se sont produits en fin de nuit afin de faire quelques kilomètres et me poster sur les hauteurs. 

C'est en fin d'après-midi qu'un violent orage gagne la Touraine après s'être formé dans le département de la Vienne (il s'agit d'une Supercellule) et le plus impressionnant, c'est que je pouvais voir l'énorme tourelle verticale de cet orage depuis chez moi alors que celui-ci été encore au niveau de Poitiers (soit 80 km de chez moi) en faveur d'un ciel bien dégagé. Derrière moi plus au Nord, je pouvais voir 2 orages qui ont sévit dans le Loir-et-Cher (environ 100 km de ma position). 

En arrivant sur mon secteur, l'orage me contourne par l'Ouest en me gratifiant d'une magnifique structure mais également à 2 doigts de me produire une tornade ! A certains moment, la foudre commence à tomber à moins d'un kilomètres de ma position tandis qu'une ligne haute tension passe au-dessus de ma tête, je décide donc de repartir en direction de chez moi étant donné que l'orage s'évacue. 


Structure Supercellulaire de l'orage on peut y voir l'enclume tout en haut (1), l'extension verticale qui matérialise ce que l'on nomme la convection (courant ascendant poussant le nuage vers le haut) (2) ainsi que le mésocyclone à la base (le courant ascendant entre en rotation et c'est ce qui peut mener à la tornade) (3), l'orage est situé à 80km de ma position - Sainte-Maure-de-Touraine (37)


Base du mésocyclone avec début de formation tuba (début de la formation d'une tornade mais non aboutie) suite à la remontée de Fractus venant du sol (alimentation en humidité formant des petits nuages morcelés qui remontent rapidement à la base du mésocyclone pour former un appendice) - Sainte-Maure-de-Touraine (37)



Mamatus (nuages en forme de mamelles) se trouvant d'une règle générale à l'arrière des orages - Sainte-Maure-de-Touraine (37)



Enclume des orages qui sévissent plus au Nord de ma position - Sainte-Maure-de-Touraine (37)


En espérant que ce premier récit vous ai plu, je publierais très bientôt un second récit qui racontera ma toute première chasse à l'orage qui a durée 3 jours avec des amis, c'était dans l'Est du pays durant la même année avec des compositions photographiques vraiment très jolie...

Si besoin voici un lien de leur site --> https://www.keraunos.org/ 
J'ai participé à 4 enquêtes dont 3 pour des tornades avec celle de Charquemont (25) en 2014, Villerable (41) en 2021 et Saint-Nicolas-de-Bourgueil (37) en 2021 à une trentaine de kilomètres de chez moi alors que j'étais parti chasser les orages aux portes de la région Parisienne (mais sans regret vu ce que j'ai pu avoir et dont ça méritera un petit récit !). Le 4ème enquête fût un cas de rafale descendante du côté de Thouars (72) durant cette année 2022.

Sinon il m'est arrivé quelques bricoles durant certaines de mes traques à vélo comme se prendre de grosses pluies en pleine face, de la grêle ou le vent qui m'a empêché d'avancer ou même fait tomber quelques fois en me prenant de côté 

C’est vraiment très intéressant de découvrir ce monde et son langage technique .
J’en suis restée aux orages secs , aux tornades et tourmentes , bref même pas le B.a.ba .
Dans le Sud Ouest on parle beaucoup des orages en raison de la viticulture .
J’ai vu un orage accompagné de grêles détruire une grande parcelle de vigne en quelques minutes ( le long de la Garonne ) et disparaître aussi vite . 
C’est vraiment une bonne idée de développer ce fil , je vais te suivre avec plaisir.

Mon plaisir est de faire découvrir aux gens ce que j'aime, essayer de leur faire comprendre de manière simple comment cela fonctionne, même si des fois il est compliqué de vulgariser au vu de la complexité du fonctionnement de ces phénomènes.

Il y a aussi des termes qu'il faut éviter de dire pour éviter une révolution de la communauté des chasseurs d'orages ou plus généralement de la communauté météo   Plus sérieusement, cela fait plusieurs années que nous nous efforçons de faire comprendre aux médias qu'il y a des termes à bannir tel que "mini-tornade" ou encore "éclair de chaleur", pour le moment en vain mais on ne vas pas s'arrêter pour autant  

En tout cas je ne pensais pas que ça allait suscité ces réactions, c'est avec plaisir que je vais continuer de partager tout cela !

Ce post est une excellente idée, sur un sujet fascinant que je vais suivre aussi avec grand intérêt.  

@Voyageur du 37 .

J’habite en Gironde dans la région où nous avons eu un megafeux ( Landiras) cet été  .
La crainte relayé par les intervenants était toujours la venue d’un orage sec , pouvez vous nous éclairer sur la formation de ces orages . Je suppose qu’il s’agit d’orages sans pluie ni grêles . 
Merci d’accepter de vulgariser ces appellations .

Merci pour cet intéressant sujet que je vais suivre avec attention

@Hannah 

Un orage sec est un orage qui produit peu voir pas de précipitations, souvent le cas dans les Supercellules (catégorie d'orage, celle-ci étant la plus haute) de type LP (Low-Précipitation, sous genre de Supercellules dont la LT pour Low-Topped et HP pour High-Precipitation). 

Un orage tout à fait basique peut ne pas produire ou que très peu de précipitations, il s'agit d'orages ayant une base nuageuse élevée depuis le sol (au-dessus de 2000m d'altitude) en raison d'un air chaud et très sec. La crainte vient surtout du fait que plus la base nuageuse d'un orage est élevée, plus les chutes de foudre peuvent être puissantes et avec le peu de pluie qui s'évapore parfois avant de toucher le sol (on parle de Virga), le risque d'incendie est donc accru. 


Orage sec le 18 Juin 2013 avec un petit rideau de pluie au milieu et une base nuageuse élevée - Sainte-Maure-de-Touraine (37)


Exemple d'un Virga (évaporation de la pluie avant de toucher le sol) le 19 Avril 2013 - Sainte-Maure-de-Touraine (37)

Merci de me faire découvrir quelque chose que je ne connaissais pas du tout.

tes photos sont impressionnantes

pourrais tu nous expliquer les termes utilisés: enclume, mésocyclone, tuba ?

ainsi on pourra mieux te suivre

qu'est ce qui fait qu'un orage se transfore en tornade ? 

Y a t il vraiment des tornades en France ? Je croyais que c'était un phénomène typique d'autres régions et climats (USA, Asie...)

C'est bien compliqué tout ça mais c'est absolument passionnant ! 
Moi j'en suis restée à cette réflexion que je fais parfois "ouh, ils sont impressionnants ces nuages" alors que pour toi c'est le début -ou la fin- d'un phénomène beaucoup plus complexe que de simples nuages impressionnants  .

Je vais suivre avec intérêt ce topic, même si je suis certaine de ne pas tout comprendre !

Merci  @Hannah pour ton retour  

Avec plaisir évidement, n'hésitez surtout pas si vous avez des questions (même autre que les orages, ça peut être un tout autre phénomène ect...). 

Une enclume c'est la région supérieure du nuage d'orage, ce nuage que l'on nomme Cumulonimbus. Le nuage poussé vers le haut depuis le sol atteint une hauteur maximale de 10-12 km d'altitude et cette partie supérieure finit par s'étaler le long d'une limite que l'on appelle la limite Tropopause (une limite qui sépare la Troposphère de la Stratosphère, 2 partie de l'atmosphère totalement différentes), le nuage ne peut pas monter plus haut par manque d'humidité et d'air beaucoup trop froid. Lorsque le nuage s'étale le long de cette limite, cela forme une sorte d'enclume, d'où le terme employé. 


Cumulonimbus avec son enclume à droite de la photo - Le 18 Mars 2013 à Sainte-Maure-de-Touraine (37)

Pour essayer d'expliquer d'une manière simple un mésocyclone, rappelons qu'un anticyclone est une zone de hautes pressions et le mésocyclone est associé à de la basse pression (rotation des vents dans le sens inverse des aiguilles d'une montre). En fait il s'agit d'une partie se trouvant entre la base et le milieu du nuage et à l'intérieur, le courant ascendant (courant allant du bas vers le haut) se met à entrer en rotation du fait de la rotation des vents en altitude (on parle de cisaillement de vent). Ce courant ascendant en rotation arrive parfois à se rediriger une nouvelle fois vers le sol, c'est à ce moment exact que peut survenir la tornade. Ce genre de phénomène se produit essentiellement sous les orages les plus puissants (Supercellules)


Petit schéma simplifié pour comprendre comment le mésocyclone se forme et fonctionne (en théorie bien plus complexe que cela évidemment). 


Photo prise par un collègue chasseur, le mésocyclone est matérialisé dans l'encadré rouge - Le 8 Juin 2014 à Rethel (08), Arnaud.P

Un tuba est relativement simple à expliquer, il s'agit d'un appendice se détache de la base du nuage (de la base du mésocyclone donc) et qui ne vient pas toucher le sol. Si celui-ci venait à toucher le sol on parlerait donc de tornade mais attention, certains appendices sortant des nuages peuvent ressembler à un tuba alors que ce n'est pas le cas. Pour les observer, il faut qu'il y est au minimum un nuage d'orage et que lorsque que ce petit appendice apparaît, qu'il y est une petite rotation de celui-ci. 


Photo d'un tuba pris par un autre collègue chasseur - Le 19 Mai 2019 à Ceintrey (54) par Kévin.L

Il faut déjà que l'orage en question soit pleinement formé et surtout qu'il bénéficie d'un excellent dynamisme (cisaillement, instabilité...) pour pouvoir permettre à la tornade de survenir. Le phénomène prend naissance au centre du fameux mésocyclone sous la forme d'un renflement à la base du nuage que l'on appel "nuage-mur", une partie de la base du mésocyclone qui se détache et qui se rapproche du sol. S'il continue de se développer, le renflement peut se transformer en un entonnoir ou en cône, large au sommet et étroit vers le bas, voir pointu. A ce stade il peut encore soit s'étirer vers le bas sois se fondre dans le nuage mais dés lors que la vitesse de la spirale s'intensifie, on observe une nouvelle baisse de pression et l'entonnoir atteint le sol, on parle alors de tornade.


Photo que j'ai prise lors d'une chasse à l'orage d'un nuage-mur qui se détache de la base - Le 22 Mai 2022 à Vouzailles (86)


Séquence montrant la naissance d'une tornade: en haut nuage en rotation, au milieu formation de l'entonnoir et en bas la tornade touchant le sol près de Dimmitt dans le Texas. 

Contrairement à ce que beaucoup de monde pense oui, il y a bien des tornades en France et depuis toujours. La question m'est revenu énormément de fois et notamment du côté des journalistes ou j'ai eu l'occasion d'en parler en antenne sur la chaîne télé TV Tours après avoir enquêté sur la tornade Saint-Nicolas-de-Bourgueil en 2021. En fait si le phénomène est peu relaté c'est tout simplement qu'avant, les gens n'avaient pas de téléphones, de tablettes.. mais également parce qu'il n'y avait pas de réseaux sociaux encore. Avec le temps en fait, on se rend compte que les gens ont commencés de nplus en plus filmer ce qu'ils voyaient et à partager ça sur Facebook, Twitter... Ce qui fait qu'on observe un effet "loop" comme si le phénomène était nouveau alors que non très loin de la, il y en a régulièrement en France mais d'une intensité plutôt faible que ce soit en été ou en hiver. En effet, du côté des USA c'est un tout autre monde, un monde que moi et beaucoup de mes amis chasseur d'orages aimerions visiter, un rêve pour beaucoup d'entre nous ! 

@dolma Pas d'inquiétude, je vais rester le plus simplet possible en apportant le plus d'explications simples et claires afin que vous puissiez comprendre sans soucis

@voyageurdu37 .

C’est parfait , vos  explications sont claires  et je pense avoir compris .
J’ai  toujours observé les nuages pour leurs formes , leur beauté , la possibilité de rêver suivant leur évolution  , mais je n’avais jamais fait le lien avec les orages . 
Maintenant je vais pouvoir les photographier en période d’orage et je me permettrais de vous demander un avis .
Merci d’avoir ouvert ce fil , voyager dans les nuages c’est un sacré voyage .

Oui avec plaisir, les orages se fondent tellement bien dans le paysage donc il ne faut pas hésiter à prendre de photo, ça peut faire de très belles compositions parfois !

@voyageur37 

J’ai retrouvé cette photo , prise en Aragon dans les Pyrénées espagnoles .
Les nuages arrivent des montagnes , en bas il y a un torrent , dix minutes plus tard l’orage accompagné de pluie va arriver .

Les montagnes jouent un effet très important sur la formation des orages et leur intensité (effet orographique), ils peuvent servir de barrière pour empêcher l'orage de traverser le massif ou au contraire renforcer l'orage (on le voit régulièrement l'été du côté des Pyrénées ou du massif central). 

Sur la photo, on voit clairement l'orage se former avec ce "bouillonnement" dans les nuages, on les appelle des Cumulus Congestus, il s'agit de gros nuages en forme de "chou-fleur" avec un aspect "chantilly", cela résulte de ce que l'on appelle la convection (ascension du nuage vers le haut pour former le nuage d'orage), ce stade de Cumulus survient juste avant que celui-ci ne devienne le fameux nuage d'orage, le Cumulonimbus. Mais déjà ce stade, on peut entendre quelques grondements et avoir quelques pluies et si le dynamisme y est très important, la survenue d'un petit tuba n'est pas impossible.

Merci pour vos explications , si j’avais connu le « tuba » j’aurais peut être attendu à l’abri , mais mon but était d’associer le village et ces nuages .

Sur cette photo un arc en ciel après un orage , Gironde .

Avant de passer au récit de ma première véritable chasse à l'orage, voici une petite histoire sur un orage qui a eu lieu le 3 Juillet 2014 sur la ville ou j'habite, Sainte-Maure-de-Touraine. Je dois dire que cet orage m'a offert une ambiance absolument fabuleuse ! 
Les mots surlignés en gras sont des termes techniques, j'ai fais un petit lexique en toute fin de ce post après les photos. 


Durant ce 3 Juillet 2014, il était prévu un risque orageux plutôt diffus mais intéressant étant donné qu'il fallait s'attendre à la naissance de quelques orages en début de soirée, c'est à dire au coucher de soleil et pouvant ainsi offrir de splendides couleurs, autant dire que je n'ai pas été déçu ! 

Tout s'active aux alentours de 20h avec la naissance d'orages du côté de Poitiers et qui remontent dans ma direction, je décide de monter juste au-dessus de chez moi avec une vue sur ce qui arrive depuis le Sud. De la, en faveur d'un ciel dégagé, je peux apercevoir le vaste Cumulonimbus accompagné de son enclume sur l'horizon Sud tandis que le soleil commence tout doucement à se coucher. 


Vue sur le Cumulonimbus et son enclume - Sainte-Maure-de-Touraine (37)

Plusieurs détails m'interpellent quant au fait qu'il est possible que j'assite à une bonne activité orageuse. Tout d'abord, je remarque la présence de nombreux nuages pré-orageux de type Altocumulus Castellanus à l'avant de cet orage mais surtout, je remarque que ces nuages forment une ligne continue vers l'Est signe d'une convergence des vents qui se met en place. 

Un peu plus tard, au fur et à mesure que la nuit tombe et que l'orage avance, les couleurs deviennent de plus en plus surprenantes tandis que d'autres détails me font dire que la masse d'air est bien instable, je remarque l'apparition d'Altocumulus Undulatus ainsi que des Asperatus juste avant l'arrivée de l'orage sur ma position, ce qui traduit qu'il y'a de bons cisaillement de vent et c'est ce qui va permettre à l'orage de se structurer. 


Soleil couchant et présence de nombreux Altocumulus Castellanus - Sainte-Maure-de-Touraine (37)


Alignement d'Altocumulus Castellanus matérialisant une convergence des vents - Sainte-Maure-de-Touraine (37)


Altocumulus Undulatus, présence de cisaillement de vent - Sainte-Maure-de-Touraine (37)


Asperatus juste à l'avant de l'orage - Sainte-Maure-de-Touraine (37)


Les couleurs juste avant l'arrivé de l'orage fût splendide ! Sainte-Maure-de-Touraine (37)


Enclume de l'orage illuminée par le coucher du soleil - Sainte-Maure-de-Touraine (37)

Il est près de 21h30 quand je commence à apercevoir les premiers éclairs sur l'horizon, l'orage approche de plus en plus. A l'avant, je peux même observer la formation rapide d'un arcus alors que le ciel s'assombri en prenant une allure chaotique. Progressivement, l'arcus arrive au-dessus de ma tête avec un renforcement brutal du vent tandis que les premières gouttes commencent à tomber, je comprend qu'il est temps de se rentrer. 

Une fois rendu à la maison, l'orage arrive au-dessus de la ville en donnant quelques coups de tonnerre, de la pluie et surtout du vent fort, cet orage aura duré un bon quart d'heure avant de s'affaiblir rapidement en partant vers le Nord. 


Formation de l'arcus à l'avant de l'orage - Sainte-Maure-de-Touraine (37)


L'arcus arrivant au-dessus de ma tête - Sainte-Maure-de-Touraine (37) 

Lexique : 

Altocumulus Castellanus : Il s'agit d'une variante du nuage Altocumulus (il existe les Altocumulus floccus, perlucidus...), ce type de nuage est signe d'instabilité dans la couche moyenne de l'atmosphère, ils annoncent généralement des orages dans un rayon de 160-180 km du lieu d'observation, également présent lors de l'arrivé de l'orage. Ces nuages consistent en une série de petits Cumulus coiffés de tourettes et dotés d'une base aplatie bien définie. 

Altocumulus Undulatus : Encore une variété du nuage Altocumulus, il présente une forme de rouleaux parallèles, lesquels suivent les ondulations formées entre des couches d'air circulant à des vitesses différentes (on parle donc de cisaillement de vent). 

Asperatus : C'est une caractéristique supplémentaire de plusieurs genres de nuages et non un nuage particulier (Stratocumulus ou Altocumulus). Ce type de nuage survient généralement à l'avant des orages à cause de forts cisaillement de vent en altitude. 

Cisaillement de vent : Variation de la direction et de la vitesse du vent sur la verticale (entre 0 et 10km), le cisaillement de vent est très important dans le rôle de la prévision des orages, il permet de déterminer à quel type d'orage on peut avoir à faire (Monocellulaire, Supercellulaire..). Grâce à ça, on peut également savoir si l'orage sera bien formé ou non, présentant ou non une bonne structure mais c'est également un paramètre en prendre en compte pour établir un risque de tornade (que l'on doit coupler à d'autres paramètres plus complexe comme l'hélicité, le tourbillon absolu...).

Arcus : C'est un rouleau horizontal, dense, ayant des bords plus ou moins effilochés, situé à l'avant des orages en prenant l'aspect d'un arc sombre et menaçant. Ce nuage se forme du fait de la projection d'air froid venant de l'orage vers de l'air chaud. 

Convergence des vents :Il s'agit d'une accumulation d'air dans une certaine zone, l'air décélère et sa densité augmente. La ou il y a convergence c'est un "regroupement" de vent venant de plusieurs directions et qui vont monter sur la verticale (courant ascendant formant ainsi les nuages d'orage). Une fois arrivé à un niveau neutre en basse atmosphère, l'air s'accélère et se sépare, on parle alors de divergence. Un élément utile dans la prévision des orages pour pouvoir déterminer la ou ils peuvent se former, c'est ce qui permet de les maintenir en vie également. 

Désormais, mon prochain récit sera consacré à ma première véritable chasse à l'orage durant le mois d'Août 2014 dans l'Est de la France. Un récit qui vous apprendra encore beaucoup de choses sur la formation des orages et ce que l'on peut observer. En ce qu'il concerne la photo de foudre, ça arrivera un peu plus tard (manquant encore de matos étant donné que c'était mes débuts).

J'ai toujours été fasciné et impressionné par ces ciels d'orage (à condition d'être à l'abri): de bien belles photos

Ces photos sont fascinantes. 
Les lumières d’orages incitent à la photographie .
Merci pour tes explications techniques assortis des photos .

Après plusieurs semaines ou je n'ai pas trop pu me consacrer aux récits, j'ai enfin du temps pour reprendre un peu tout ça  

Ma première chasse à l'orage hors de mon département s'est déroulé du 2 au 5 Août 2014 dans l'Est du pays et plus précisément entre les départements du Jura et du Doubs, grosse situation orageuse envisagée donc il est temps de prendre la route... (toujours pas le matériel nécessaire pour pouvoir immortaliser la foudre)
Les mots surlignés en gras sont des termes techniques, j'ai fais un petit lexique en toute fin de ce post après les photos. 

Je rejoins en train mes collègues en Seine-et-Marne le 2 Août à Fontainebleau mais une une fois arrivée pas de répit, nous prenons la route pour monter sur les hauteurs du départements près de Vernou-la-Celle-sur-Seine. Mais finalement, la situation n'a pas aboutie et il s'agissait surtout de fortes averses de pluie. 

Le 3 Août 2014 nous prenons la route de l'Est via l'A5 et en cours d'après-midi, nous rencontrons le passage d'une petite cellule orageuse et nous nous arrêtons sur l'aire de Villeneuve-l'Archevêque pour observer sont passage mais rien de bien probant encore si ce n'est que quelques coups de tonnerre et de beaux rideaux de pluie. Nous continuons notre route progressivement vers la Franche-Comté pour y arriver en début de soirée et rejoindre un autre collègue non loin de Pontarlier ou on a pu également voir un ciel bien instable. 


Passage de 2 petites cellules orageuses - Aire de Villeneuve-l'Archevêque (10) sur l'A5 



Instabilité près de Pontarlier (25) 

C'est à partir du 4 Août 2014 que la situation devient nettement plus intéressante, nous prenons la route de Vesoul pour se poster sur les hauteurs près de l'aérodrome. Après plusieurs heures d'attente, une virulente cellule orageuse arrive sur notre secteur avec un beau rideau de grêle, mais celle-ci nous frôlera. A l'arrière de celle-ci on a pu observer un magnifique double arc-en-ciel ainsi qu'une immense enclume comme je n'en ai jamais vu (définition du terme "enclume" déjà expliqué un peu plus précédemment). 


Orage passant près notre position avec un rideau de grêle bien blanc - Aérodrome de Vesoul (70)



Double arc-en-ciel à l'arrière de l'orage - Aérodrome de Vesoul (70)



Vue d'ensemble sur l'arrière de l'orage - Aérodrome de Vesoul (70)



Etendue de l'enclume plusieurs kilomètres à l'arrière de l'orage - Aérodrome de Vesoul (70)

Dernier jour avant de reprendre la route du retour, nous nous remettons à l'aérodrome de Vesoul assez tôt en début d'après-midi pour ne rien rater. Durant l'après-midi, on observe une forte convection organisée sous forme de ligne notifiant la présence d'une convergence des vents près du sol (définition déjà donnée sur le post précédent). En fin d'après-midi, c'est un orage remontant du Sud-Ouest qui s'est formé entre Dijon et Vesoul qui arrive sur notre position nous gratifiant de jolis coups de foudre. Progressivement, l'orage arrive sur notre position avec un gros rideau de pluie et avec une base très tourmentée et l'apparition d'une bande d'afflux. Nous décidons de le devancer mais en vain malheureusement, nous nous sommes réfugiés sous un abri en hauteur près du village de Damprichard (25) non loin de la frontière Suisse ou cet orage s'y évacue tandis que le soleil revient en force à l'arrière nous offrant un paysage somptueux avec de très belles couleurs !

Quelques heures après, nous apprenons que cet orage a produit une tornade EF1 (bas d'échelle) près de Charquemont (25), nous sommes donc allé enquêté le lendemain pour y déterminer sa trajectoire et son intensité, ce fût ma première enquête de terrain en plus de ma première chasse à l'orage.

Lien pour lire notre compte-rendu de l'enquête --> https://www.keraunos.org/actualites/faits-marquants/2014/tornade-charquemont-4-aout-2014-doubs-franche-comte-les-ecorces


Organisation de la convection le long d'une convergence en surface - Aérodrome de Vesoul (70)


Base tourmentée et rideau de pluie - Aérodrome de Vesoul (70)


Bande d'afflux - Aérodrome de Vesoul (70)


Arrière de l'orage qui s'évacue vers la Suisse - Damprichard (25)


Lexique :


Convection : En vulgarisant d'une manière courte et simple puisque c'est un phénomène complexe à expliquer, la convection une réponse à un déséquilibre énergétique vertical. La convection joue un rôle crucial à toutes les échelles de la météorologie, il s'agit de l'ascension de l'air chaud qui se condense au fur et à mesure de sa montée dans l'atmosphère afin de former le nuage, les particules sont emmenés jusqu'à leur point de condensation. Au début, c'est un Cumulus qui va ensuite devenir un Cumulus Congestus avant de devenir le fameux nuage d'orage, le Cumulonimbus. Les processus convectifs sont fortement dépendants des changements de phase de l'eau, les reliefs, les turbulences t d'autres processus dans les basses couches. 

Bande d'afflux : Il s'agit d'une manifestation nuageuse qui indique que l'orage s'alimente en air chaud et humide sur sont flanc Sud-Ouest, signe que l'orage est en forme et qu'il continuera à sévir encore un petit moment.