Notre rapport au voyage

Un article de The Conversation
Valise, guide, souvenirs… quand les objets révèlent notre rapport au voyage

moi j'adore les cartes. J'en achète à chaque fois. Cartes de randonnées, cartes des villes, cartes des pays... Les éditions sont différentes selon les pays, et en plus avec le temps, les noms changent, noms de villes renommées, noms des rues rebaptisées... 

Alors les anciennes cartes sont autant de souvenirs

Deborah a écrit:Alors les anciennes cartes sont autant de souvenirs

Avec l'itinéraire au Stabylo...

 
Oui la préparation du voyage pose effectivement une foule de questions sur ce que nous sommes individuellement, la peur de l'inconnu de manière plus ou moins inconsciente, le besoin de poser des bornes dans un inconnu que l'on s'apprête à affronter. La planification peut tuer le voyage. Ne pas savoir où l'on va se poser le soir peut être un ingrédient puissant à l'intérêt que l'on porte au voyage.
 
Les liens qui ponctuent le texte renvoient à des textes aussi très intéressants.
 
Je suis comme Deborah, j'accumule des montagnes de cartes que je parcours en ayant le sentiment d'avoir largué les amarres. Les cartes françaises sont parmi les plus belles de la 25 000 en passant par toute la gamme jusqu'à la 1 000 000. Les 100 000 Top 100 tourisme et vélo d'IGN et les Michelin couleur jaune généralement au 150 000 qui couvrent deux départements sont mes préférées, les plus adaptées à l'improvisation à vélo à travers la France.
 
Les bibelots que l'on rapporte, j'en ai fait l'expérience à l’envers. En étant affecté dans un pays étranger j'étais parti, entre autres, avec tout un tas de petites babioles achetées à Lyon ou à Paris. J'ai pris conscience, en les donnant, du pouvoir d'attraction d'une petite tour Eiffel ou d'une belle carte postale de Notre Dame de Paris. Et je ne parle pas du jeu de boules de pétanque que j'avais offert à mon homologue chinois, qui a explosé d'un rire loin de sa retenue diplomatique habituelle.
 
Et au fond des Andes le compagnon pyrénéen avec lequel je traversais, en prévision avait acheté des médaillons de la Vierge à Lourdes. Dans un coin reculé de la forêt amazonienne en Equateur nous avions rencontré l'évêque de la région, et lorsque mon copain lui a offert le médaillon en lui révélant la provenance, l'évêque subitement a exprimé une joie exubérante.



Le problème du pillage des trésors archéologiques me rappelle une situation que j'ai vécue. Lorsque je vivais en Albanie, une équipe archéologique venait chaque année dans le sud pour procéder à des fouilles sur des sites en découverte entre Saranda et la frontière grecque. L'archéologue chef de cette mission était très intéressant et je ravitaillais son équipe en différents produits, dont du rouge et du blanc français, qui étaient très appréciés malgré la chaleur de l'été albanais. J'en profitais pour faire visiter à mes collègues étrangers le site et les découvertes récentes sous la conduite du chef archéologue. Il m'avait dit que l'un de ses problèmes était justement le fait que certains de ses ouvriers locaux volaient des objets lors de leur découverte et les revendaient souvent directement aux personnes qui venaient sur le site. Juste après m'avoir dit cela, il m'emmène sur le lieu de ses fouilles. L'un de ses ouvriers s'approche et pendant que mon guide était un peu devant, me propose pour un prix dérisoire un objet qu'il venait de déterrer le matin même. Bien que je ne me sente pas une âme de délateur, je ne me suis pas posé la question et j'ai relaté l'incident dans la foulée à l'archéologue. Pas surpris et blasé, il est allé simplement faire une remontrance à son ouvrier.

tiens, tu te balades jusqu'en Chine avec des jeux de 6 boules de pétanque dans tes bagages ? 

Ca devait être avant que les compagnies aériennes ne facturent le moindre kilo supplémentaire au prix fort alors !

Non ce n'était pas en Chine avec mon homologue chinois mais en Albanie. Les Chinois ont été très fortement présents en Albanie depuis que les Albanais ont chassé les Russes car ils avaient reçu Nixon. Ca devait être en 1970-1972 environ.   La Chine a très massivement armé l'Albanie, matériels des trois armées en quantités inimaginables, avions Mig 21, chars et bateaux de surface et sous-marins. 


J'étais très copain avec le préfet maritime de la côte nord albanaise. Dans sa jeunesse il était commandant d'un sous-marin et, tout fier il me montrait les photos de cette époque, 20 ans plus tôt. Il avait le look exact du U-boot Kommandant der Kriegesmarine de la deuxième guerre mondiale. Il me racontait qu'à plusieurs reprises il avait eu le port de Marseille dans la lentille de son périscope. 


Un jour je lui ai demandé l'autorisation d'aller pêcher dans l'un des ports militaires où sont stationnés la plupart des bâtiments militaires albanais. Mon homologue chinois m'a demandé s'il pouvait m'accompagner . Un peu gêné j'ai demandé au préfet  maritime qui sans la moindre hésitation m'a dit oui. Je me suis retrouvé toute la matinée avec le senior colonel Dong à taquiner le bar et la dorade entre les bateaux de guerre. il en a profité pour m'expliquer le processus d'équipement de la marine albanaise par la Chine. Tous ces bateaux étaient totalement hors d'usage pour différentes raisons, mais pour faire croire ils les peignaient, on les aurait dits flambant neuf. On a attrapé pas mal de poissons ce matin dont un beau bar. Genre de souvenir gravé à vie dans ma mémoire. Mais je ne sais pas si le  capitaine de Vaisseau, préfet de la zone maritime nord, a eu quelques remords de m'avoir autorisé à amener mon homologue chinois, il est venu nous rendre visite, des fois qu'avec mon pote Dong on décide de saboter la marine albanaise.

Souvenirs souvenirs!!!