Lille: petite promenade patrimoniale.
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Lille: petite promenade patrimoniale.
Bonjour,
Je voudrais vous parler un peu de la capitale régionale des Hauts de France: Lille.
Voici quelques-uns de ses monuments ou autres lieux emblématiques.
Je ne prétends pas tous les présenter, mais au moins ceux que je trouve les plus marquants . Il va en manquer beaucoup, je laisse le soin à d'autres de les présenter.
Commençons notre promenade par le centre, autour de la Grand'Place, rebaptisée : Place du Général de Gaulle
Par Velvet — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=27652375
La Vieille bourse
L'ancienne bourse, construite de 1652 à 1653 par Julien Destrée, est incontestablement le plus beau monument de la ville.
pixabay jo vanel
Composée de vingt-quatre maisons identiques qui entourent une cour intérieure, elle est construite en briques et en pierres et ornée d’une variété incroyable de cariatides.
La décoration est également extrêmement abondante autour des fenêtres, ornées de cartouches, de guirlandes et de fruits charnus, à la manière de la Renaissance Flamande.
Les lions de Flandre sculptés sur les portails rappellent l'appartenance de Lille aux Pays-Bas espagnols (avant la conquête par Louis XIV).
Sur les quatre côtés, au-dessus des fenêtres du deuxième étage, si on est attentif, on est surpris de reconnaître des touches colorées très contemporaines : ce sont les sigles d'entreprises qui ont financé les travaux de restauration du monument, discrets signes de gratitude pour ce mécénat.
Elle accueille dans sa cour des bouquinistes et en été des démonstrations de tango.
Velvet, CC BY-SA 3.0 httpscreativecommons.orglicensesby-sa3.0, via Wikimedia Commons
Le Rang Beauregard près de vieille bourse
Velvet, CC BY-SA 4.0 httpscreativecommons.orglicensesby-sa4.0, via Wikimedia Commons
Ces belles façades du XVIIe siècle sont aussi colorées que la Vieille bourse qu’elles jouxtent. Si vous levez les yeux vers le rang de Beauregard, place du théâtre, sur les façades de la rue de la Bourse, et même au tout début de la rue de la Monnaie, un curieux spectacle vous attend: des boulets de canon sont fichés dans les murs …
Par Florence Desmettre
Certains même semblent avoir miraculeusement épargné les fenêtres. En réalité, les propriétaires les placèrent là, volontairement. Leur présence commémore, en effet, la résistance de Lille lors du siège mené par les troupes autrichiennes en 1792.
Le siège dura une semaine. Des bombardements intenses envoyèrent 35 000 projectiles sur la ville. Le quartier Saint-Sauveur, le plus proche fut le plus touché par les destructions et le nombre de victimes se chiffra par milliers. Les Autrichiens utilisèrent une invention prussienne de destruction : ils ont « tiré à boulets rouges », c’est-à-dire des boulets chauffés avant d’être projetés.
La ville fut donc en même temps détruite et incendiée, mais elle ne se rendit pas aux Autrichiens.
Victor Derode dans son histoire du siège de Lille raconte l'anecdote suivante.
Un apothicaire de la rue des Chats-Bossus refusa une indemnité de 2000 livres en réparation des dégâts de son officine. Il demanda seulement en contrepartie “le don de deux boulets autrichiens qu’il fit enchâsser dans la façade de sa maison “…
Tous les boulets que nous voyons aujourd’hui encastrés dans les façades ne sont donc pas arrivés là par la force des canons autrichiens…
Quelques années après le siège de Lille, en mémoire de cet événement, les habitants feront élever la colonne de la déesse, sur la Grand'Place.
La statue de la déesse Place du Général de Gaulle (Grand place)
colonne deesse Par Velvet — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=24609826
Du haut de sa colonne de 17 m, elle domine toute la Place du Général de Gaulle (autrefois, la Grand’Place). Elle symbolise la courageuse ville de Lille, qui résista victorieusement lors du siège des Autrichiens en 1792.
Ce monument commémoratif est décidé en 1842, et inauguré en 1845.
L’allégorie de la ville de Lille est l’œuvre du sculpteur Théophile Bra. Il choisit une allégorie symbolisée par une femme, il la coiffe d’une couronne représentant les tours de la ville et lui fait tenir un boutefeu. Mais très vite, les Lillois rebaptisent l’œuvre, initialement nommée “La Ville de Lille” . Pour tous les Lillois, elle devient la “déesse”, et on l'appelle toujours ainsi.
Anecdote, le modèle qui posa pour la déesse était l’épouse du maire de Lille de l’époque, Louis Bigot-Danel. Les mauvaises langues ajoutent qu’elle était aussi la maîtresse du sculpteur !
Le beffroi et la mairie :
Par Under — Travail personnel, GFDL, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=95127929
Tout d’abord, ce beffroi est différent des autres beffrois régionaux, car il est très récent : 1925.
Si on veut un élément de comparaison, celui de Béthune date de 1346 et celui de Douai, 1380…
Voulu par le maire de Lille, Roger Salengro, ce beffroi de 104 mètres de hauteur, est le plus haut de Flandre, et le plus haut beffroi civil d’Europe, est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2005 avec vingt-deux autres beffrois des Hauts-de-France. Il faut gravir 400 marches pour atteindre le sommet. Il est construit en béton. C’est d’ailleurs le premier édifice en béton armé de plus de 100 mètres de haut réalisé en France.
Le béton de la structure est complété par un décor en brique, pierre de Béthisy et céramique vernissée.
Cette variante locale de l'Art déco est souvent appelée « Art déco régionaliste », typique de l'entre-deux-guerres à Lille.
Il a été conçu par l'architecte Émile Dubuisson et inauguré en 1932, mais l’hôtel de ville qui lui est adjoint, ne sera totalement achevé qu’en 1992.
Le beffroi comporte à sa base deux statues des géants Lydéric et Phinaert, fondateurs de la ville de Lille selon la légende.
Pour les voir, et connaître la légende de la fondation de Lille, c’est ici :
https://www.zoomsurlille.fr/actualites/la-legende-de-la-fondation-de-lille
On peut monter en haut du beffroi par un escalier de 100 marches puis par un ascenseur jusqu’aux deux plateformes d’observation, l’une vitrée à 69 mètres, l’autre en extérieur à 73 mètres. Un panorama à 360° vous donnera une vue magnifique sur Lille, les Monts des Flandres au nord et les terrils du Pas de Calais au sud.
La porte de Paris, à côté du beffroi et de la mairie.
Par Velvet — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=28143210
Elle a été construite en 1667 à la gloire de Louis XIV, qui a conquis la Flandre et Lille. En effet, jusqu’à cette victoire de Louis XIV, la région appartenait aux Pays-Bas espagnols.
Au centre de la porte, au-dessus du passage, on peut voir les armoiries sculptées de la ville de Lille : une fleur de lys sur fond rouge et juste au-dessus l'écusson royal : trois fleurs de lys sur fond bleu.
Au sommet, 32 mètres plus haut, se trouvent des statues baroques : de part et d’autre du groupe, deux anges, allégories de la « Renommée » sonnant des trompettes pour célébrer la victoire de Louis XIV. Au centre, l'allégorie de la « Victoire » est représentée assise en triomphe sur des trophées d'armes et des drapeaux. Elle lève le bras droit afin de poser une couronne sur la tête du Roi Soleil. Toutefois, Louis XIV, n’est pas représenté ici en entier, mais seulement sous forme d'un portrait dans un médaillon . Cette sculpture est l'œuvre d'Augustin Camille et de sieur Manier.
Tout en bas, sont représentés deux dieux : à gauche Mars, le dieu de la guerre , portant une lance ; à droite, Hercule, symbole de force, portant une massue sur l’épaule.
L'Hospice gantois, à deux pas de la Porte de Paris:
Par Velvet — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=22937975
Cet hospice fut fondé par Jean de Le Cambe dit « Gantois », échevin de Lille et bourgeois en 1462.
La volonté de Jean de Le Cambe, dit le Gantois, est de faire de ce nouvel édifice un lieu où pouvaient être entretenus (gîte, couvert et soins) treize vieillards indigents. Cela fut rendu possible car le commerçant avait fait fortune grâce en tant que négociant spécialisé dans l'albâtre avec l'Angleterre.
Voici la salle des malades, avec, tout en bas, les petits placards individuels insérés dans les murs, au niveau où se trouvaient les lits.
Par Velvet — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=28878153
A l’origine en briques rouges et pierres blanches, il a été racheté par une chaîne d’hôtels de luxe, Marriot, (minimum 237 euros la nuit pour deux !) qui s’est empressé de le renommer « hermitage gantois » (avec un H) et de le repeindre en… gris ! Sacrilège !
Mais la chaîne hôtelière a signé une convention avec les monuments historiques : on peut visiter les parties communes, même si on n’y séjourne pas.
Allons maintenant dans "le Vieux Lille", qui faillit disparaître à l’instar d'autres quartiers, rasés dans les années 1960 - 1970, pour faire place à une modernité sans âme... Heureusement, ce quartier a échappé aux démolisseurs et a été restauré. C'est un endroit fort touristique aujourd'hui.
Hospice comtesse
L’hospice Comtesse (aussi appelé hospice Notre-Dame) , dans son état actuel, compte une majorité de bâtiments du XVIIe siècle. Sa construction est beaucoup plus ancienne, décidée par Jeanne, comtesse de Flandre, en 1237. L'établissement était réservé aux malades pauvres, aux pèlerins et aux passants.
Par Velvet — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=28785433
La comtesse de Flandre étant en même temps duchesse de bourgogne, l’hospice qu’elle fit construire fut calqué sur celui de Beaune (cf le film « la Grande Vadrouille »), en particulier la salle des malades, qui existe toujours à Lille, mais n’est pas meublée.
Cathédrale Notre Dame de la Treille
Élevée en l'honneur de la Vierge Marie sous le nom de "Notre-Dame-de-la-Treille", en l'honneur d'une statue miraculeuse très honorée à Lille depuis le XIIIe siècle, la construction de cet édifice a connu bien des péripéties.
Sa construction, commencée en 1856, rencontre de nombreuses difficultés, en particulier financières. Plusieurs générations d'architectes se succèderont de 1856 à 1975.
La cathédrale fut longtemps un chantier à l’abandon, un véritable terrain vague au cœur de la ville.
En 1970, certains habitants, excédés par cette friche, demandent à la raser, et à construire à sa place des immeubles de bureaux. Toutefois, les travaux reprennent.
Le projet est enfin finalisé en 1999 par la pose d'une façade très moderne.
Au moment où on entreprend la rénovation du « Vieux Lille », dans les années 1980, cette façade est décidée sous l’impulsion de l’évêque Jean Vilnet .
Par Velvet — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=8846427
L’architecte local Pierre-Louis Carlier s’associe avec l'artiste Ladislas Kijno qui a dessiné la grande rosace et l'ingénieur Peter Rice, (grande arche de la défense, opéra de Sydney) concepteur de la structure porteuse, pour créer cette façade. Georges Jeanclos, conçoit le portail .
Le quartier du « VIEUX LILLE »
Par Velvet — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=73191
Le « Vieux Lille », quand j’ai commencé mes études à Lille, dans les années 1970, était un quartier délabré, à l’abandon, mal famé. La Place aux oignons (voir photo ci dessus), aux maisons datant des XVII° et XVIII° siècle, était d’une saleté incroyable, et non loin, la construction de la cathédrale était un chantier abandonné.
Le Vieux Lille a été restauré au début des années 80 , et maintenant, il regorge des boutiques de standing !
LA MAISON GILLES DE BOE, la plus ancienne maison de Lille
Par Velvet — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=7319072
A l’angle de la place Louise de Bettignies et de l’avenue du Peuple Belge, voici la plus vieille maison de Lille, dont la décoration foisonnante rappelle un peu la Vieille Bourse. En effet, cette construction de pierres et briques est largement décorée de guirlandes végétales.
Lors de sa construction, en 1636, à l’emplacement de l’avenue du Peuple Belge , coulait la Deûle, et Gilles de Boe fit construire cette maison non loin du port fluvial de l’époque. Il était négociant en épices et étoffes. Sa maison a abrité un temps un estaminet appelé « Au Bon Bouillon », ce qui explique que ce nom a longtemps servi à désigner cette maison.
Dans une autre partie du "Vieux Lille":
La maison natale de de Gaulle
Par Velvet — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=105910715
Charles de Gaulle naît le 22 novembre 1890 à Lille au n°9 de la rue Princesse. Il a passé son enfance à Paris où ses parents s’étaient installés. En revanche, la plupart de ses vacances et une petite partie de ses études se sont déroulées dans le Nord, sa terre natale pour laquelle il a toujours nourri un profond attachement.
Par exemple, il a été fidèle toute sa vie aux gaufres Lilloise de la pâtisserie Meert, qui n’a pas beaucoup changé depuis l’époque où la maman du « petit Charles » allait y acheter des pâtisseries !
Par Velvet — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=9271077
On peut voir dans ce musée une des DS noires du Général.
Palais des beaux arts
Par Velvet — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=27780041
Il s'agit d'un musée municipal d'art et d'antiquités, construit à partir de 1885, quand les collections, exposées à la mairie, devinrent trop importantes.
C'est l’un des plus grands musées de France et le plus grand musée des beaux-arts, en dehors de Paris, en nombre d'œuvres exposées. Créé en 1792 grâce au peintre Louis Joseph Watteau, il comprenait alors plusieurs tableaux de Rubens, Van Dyck ou Jordaens.
Les collections comprennent aujourd’hui quelques œuvres majeures, de Pierre Bruegel, Donatello, David, Goya, Delacroix, etc.
Depuis quelques années, on peut y voir les plans-reliefs des villes fortifiées par Vauban dans le Nord de la France et la Belgique actuelle, plans-reliefs à but militaire et datant de l’époque de Louis XIV. Tous les autres plans-reliefs de France sont au musée de l’armée à Paris.
Square du Petit Quinquin
La berceuse « le P’tit Quinquin » (le petit Bébé) écrite par Alexandre Desrousseaux, est le véritable « hymne » du Nord.
L’auteur habitait à Lille, place Jeannette-aux Vaches, et s’inspira, dit-on, d’une voisine dentellière qu’il entendait chanter pour endormir son enfant.
La chanson, sous des dehors amusants, donne de précieuses indications sur la vie difficile du peuple ouvrier dans une ville en pleine industrialisation. Par exemple, elle nous apprend que la dentellière a du mettre en gages les vêtements chauds de son bébé pour pouvoir vivre.
On lui rend hommage dans ce petit square, le Square Foch, situé rue Nationale.
Velvet, CC BY-SA 3.0 httpscreativecommons.orglicensesby-sa3.0, via Wikimedia Commons
La sculpture d'Eugène Déplechin, datant de 1902, représente, sous le buste de Desrousseaux, la dentellière et son enfant. Ce monument fait partie intégrante du patrimoine lillois, et les habitants y sont très attachés.
Malheureusement, elle a été vandalisée dans la nuit de vendredi 24 à samedi 25 novembre 2023. Des vandales l’ont décapitée. Toute la population est scandalisée.
Je vais finir par un imposant ensemble de bâtiments militaires:
La CITADELLE de VAUBAN
Bâtie en 3 ans à partir de 1668 (Lille étant devenue française l’année précédente), son concepteur, Vauban, l’appelait « la reine des citadelles ».
Vue_satellite_Citadelle_de_Lille Par IGN — httpsremonterletemps.ign.fr, Licence Ouverte, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=96251315
Aujourd'hui, le cœur de la Citadelle conserve un usage militaire : il héberge en effet le Corps de Réaction Rapide-France (CRR-Fr), certifié OTAN. Seul en son genre, le CRR-Fr est l'état-major opérationnel déployable de plus haut niveau dont dispose l'armée française.
Il est capable d’assurer le commandement d’une force terrestre nationale ou multinationale dont le volume peut varier de 5 000 à 60 000 hommes. Il compte environ 450 militaires de quinze nationalités différentes.
Par Jiel Beaumadier (httpjiel.b.free.fr) — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=12309468
Le parc de la citadelle sert aujourd’hui de « poumon vert » à Lille. On y croise promeneurs et joggeurs. Des espaces ludiques et un petit zoo font la joie des enfants.
Voilà, j'espère que ce rapide aperçu, fort incomplet, vous donnera l'envie de venir visiter le Nord et en particulier la ville de Lille!
Je voudrais vous parler un peu de la capitale régionale des Hauts de France: Lille.
Voici quelques-uns de ses monuments ou autres lieux emblématiques.
Je ne prétends pas tous les présenter, mais au moins ceux que je trouve les plus marquants . Il va en manquer beaucoup, je laisse le soin à d'autres de les présenter.
Commençons notre promenade par le centre, autour de la Grand'Place, rebaptisée : Place du Général de Gaulle
Par Velvet — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=27652375
La Vieille bourse
L'ancienne bourse, construite de 1652 à 1653 par Julien Destrée, est incontestablement le plus beau monument de la ville.
pixabay jo vanel
Composée de vingt-quatre maisons identiques qui entourent une cour intérieure, elle est construite en briques et en pierres et ornée d’une variété incroyable de cariatides.
La décoration est également extrêmement abondante autour des fenêtres, ornées de cartouches, de guirlandes et de fruits charnus, à la manière de la Renaissance Flamande.
Les lions de Flandre sculptés sur les portails rappellent l'appartenance de Lille aux Pays-Bas espagnols (avant la conquête par Louis XIV).
Sur les quatre côtés, au-dessus des fenêtres du deuxième étage, si on est attentif, on est surpris de reconnaître des touches colorées très contemporaines : ce sont les sigles d'entreprises qui ont financé les travaux de restauration du monument, discrets signes de gratitude pour ce mécénat.
Elle accueille dans sa cour des bouquinistes et en été des démonstrations de tango.
Velvet, CC BY-SA 3.0 httpscreativecommons.orglicensesby-sa3.0, via Wikimedia Commons
Le Rang Beauregard près de vieille bourse
Velvet, CC BY-SA 4.0 httpscreativecommons.orglicensesby-sa4.0, via Wikimedia Commons
Ces belles façades du XVIIe siècle sont aussi colorées que la Vieille bourse qu’elles jouxtent. Si vous levez les yeux vers le rang de Beauregard, place du théâtre, sur les façades de la rue de la Bourse, et même au tout début de la rue de la Monnaie, un curieux spectacle vous attend: des boulets de canon sont fichés dans les murs …
Par Florence Desmettre
Certains même semblent avoir miraculeusement épargné les fenêtres. En réalité, les propriétaires les placèrent là, volontairement. Leur présence commémore, en effet, la résistance de Lille lors du siège mené par les troupes autrichiennes en 1792.
Le siège dura une semaine. Des bombardements intenses envoyèrent 35 000 projectiles sur la ville. Le quartier Saint-Sauveur, le plus proche fut le plus touché par les destructions et le nombre de victimes se chiffra par milliers. Les Autrichiens utilisèrent une invention prussienne de destruction : ils ont « tiré à boulets rouges », c’est-à-dire des boulets chauffés avant d’être projetés.
La ville fut donc en même temps détruite et incendiée, mais elle ne se rendit pas aux Autrichiens.
Victor Derode dans son histoire du siège de Lille raconte l'anecdote suivante.
Un apothicaire de la rue des Chats-Bossus refusa une indemnité de 2000 livres en réparation des dégâts de son officine. Il demanda seulement en contrepartie “le don de deux boulets autrichiens qu’il fit enchâsser dans la façade de sa maison “…
Tous les boulets que nous voyons aujourd’hui encastrés dans les façades ne sont donc pas arrivés là par la force des canons autrichiens…
Quelques années après le siège de Lille, en mémoire de cet événement, les habitants feront élever la colonne de la déesse, sur la Grand'Place.
La statue de la déesse Place du Général de Gaulle (Grand place)
colonne deesse Par Velvet — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=24609826
Du haut de sa colonne de 17 m, elle domine toute la Place du Général de Gaulle (autrefois, la Grand’Place). Elle symbolise la courageuse ville de Lille, qui résista victorieusement lors du siège des Autrichiens en 1792.
Ce monument commémoratif est décidé en 1842, et inauguré en 1845.
L’allégorie de la ville de Lille est l’œuvre du sculpteur Théophile Bra. Il choisit une allégorie symbolisée par une femme, il la coiffe d’une couronne représentant les tours de la ville et lui fait tenir un boutefeu. Mais très vite, les Lillois rebaptisent l’œuvre, initialement nommée “La Ville de Lille” . Pour tous les Lillois, elle devient la “déesse”, et on l'appelle toujours ainsi.
Anecdote, le modèle qui posa pour la déesse était l’épouse du maire de Lille de l’époque, Louis Bigot-Danel. Les mauvaises langues ajoutent qu’elle était aussi la maîtresse du sculpteur !
Le beffroi et la mairie :
Par Under — Travail personnel, GFDL, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=95127929
Tout d’abord, ce beffroi est différent des autres beffrois régionaux, car il est très récent : 1925.
Si on veut un élément de comparaison, celui de Béthune date de 1346 et celui de Douai, 1380…
Voulu par le maire de Lille, Roger Salengro, ce beffroi de 104 mètres de hauteur, est le plus haut de Flandre, et le plus haut beffroi civil d’Europe, est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2005 avec vingt-deux autres beffrois des Hauts-de-France. Il faut gravir 400 marches pour atteindre le sommet. Il est construit en béton. C’est d’ailleurs le premier édifice en béton armé de plus de 100 mètres de haut réalisé en France.
Le béton de la structure est complété par un décor en brique, pierre de Béthisy et céramique vernissée.
Cette variante locale de l'Art déco est souvent appelée « Art déco régionaliste », typique de l'entre-deux-guerres à Lille.
Il a été conçu par l'architecte Émile Dubuisson et inauguré en 1932, mais l’hôtel de ville qui lui est adjoint, ne sera totalement achevé qu’en 1992.
Le beffroi comporte à sa base deux statues des géants Lydéric et Phinaert, fondateurs de la ville de Lille selon la légende.
Pour les voir, et connaître la légende de la fondation de Lille, c’est ici :
https://www.zoomsurlille.fr/actualites/la-legende-de-la-fondation-de-lille
On peut monter en haut du beffroi par un escalier de 100 marches puis par un ascenseur jusqu’aux deux plateformes d’observation, l’une vitrée à 69 mètres, l’autre en extérieur à 73 mètres. Un panorama à 360° vous donnera une vue magnifique sur Lille, les Monts des Flandres au nord et les terrils du Pas de Calais au sud.
La porte de Paris, à côté du beffroi et de la mairie.
Par Velvet — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=28143210
Elle a été construite en 1667 à la gloire de Louis XIV, qui a conquis la Flandre et Lille. En effet, jusqu’à cette victoire de Louis XIV, la région appartenait aux Pays-Bas espagnols.
Au centre de la porte, au-dessus du passage, on peut voir les armoiries sculptées de la ville de Lille : une fleur de lys sur fond rouge et juste au-dessus l'écusson royal : trois fleurs de lys sur fond bleu.
Au sommet, 32 mètres plus haut, se trouvent des statues baroques : de part et d’autre du groupe, deux anges, allégories de la « Renommée » sonnant des trompettes pour célébrer la victoire de Louis XIV. Au centre, l'allégorie de la « Victoire » est représentée assise en triomphe sur des trophées d'armes et des drapeaux. Elle lève le bras droit afin de poser une couronne sur la tête du Roi Soleil. Toutefois, Louis XIV, n’est pas représenté ici en entier, mais seulement sous forme d'un portrait dans un médaillon . Cette sculpture est l'œuvre d'Augustin Camille et de sieur Manier.
Tout en bas, sont représentés deux dieux : à gauche Mars, le dieu de la guerre , portant une lance ; à droite, Hercule, symbole de force, portant une massue sur l’épaule.
L'Hospice gantois, à deux pas de la Porte de Paris:
Par Velvet — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=22937975
Cet hospice fut fondé par Jean de Le Cambe dit « Gantois », échevin de Lille et bourgeois en 1462.
La volonté de Jean de Le Cambe, dit le Gantois, est de faire de ce nouvel édifice un lieu où pouvaient être entretenus (gîte, couvert et soins) treize vieillards indigents. Cela fut rendu possible car le commerçant avait fait fortune grâce en tant que négociant spécialisé dans l'albâtre avec l'Angleterre.
Voici la salle des malades, avec, tout en bas, les petits placards individuels insérés dans les murs, au niveau où se trouvaient les lits.
Par Velvet — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=28878153
A l’origine en briques rouges et pierres blanches, il a été racheté par une chaîne d’hôtels de luxe, Marriot, (minimum 237 euros la nuit pour deux !) qui s’est empressé de le renommer « hermitage gantois » (avec un H) et de le repeindre en… gris ! Sacrilège !
Mais la chaîne hôtelière a signé une convention avec les monuments historiques : on peut visiter les parties communes, même si on n’y séjourne pas.
Allons maintenant dans "le Vieux Lille", qui faillit disparaître à l’instar d'autres quartiers, rasés dans les années 1960 - 1970, pour faire place à une modernité sans âme... Heureusement, ce quartier a échappé aux démolisseurs et a été restauré. C'est un endroit fort touristique aujourd'hui.
Hospice comtesse
L’hospice Comtesse (aussi appelé hospice Notre-Dame) , dans son état actuel, compte une majorité de bâtiments du XVIIe siècle. Sa construction est beaucoup plus ancienne, décidée par Jeanne, comtesse de Flandre, en 1237. L'établissement était réservé aux malades pauvres, aux pèlerins et aux passants.
Par Velvet — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=28785433
La comtesse de Flandre étant en même temps duchesse de bourgogne, l’hospice qu’elle fit construire fut calqué sur celui de Beaune (cf le film « la Grande Vadrouille »), en particulier la salle des malades, qui existe toujours à Lille, mais n’est pas meublée.
Cathédrale Notre Dame de la Treille
Élevée en l'honneur de la Vierge Marie sous le nom de "Notre-Dame-de-la-Treille", en l'honneur d'une statue miraculeuse très honorée à Lille depuis le XIIIe siècle, la construction de cet édifice a connu bien des péripéties.
Sa construction, commencée en 1856, rencontre de nombreuses difficultés, en particulier financières. Plusieurs générations d'architectes se succèderont de 1856 à 1975.
La cathédrale fut longtemps un chantier à l’abandon, un véritable terrain vague au cœur de la ville.
En 1970, certains habitants, excédés par cette friche, demandent à la raser, et à construire à sa place des immeubles de bureaux. Toutefois, les travaux reprennent.
Le projet est enfin finalisé en 1999 par la pose d'une façade très moderne.
Au moment où on entreprend la rénovation du « Vieux Lille », dans les années 1980, cette façade est décidée sous l’impulsion de l’évêque Jean Vilnet .
Par Velvet — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=8846427
L’architecte local Pierre-Louis Carlier s’associe avec l'artiste Ladislas Kijno qui a dessiné la grande rosace et l'ingénieur Peter Rice, (grande arche de la défense, opéra de Sydney) concepteur de la structure porteuse, pour créer cette façade. Georges Jeanclos, conçoit le portail .
Le quartier du « VIEUX LILLE »
Par Velvet — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=73191
Le « Vieux Lille », quand j’ai commencé mes études à Lille, dans les années 1970, était un quartier délabré, à l’abandon, mal famé. La Place aux oignons (voir photo ci dessus), aux maisons datant des XVII° et XVIII° siècle, était d’une saleté incroyable, et non loin, la construction de la cathédrale était un chantier abandonné.
Le Vieux Lille a été restauré au début des années 80 , et maintenant, il regorge des boutiques de standing !
LA MAISON GILLES DE BOE, la plus ancienne maison de Lille
Par Velvet — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=7319072
A l’angle de la place Louise de Bettignies et de l’avenue du Peuple Belge, voici la plus vieille maison de Lille, dont la décoration foisonnante rappelle un peu la Vieille Bourse. En effet, cette construction de pierres et briques est largement décorée de guirlandes végétales.
Lors de sa construction, en 1636, à l’emplacement de l’avenue du Peuple Belge , coulait la Deûle, et Gilles de Boe fit construire cette maison non loin du port fluvial de l’époque. Il était négociant en épices et étoffes. Sa maison a abrité un temps un estaminet appelé « Au Bon Bouillon », ce qui explique que ce nom a longtemps servi à désigner cette maison.
Dans une autre partie du "Vieux Lille":
La maison natale de de Gaulle
Par Velvet — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=105910715
Charles de Gaulle naît le 22 novembre 1890 à Lille au n°9 de la rue Princesse. Il a passé son enfance à Paris où ses parents s’étaient installés. En revanche, la plupart de ses vacances et une petite partie de ses études se sont déroulées dans le Nord, sa terre natale pour laquelle il a toujours nourri un profond attachement.
Par exemple, il a été fidèle toute sa vie aux gaufres Lilloise de la pâtisserie Meert, qui n’a pas beaucoup changé depuis l’époque où la maman du « petit Charles » allait y acheter des pâtisseries !
Par Velvet — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=9271077
On peut voir dans ce musée une des DS noires du Général.
Palais des beaux arts
Par Velvet — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=27780041
Il s'agit d'un musée municipal d'art et d'antiquités, construit à partir de 1885, quand les collections, exposées à la mairie, devinrent trop importantes.
C'est l’un des plus grands musées de France et le plus grand musée des beaux-arts, en dehors de Paris, en nombre d'œuvres exposées. Créé en 1792 grâce au peintre Louis Joseph Watteau, il comprenait alors plusieurs tableaux de Rubens, Van Dyck ou Jordaens.
Les collections comprennent aujourd’hui quelques œuvres majeures, de Pierre Bruegel, Donatello, David, Goya, Delacroix, etc.
Depuis quelques années, on peut y voir les plans-reliefs des villes fortifiées par Vauban dans le Nord de la France et la Belgique actuelle, plans-reliefs à but militaire et datant de l’époque de Louis XIV. Tous les autres plans-reliefs de France sont au musée de l’armée à Paris.
Square du Petit Quinquin
La berceuse « le P’tit Quinquin » (le petit Bébé) écrite par Alexandre Desrousseaux, est le véritable « hymne » du Nord.
L’auteur habitait à Lille, place Jeannette-aux Vaches, et s’inspira, dit-on, d’une voisine dentellière qu’il entendait chanter pour endormir son enfant.
La chanson, sous des dehors amusants, donne de précieuses indications sur la vie difficile du peuple ouvrier dans une ville en pleine industrialisation. Par exemple, elle nous apprend que la dentellière a du mettre en gages les vêtements chauds de son bébé pour pouvoir vivre.
On lui rend hommage dans ce petit square, le Square Foch, situé rue Nationale.
Velvet, CC BY-SA 3.0 httpscreativecommons.orglicensesby-sa3.0, via Wikimedia Commons
La sculpture d'Eugène Déplechin, datant de 1902, représente, sous le buste de Desrousseaux, la dentellière et son enfant. Ce monument fait partie intégrante du patrimoine lillois, et les habitants y sont très attachés.
Malheureusement, elle a été vandalisée dans la nuit de vendredi 24 à samedi 25 novembre 2023. Des vandales l’ont décapitée. Toute la population est scandalisée.
Je vais finir par un imposant ensemble de bâtiments militaires:
La CITADELLE de VAUBAN
Bâtie en 3 ans à partir de 1668 (Lille étant devenue française l’année précédente), son concepteur, Vauban, l’appelait « la reine des citadelles ».
Vue_satellite_Citadelle_de_Lille Par IGN — httpsremonterletemps.ign.fr, Licence Ouverte, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=96251315
Aujourd'hui, le cœur de la Citadelle conserve un usage militaire : il héberge en effet le Corps de Réaction Rapide-France (CRR-Fr), certifié OTAN. Seul en son genre, le CRR-Fr est l'état-major opérationnel déployable de plus haut niveau dont dispose l'armée française.
Il est capable d’assurer le commandement d’une force terrestre nationale ou multinationale dont le volume peut varier de 5 000 à 60 000 hommes. Il compte environ 450 militaires de quinze nationalités différentes.
Par Jiel Beaumadier (httpjiel.b.free.fr) — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, httpscommons.wikimedia.orgwindex.phpcurid=12309468
Le parc de la citadelle sert aujourd’hui de « poumon vert » à Lille. On y croise promeneurs et joggeurs. Des espaces ludiques et un petit zoo font la joie des enfants.
Voilà, j'espère que ce rapide aperçu, fort incomplet, vous donnera l'envie de venir visiter le Nord et en particulier la ville de Lille!
Vézèra du Périgord- responsable de rubrique
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Deborah, xrctn, mjp, Moushika, Aliocha, kawo et c64 apprécient ce message
Re: Lille: petite promenade patrimoniale.
Un intéressant survol de cette jolie ville fort agréable à visiter
Re: Lille: petite promenade patrimoniale.
Je suis contente que tu aies apprécié.
Il y a tant à voir et à faire!
Il y a tant à voir et à faire!
Vézèra du Périgord- responsable de rubrique
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