divagations écossaises

Retour sur un voyage à vélo en Ecosse durant tout l’été 2022…
 


Orcades/Shetlands, des îles hors du temps


Au nord de l’Ecosse, Thorso est une des portes d’accès pour les Orcades. Je file au port de Scrabster où un ferry de la NorthLink me dépose en moins de deux heures à Stromness sous une météo épouvantable.


loch Eriboll (côte nord de l'Ecosse)


Pendant trois jours je parcours l’île principale (le Mainland) à la découverte de ses sites archéologiques - comme celui incontournable de Skara Brae – et de ses côtes naturelles.


Skara Brae



Kirkwall

A Kirkwall, un autre ferry de la même compagnie me transporte à Lerwick, la capitale des Shetlands. Le voyage de nuit dure sept heures, mais le prix (20€) est le même que pour la liaison Ecosse-Orcades.

Durant une semaine, j’arpente l’archipel des Shetlands, en commençant par les îles du nord, Yell et Unst. Au parking de Shorehaven, un sentier de passerelles aménagées sur la tourbière donne accès à la réserve naturelle d’Hermaness. Le long de la falaise ont élu domicile d’impressionnantes colonies d’oiseaux, dont on sent d’abord le guano avant d’appréhender le spectacle visuel … il fait frais et brumeux, c’est splendide !


Shorehaven



falaises d'Hermaness


Au nord-ouest, après le village de Brae, l’A970 franchit une étroite bande de terre qui sépare la mer du nord à droite de l’Atlantique à gauche. Au loin des vagues déferlantes viennent percuter les falaises de cet archipel perdu au milieu de l’océan. Au bout de la péninsule je profite à Esha Ness de la lente éclipse du soleil de minuit.



Mavis Grind ; la route longe la mer du Nord


Je me rends vite compte que je ne pourrai pas tout voir. J’escamote l’ouest pour mieux profiter du sud. Je passe au large de l’île de Mousa dont le broch est un des mieux conservés d’Ecosse.




Broch of Mousa ; ancienne tour fortifiée


Tout au sud, la route unique franchit le bout de piste de l’aéroport. Deux barrières commandées manuellement régulent les automobiles ; heureusement il n’y a pas beaucoup d’avions. Derrière l’aéroport deux sites exceptionnels méritent le détour.

Jarlshof d'abord, où sont concentrées sur un tout petit périmètre des maisons en pierre couvrant à la fois le néolithique, l’occupation viking et la domination des seigneurs écossais. Le prix d’entrée est une fois moins cher qu’à Skara Brae et un audioguide en anglais retrace parfaitement la vie de ses différents occupants.




une maison néolithique enterrée, très bien conservée


Après le petit port de Grutness ensuite, une demi-route conduit à la falaise de Sumburgh. Au pied du phare, les amateurs de macareux moine (puffins en anglais) se régaleront à coup sûr autant que je me suis régalé à les observer.









En remontant vers Lerwick je délaisse un temps l’A970 pour la B9122 ; je ne le regrette pas. Les plages sont magnifiques et l’une d’entre elles est squattée par les phoques qui se prélassent sous le soleil (une fois n’est pas coutume).






Scalloway, l’ancienne capitale de l’archipel, est une étape obligée pour qui veut connaître l’histoire du « Shetland Bus ». Cette liaison entre les Alliés et la résistance norvégienne était assurée au début de la seconde guerre mondiale par des jeunes pêcheurs norvégiens ; leurs solides bateaux étaient les seuls aptes à supporter les conditions de navigations dantesques durant les rudes mois d’hiver.


baie de Scalloway


Shetland Bus (musée de Scalloway)


De retour sur le ferry la traversée sur une mer houleuse m’a un peu retourné l’estomac. Je débarque à nouveau à Kirkwall à 23h un peu groggy. Je file le lendemain vers le sud des Orcades où les îles sont reliées les unes aux autres par des digues construites sous l’ordre de Churchill durant la deuxième GM.


chapelle construite par les prisonniers italiens




"digue Churchill"



A St Margaret’s Hope je pensais prendre un bateau d’une nouvelle compagnie pour regagner la Grande-Bretagne. Mais un Anglais parlant un français impeccable m’apprend que le ferry a percuté un rocher il y a une semaine. Le capitaine voulant faire profiter de la vue d’un îlot est passé trop prêt de la côte. L’alarme a retenti, laissant l’équipage peu habitué à ce genre d’incident plus paniqué que les passagers. L’eau a commencé à remplir la coque, obligeant un début d’évacuation, avant que le navire finisse par se renflouer. Plus de peur que de mal. Je poursuis quant à moi l’A961 jusqu’à Burwick Pier, où un petit traversier fonctionnant l’été seulement me dépose à John O’Groats.


St Margaret's Hope




John o'Groats ; retour en Grande-Bretagne



#carnet
#carnet-vélo
#vélo
#carnet-Ecosse

Bonjour,

L'été prochain lors d'une croisière, je ferai escale à Kirkwall. En préparant ce voyage j'ai découvert l'histoire de la Chapelle Italienne, ce récit lui donne une autre dimension.

Tres belles photos!  Merci

Merci Aquilegia
Merci Catherine pour ce lien sur la chapelle, dans laquelle je ne suis pas entré ; l'histoire de ces îles pendant la 2GM est en effet très riche.

L’Est autour du massif des Cairngorm


 
Le musée moderne sur la bataille de Culloden, au sud d’Inverness, explique en détaille comment cette tragique boucherie a scellé le destin de la culture des Highlanders ; émouvant, passionnant, interactif, incontournable.


Inverness


Culloden battle field


Après une pause déjeuner à Aviemore, LA station de ski écossaise, je file planter ma tente au camping du lac de Morlich. Il fait chaud et la trempette dans le lac est dûment appréciée.


Morlich loch


Je pars randonner tôt le lendemain autour du Ben Macdui culminant à 1309 mètres d’altitude. Le temps étant toujours au beau fixe, la balade, malgré le dénivelé, est un ravissement. Deux lacs de montagne trompent l’impression de désert laissé par ce décor minéral envoûtant.


tôt le matin, le sentier est encore à l'ombre




paysage minéral sans arbres


passage au pied du Cairn Toul (1258m) ; un faux air du massif central


ce renne fait partie d'un élevage très extensif ; insolite !


au sommet du Ben Macdui (1309m) j'ai dans ma ligne de mire le Cairn Gorm (1245m) pour le retour...


...mais je fais d'abord un détour par le loch Etchachan ...


... puis le loch Avon


Je quitte la montagne en longeant jusqu’à la mer la vallée de la Spey gorgée de distilleries.


Nethy Bridge


Spey River


distillerie de Dalmunach


Après un coucher de soleil dans la baie de Banff, la route côtière n’offre que peu de plat jusqu’à Fraserburgh et son intéressant musée sur les phares de la famille Stevenson qui émaillent toute la côte écossaise.


baie de Banff


Gardenstown


la visite du phare de Fraserburgh est commune avec celle du musée


Aberdeen, la troisième ville du pays, en impose autour de ses monuments en granit gris et son port tourné vers l’industrie pétrolière.


Aberdeen ; vieux port


City Hall


Marischal College


Je la quitte par la vallée de la Dee qui remonte dans le massif des Cairngorm jusqu’à Balmoral, résidence d’été de la famille royale, où Elizabeth II y vit ses derniers instants. Le château est bien dissimulé par la végétation. 


Dee valley


le château de Balmoral invisible sur la rive droite de la Dee


Je pars plus au sud faire une autre randonnée, celle du Lochnagar, que le futur Roi Charles aime, dit-on, à arpenter.






au sommet du Lochnagar (1155m)


Le col de Cairnwell me fait basculer dans le sud-est. 


Cairnwell Pass


Le château de Glamis, imposant, est quant à lui bien visible.






Au sud de Dundee, Saint-Andrew est la capitale du golf et du protestantisme écossais. Les petits villages de cette côte sont très touristiques, et les fish and chips succulents.


Firth of Tay


Saint-Andrew


Elie

Le Centre autour du canal calédonien
 
Le canal calédonien, construit au 19^ème siècle, relie grâce à 29 écluses l’Atlantique à la mer du Nord. Il est bordé par deux monuments naturels : le loch Ness au nord-est, et le Ben Nevis au sud-ouest.


canal calédonien




loch Lochy


Le sommet de l’Ecosse, culminant à 1344m, est la plupart du temps dans les nuages. C’est l’un des munros (sommet de plus de 3000 pieds) le plus couru d’Ecosse. Véritable autoroute à piéton l’été, il est difficile d’y perdre son chemin. Le sentier partant cependant depuis le niveau de la mer, cela reste une ascension éprouvante.


Glen Nevis


sommet du Ben Nevis sous la brume et température proche du 0


redescente par le même chemin


la chaîne du Ben Nevis dégagée : une image rare
 

Plus au sud, deux autres sites sont également très touristiques : Glen Coe et le loch Lomond.


Glen Coe



loch Lomond


Ben Lomond, un autre célèbre munro


Changement complet de décor au nord d’Inverness : la péninsule de Black Isle, dédiée aux pâturages, domine la baie de Cromarty plus industrieuse.


Black Isle


anse de Cromarty


Hilton


Et si l’on va plus au nord, on tombe dans le wilderness écossais. Les plus grandes tourbières d’Europe, aussi profondes que des bus à deux étages, sont le témoin d’une pluviométrie démentielle. Ce milieu gorgé d’eau, privé d’oxygène, interdit toute décomposition de la matière. C’est un immense piège à carbone que les scientifiques cherchent à préserver à tout prix.


Visitor Center de Forsinard


plante carnivore


le Bog, en anglais, désigne la tourbière

Au sud d’Ullapool, le voyageur retrouvera un semblant de civilisation, et surtout plus de végétation. 


Ullapool




Mais s’il veut avoir tout vu de l’Ecosse, alors il faut s’embarquer pour les îles de l’ouest. C’est une obligation …

Merci pour ces superbes photos, les paysages sont vraiment sauvages

Tu as tout fait à pied, en transports en commun ?

Que c’est beau ! Et en plus sous le soleil, merci pour toutes ces très belles photos.

Merci Deborah et 4yne.
C'était un voyage à vélo uniquement, sauf pour les crapahutes au sommet des munros  
L'Ecosse est effectivement très sauvage : un vrai régal pour qui aime les espaces encore à peu près naturels !

bonjour Sebb 

ton carnet est vraiment génial, j'ai rajouté les tags afin que les amateurs de carnet et de vélo le trouvent plus facilement.

Pourrais tu rajouter la liste des étapes et les hébergements (au moins s'ils valaient le coup ?). Ton périple pourrait susciter des vocations parmi les voyageurs à vélo

Bonjour Deborah,
je posterai une carte du trajet en fin de carnet, qui sera un peu difficile à lire car, happé par la beauté du pays, j'ai fait beaucoup de va et viens. 
Ce carnet n'est pas non plus un récit linéaire de mon voyage, car j'avais commencé par le sud et l'ouest ; mais l'idée est de regrouper ici les meilleurs moments par régions d'Ecosse. C'est pour ça que je l'ai titré divagations.
Pour les hébergements c'est principalement du camping sauvage, mais je rechercherai les logements payants (il n'y en a pas tant que ça !).
Et maintenant en route vers les îles...

Îles septentrionales de l’Ouest


 
Skye, la plus connue des îles écossaises, est très touristique ; elle est un paradis pour les randonneurs.

Broadford fait office de ville d’entrée. Une petite route en cul de sac part au sud découvrir la péninsule de Strathaird avec de belles vues sur les Red Hills.






Je reviens sur mes pas et prends l’A87 jusqu’à Sligachan, une des portes d’entrées pour aller se frotter aux montagnes des Cullins.




Mais mes mollets me conduisent plus loin et me font rejoindre en passant par Satran le site des Fairy Pools. Facilement accessible depuis la route (20 à 30 minutes de marche) cette succession de vasques naturelles au pied de la montagne est charmant.


single trac road pour les Cullins


Fairy Pools


Je pars ensuite explorer le nord-ouest de l’île, jusqu’au château de Dunvegan, mais où le prix d’entrée un peu hors budget me dissuade de la visite. J’essuie de plus une grosse journée de pluie, et file donc au nord vers la péninsule de Trotternish. Entre Portree et Uig, la route côtière panoramique est un régal.


Portree


péninsule de Trotternish
 

Kilt Rock


A Uig, où on trouve un peu de ravitaillement à la station-service, un ferry conduit aux Hébrides extérieures.


Uig ; plus un hameau qu'un village, mais de quoi se restaurer avant la traversée


La petite île de North Uist est battue par les vents lorsque j’en fais le tour ; une belle impression de nulle part s’en dégage.




Nouveau petit ferry pour le nord, où deux îles ne sont séparées que par une étroite bande de terre. Harris d’abord, montagneuse et possédant de belles plages paradisiaques bordées par le « machair », prairie fertile adorée par les moutons.


Harris


plage et machair


loch Seaforth


Lewis ensuite, domaine d’immenses tourbières, et d’un site archéologique d’importance, celui de Callanish.


loch Bhaltois


Callanish


blocs de tourbe pour le chauffage traditionnel


Au Visitor Center je me procure un livre de Peter May (« Coffin Road »), écrivain best-seller des Hébrides. Ce thriller a pour toile de fond l’Ecosse, que j’ai plaisir à redécouvrir par les mots. Un des personnages passe son temps à observer les oiseaux avec ses jumelles, ce qui est un véritable hobby pour les Britanniques. Je me suis souvent arrêté pour discuter avec eux de leur passion.


oyster-catcher


Stornoway


Au nord des Hébrides, Stornoway est une capitale paisible. Elle est reliée par bateau à Ullapool. Je redescends par le sud en faisant un crochet par la péninsule d’Applecross. Depuis le village part une demi-route qui franchit le plus haut col routier de Grande-Bretagne. 630m d’altitude seulement, mais les pourcentages n’incitent pas à la rêverie !


Applecross


petite curieuse


Après le village de pêcheurs de Plockton je retourne sur Skye en franchissant le pont de Kyle of Lochalsh.


Plockton


pont pour Skye


Mais j’oblique rapidement à gauche, longe le Sound of Sleat jusqu’à Armadale, où un ferry m’attend pour Mallaig.


de gros curieux


Sound of Sleat


J’y achète un billet aller-retour pour l’île de Rhum, qui sera une parenthèse enchantée de ce voyage.


ferry pour Rhum


Dans l’anse de Kinloch je pose ma tente au petit camping nature pour trois jours. 


anse de Kinloch


château de Kinloch


Les deux premiers jours c’est à vélo que je parcours l’unique piste de cet îlot désert. Un embranchement au sommet de la route mène soit à Kilmory au nord, où les biches se prélassent sur la plage avec leurs petits.




Kilmory ; vue sur Skye


Soit à l’ancienne ferme de Harris au sud, où ne viennent se recueillir sur l’improbable mausolée bâti par un potentat local que les chevaux où les chèvres sauvages.






Le troisième jour, c’est plein soleil. Je pars tôt le matin pour faire une boucle à pied vers le sud de l’île. Une piste côtière très humide conduit dans un premier temps au « bothy » de Dibidil. Je suis rapidement rejoint par mes voisins de camping partis bien après moi. Ce sont des Ecossais en mode trail équipés bien plus légèrement que moi pour ce genre d’aventure. Et quand on arrive au pied de la première montagne à escalader, je ne fais qu’effleurer par la pensée les difficultés qui m’attendent.


Dibidil trail


au pied de la première "bosse", mes voisins paraissent si petits


refuge de Dibidil


Quand j’arrive au refuge pour le déjeuner, mes voisins sont déjà prêts à repartir. Je les regarde trouver leur chemin dans la montagne en mangeant avant de les perdre de vue. Car ici le sentier n’existe pas vraiment. Pas de trace réelle et encore moins de balisage ; il me faut grimper avec l’inspiration de GPS. Puis, après une crapahute laborieuse, et 800m de dénivelé, j’arrive en vue du sommet. Aussitôt un panorama incroyable se dégage sur les cinq autres sommets qu’il me reste à gravir pour revenir à l’anse de Kinloch.






Que c’est beau ! Mais la route de crête s’annonçant difficile je ne m’éternise pas et reprends la balade. Dans la descente du troisième sommet je me fais de belles frayeurs. J’arrive tant bien que mal à négocier les à pic sur des rochers glissants. Mais arrivé en bas le temps commence à me manquer. Je court-circuite le chemin des crêtes en revenant par la tourbière. Bien m’en a pris. En marchant dans ce désert et en suivant les sentes animales, je tombe nez à nez au détour d’un bloc rocheux avec ce superbe cerf élaphe (« red deer »). Aussi surpris l’un que l’autre, j’ai malgré tout le temps de dégainer l’appareil avant qu’il ne se carapate.


Inoubliable moment.



Après avoir rejoint non sans peine le Long Loch, isolé et sauvage, je récupère non la piste de l'île, et retourne à Kinloch au soir tombant. Je retrouve mes voisins de camping qui s'enquièrent de mes mésaventures, et je ne suis pas fâché d'apprendre qu'ils ont eu aussi quelques difficultés dans la descente du troisième sommet.
Une bonne bière au coin du feu pour le réconfort, en buvant à la santé de Rhum !

La faune est bien présente : les biches, cerfs et rennes n'ont pas l'air farouches, tu as pu les approcher de si près, c'est étonnant.

Et à propos des phoques qui jonchent la plage, c'est surprenant aussi, t'es tu rapproché d'eux ?

Il n’est pas difficile de croire que l’île de Rhum est une parenthèse enchantée, avec un nom pareil… 
Et tout ça à vélo… Vraiment bravo !

L'étymologie de l'île de Rhum est d'ailleurs amusante. Elle s'écrit en fait Rum (orthographe anglaise du célèbre alcool), mais le propriétaire de l'île ne voulant pas se faire appeler Lord of Rum, il rajouta un h pour ne pas passer pour un amateur de la bouteille. Ce qui en français finalement ne change rien !

Le vélo et la marche sont toujours un moyen pour approcher les animaux de plus ou moins près. Sur Skye, j'ai surpris les deux cerfs, et la photo zoomée que j'ai prise fige leur dernier regard vers moi avant qu'ils ne s'enfuient.
Les biches de l'île de Rhum font depuis plus de cinquante ans l'objet d'un programme d'observation scientifique ; on peut donc les observer d'assez près sans trop les déranger.

Au large des Shetlands croisent de nombreux orques. Les phoques sont donc plus à l'abri dans les criques, où les humains ne les chassent pas. J'ai d'ailleurs bivouaquer un soir sur une plage, et des phoques sont venus jouer à 10 heures du soir à quelques dizaines de mon campement. Magique 

Petit post maintenant sur les îles du sud...

Îles méridionales de l’Ouest


 
Arran, à proximité de Glasgow, est depuis Ardrossan unes des îles du sud les plus accessibles. Le ferry est rempli de golfeurs qui s’en vont passer le week-end sur des parcours très prisés.
Un phoque dans la baie de Brodick se retourne sur son rocher à mon passage, et me laisse continuer sur la route côtière jusqu’à Catacol et ses maisons blanches caractéristiques, sans se soucier plus que ça de mon étrange monture.


baie de Brodick




Catacol


Un bateau me dépose à Kintyre, longue péninsule qui pointe son cap méridional vers l’Ulster. La côte est, au relief accidenté et sauvage fait face à Arran.





La single track road mène à Campbelltown, la capitale du whisky.




Tout au sud, le Mull of Kintyre est une bosse surplombant la mer de plusieurs centaines de mètres dévoilant des paysages de bout du monde.


Mull of Kintyre


Sheep Island


Point of Johnson


Je reviens sur mes pas et remonte la côte ouest de la péninsule sur une route plate et roulante ménageant de belles vues sur l’île de Jura que j’irai visiter plus tard.






un des nombreux ferries de la compagnie Mac Brayne qui dessert toutes les îles de l'ouest écossais


Depuis Tarbert je traverse un bras de mer pour Portavadie et récupère la route panoramique sur le Kyle of Bute.


Tarbert


Kyle of Bute




Je longe ensuite de nombreux lochs pour gagner l’incontournable ville d’Oban.


loch Fyne


Inveraray


Le port d'Oban est touristique et charmant.












Un premier ferry me fait gagner Mull, que je parcours pendant trois jours pluvieux, ce qui est un moindre mal en Ecosse. L’île reste malgré tout accueillante, même si la célèbre plage de Calgary aurait été paradisiaque sous le soleil.


Glen More Pass


loch Na Keal






plage de Calgary


Retour à Oban, et nouveau ferry pour Islay. La traversée en fin de soirée dévoile la côte ouest de Jura, superbe, avec ses trois sommets – les fameux « Paps of Jura» - véritables vigies au-dessus de l’Atlantique.


le ferry passe au large de Mull...


... avant de longer Jura


Il fait déjà nuit quand j’accoste à Port Askaig. Je monte sur les hauteurs chercher un point de bivouac à la lueur de la frontale, et redescends le lendemain prendre le bac qui en une quinzaine de minutes m’emmène au sud de Jura.
Pendant 40 km je remonte l’unique route qui dessert la côte est de cette île sauvage qui héberge dix fois plus de cervidés que d’humains. Après la petite capitale de Craighouse, je poursuis au nord jusqu’à une piste caillouteuse de neuf kilomètres qui fait chuter ma progression pourtant déjà pas très rapide … éloge à la lenteur.


Craighouse




Paps of Jura vus depuis la côte est


Je plante la tente sur une éminence qui surplombe Barnhill, la ferme blanche où s’était réfugié Orwell à la fin de sa vie pour venir écrire son célèbre roman « 1984 ». Quel lieu incroyable, totalement isolé du monde, à l’opposé de l’univers de Big Brother qu’il anticipe dans son livre, et dont nous sommes devenus aujourd’hui les débiteurs.


Barnhill




La retraite d’Orwell est une impasse. Je refais le chemin à l’envers, reprends le bac pour Port Aksaig, et visite l’île jumelle d’Islay. Avec ses nombreuses distilleries et ses plages touristiques, elle offre un visage beaucoup moins austère que Jura.


Islay


distillerie de Bowmore




Kilnaughton Beach

Merci pour ce superbe compte rendu de voyage avec ces photos superbes.
Le climat Écossais est quand même sacrément gris et humide même en été ! Chapeau pour avoir parcouru le pays aussi longtemps en vélo avec un tel climat.

Bonjour c64
J'ai eu en effet des séquences très pluvieuses, au nord d'Ullapool notamment, ainsi que dans les Orcades et les Shetlands, auxquelles se rajoutait parfois un vent très violent.
Mais j'avoue que je m'attendais à pire, et j'ai même eu un temps très agréable pour le vélo dans l'est et au sud du pays. Comme j'ai en plus échappé à la canicule qui sévissait sur le continent, le bilan météo fut finalement assez favorable 

Sud écossais
 
Au sud de l’Ecosse les deux plus grandes villes du pays sont distantes de moins de 100 kilomètres.

Après le boom de la construction navale pendant l’ère victorienne, Glasgow a connu à la fin du vingtième siècle un long déclin économique. Mais elle connait depuis plusieurs années un renouveau culturel, touristique et sportif qui en fait une métropole très vivante.


Doulton Fountain 


Clyde River


St Mungo's cathedral


Edinburgh présente un visage plus policé. Je déambule dans le Royal Mile, la plus célèbre avenue de la capitale, alors qu’elle est fermée à la circulation automobile pour accueillir dans deux jours le cercueil d’Elizabeth.






Royal Mile


A quelques encablures, sur la côte est, la pointe de St’Abbs, avec son phare Stevenson et ses falaises mouchetées de moutons, est un résumé parfait de ce pays que j’arpente depuis trois mois.


St Abb's Head







Ci-joint quelques cartes de mon itinéraire, que je publie cette fois-ci dans l’ordre chronologique de mon voyage.


 
LES ILES DE L’OUEST (de Carlisle à Stornoway – 1361 km – 19 étapes)
 
Une nuit au City Hostel de Carlisle, près de la cathédrale. Bonne auberge familiale
Une nuit à l’AJ d’Oban



 


LE NORD ECOSSAIS (de Ullapool à Wick – 958 km – 17 étapes)
 
Deux nuits au camping d’Ullapool (Broomfield Holiday Park) vaste camping relativement bon marché le long de la baie ; très venteux (comme de nombreux campings britanniques : ça éloigne les midges !) ; machine à laver
Une nuit dans le ferry entre Kirkwall et Lerwick
Une nuit au tout petit camping de Skeld, dans les Shetlands. Pas d’accueil. On laisse l’argent dans une enveloppe. Prix assez cher. Coin cuisine et machine à laver.
 
















HGHLANDS DU NORD (de Wick à Inverness – 934 km – 17 étapes)
 
Une nouvelle nuit au camping d’Ullapool
Une nuit au camping de Lochcarron, village situé pas loin du plus haut col d’Ecosse. Le propriétaire est là à midi ou le soir pour encaisser la nuit. Prix modeste. Prendre à gauche la Croft Road après la station-service et monter jusqu’au camping. Petits emplacements en terrasse. Pas de machine à laver.
3 nuits au camping de Kinloch, sur l’île de Rhum. En quittant le ferry, suivre la piste jusqu’au Visitor Centre (un cabanon non ouvert en 2022), passer les deux toilettes et les deux douches du camping, et poursuivre jusqu’au Bunkhouse, où le propriétaire devrait attendre pour encaisser (moins de 10€ la nuitée). Très basique, mais eau potable et évier pour la lessive. Beaucoup de midges : les campeurs font souvent un feu commun devant le petit abri pour les éloigner le soir. Ravitaillement à la Post Office situé à l’ouest de la baie après le château de Kinloch.
2 nuits à l’immense camping de Glen Nevis situé au départ du sentier pour l’ascension de Ben Nevis. Très touristique : restos et sanitaires modernes ; pas de coin cuisine ; midges ; emplacements communs pour tentes parfois gorgés d’eau. Tous commerces à Fort Williams.




 
L’EST ECOSSAIS (d’Inverness à Dunfermline – 768 km – 15 étapes)
 
2 nuits au camping de Glenmore, à côté du lac de Morlich. Réservation conseillée. Sanitaires modernes. Emplacement camping cher.



 


CENTRE (de Dunfermline à Berwick – 1021 km – 15 étapes)
 
2 nuits au camping de Milarrochy, au bord du loch Lomond. Bon marché, ouvert aux non adhérents. Coin cuisine pour campeurs. Le départ pour faire l’ascension du Ben Lomond est situé à 8 km.
2 nuits au camping de Port Charlotte, sur l’île d’Islay. Emplacements venteux en face la mer. Machine à laver. Resto.
2 nuits à la Safestay Glasgow. Bonne auberge proche du centre. Prix très correct.




 
Pour être complet, voici mon trajet en Grande-Bretagne :

 
ALLER : CORNOUAILLES – GALLES – LAKE DISTRICT NP (de Plymouth à Carlisle – 1269km – 17 étapes)
 








Tremadog Bay




Snowdonia NP



Lake District NP





RETOUR : ANGLETERRE (de Berwick à Newhaven – 1255km – 18 étapes)




Hadrien Wall


The Pennines


Tower Bridge and City


Eastbourne Pier


Seven Sisters

Quel beau voyage, et ce n'est pas au bout du monde. J'ai compté plus de 8000 km c'est impressionnant. Merci pour cette belle aventure partagée.

merci 4yne
Il faut même rajouter 1000km, puisque parti de Nantes j'ai rejoint le ferry de Morlaix-Plymouth à l'aller, et suis revenu depuis la liaison New Haven-Dieppe par Paris et la vallée de la Loire au retour. Le voyage ayant duré cinq mois, ça fait moins de 2000km par mois, ce qui est amplement suffisant pour voyager et faire de nombreux arrêts.
La Grande-Bretagne est en effet un pays finalement assez exotique, et à deux pas de chez soi !

Merci sebb pour ce magnifique compte rendu et ces superbes photos , je trouve aussi que :

"La Grande-Bretagne est en effet un pays finalement assez exotique, et à deux pas de chez soi !"


très beau voyage , Lillie 

Merci Lillie,
c'est ce que j'aime dans le voyage à vélo : pouvoir aller assez loin en partant de chez soi. L'Europe (et même la France) possède de nombreuses destinations "déconnectantes" ; et on en a tant besoin ;-)

Merci pour ce CR de voyage de rêve.
Je pars en Ecosse en juin prochain et j'ai encore plus hâte d'y être.
Merci pour ces belle photos
Dominique

Chapeau Sebb pour ce circuit de 9 000 km à vélo.
Que l'Écosse est jolie sous le soleil et bien que ce ne soit pas un désert stricto sensu ses paysages dénudés évoquent la sérénité d'un désert. Quelques châteaux incroyables pour agrémenter le tableau.
Fort beau reportage qui montre bien le pays et les îles.
Ce carnet se parcourt d'un trait avec agrément.