Province de Nan: rencontre fortuite avec des Mlabri.

Bonjour,

Ca se passe un jour où j'ai décidé de partir à la découverte de la campagne "nanoise". La veille, sachant que rares étant ses routes parcourues de transports en commun, j'entre en contact avec un chauffeur avec voiture que le Nan Tourist Center appelle pour moi, en fait une chauffeuse. Ma demande sur la destination précise à prendre est simple: y'en a pas. Sentant au téléphone Chauffeuse décontenancée (ils sont fous ces farangs!...), je lui explique que mon but est uniquement de me balader dans la campagne pour la photographier (la campagne, pas Chauffeuse!...). Bon, je sens bien que sans indication de secteur où aller, çà va pas, se balader juste avec le nez au vent n'est pas thai (je le savais déjà mais je me disais que contre Bahts ils feraient l'effort...). J'avise vite fait la carte de la province sur le mur et fini par communiquer à Chauffeuse la direction à prendre: cap au 010 non stop jusqu'à Pua puis virage à droite au 090 afin d'emprunter tranquilos la route 1256 qui passe à proximité du headquarter du Doï Phuka N.P. avant de terminer à Bo Kluea, puis balade aussi dans les alentours de cette dernière. Aaah, j'entends Chauffeuse radieusifier. Rdv demain à 7h au guesthouse.

El dia despues, parcours de la tumultueuse 1256 jalonné de nombreux arrêts photos et autres causettes avec les rares autochtones de rencontre, passage sans s'arrêter à Bo Kluea, puis on continue toujours dans la campagne profonde... jusqu'à ce que sur une petite route de bout du monde on franchisse une barrière avec un panneau sur lequel je n'ai que le temps de lire "under the royal patronage of the princess Machintruc".
"???, où va-t-on, c quoi?" interrogé-je
"je t'emmène dans un village Mlabri, je me suis dit que çà pourrait t'intéresser".
Vi...
Je me souviens que rencontrer des Mlabri est le rêve de beaucoup de voyageurs amateurs de "hilltribes", rêve la plupart du temps inaccompli tellement ce groupe est difficile à trouver du fait que ce sont des nomades, qu'ils évitent le contact avec l'extérieur et qu'ils sont de moins en moins nombreux (environ 235 globalement coté thai et laotien de la frontière selon Wikipédia). Et voici que moi, le Telung moyen, on m'y emmène sans que j'ai rien demandé, sacrée Chauffeuse...
Mais ma joie va être un peu ternie, c'était trop beau.

En fait il s'agit d'un village où certains Mlabris sont rassemblés afin d'apprendre la sédentarisation qui leur devient nécessaire du fait de la déforestation. Ca ressemble à un village ethnique comme les autres sauf que là... ils font tous la gueule. Habituellement lorsque l'on se pointe dans un village très reculé, d'abord les mômes se sauvent et les adultes nous observent de loin, puis avec un minimum de patience et en faisant un peu le zouave pour briser la glace, les gamins finissent par s'approcher , voire s'agglutiner, le mot n'est pas trop fort, et du coup les parents perdent leur méfiance et leur timidité. Mais là, non. On est resté environ 2h: pas moyen de les détendre ni de dialoguer, nada, ils continuaient de vaquer à leur occupation pourtant dans la même grande pièce commune que nous, mais rien. On a pris un petit repas que Chauffeuse a préparé elle-même, elle leur a proposé de se joindre à nous, rien, ils sont restés à l'écart. Au bout d'un moment, me sentant de trop et mal à l'aise,, on a été faire un tour dans le village: tout pareil. 
Me voyant marri, chauffeuse m'a rassuré:
"t'inquiète hein, c'est toujours comme çà, c'est pas à cause de toi, c'est leur culture. Tu veux qu'on s'en aille?
"oui
Avant de partir on a toutefois croisé quelques enfants avec leur 2 maitresses d'école. Celles-ci ont discuté avec nous. Elles étaient thaies "normales", en mission ici.

Bon bah oualà, j'ai rencontré des Mlabri.
"et?" demande le voyageur curieux.
Et rien...


Telung.

Voici un petit film sur ces «esprits des feuilles jaunes»
https://www.dailymotion.com/video/x6v3me ( en espérant que le lien marche!)
merci de nous faire partager ton expérience.
J'ai du lire ( il y a longtemps )un article sur d'autres chasseurs cueilleurs, les Sakai dans les provinces de Yala et Satun qui eux aussi disparaissent.

Merci Yvesguillem pour le lien vers la vidéo sur les Mlabri.
Si je ne suis pas étonné qu'un tel groupe puisse exister dans les secteurs reculés de provinces à rare densité de population comme Nan et Phrae, je suis surpris qu'une autre minorité telle que les Sakai existe (ou ait existé?) dans celles de Yala et Satun beaucoup moins isolées et bien plus peuplées (du moins j'imagine car je ne suis jamais allé dans ces dernières).

En fait, «sakai» est un terme péjoratif d'origine malaise qui veut dire esclave ou barbare; il vaut mieux dire «mani(q)» qui signifie homme dans la langue de ces gens. Ils vivent dans les provinces de Satun, Pattalung et Yala mais en existent-ils encore qui se déplacent ?
Il y a : Maniq people ( wilkipedia) et un article beaucoup plus détaillé :
The Mani people of Thailand on the agricultural frontier

Hello, J'ai eu aussi la chance de rencontrer ces mlabri dans la province de Phrae aidé par un couple franco thaï vivant sur place. Nous avons eu un accueil que je qualifierais de "normal", mais nous n'avons pas ressenti cette attitude que vous décrivez. iIs nous ont montré leur manière de tisser, et nous leur avons acheté une petite babiole, mais je crois que j'étais un peu gêné d'être là...

Oui toujours délicat ces rencontres...

J'avais décidé que je ne posterai pas de photos mais du coup je trouve mon sujet tout nu. En voici donc une, la plus vivante du peu que m'ait inspiré la visite.
Philippe.b, si tu veux en ajouter quelques unes de ta propre expérience, n'hésite pas.

Seuls les enfants sont Mlabri:

Hello,
Hélas je n'ai pas osé photographier quand nous sommes allés dans le village.... je n'ai qu'une photo prise a quelques mètres de l'entrée du village ou cette dame, ou enfant, traversait le ruisseau... Désolé..