Paris les Vosges à vélo
3 participants
Le Forum du Voyage - voyages et tourisme individuel :: Voyages en France :: Voyager en France :: Île de France
Page 1 sur 1
Paris les Vosges à vélo
Paris les Vosges à vélo en quelques photos
Le mois de mars n’est pas la meilleure période pour partir à vélo. Heureusement, ou devrais-je dire malheureusement, le réchauffement climatique parfois décale les saisons. J’ai ainsi bénéficié durant cinq jours d’une anomalie printanière et j’ai été d’autant plus chanceux, que la semaine suivante l’hiver a repris ses droits avec son cortège d’intempéries neigeuses.
A l’occasion d’une réunion à Paris, à laquelle je me suis rendu en TGV, j’ai choisi de revenir à vélo, tranquillement en cinq jours, par un parcours de l’ordre de 400 kilomètres. Au cours de cette immersion par les chemins de traverse, une France secrète s’est livrée. J’en ai éprouvé certaines impressions et émotions.
Tout d’abord, la France, même en dehors de ses chaînes de montagnes, n’est pas sans relief, bien au contraire. Dans ses grandes zones de culture, on passe de bosses en creux et les dénivelés s’accumulent. Mon compteur qui affichait aux environs des 1000 m de dénivelé journalier est monté jusqu’à 1200 m.
Street art à Paris
Ensuite, cette France périphérique, pourtant à proximité de la capitale, ressemble en de nombreux endroits à un désert humain. Il est pratiquement impossible sur les petites routes de trouver un bistrot pour prendre un café à 10 heures à la halte du matin ou à 13 heures après avoir englouti mon casse-croûte.
Par ailleurs, il n’est pas toujours facile de dégoter quelques hôtels en fin de journée. J’ai la nette sensation que le COVID, durant deux années de restrictions sévères, a signé l’arrêt de mort de nombreux petits établissements. Je l’avais déjà constaté l’année dernière au cours d’une virée entre Saône et Jura.
Pour ce retour chez moi depuis la capitale, voyageant en version bike packing, j’ai choisi l’option sans tente donc très légère. De ce fait, je devais trouver impérativement un toit tous les soirs. Les nuits en hôtel me laissent généralement peu de souvenirs, cela me rappelle trop mon quotidien. Pour moi, le voyage s’accomplit dans la rusticité et la surprise, alors exit la programmation et la réservation. Sans ces préalables, j’ai beaucoup de difficulté à éprouver l’impression de changement et de lointain. Le plaisir naîtrait-il d’un minimum de contrainte ?
Cependant, le hasard m’a conduit en deux endroits fort sympathiques, le pittoresque Moulin du Landion à Dolancourt et le gigantesque hôtel au charme suranné de Contrexéville, avec son magnifique et monumental escalier prêt à vous donner le tournis.
Le premier, qui vous émoustille les papilles d’un champagne excellent, nous ne sommes pas très loin de Troyes en zone d’élaboration de ce breuvage des rois.
Le second est bien dans la tradition des villes d’eaux dont la coutume remonte à Napoléon III. Pourquoi un tel faste, tout simplement l’empereur a initié le concept de diplomatie thermale.
Les petites routes du bout du monde sont désertes, ce qui procure un grand plaisir au voyageur à vélo. Dès que l’on s’éloigne des grands axes, on tombe dans la France profonde. Cela me rappelle par bien des côtés la traversée sur 1200 kilomètres de la Pologne. Pourquoi la Pologne ? Très certainement en souvenir des grandes plaines agricoles.
Quelques petites villes endormies respirent la tristesse. Les façades grises, parfois presque noires, indiquent un abandon dû à la vie qui s’étiole. Les propriétaires sont-ils morts, délaissant un héritage qui n’intéresse plus personne. Cette affligeante réalité est trahie par les volets fermés tout au long de la journée. Les maisons se meurent dans l’indifférence. Désertification excessive de nos territoires ruraux.
Il semblerait que l’un des points positifs déclenchés par la crise du COVID, réside dans le télétravail. Cette nouvelle manière d’exercer son métier aurait ouvert des perspectives de retour dans nos villages et agglomérations à taille humaine. Et puis comme partout, beaucoup d’éoliennes, tout au long de cette immense terre sculptée par les paysans, symbolisent le temps des énergies renouvelables. Elles lancent leurs pales à l’assaut du ciel. En cette période de beau temps, elles se mettaient en mouvement seulement vers midi. Cette intermittence révèle une fragilité.
Je dois reconnaître que leur présence m’a moins choqué que celles implantées dans les montagnes comme le Jura. Dans ces zones de culture qui s’étirent jusqu’à l’horizon, elles s’intègrent assez bien. Cependant ce n’est pas l’avis d’une partie des autochtones, vu les banderoles de contestation croisées. Je n’irais pas jusqu’à dire que je trouve cela joli, mais je ne me sens pas agressé.
En revanche, en zone montagneuse, je ressens fortement la défiguration. La silhouette de nos montagnes abîmée, esquintée, bousillée. Ces implantations, responsables de déforestation pour créer des pistes larges permettant aux gros camions d’acheminer les différents composants de très grande taille, entraînent de vraies balafres et une altération profonde des paysages. Là, rien de tout cela, elles s’épanouissent au milieu des champs de céréales, presque noyées dans l’horizontalité.
Un endroit pittoresque à voir, la forêt d’Orient, située dans les environs de Troyes, avec ses grands lacs, déserts à cette époque de l’année. On en fait le tour par des pistes cyclables aux multiples points de vue. J’y ai ressenti une grande sérénité et cette dualité entre eau et forêts, au gré du vent qui vous caresse au rythme du pédalage, procure un calmant efficace. Nul besoin d’ordonnance.
Cinq jours en dehors du temps qui donnent vraiment envie de partir parcourir le monde à la force des mollets. Le vélo en solitaire laisse tout loisir de contempler l’espace parcouru à faible vitesse et permet de libérer son esprit. Il s’envole du lever du jour à la tombée de la nuit vers des rives plus ou moins lointaines, vrai bain de jouvence. Oui, la vélo-thérapie est en pleine action.
Il me faut parfois simplement être sur mon vélo pour avoir la sensation d’être parti loin et, ne pas savoir où je vais dormir la nuit à venir en est le piment indispensable. C’est aussi cela le voyage.
Lucbertrand- responsable de rubrique
- Messages : 559
Date d'inscription : 07/12/2021
Re: Paris les Vosges à vélo
C'est bien vrai;
pour moi c'est plutôt à pied qu'à vélo mais l'esprit du voyage est le même, bien que l'avancement à pied soit bien plus lent
pour moi c'est plutôt à pied qu'à vélo mais l'esprit du voyage est le même, bien que l'avancement à pied soit bien plus lent
Re: Paris les Vosges à vélo
Bonsoir Jean-Pierre, oui à pied encore plus qu'à vélo on est "baigné" dans les espaces que l'on traverse.
J'ai traversé les Alpes à pied et aussi à vélo. A pied j'étais bien plus dans le coeur du sujet. La même chose pour les Pyrénées ou en permanence on surfe sur la frontière entre GR 10, GR 11 et HRP , ou les préalpes du Vercors à la mer et aussi le massif Central. De ces différentes randonnées à pied je garde des sensations fortes, bien supérieures à celles que j'ai éprouvées en passant à vélo plus bas dans la vallée et pas sur le fil des arêtes.
Je garde des souvenirs magnifiques de ces grandes traversées de montagnes à pied. On se sent moins entravé, on a un degré de liberté de plus. On n'est pas astreint aux routes ou aux pistes. Si l'envie nous en prend on monte directement dans la pente.
Je dirais que les montagnes sont plus propices aux traversées à pied qu'à vélo.
Mais je ne me verrais pas faire Paris les Vosges à pied. Je trouverais cela très long et probablement monotone.
Mais ce n'est qu'une perception personnelle. On s'inscrit forcément dans un autre tempo. Et très certainement qu'en de nombreux endroits on peut passer par des chemins. Ce que j'ai fait parfois sur quelques kilometres à vélo au cours de ce Paris les Vosges, mais la route est plus tentante à vélo, surtout quand elle est déserte.
J'ai traversé les Alpes à pied et aussi à vélo. A pied j'étais bien plus dans le coeur du sujet. La même chose pour les Pyrénées ou en permanence on surfe sur la frontière entre GR 10, GR 11 et HRP , ou les préalpes du Vercors à la mer et aussi le massif Central. De ces différentes randonnées à pied je garde des sensations fortes, bien supérieures à celles que j'ai éprouvées en passant à vélo plus bas dans la vallée et pas sur le fil des arêtes.
Je garde des souvenirs magnifiques de ces grandes traversées de montagnes à pied. On se sent moins entravé, on a un degré de liberté de plus. On n'est pas astreint aux routes ou aux pistes. Si l'envie nous en prend on monte directement dans la pente.
Je dirais que les montagnes sont plus propices aux traversées à pied qu'à vélo.
Mais je ne me verrais pas faire Paris les Vosges à pied. Je trouverais cela très long et probablement monotone.
Mais ce n'est qu'une perception personnelle. On s'inscrit forcément dans un autre tempo. Et très certainement qu'en de nombreux endroits on peut passer par des chemins. Ce que j'ai fait parfois sur quelques kilometres à vélo au cours de ce Paris les Vosges, mais la route est plus tentante à vélo, surtout quand elle est déserte.
Lucbertrand- responsable de rubrique
- Messages : 559
Date d'inscription : 07/12/2021
Re: Paris les Vosges à vélo
Très beau texte Luc, en adéquation avec ce que nous ressentons tous en voyage à vélo ou à pied. Tu sais bien le décrire !
Nicolas
Nicolas
transilien- Messages : 1
Date d'inscription : 30/03/2022
Re: Paris les Vosges à vélo
Merci Nicolas, je viens juste de terminer un autre Paris -les Vosges à vélo en revenant du festival du vélo de Vincennes. Les conditions en cette fin janvier étaient beaucoup plus hostiles.
Je suis passé plus au nord pour être sûr de trouver un point de chute dans des petites villes chaque soir.
Je vais prendre le temps de mettre en ligne le petit texte que j'en ai fait.
Je suis passé plus au nord pour être sûr de trouver un point de chute dans des petites villes chaque soir.
Je vais prendre le temps de mettre en ligne le petit texte que j'en ai fait.
Lucbertrand- responsable de rubrique
- Messages : 559
Date d'inscription : 07/12/2021
Le Forum du Voyage - voyages et tourisme individuel :: Voyages en France :: Voyager en France :: Île de France
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum