Retour d'expérience en Guadeloupe

Bonjour,

Certains constatant que peu de publications sont consacrées aux Antilles françaises, je vous propose ici mon retour d'expérience en Guadeloupe début 2023, en espérant qu'il sera utile.

Notre période
Nous voulions passer le 1^er janvier là bas. Évidemment les prix des billets d'avion sont plus chers à cette période. Côté climat, nous avons été un peu déçus, car nous avions fréquemment des averses de quelques minutes malgré le soleil. Les locaux disaient que ce n'était pas normal pour la saison. Autant rester dans l'eau s'il pleut, c'est plutôt agréable, et prévoir une toile plastique pour protéger les affaires laissées sur le sable. 
 
Notre parcours
J’ai testé le snorkeling partout où nous nous sommes baignés, mais j’indique ci-dessous les spots les plus intéressants. Nous avons vu beaucoup de plages, mais nous ne nous sommes pas baignés partout.

J1- Départ Orly 10H50. Arrivée Pointe-à-Pitre 14H35. Voiture location chez Magaloc. Installation au Petit-Havre pour 6 nuits.

J2- Mat : Plage de Petit-Havre (bain). Resto Mervillon *** (langoustes). AM : Pointe des Châteaux, Port de St François, halte à la plage des Raisins-clairs.


Ile de la Désirade à l'horizon, vue de la Pointe des Châteaux

J3- Nouvel An sur la plage de Petit-Havre (bain).

J4- Mat : Cimetière de Morne-À-L’eau, kayak dans le Grand Cul-de-sac marin et bain. AM : Plage de Babin (pique-nique), visite de Pointe-à-Pitre centre.

J5- Mat : Porte d’enfer, pointe de la Grande Vigie, plages d’Anse Laborde et Anse-Bertrand. AM : Plage du Souffleur à Port-Louis (pique-nique, bain et snorkeling), Marches des esclaves à Petit-Canal.


Gouffre du trou de madame Coco, une sacrée lessiveuse...


Falaises jusqu'à la pointe de la Grande Vigie


Petit port de pêche de l'Anse-Bertrand


Cimetière marin de Port-Louis, près de la plage du Souffleur. Certaines tombes ne sont délimitées que par des lambis.


Buste de Delgrès au pied des marches des esclaves à Petit-Canal

J6- Mat : Ilet du Gosier (bain). AM : Plage de la Caravelle à Saint-Anne (bain).


Ilet du Gosier prise d'assaut par les touristes

J7- Mat : Plage du Petit-Havre (bain). AM : Temple hindou de Changy, Allée Dumanoir, 2e chute du Carbet. Installation à Trois-Rivières pour 3 nuits.


Cet oiseau nous retient alors que nous nous préparons à quitter le parking de la 2e chute du Carbet

J8- Mat : Marché de Basse-Terre, petit resto local (nom non noté) près du marché ***. AM : Fort Delgrès, domaine de Vanibel.


Mémorial de Delgrès au sein du fort qui porte aujourd'hui son nom


Quelques rares témoignages du passé esclavagiste

J9- Les Saintes avec fort Napoléon, plages de Crawen, du Pain de sucre (pique-nique, bain, et snorkeling), de l’Anse du figuier, de Grande-Anse, de Pompière (bain), centre bourg.

J10- Mat : Piscine. AM : Batterie et plage de Grande-Anse, phare de Vieux-Fort, Carnaval de Basse-Terre. Installation à Deshaies pour 4 nuits.

J11- Mat : Plage Leroux (bain et snorkeling). AM : Deshaies, resto Madras ***, jardin botanique.


Plage Leroux avec un excellent spot de snorkeling le long des falaises


Le commissariat d'Honoré dans la série "Meurtre au paradis" est installé dans l'ancien presbytère de Deshaies, près de l'église. Visite payante hors tournages.


Jardin botanique de Deshaies

J12- Mat : Kayak à l’île Pigeon dans la réserve Cousteau (bain et snorkeling). AM : Resto Chez Dada, piscine à l’appart.

J13- Mat : Plages de la Perle, puis de Grande Anse (bain), resto Chez Liline ***. AM : Snorkeling à Deshaies.


Plage de Grande Anse à Deshaies

J14- Mat : Plage de Petite-Anse (bain), route de la traversée, cascade des écrevisses. AM : Resto à Jarry, retour voiture. Vol départ à 18h05.

J15- Arrivée Orly 7h10.
 
Nos transports
Vol direct avec Air France (8 à 9h), et nous sommes satisfaits. Nous regardons rarement les autres compagnies en raison de nos miles.
Sur place, nous avons loué une voiture, dont l’agence était près de l'aéroport. Une navette gratuite s'y rendait, avec parfois beaucoup de passagers. Malgré la foule et le parking saturé, le retour était efficace et rapide. Les routes sont correctes, mais beaucoup de virages sur la côte ouest de Basse-Terre. Nous avons parcouru environ 650 km (50 km par jour en moyenne), sachant qu’un jour (le 1^er janvier), nous n’avons pas du tout bougé. Nous étions prévenus qu'il fallait être prudent par rapport aux autres conducteurs. Et effectivement, une moto nous a endommagé l'arrière alors que nous étions à l'arrêt dans un embouteillage. Évidemment délit de fuite du jeune conducteur, sans doute sans permis et pas très net. L'assurance a quand même pris en charge 100% des réparations. L'essence est l'une des rares choses moins chère qu'en métropole !
Pour les Saintes, nous avons loué une voiturette électrique via le site Billetterie Saintoise, sinon toutes les agences étaient complètes en appel direct. Ce site travaille avec l’agence qui avait la plus mauvaise réputation dans l'île. Leurs véhicules sont très vieux, et effectivement nous sommes tombés en panne ! Mais le service a été efficace, car une autre voiturette nous a été ramenée en 15 mn chrono ! Attention, les chemins dans le bourg sont en sens unique, sinon PV assuré par les gendarmes.
 
Notre hébergement
Plusieurs sites déconseillent les formules all incluse, qui sont chères et peu performantes par rapport à d'autres pays. Nous avons donc opté pour des hébergements chez l'habitant, avec trois points de chute pour éviter trop d'aller-retour en voiture. Les équipements étaient plus ou moins confortables, et l'accueil plutôt attentif, le tout conforme aux avis sur booking.com.
-        Au Petit-Havre, notre modeste bungalow était à 100 m de la plage. Génial, mais cela ne nous a pas empêché d’aller nous baigner ailleurs.
-        A Trois-Rivières, notre bungalow petit mais très bien équipé n'était pas près de la plage, car notre objectif était surtout Les Saintes. Nous n'avons pas dormi dans ces îles, l'excursion dans la journée nous a suffit.
-        A Deshayes, notre vaste appartement avec piscine était sur la colline de Ferry avec jolie vue sur mer à l’horizon. Si la plage n'était qu'à 600 m à pied, attention le dénivelé était important, et la route principale qui est longée est assez dangereuse. Cela n’était pas flagrant sur Google map, et assez peu dans les avis ! Il faut mieux prendre sa voiture ! D'ailleurs, c'est que nous avons fait pour tester d’autres superbes plages plus loin.


Retour de pêche dans l'anse de Petit-Havre
 
Notre restauration
Puisque nous avions une cuisine, nous faisions régulièrement les courses dans les supermarchés. Oui, les prix sont plus élevés qu'en métropole, notamment les fruits, même locaux. En raison d’un ouragan qui avait fait des dégâts quelques mois auparavant, les fruits étaient d’ailleurs rares sur les marchés, ou importés d’Amérique latine et excessivement chers. Nous avons bien apprécié le jus de goyave vendu partout en pack ou bouteille, à défaut d’être frais.
Nous avons profité de plats à emporter (accras, colombo de poulet, cabri...), surtout pour le soir, car nous ne voulions pas sortir et prendre la voiture la nuit tombée. Sur la plage de Petit-Havre, nous avons eu une excellente surprise avec une pizzeria qui figure dans notre top mondial !
Attention, si on est pressé à midi, ne surtout pas aller au resto, car le service n’est pas toujours rapide, c’est « erreur 404 » assurée comme nous disait un jeune Guadeloupéen ! Parmi nos six restaurants, nous avons commandé des langoustes le 31 décembre... à midi, car le soir, avec le décalage horaire, nous étions au lit dès 21h, après avoir envoyé nos vœux en métropole ! Nous avons plutôt préféré le poisson (vivaneau, thon, espadon, daurade), très bien préparé. Sur la plage de Grande Anse à Deshaies, plusieurs bons petits restos s’alignent à l’ombre des cocotiers. Dans le bourg de Deshaies, nous avons déjeuné sans le savoir dans le très bon resto où est tourné la série franco-britannique Meurtre au paradis, qui fait l'objet d'un véritable culte et pèlerinage pour nos voisins d'outre manche.
Dans la rue, près des plages, les sorbets coco sont délicieux, mais peu de vendeurs de noix de coco. Nous avons goûté aux fameux tourments d'amour aux Saintes, et même ramené une provision en métropole. Il en existe ailleurs, mais ils sont un peu moins bons.


Au marché de Basse-Terre
 
Nos facilités matérielles
La 4G ne passait pas partout, notamment au Petit-Havre, en partie en zone blanche. En général, nous avons réservé sur Internet, mais un ou deux jours à l’avance, c’était parfois déjà complet... Nous pensions que les métropolitains (et étrangers) étaient rentrés chez eux juste après les fêtes, mais pas du tout, il en restait encore beaucoup en janvier ! Le personnel EDF s'amusait aussi à couper l'électricité de temps en temps, en début de soirée. Ce n'était pas des accidents, mais bien volontaire ! Nous avons ainsi terminé une douche à la lampe torche d'un Smartphone, et attendu une heure avant de chauffer notre dîner aux micro-ondes. Par ailleurs, prévoir des produits anti-moustiques adéquats, car les nôtres n'étaient pas assez forts.
 
Nos visites côté mer
Les plages sont très belles avec un côté sauvage et naturel appréciable. Les vagues peuvent être très grosses selon l'exposition au vent et le jour. Nous avons pu le constater entre Port-Louis et Anse-Bertrand, à Deshaies, aux Saintes. Ne pas hésiter à changer de lieu. Plusieurs plages disposent d'un coin rocheux, où j’ai pu pratiquer du snorkeling. Certains fonds sont magnifiques avec les coraux, et assez poissonneux. Je n’ai hélas pas réussi à voir une tortue. L’Ilet Gosier, à 5 mn de traversier, mérite le détour. Nous n'avons pas eu de problème pour trouver une place sur la plage, étant dans les premiers débarqués.
La côte possède aussi de superbes falaises, les plus connues étant à la pointe des Châteaux, très venteuse, mais aussi vers la porte d'enfer avec le petit chemin vraiment très sympa jusqu’au gouffre de madame Coco.
Nous avons pratiqué deux fois du kayak. Le personnel était jeune et très sympa. La première fois était guidée et nous a permis de découvrir la flore et la faune dans la mangrove à Morne-à-l’Eau, de traverser des « tunnels » sous les palétuviers... La seconde fois, nous étions dans la réserve Cousteau à Malendure, sans guide. C'était un peu l'embouteillage pour poser le kayak sur l'îlet Pigeon afin faire du snorkeling. Les fonds étaient biens, mais pas forcément les plus beaux.


Palétuviers dans le Grand Cul-de-sac marin à Morne-à-l'eau


Embouteillages de kayaks à l'îlet Pigeon

Les Saintes sont magnifiques. La vue du Fort Napoléon sur la fameuse baie est splendide. Le musée est très modeste, et la visite accompagnée n'était intéressante que grâce à l'humour de la guide. Nous avons visité plusieurs plages, et nous sommes baignés à celle très photogénique du Pain de sucre, bien qu'elle soit très étroite et accessible par un chemin avec un fort dénivelé et des rochers glissants en cas de pluie (que nous avons eue). Malgré une anse presque fermée, la plage de Pompierre, très bien aménagée, était recouverte de sargasses, à l'exception d'une extrémité où nous avons pu nous baigner une deuxième fois. Nous avons visité le très joli bourg et ses boutiques en fin de journée, alors que nous attendions le bateau de retour avec une foule très impressionnante de touristes. Mais dans l'ensemble, les flux étaient plutôt bien gérés. L'ambiance nous rappelait un peu Porquerolles. Lumières magnifiques sur les îles lors de la traversée retour.


Vue sur la baie des Saintes depuis le fort Napoléon

Nous n'avons pas eu le temps de visiter Marie-Galante. Nous aurions aussi bien aimé nous rendre à Terre-de-Haut, malgré le prix élevé, mais tous les bateaux étaient complets, il aurait fallu réserver avant notre départ de métropole.
 
Nos visites côté terre
Le Parc national de la Guadeloupe comprend une partie maritime (voir ci-dessus), et une partie terrestre qui nous a plutôt déçus. Le nombre de randonnées est réduit par rapport à La Réunion, et certains parcours étaient fermés ou impraticables avec la boue. Pour la 2^e chute du Carbet (payant), le chemin est aménagé (pavés, planches, passerelles...) et finalement bien pratique. La cascade des écrevisses est très jolie. Le parcours est très court et accessible aux handicapés moteurs. Nous avons volontairement laissé de côté le zoo du parc des Mamelles.
Le jardin botanique à Deshaies est aménagé judicieusement avec ses allées, ses cours d'eau, ses espaces, ses oiseaux. Il semble immense, mais en fait, il s'entend sur une petite surface. Plusieurs autres jardins existent sur l'île, mais s’il fallait n’en visiter qu’un seul, ce serait celui-là, même si l'entrée est un peu chère.
Côté sites patrimoniaux, nous avons aussi été déçus. Pas grand chose à voir sur cette Route de l'esclavage. A part le domaine Vanibel, plusieurs habitations historiques étaient fermées. Nous avons boudé le Mémorial ACTe, refroidis par des commentaires peu élogieux sur le web. La ville de Pointe-à-Pitre ne nous a pas laissé une bonne impression avec ses façades décrépies. Le centre historique de Basse-Terre est plus intéressant, et de superbes vues se dégagent du fort Delgrès (entrée gratuite) sur la mer et la montagne.
Enfin, nous avons pu assister au carnaval du dimanche de l'Epiphanie à Basse-Terre (un autre avait lieu à Pointe-à-Pitre). Les groupes se produisent en effet presque tous les week-ends dès le début de l'année dans différentes villes, comme une répétition. La fête a commencé vers 17h, pour éviter la chaleur. Elle était très attendue par les locaux, car interrompue pendant la pandémie de Covid. C'était une excellente surprise, pas indiquée dans les guides, et la première fois de notre vie que nous assistions à un carnaval. Hélas, nous n'avons pas pu le suivre jusqu'à la fin, car nous étions attendus à Deshaies, et nous voulions éviter au maximum de rouler de nuit.


Carnaval de Basse-Terre

Notre budget final
2140 € par personne, dont 1020 € pour le vol (48%), 15.50 € pour la restauration journalière (9%), 106 € pour les visites et activités (5%), et pour nous deux 81 € en moyenne par nuit (64 à 107 €, 25%), 567 € pour les transports internes (13%).
 
Notre impression générale
Avec du recul, nous sommes très contents. Le littoral sauvage est superbe (plages et falaises), et nous avons pu pratiquer du snorkeling et du kayak. Les acteurs du tourisme semblent tout faire pour que votre séjour ne soit pas une prise de tête. Certains tarifs sont quand même un peu chers, d’où les activités à bien sélectionner à l’avance. La population est plutôt accueillante et bienveillante, ce qui me changeait de mauvais souvenirs en Martinique 40 ans plus tôt... Nous avons pu discuter avec plusieurs Guadeloupéens, et pas seulement nos hôtes. Nous avons juste quelques regrets sur des visites que nous n’avons pas pu faire, ou que nous aurions pu mieux faire, si nous avions été informés suffisamment tôt (comme pour le carnaval).

Merci de ce retour très documenté, et magnifiquement illustré.

Cela me rappelle nos vacances de Pâques 1998!

Par contre, à l'inverse ton ressenti, nos avions trouvé l'ambiance assez tendue, il y avait beaucoup de tags anti-métro. Etant Suisses, nous ne nous sentions pas visés, mais en tant que francophones les Guadeloupéens ne nous différenciaient pas. Quelques années plus tard, en Martinique (2005)  , l'atmosphère était beaucoup plus agréable.